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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…

11 janvier 2021

LA HIÉRARCHIE DE L'INFO PEUT ÊTRE ÉTRANGE DANS UN JOURNAL PARLÉ. PETITE ÉTUDE DE CAS.

(Image d'illustration)
"Changer de ton pour obtenir une meilleure adhésion du public aux règles sanitaires, c'est le but des Covid Boys, deux hommes qui sillonnent les rues de Bruxelles pour attirer l'attention des passants sur ce thème. C'est une initiative privée. La ministre française de la Défense, Florence Parly, s'inquiète de la résurgence de l'Etat islamique en Irak et en Syrie, alors que les USA projettent de retirer 500 soldats de la zone." Tels étaient les deux titres du journal parlé de La Première, ce dimanche 10 janvier à 17h…

 Ce journal parlé de 17h de La Première, d'une durée d'un peu moins de 9 minutes comprenait neuf infos, dont certaines plutôt… étonnantes. Face au brouhaha et aux convulsions de l'actu dans le monde et en Belgique, il commençait en effet, comme l'annonçait le premier titre du sommaire, par un sujet d'une actualité brûlante : dans les rues de Bruxelles, depuis deux mois, deux jeunes hommes esssaient de sensibiliser les passants à la prophylaxie anti-covid. Ce sujet est essentiellement constitué  d'un reportage, d'une durée d'environ une minute trente. La deuxième info, après avoir fait une très rapide allusion à la tempête de neige que connaissait l'Espagne, concerne… le Japon, lui aussi touché par des intempéries.

La troisième info évoque une déclaration faite à France Inter par la ministre française de la défense à propos de la résurgence de la présence de Daesh au Moyen-Orient. Elle est  un principalement composée d'un extrait de déclarations de la ministre sur la radio publique parisienne. Restant en France, le titre suivant traite du variant anglais du covid présent à Marseille là aussi à partir de propos : ceux tenus par "la première adjointe au maire de Marseille chargé de la santé".

 On passe ensuite en Belgique, où une info sur un enlèvement à Hal est brièvement traitée, avant que l'on s'attarde sur l'histoire d'une jeune fille qui a décidé d'élever des chèvres et d'en exploiter le lait. Cette information très originale fait l'objet d'un long reportage. Puis comme le veut la traditionnelle hiérarchie journalistique, les infos sportives clôturent le contenu du journal. Celles-ci, au nombre de trois, survolent trois sports et incluent l'annonce du décès d'Hubert Auriol.
 
La hiérarchie de l'info de ce journal parlé débute donc par un sujet hors actualité, mais que l'on peut considérer comme "une nouvelle positive desociété". Il accorde une place appréciable à l'étranger, puisque trois sujets sur neuf (et trois sur six hors sports) concernent l'international. 
 
Choix et hiérarchie
 
En étudiant la répartition du temps consacré à chaque sujet, d'intéressantes observations se dégagent.
Deux sujets occupent en effet à eux seuls 42% du temps de cette émission d'informations sensée faire le tour des nouvelles de Belgique et du monde : l'action des deux Covid-boys bruxellois et le projet d'une Gerpinnoise de 18 ans qui compte se lancer dans l'élevage de chèvres (voir ci-dessous la retranscription du contenu de ce sujet). Le succès sportif de Wout Van Aert et les déclarations de la ministre français suivent en ordre d'importance, ainsi que le sujet sur la variante anglaise du covid à Marseille. L'international représente ainsi 30% du temps de ce JP.

Celui-ci comprend bien quelques-unes des infos diffusées ce jour-là entre 13 et 17h par les fils infos de médias comme la RTBF elle-même ou Le Soir (la RTBF faisant de la jeune chevrière un de ses titres), mais une comparaison (voir tableau ci-dessous) confirme que ce journal parlé était plutôt original. Certaines nouvelles des fils info se retrouvent dans le JP (notamment en sports) de fin d'après-midi, mais celui en comprend d'autres, et les hiérarchise autrement. Une autre manière de faire de l'info radio? Assurément. Un nouveau style pour La Première, loin des nouvelles institutionnelles et de la politique ? Peut-être. Ou un petit effet contamination du style d'infos d'autres chaînes (ou stations) ? A réflechir.

Frédéric ANTOINE.
 
__________
 
Sujet "La jeune chevrière"

Speaker 2: Elle s'appellent Marguerite, Sarah, Belle. Ou encore Nutella, ces petites chèvres. C'est le point de départ du pari professionnel de Chloé Clémerie, qui va se lancer dans la fabrication du fromage de chèvre.

Speaker 1: Il y a deux ans, j’étais à Ciney à l'école et j'ai dû aller en stage de fabrication de fromage et j'adorais faire du fromage. J'ai voulu commencer à en produire, mais je ne voulais pas prendre de vaches, donc j'ai choisi les chèvres.
Speaker 2: Le monde agricole, pour Chloé, c'est loin d'être un monde inconnu. C'est soutenue par ses parents qu'elle s'est installée dans la ferme familiale. Sa maman,Anne Clémerie.

Speaker 3: oui oui on est fiers, surtout qu'elle n'a que 18 ans et qu'elle veut se lancer là-dedans. On est très fiers d'elle. Quand elle nous en a parlé, on l'a suivie tout de suite dans son projet. On va essayer que ça fonctionne au mieux.
Speaker 2: Les premières traitent des chèvres, c'est pour fin mars et ce sera alors à Chloé de jouer et de proposer toute une gamme de produits.

 pour de la glace, du fromage frais principalement.
Speaker 1: 
Du yaouet, de la glace, du fromage frais principalement. Et on va ouvrir un petit magasin où on veut aussi vendre des produits locaux d'autres producteurs.
Speaker 2: Vente à la ferme, mais aussi, via une coopérative, sont déjà prévues. Autre projet proposer dès cet été : des glaces au lait de chèvres locales aux promeneurs qui se baladent sur le Ravel, juste à côté de la ferme.

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Fil info du Soir et de La Première, dimanche 10/01/2021 de 12h50 à 17h00
 

PAYSAGE MÉDIAS : ÇA S'ÉCLAIRCIT DU CÔTÉ DES PROPRIÉTAIRES…

Participations croisées, co-actionnariat, partages nord-sud… Le marché belge des médias s'est longtemps distingué par la complexité de ses structures de propriété. En quelques mois, ça pas mal changé. Dernier élément en date : Rossel, désormais seul patron du quotidien gratuit Metro.

Fin des histoires compliquées et de certaines des associations entre acteurs du Sud et du Nord du pays. Désormais on va y voir plus clair, et on saura qui est qui. Juste avant Noël, le groupe flamand Mediahuis annonçait ainsi avoir cédé ses 50% de Metro à son autre co-actionnaire historique, Rossel. Le groupe bruxellois devient ainsi le propriétaire unique du seul titre belge paraissant dans deux des langues nationales (mais avec des contenus plutôt différents). Le cas de 7sur7.be, édité par le groupe flamand PDG n'est donc plus unique : voilà un deuxième éditeur d'une des parties du pays à posséder seul un organe de presse quotidienne publié dans la langue de l'autre communauté.

Cet éclaircissement de propriété en suit d'autres. En mars dernier, l'actionnariat de Plus Magazine s'était lui aussi remodelé. Le groupe Bayard, qui avait fondé la formule en créant jadis Notre Temps, a alors cédé ses parts à Roularta. On pourrait y ajouter le rachat des éditions luxembourgeoises St-Paul par Mediahuis, survenu en avril 2020. Mais, dans ce cas, c'est plutôt la structure qui se complique, puisque l'éditeur flamand, qui avait tout fait pour se défaire de ses avoirs francophones (hormis participation dans l'audiovisuel) s'est là retrouvé propriétaire de médias, grand-ducaux certes, mais en partie au moins publiés en langue française…

On ne peut non plus exclure de cette énumération le rachat des éditions de L'Avenir par IPM, officialisé ces derniers jours. Finis les méli-mélo autour de Nethys et de son intercommunale faîtière. Il est maintenant clair que, comme en Flandre, il n'y a plus désormais que deux groupes de presse quotidienne généraliste en Belgique francophone. De quoi gérer le marché d'une belle manière oligopolistique.

Mais la plus grande opération de clarification de 2020 restera sans doute peut-être le rachat du solde de RTL Belgium par sa maison-mère, le RTL Group. Là aussi, les embrouillamini précédents, notamment autour de la nébuleuse Audiopresse, appartiendront bientôt au passé. 

Rares seront donc bientôt les médias belges dont l'actionnariat restera entre plusieurs mains, avec des intérêts partagés entre les acteurs. Les cas les plus patents subsistant sont liés au groupe Roularta, fondamentalement flamand mais bilingue dans les faits, avec Rossel pour Mediafin (L'écho, De Tijd)   et avec Bayard pour Belgomedia (Télépro). Mais pour combien de temps encore?

Frédéric ANTOINE

05 janvier 2021

Bilan TV 2020: l'audience différée profite à TF1 et aux télé-réalités. Mais aussi à Questions en Prime

En tenant compte de l'audience jusqu'à sept jours après après la diffusion linéaire, le Top 2020 (1) des audiences télé ne change pas fondamentalement: ce sont toujours les Jt qui ont eu la cote l'année passée. De même que Questions et Prime. Mais, hormis l'info quotidienne, ce sont Les enfoirés, L'amour est dans le pré, Mariés au premier regard ou Top Chef, qui ont été pas mal regardés après leur jour de diffusion.

Les Jt, même spéciaux, ça ne se regarde pas beaucoup après leur jour de diffusion. Normal : l'info se périme vite, donc la date de validité de chaque Jt est fort proche du moment de sa production. Comme les Jt avaient cartonné en audience J+1, ils font évidemment la même chose en J+7. On retrouve dès lors dans ce Top annuel un classement identique à celui des audiences (presque) en temps réel, avec la domination des Jt et des éditions spéciales, et une présence de Questions en prime.

Conséquence logique de ce qui précède, les différences entre les scores d'audience J+1 et  J+7 sont presque nuls (2), et en tout cas sans réelle signification.

Si l'on enlève le Jt mais que l'on conserve Questions en prime (et en tenant compte de la remarque méthodologique faite à la note 2), on retrouve de nouveau une situation à peu près comparable en J+7 et J+1: la plupart des mêmes émissions ont dans les deux cas réalisés des scores fort proches. (3)
 
Enfoirés et télé-réalités 
 
 Si l'on retire Questions en prime, la situation change quelque peu.
On voit en effet entrer dans le classement des meilleures audiences un programme de TF1 (Les enfoirés), et des émission de RTL-TVI (L'amour est dans le pré et Mariés au premier regard) qui ne figuraient pas dans le Top 20 que nous avions réalisé sur les audiences J+1, ou comme Top Chef, qui n'était présent qu'à une occasion dans le classement J+1, et qui occupe ici de nombreuses places. 
Le film Ni juge ni soumise, diffusé par la RTBF, n'aurait pas tout à fait dû figurer dans ce graphique, car il occupe la 21e place de ce classement, mais nous l'y avons intégré pour son caractère très significatif pour une analyse des usages d'audience entre J+1 et J+7. Comme Les enfoirés ou les télé-réalités de prime time de RTL-TVI, ce film n'a pas réalisé des audiences remarquables au moment de sa diffusion tv ou des heures qui ont suivi. C'est sur la distance que son auditoire a crû. Les enfoirés ou Ni juge ni soumise sont de vrais programmes de stock : on pourra encore les regarder plusieurs semaines, voire plusieurs mois après leur diffusion, ils n'auront pas pris une ride. Ce n'est pas tout à fait la même chose des télé-réalités et ses variantes de type 'compétition' de RTL-TVI et M6 dans la mesure où il ne s'agit pas là d'œuvres uniques, mais bien de prototypes reproduits au cours de de plusieurs épisodes. Leur échéance de validité de vision se situe donc bien quelque part : à la fin de leur semaine de diffusion, avant l'arrivée de l'épisode suivant.
Le programme qui bénéficie le plus de ce gain d'audience différée est sans conteste le grand show annuel de divertissement de TF1 au profit des Restos su Cœur, qui récolte au-delà de 200.000 spectateurs de plus en différé par rapport à sa diffusion linéaire. Résultat d'autant plus marquant que ce programme a été émis avant le confinement. Idem pour le portrait de la juge bruxelloise Anne Gruwez par Jean Libon et Yves Hinant, qui gagne près de 150.000 personnes au cours de la semaine qui suit sa diffusion. L'amour est dans le pré (2 épisodes à + 100.000 spectateurs), par contre, a été diffusé lors de la fin du second confinement, et en période de post-confinement. Marié au premier regard et Top Chef sont, eux, des programmes du premier confinement. Tout comme le show de François Pirette, dont nous avions relevé la relativement moyenne performance lors de sa diffusion linéaire, et qui remonte ici dans le classement. Les magazines d'info de RTL-TVI ne comptabilisent qu'une audience supplémentaire assez limitée, de même que la série docu-fiction Appel d'urgence. Quant aux matchs de foot, on les regarde très peu après coup. C'est bien sur le vif que l'émotion de l'exploit captive le spectateur.
 
Frédéric ANTOINE.

 

(1) Pour le J+7, l'analyse n'a comptablisé les résultats que jusqu'au 22/12. Pour rappel, il en est à peu près de même pour les J+1

(2) L'étude ayant été menée à partir des résultats publics du CIM, elle repose pour le J+7 sur le classement des meilleurs résultats hebdomadaires, dans lesquels ne sont retenus pour les émission quotidiennes que leur meilleur score sur la semaine. Pour les Jt, ce défaut méthodologique est compensé en partie par le fait que les éditions spéciales sont comptabilisées séparément. Toutefois, comme le démontre le graphique, il y a des jours pour lesquels la comparaison est impossible, et qui ne figurent donc pas dans le premier graphique présenté dans ce texte.

(3) Pour les commentaires, cf. un article précédent analysant ce type d'audience.

02 janvier 2021

Bilan Tv 2020 : hors info, RTL TVI truste les premières places

 L'info a dominé les audiences 2020, nous l'avons déjà écrit (1). Mais si l'on retire les Jt, quelles ont été les meilleures audiences de l'année? Outre l'émission Questions en prime, qui est sa doute "la" révélation de ces derniers mois, le foot et les magazines de RTL ont attiré le plus de public. Sans Questions en prime, les audiences se diversifient. Et la chaîne privée emporte la mise.

C'est un peu l'OVNI télévisuel de 2020, cette émission Questions en prime, programme entre le talk-show et l'émission-service, à durée variable d'édition en édition et à la programmation elle aussi instable selon les jours de la semaine et les périodes. Mais toujours avec le même journaliste-présentateur immuable, tellement bien installé dans le programme qu'il a ensuite aussi présenté le JT, sur le même ton que celui de 'son' émission spécial Covid. Déjà, dans notre Top 20 des audiences de tous les programmes de l'année (2), Questions en prime figurait sur la liste. Si l'on retire de ce relevé les JT, qui trustaient ce classement exhaustif, le succès du programme se confirme. Preuve d'une attente constante du public pour de l'info pratique et concrète à propos de la pandémie.

Questions en prime occupe 8 places parmi les 20 émissions hors JT les plus regardées en 2020 (3), c'est-à-dire ayant comptabilisé plus de 650.000 téléspectateurs. La plupart de ces bons scores sont réalisés pendant le premier confinement, mais on relève aussi parmi ce Top 20 deux émissions de fin octobre.  Il faut par ailleurs pointer les deux éditions de Jeudi en Prime, programme qui lui aussi suit la diffusion du Jt du soir, et dont les éditions du 22/10 et du 5/11 ont, elles aussi, réalisé de fort bons scores (interviews de la ministre Caroline Désir et du président de l'Absym Philippe Devos). Ces programmes quasiment imbriqués dans le Jt de La Une mis à part, la RTBF ne réalise qu'un seul autre score de Top 20 : pour la diffusion d'un match de foot de l'équipe nationale. Au total, la chaîne publique occupe 11 des 20 meilleures audiences…

RTL-TVI (en rouge sur le tableau) a l'habitude de faire suivre son Jt de 19h30 de magazines d'info diversifiés. Dans ce classement, Face au juge confirme ses succès antérieurs, en plaçant 3 éditions dans le Top 20, lors des trois semaines de mars marquant le début du confinement. Un numéro de Enquêtes, daté de fin mars, figure aussi dans ce hit-parade des audiences, de même que l'originale émission Belges à domicile, que la chaîne avait initié en début de premier confinement etQuestions en prime et où se jouait de belle manière la complicité entre le public à domicile et les animateurs de la station, eux aussi confinés (4). Deux matchs de foot des Diables complètent le tableau.
 
RTL-TVI presque partout

Si on retire de ce classement le "cas" que constituent Questions en prime et Jeudi en Prime, la configuration du jeu se modifie fortement : la RTBF (en bleu) disparaît quasiment de ce nouveau Top 20, dont presque toutes les places sont trustées par la chaîne privée (en rouge).
Dix-huit places sont 20 reviennent alors à RTL-TVI, à la fois pour ses magazines post-Jt (Face au juge [4] et Enquêtes [5]), mais aussi pour des programmes de prime time de type rélé-réalité (Top Chef [2] et la sérié docu-réalité Appel d'urgence), pour un divertissement : le show de Pirette. La première audience de ce classement est occupée par un match de foot, et la chaîne réussit à placer cinq émissions du même type dans ce Top 20.

Un peu mieux qu'en 2019, covid oblige
 
Ces résultats sont-ils exceptionnels? Impossible bien sûr de faire une comparaison pour Questions en prime et Jeudi en Prime. En 2019, Face au juge figurait aussi dans les meilleures audiences de l'année (en 5e place), avec 747.800 spectateurs (J+7). Cette année, même en mesure J+1, son meilleur score est plus élevé : 776.876 personnes. Il y a un an, la meilleure édition d'Enquêtes avait attiré 598.000 personnes (J+7). Cette fois, le score le plus haut du magazine en J+1 est déjà de 704.797, soit plus de 100.000 spectateurs de plus (et ce, donc, sans compter les visions différées). L'épisode le plus regardé d'Appel d'urgence (J+7) s'élevait à 638.300 spectateurs.  Cette année, en J+1, le résultat est un peu plus faible: 604.950. Si l'on regarde les chiffres J+7, cette audience monte en 2020 à 617.637 personnes. Soit toujours moins que l'année précédente. François Pirette, qui ne figurait pas en 2019 dans le Top 20 du CIM, avait alors accueilli 564.700 spectateurs (J+7) à son meilleur show. Cette fois, en plein confinement et en mesure J+1, il a fait un tout petit peu mieux en rassemblant 585.286 amateurs et amatrices de son humour. Mais son spectacle s'est fortement rattrapé en audience différée : en J+7 son show 2020 compte au total 639.879 spectateurs, au-delà 50.000 de plus par rapport à l'année précédente.
 
Ces bons scores 2020 ont évidemment été boostés par la covid. Les émissions dont l'audience 2020 est plus faible que par le passé peuvent donc être considérées comme de véritables échecs.
 
Frédéric ANTOINE


(1) Voir texte du 31/12/2020.

(2) Idem.

(3) Mesure audience J+1, avec arrêt du comptage au 29/12.

(4) Pour rappel, ce programme court a peut-être réalisé d'autres très bonnes audiences mais sa durée étant variable, le CIM n'a pas pris en compte les programmes courts.

(5) En 5e place selon le classement CIM qui n'applique pas la même méthodologie.

01 janvier 2021

Les Namurois savent-ils lire une affiche?


Petite promenade du jour de l'an sur les bords de Meuse à Namur, Jambes et Wépion. Constat général : le masque n'est pas porté par un promeneur sur deux, alors qu'il est clairement obligatoire sur le halage. Une situation interpellante, qui est aussi une question de communication.

Le 25 juillet dernier, le bourgmestre de Namur prenait une ordonnance imposant le port du masque dans le centre de la ville, mais aussi sur les bords de Meuse. La presse relaiera l'information le 27 juillet, reprenant une dépêche Belga qui contenait les propos du maïeur : "Ce port du masque sera également obligatoire sur l’Enjambée et sur les berges de Meuse et de Sambre, y compris pour les cyclistes et joggeurs."

Ces mesures ayant été allégées à l'échelon national début septembre, la situation namuroise deviendra floue. Aussi, le 20 octobre, suite à une nouvelle réunion du Comité national de concertation, le bourgmestre publiera un nouveau communiqué de presse, écrit à la première personne, où il présentera les mesures complémentaires qu'il a prises (1). Celles-ci reprennent, en général, le contenu de l'ordonnance de juillet.  Depuis lors, elles n'ont pas été modifiées.

L'air de rien

1er janvier 2021, début d'après-midi. Sur Namur, le soleil tente de se faire une petite place dans le ciel gris. Même près de l'eau, le froid n'est pas intense. Un moment idéal pour un peu occuper un jour de l'an plutôt maussade. On ne se bouscule pas sur les bords de Meuse, mais de petits groupes de promeneurs déambulent sur le halage. Souvent par deux: des ami(e)s, quelques fois, mais surtout des couples de tous âges, certains poussant avec poussette ou landau. Des petites familles aussi, de trois ou quatre personnes en général. Les parents et les enfants. Quelques solitaires, dont des maîtres avec leur chien. Quelques joggeurs aussi, de même qu'un petit nombre de cyclistes. Un petit peuple de promeneurs heureux de flirter avec la Meuse.

A de nombreux endroits du halage, la Ville a placé, exactement à hauteur de regard, une affiche trilingue qui reprend les mesures principales décidées par les autorités. Le document n'est pas seulement composé d'informations écrites en noir sur fond bleu, mais aussi de pictogrammes, sur fond plus clair, qui expriment clairement de quoi il s'agit. Une photographie d'un de ces panneaux figure en tête de ce texte. Le port du masque y est plus que visiblement indiqué comme obligatoire sur les bords de Meuse. 

Or, dans la pratique, une bonne partie des promeneurs n'en a manifestement cure. Si les personnes plus âgées semblent avoir une propension à davantage respecter l'injonction, son déni manifeste est le fait de toutes les autres catégories d'âges. En couple, certains duo portent le masque. Mais beaucoup n'en ont pas.  Dans quelques cas, madame est masquée, mais monsieur montre bien que lui, il n'en a pas besoin. La plupart des familles avec enfants caracolent presque toutes sans aucune protection sur le visage. Même chose pour une partie des personnes seules. Quelques-unes portent bien quelque chose à la main… mais c'est un parapluie pliant. Plutôt se protéger de la pluie que du coronavirus! Parfois, le promeneur tient son masque dans une de ses mains, ou le fait dépasser de sa poche. Il y en aussi qui l'ont accroché à une oreille, à laquelle le petit tissu de protection pend au gré du vent. Et on ne parlera pas ici de ceux et celles chez qui le masque ne sert qu'à protéger le menton, ou, pour d'autres, seulement la bouche… et jamais le nez. Des fois qu'il empêcherait de respirer…

Quant aux joggeurs et aux cyclistes, ils considèrent tous que le port du masque ne les concerne pas. Pas un ne court ou ne pédale avec un masque sur le nez. Le fait que le règlement leur soit imposé avait été précisé par les autorités en juillet. Si ce sujet ne figure pas explicitement dans les décisions prises en octobre, cela signifie donc que le port du masque concerne tout le monde, y compris les cyclistes et les joggeurs. A titre de confirmation, on relèvera par exemple cet échange de messages figurant sur la page facebook de la ville de Namur (2) le 21/10 où, à la question de Céline Wrn "le port du masque sur le halage également en cas de jogging ?", la réponse officielle de la ville est: "Bonjour, à ce stade, aucune exonération n'est prévue pour les joggeurs et joggeuses."

Fi ou défi?

Au total, on peut estimer que, le 1er janvier après-midi, plus de la moitié des promeneurs des bords de Meuse namurois ne portaient pas de masque, alors qu'ils en avaient l'obligation et que celle-ci leur était rappelée de manière explicite tout au long du halage. On ne s'étendra pas sur ce  blog sur les raisons qui poussent les citoyens à cette infraction manifeste. Les médias se penchent assez fréquemment sur la question, et il suffit de lire quelques échanges sur les raisons sociaux pour tomber sur des déferlantes de messages remettant en cause la légitimité et/ou l'efficacité de pareilles mesures. On ne discutera pas non plus s'il est ou non pertinent de porter un masque en plein air en bord de fleuve. 

On se contentera de relever ici que l'obligation existe, qu'elle est légale et indiscutable, et que des moyens de communication ont été mis en œuvre pour en informer les citoyens. Sur le halage de Namur, on ne part pas du présupposé selon lequel "nul n'est sensé ignorer la loi". Non, on la lui rappelle. Il reste juste à savoir si ces messages sont suffisants en nombre tout au long du parcours, et s'ils sont bien positionnés, par exemple par rapport à la marche des promeneurs. L'information présentée l'est parfois de manière parcimonieuse, discrète. Comme s'il s'agissait de ne pas déranger, ou comme si on avait juste affaire à un rappel, tout le monde étant déjà au courant (ce qui, l'expérience le démontre, est trrrrrès loin d'être le cas). 

On pourrait aussi s'interroger sur le support de communication utilisé. Des affichettes de taille réduite attirent-elles assez le regard? Ne se confondent-elles pas avec d'autres messages portés par des pancartes, panneaux et autres moyens de communication qui se trouvent déjà le long du parcours? Et puis, l'affiche est-elle si lisible que cela? Des lettres blanches sur un fond bleu, c'est joli, mais est-ce facile à lire, efficace, déchiffrable rapidement? Sur l'affiche, quel élément a été conçu pour attirer le regard, captiver (ou capturer) le lecteur? Le trilinguisme, enfin, est louable, mais n'ajoute-t-il pas du message au message?

Et puis, à qui s'adresse ce message? Joggeurs et cyclistes doivent-ils aussi s'y sentir concernés, alors que seule un dessin d'un visage en gros plan illustre l'affiche. Et, à la coiffure du personnage, on peut deviner qu'il n'est ni sur un vélo, ni en survet de course. Le personnage de l'affiche est par ailleurs manifestement de sexe masculin. Au XXIe siècle, ce genre l'emporte-t-il encore sur le féminin?

Bien sûr, il est aisé de critiquer. On doit toutefois constater que, face à des récepteurs blasés, considérant que cela ne les concerne pas, ou persuadés que, comme à la maison, on ne doit pas se masquer dans un lieu ouvert, ce type de communication n'est pas efficace. Elle pourrait même laisser croire qu'elle a été réalisée 'parce qu'il fallait bien faire quelque chose', sans trop de conviction ou de volonté de réussir à faire passer le message. 

De deux choses l'une: ou la mesure prise paraît inutile, et alors la logique serait de la retirer et non d'essayer de la faire appliquer. Ou on estime cette mesure, là comme ailleurs, indispensable. Et, dans ce cas-là, il faut tout mettre en œuvre pour qu'elle devienne une routine, un réflexe, dans l'esprit des usagers. Quitte à un peu les matraquer pour faire rentrer le message. En effet, sans une grande volonté d'action et une forte conviction, dans l'état actuel de la mentalité d'une bonne partie de nos concitoyens, la cause a toute les chances d'être perdue.

Frédéric ANTOINE



(1): "A dater de demain, le port du masque sera rendu à nouveau obligatoire dans le centre-ville (c’est-à-dire toute la corbeille namuroise, y inclus le Boulevard du Nord à Bomel et l’Enjambée), et dans les principales rues commerçantes de Jambes (Avenues Bovesse et Materne), de Salzinnes (rue Patenier), de Bouge (Chaussée de Louvain) et de Saint-Servais (route de Gembloux). Il sera également obligatoire sur les berges de Sambre et de Meuse (le halage) entre les trois écluses de La Plante, des Grands Malades et de Salzinnes. Et ce sur les deux rives. Le périmètre est donc clair et circonscrit, pour que les zones les plus densément fréquentées s’accompagnent d’un port obligatoire du masque, tandis que le bon sens devra s’imposer ailleurs sur le territoire, où le port du masque reste une forte recommandation en tout état de cause, et rappelons-le, une obligation en cas de regroupement, files ou distance de sécurité ne pouvant être respectée."  [Coronavirus (Covid-19) : Annonces complémentaires du Bourgmestre - 20-10-2020]

(2)  https://www.facebook.com/Ville.de.Namur/posts/3289703637743907

31 décembre 2020

L'info en tête de toutes les audiences en 2020. Petit classement par chaîne

 C'est l'info qui a réalisé les meilleurs scores d'audience tv toutes catégories cette année en Belgique francophone, crise de la covid oblige. Plus d'un million de personnes ont suivi l'émission ayant eu la plus forte audience. Avec La Première-RTBF sur la première marche du podium. Cela faisait longtemps qu'un Jt n'avait pas rassemblé le plus grand nombre de téléspectateurs. Petit regard général, et chaîne par chaîne.

En 2020, les vingt meilleures audiences de la télévision en Belgique francophone (1) concernent toutes des journaux télévisés du soir de La Une et de RTL-TVI. Le Jt de La Une du 17 mars, moment du premier Conseil National de Sécurité (CNS) annonçant l'entrée en vigueur du premier confinement, bat tout les records, avec près 1.063.000 spectateurs (live+J+1), et près de 1.067.000 si l'on tient compte de l'audience différée J+7. Les autres audiences les plus importantes des Jt dépassent les 900.000 spectateurs. Dans ce Top 20, si les infos de la RTBF occupent les deux premières places, elles ne représentent au total que 7 meilleurs scores (en bleu sur le graphique) sur 20, alors que RTL-TVI en compte 13 (en rouge sur le graphique).

Les deux Jt les plus suivis (sur la RTBF) sont ceux des deux jours-clés de l'année. L'audience la plus élevée est celle du soir du premier CNS. Le deuxième score est celui du 30 octobre, soit lors de la conférence de presse du Comité de concertation qui annonce la mise en œuvre du deuxième confinement. Mais, ce 30 octobre mis à part, toutes les audiences les plus élevées de l'année se situent lors du premier confinement. Dans ce Top 20, on ne retrouve qu'un seul autre Jt lié au deuxième confinement : en 17e position, celui de RTL-TVI, le 4 novembre.

Une bonne première audience, mais…
 
Depuis les décennies, les Jt réalisent toujours de très bonnes audiences en Belgique francophone, et se placent le plus souvent en tête des audiences journalières. D'ordinaire, ils ne sont parfois détrônés que par l'un ou l'autre blockbuster, le spectacle d'un humoriste
 local ou un événement sportif à portée nationale. Dans les cases de tête 2020, ce n'est pas le cas (2). Afin de réaliser une comparaison équitable, nous avons situé l'audience J+7 de l'émission la plus regardée en 2020 par rapport aux meilleures audiences relevées par le CIM dans ses classements annuels antérieurs.

Même si le Jt du jour d'entrée en confinement a cette année rassemblé un nombre impressionnant de spectateurs, il ne constitue pas la meilleure audience de la décennie. Entre 2010 et 2020, ce sont les retransmissions de compétitions footballistiques qui ont, le plus souvent, réuni le plus grand nombre de spectateurs. Outre plusieurs matchs de foot, même la première diffusion du film Bienvenue chez les Chtis sur RTL-TVI a fait mieux que le Jt du 17/03/2020. Ce n'est qu'à trois reprises que l'info a occupé la première place des audiences de l'année selon le CIM : en début de décennie, en 2011 et 2012 (avec des Jt de RTL-TVI) et cette année.  

Par ailleurs, même si le Jt de La Une du 17/03 est en tête du classement en nombre de spectateurs, il n'avait réalisé 'que' 48% de parts de marché, alors que les années où le Jt de RTL-TVI était en tête des audiences, il comptabilisait 50% de PDM, soit moins que les films de Dany Boon (entre 55 et 60% de PDM) et, bien sûr que la plupart des matchs de l'équipe nationale. Mais davantage aussi que Guihome, dont le show n'avait réussi à attirer 'que' 40% de l'auditoire présent (ce qui n'était toutefois pas mal pour quelqu'un d'encore inconnu quelques dizaines de mois plus tôt).

Chaîne par chaîne…

Sur La Une, 9 des 10 meilleures audiences 2020 (J+1) sont réalisées par des Jt et des éditions spéciales du Jt, la dixième place ayant été obtenue par l'édition du magazine covid Questions en Prime du 24 avril.

Hormis l'édition spéciale du Jt du 30/10, tous ces autres résultats ont été obtenus lors du premier confinement.

Sur RTL-TVI, même topo que sur La Une. Là aussi, les meilleures audiences  (J+1) sont celles du Jt de 19h, une seule édition spéciale de ce Jt figurant dans le Top 10, celle de la veille de l'annonce du confinement lors du CNS du 17 mars.
8 des 10 meilleures audiences sont liées au premier confinement. En 8e et 10e place du classement, on compte deux Jt d'automne: ceux des 28/10 et 4/11. 
 
Cet intérêt pour l'info est bien sûr l'apanage des deux chaînes premium du paysage audiovisuel belge francophone. Mais pas que: sur TF1, les Wallons et les Bruxellois ont pas non plus boudé l'info. Toutefois, ce n'est pas dans ce domaine que la version locale de la chaîne française a attiré le plus de Belges.
L'audience (J+1) 2020 la plus élevée de TF1 en Belgique est en effet, comme souvent, celle des… Enfoirés, dont il faut souligner que la diffusion a eu lieu avant le début du premier confinement. On n'ose imaginer quelle quantité de fans le programme aurait comptabilisée si l'émission avait été proposée après le 17 mars. Derrière ce show devenu culte même auprès des jeunes adultes, le Top 10 des audiences de TF1 se concentre uniquement autour des deux séries de Koh-Lanta proposées cette année. C'est la série diffusée lors du premier confinement (L'île des héros) qui occupe le plus de places dans ce Top 10 : 6 contre 3 pour les 4 Terres, programmé pendant le deuxième confinement. Les audiences des 4 Terres sont aussi en règle générale moins élevées que celle des Héros, qui remettait en selle certains 'aventuriers' célèbres.

2020 a été marquée par un changement de dénomination de La Deux, supposé correspondre à une redéfinition du contenu de la chaîne.
Si l'on associe dans un continuum La Deux puis Tipik, les meilleures audiences des deux dénominations sont plutôt… du côté de La Deux (7/10). La plupart des résultats de ce Top 10 sont liés à l'émission Le grand cactus, que celle-ci soit diffusée sur La Deux (4) ou sur Tipik (3). Si la deuxième meilleure audience de l'année pour la chaîne est celle du Grand cactus spécial confinement, la première place revient à l'émission proposée après le deuxième confinement (17/12). Les autres places du Top 10 sont occupées par des films 'culte', The Bodyguard était proposé avant le premier confinement, Dirty dancing pendant le premier confinement et Jurassic World après le deuxième.

Un petit regard sur La Trois, juste pour l'anecdote. En raison des faibles audiences réalisées, nous ne retiendrons que cinq programmes. Deux classiques du cinéma y réalisent les deux audiences de plus de 100.000 spectateurs.
 
Sur Club RTL, tous les bons résultats d'audience sont le fait de diffusions de matchs de foot. Seule exception : la dixième place du classement.

 
Sur Plug, toutes les audiences les plus hautes sont liées à des diffusions de films. En bas de classement figurent deux émissions de télé-réalité de M6.
 

Enfin, sur AB3, les résultats sont éclectiques : des films côtoient des émissions sur des faits divers, ou des magazines de société, souvent empruntés à TF1.
Sur cette chaîne, les dix meilleures audiences de l'année dépassent largement les 120.000 spectateurs, ce qui n'est le cas ni de Plug, ni de La Trois.
 
Tout ceci posé, un regard sur l'évolution de l'audience de certaines émissions au cours de l'année pourra ne pas manquer d'intérêt, surtout en comparaison avec 2019. Nous nous y attèlerons prochainement…

Bonne année.

Frédéric ANTOINE.

 

(1) Chiffres arrêtés au 29/12/2020

(2) La comparaison avec les classements réalisés par le CIM n'est pas aisée, car cet organisme ne retient dans ses classements annuels qu'un seul Jt par chaîne, celui qui a réussi le meilleur score, alors que notre choix a été de comptabiliser tous les Jt.


22 décembre 2020

Bonne fin d'année, en tout cas pour les JT

 Actu oblige, les Jt du soir de La une et de RTL-TVI continuent à avoir le vent en poupe, et réalisent des audiences bien meilleures qu'il y a un an. Depuis les pics de novembre, les chiffres étaient plutôt en baisse, mais ils repartent à la hausse. Et la chaîne privée dame définitivement le pion à l'opérateur public.

C'était plutôt serré, côté course à l'audience, lors de la rentrée de septembre dernier. La traditionnelle domination du Jt de 19h00 sur son challenger de 19h30 avait du plomb dans l'aile, et la course à la première place semblait ouverte. Las, déjà en octobre, les résultats de La Une marquaient le coup. Depuis novembre, la messe semble être dite, et l'ordre normal des choses est revenu sur la planète Audience. RTL-TVI a retrouvé un leadership incontestable. A de très rares exceptions près, la chaîne privée rassemble toujours le plus grand nombre de spectateurs, et l'écart avec l'opérateur public redevient appréciable. Il faut que survienne un Comité de concertation Covid, dont la conférence de presse se déroule toujours à l'heure des Jt des chaînes flamandes, pour que l'audience croisse fortement, et qu'elle se retrouve souvent en plus grand nombre sur la RTBF que sur RTL. Alors que, au cours de cette fameuse conférence de presse, l'une et l'autre ne font pourtant que retransmettre les mêmes images officielles, fournies par le gouvernement…

 C'est en novembre que les audiences des deux Jt ont été les plus élevées. Sur la moyenne du mois, elles dépasssent alors les 660.000 spectateurs/jour sur La Une et les 750.000 sur la chaîne privée. L'installation d'un deuxième confinement n'est évidemment pas étranger à ces résultats, qui étaient déjà élevés en octobre sur les deux chaînes. Mais, en novembre, le Jt de la chaîne privée devient clairement beaucoup plus regardé que celui de sa concurrente. En décembre, les chiffres baissent sensiblement, tout en restant cependant toujours élevés.

Comme évoqué plus haut, la différence d'audience entre les Jt des deux chaînes est inexistante pendant une bonne partie du mois de septembre, mais un différentiel commence à se marquer avec l'arrivée de l'automne. Il ne cessera de croître au cours du mois d'octobre, et sera particulièrement élevé début novembre. A partir de la mi-novembre, l'écart entre le Jt des deux stations se stabilise.
Les occasions où le Jt de la RTBF est plus regardé que celui de RTL-TVI sont rares. En règle générale, hormis début septembre, c'est toujours le journal de la chaîne publique qui rassemble le moins de personnes. A certaines occasions, de début novembre aux environs du 20 du mois, ce déficit dépasse fréquemment les 100.000 spectateurs, voire les 150.000. En septembre, le différentiel moyen/jour de la RTBF était de moins de 20.000 personnes. Lorsqu'il atteint les près de 41.000, en octobre, la situation est toujours assez positive, car il s'agit d'un petit écart, à peine plus large que la marge d'erreur des résultats de pareil type d'enquête. Par contre, en novembre, les infos de chaîne privée accueillent en moyenne chaque jour 85.000 téléspectateurs de plus que ceux de La Une. Il n'y a plus là de discussion possible, pas plus qu'en décembre où, jusqu'au 21/12, le déficit/jour moyen est de 55.000 personnes, et il se creuse clairement en fin de période.

Une année extraordinaire

2020 restera, en terme d'audience, une année extraordinaire, notamment pour les journaux télévisés. Sur la période étudiée ici (septembre-décembre), le constat est clair : dès qu'une nouvelle info survient dans la crise sanitaire, les audiences s'envolent par rapport à la "normalité" d'une année comme 2019.

Les courbes en pointillés, qui représentent 2019, sont toujours inférieures à celles de 2020, sauf lorsqu'il ne se "passe rien", ou presque, c'est-à-dire en septembre et début octobre. Dès que la crise sanitaire redémarre, les audiences 2020 croissent, alors qu'en 2019, celles-ci étaient assez stables tout au long de la période. Même au cours de la deuxième partie de décembre, les courbes 2019 resteront plus basses, alors qu'en nombre absolu, la quantité de spectateurs est classiquement plus élevée en fin d'année qu'en début d'automne. A titre de comparaison, en 2019, l'audience moyenne/jour des Jt de la RTBF était de 415.000 en septembre, 471.000 en octobre et 507.000 en novembre. Soit près de 80.000 spectateurs de moins que cette année en septembre, 165.000 en octobre et 158.000 en novembre.

Pour les deux chaînes, le décollage par rapport à 2019 est lié à la croissance de la crise sanitaire en octobre et novembre. En décembre, le Jt RTBF conserve cette année une audience supérieure à celle de 2019. Sur RTL-TVI, la configuration est moins claire, sauf en fin de période analysée, où les chiffres 2020 repartent à la hausse.
 
Tous gagnants

Cette variation d'audience entre les deux stations est-elle de nature différente? Au premier regard, il semble que les gains sont constants : il n'y a pas de jour pour la RTBF où l'audience 2020 soit plus faible que celle de 2019, et les cas où RTL-TVI se trouve dans cette situation correspondent essentiellement à ses faiblesses de septembre. A certains moments, ces gains sont même importants (plus de 250 à 300.000 personnes). Mais il semble que, de manière générale, ils ne sont pas d'importance égale, ni situés aux mêmes moments.
Toutefois, si l'on étudie le volume d'audience gagné par les deux opérateurs, tout change. Et c'est sans doute-là une des révélations les plus intéressantes de l'analyse. En fait, les gains d'audience des Jt des deux chaînes entre 2019 et 2020 sont quasiment similaires. Le graphique ci-dessous a été réalisé à une échelle plus précise que les précédents, pour bien souligner les différences. Il démontre que non seulement les tendances de gains d'audience affichent des courbes à tendance tout à fait identique, mais que la quantité de spectateurs acquise par les deux chaînes est à peu près équivalente depuis mi-octobre. Auparavant, les gains de la RTBF était clairement supérieurs à ceux de RTL-TVI. Quand l'émission d'info de la chaîne privée dépasse en audience celle de la station publique, les deux courbes s'inversent mais restent très proches. Et ce même aux moments où, en chiffres absolus, l'audience du RTL 19h était beaucoup plus haute que celle du 19h30.
Ainsi, tout le monde est donc un peu gagnant. Un beau cadeau pour la Noël…

Frédéric ANTOINE

21 décembre 2020

La Une: des portraits des "reines des Belges", ou un documentaire Canada Dry?


La Une vient de consacrer deux soirées aux reines des Belges. Sous prétexte de narrer leur histoire de manière légèrement badine et convenue, ne s'agissait-il pas surtout de mettre les souveraines en opposition avec l'évolution de la femme belge et les mouvements féministes ?

Tout documentaire est une œuvre de création dont l'auteur peut revendiquer de ne pas vouloir porter un regard neutre sur son sujet mais, au contraire, de choisir de l'appréhender selon sa propre perception, quitte au besoin à quelque peu plier le réel pour qu'il s'adapte à la cause que l'on défend.  

Les reines des Belges, ou comme on l'aura lu à de nombreuses reprises sur Audio "les reines des belges" avec un petit b minuscule, n'échappe pas à la règle. Sauf que ce double documentaire s'inscrit sur La Une dans une case "histoire" où l'on s'attend plutôt à passer un bon moment "le temps d'une histoire", comme l'annonce le titre de l'émission, et non assister à un plaidoyer engagé porteur d'un regard politique particulier sur la réalité montrée.

Quand on traite des reines ou des princesses (le documentaire se plaît à mêler les deux situations dès ses premières images et se clôture de la même façon), la promesse de ce type de récit est plutôt convenue. Surtout si, parmi les "grands" analystes convoqués pour donner sens au commentaire, la production choisit de donner la parole à Stéphane Bern, au prince Michel de Grèce, ou à Marc Deriez, rédacteur en chef de Paris-Match (Belgique) (1). Surtout aussi si la narration, tout en apparente bienveillance, regorge de formules toutes-faites qui caractérisent ce type de genre télévisuel. 

Alors voilà, si elle n'est pas neuve, la démarche proposée ici est toutefois plutôt originale.

Un procès

Les reines des Belges est un documentaire Canada Dry. C'est-à-dire, comme l'affirmait dans les années 1970 la célèbre pub pour cette limonade, qu'il a le goût et la couleur d'un film historique sur les actrices de la monarchie belge, mais que, en fin de compte, ce n'est pas un produit de ce type. Ainsi que l'affirmait une autre pub de la même époque, celle-là produite par William Saurin, ici "l'important, c'est ce qu'il a y a dans la boîte". Et pas l'emballage. Alors que ce dernier laisse croire que le but de cette production est benoîtement de retracer des parcours de ces femmes ou de raconter des vies, ce double film entend, en fait, porter sur les personnages retenus un regard particulier, les soumettre à analyse. Et, en définitive, les mettre en quelque sorte en accusation. Ce documentaire, c'est un peu le procès des reines des Belges.

Que l'angle du regard, mais surtout l'intention finale des auteurs, aient déjà été affirmés et revendiqués dès l'intitulé de l'œuvre, ou qu'ils y aient transparu à partir des premières images, le spectateur et la spectatrice auraient su à quoi s'en tenir. Des titres du type : Les reines des Belges et le féminisme : des histoires parallèles, Les reines des Belges, des anti-féministes, Les combats des femmes belges : pas une affaire de reines ou Luttes des femmes: les reines des Belges aux abonnés absents, par exemple, auraient eu le mérite de la clarté (2). Le lénifiant Les Reines des Belges en est loin. Or, c'est réellement à cela que s'emploie ce documentaire : démontrer le décalage entre les existences des souveraines et l'évolution de la condition féminine en Belgique. Un choix éditorial est particulièrement présent dans le deuxième volet du documentaire, où l'histoire du féminisme belge est souvent évoquée en filigrane (ou contre-point) de celle des reines (3).   

Des témoins engagés

Le choix de certaines des personnalités convoquées par les auteurs pour témoigner ou analyser est indicatif à ce propos, notamment dans le chef d'une ex-présidente du Conseil national des femmes, qui n'intervient pas en tant que spécialiste des monarchies ou de l'histoire des princesses concernées, mais en raison de la lecture engagée qu'elle développe sur l'état de la société belge et sur la place qui y fut (ou non) accordée aux femmes. Dans une moindre mesure, la même remarque pourrait porter sur les choix de professeures de l'ULB réalisés par les auteurs, celles-ci étant clairement présentées comme des historiennes, mais étant elles aussi porteuses d'une parole féminine engagée. 

Les préceptes bien connus de la critique historique reposeraient-ils sur le fait de se contenter de recueillir la parole de quelques acteurs impliqués afin de construire une vérité historique? Ou ce type de construction de l'histoire n'est-elle ici pas de mise. Il n'est ainsi par exemple par certain que tous les spécialistes de l'histoire de Belgique contemporaine présenteraient de la même façon que les spécialistes qui s' expriment dans le film la manière dont fut résolu le refus de signature par le roi Baudouin de la loi de dépénalisation de l'avortement. Ni valideraient les commentaires qui suivent dans le film le récit de cet événement et du décès du monarque. Des thèmes qui, comme d'autres également présents dans le documentaire, ne sont pas directement lié à la vie des reines de Belgique, mais concernent un monarque en particulier, ou le rapport entre la monarchie belge et la condition féminine de manière plus générale…

Alors, sont-ce bien des reines des Belges dont parlait ce double documentaire? Ou ce sujet, théoriquement glamour et séducteur, prêt à réchauffer les cœurs et à faire couler quelques larmes à la veille de Noël, n'était-il pas seulement le bel emballage d'un autre projet, porteur d'un autre discours? L'œuvre des studios LDV, coproduite par la RTBF, est toujours visionnable sur Auvio, à défaut d'y être téléchargeable. L'occasion de se faire sa propre opinion…

Frédéric ANTOINE

 

 

(1) Marc Deriez qui, à chacune de ses apparitions dans le documentaire, assurera un beau placement de produit à son magazine dans un décor particulièrement choisi à ce propos.

(2) Le lecteur excusera j'espère des formules un peu rapides. Un aréopage de créatifs n'a pas planché pendant plusieurs jours pour les formuler au plus juste…

(3) Tout comme, à plusieurs moments, le documentaire ne s'attache par ailleurs pas à l'histoire des reines (ce qui est son objet déclaré), mais à celle des rois eux-mêmes.

17 décembre 2020

Le covid de Macron : les Belges aussi étaient sur la balle


10h33, ce jeudi 17 décembre. Relayant un communiqué de l'Elysée, l'AFP annonce qu'Emmanuel Macron a été testé positif au coronavirus. En quelques secondes, les alertes infos s'embrasent…

Il n'aura pas fallu dix minutes pour que la nouvelle se répande à toute vitesse via les alertes infos des applis pour smartphones. Impossible évidemment de faire le tour du monde des applis pour attribuer des prix planétaires à tous les gagnants de cette course de vitesse mais, sur base d'un suivi de médias belges et français ainsi que via l'appli Breaking news qui relaie les alertes des grands médias du monde, on saluera la rapidité de Sud-Info et de 7sur7.be, qui me mettront pas deux minutes à annoncer la nouvelle (et, pour le site de Sud-Presse, pour une fois, sans y accoler un "!"). Soit, sur base de notre petit échantillon (et en faisant confiance à l'horodatage de notre smartphone), pas mieux que Bloomberg, mais aussi bien que BFM Tv, qui se paiera le luxe de lancer deux alertes au cours de la même minute, en passant dans sont tite de "testé" à "diagnostiqué".

On saluera aussi la rapidité de La Libre et de la RTBF, qui coiffent d'une poignée de secondes Le Figaro lui-même, et des spécialistes de l'info continue comme France 24 ou France Info. Sur la contamination du président Macron, y a pas à dire, les Belges aussi sont sur la balle!

Hormis les deux journaux journaux de qualité déjà cités, force est de constater que les autres titres de qualité sont en général, et comme d'habitude, un peu moins rapides à réagir. Le Soir n'enclenchera son alerte que sept minutes après l'info, tandis que Le Monde attendra… onze minutes et Libération… près d'une vingtaine (en ayant l'humour d'inscrire "à chaud" en avant titre d'une info qui, à l'heure de la diffusion de l'alerte, ne l'était plus vraiment) (1). Libé prend ainsi presque autant son temps que le New York Times. On relèvera par contre la relative rapidité de communication du Quotidien du Peuple (People's Daily) de Beijing, et du Times of India, un des plus importants quotidiens dans le monde. Du côté des grandes agences, hormis l'AFP, évidemment hors catégorie, Reuters mettra six minutes à réagir, bien avant l'Associated Press (AP).

Diagnostiquer n'est pas jouer

Côté info, la nouvelle contenue dans l'alerte est en général plus que laconique. Tout en tenant compte du fait que notre échantillon est évidemment partiel, on peut y remarquer que certains médias, essentiellement anglo-saxons, veillent à donner la source de l'info ("la Présidence") alors que les alertes françaises et belges ne se soucient en général pas de ce "détail", à part France-Info. Les variations thématiques sur le contenu portent le plus souvent sur la question de savoir si le président a été "testé" positif ou "diagnostiqué" positif. Selon Le Larousse, le premier verbe signifie "soumettre quelqu'un, un produit, un appareil, etc., à un test". Tandis que le second veut dire "faire le diagnostic d'une maladie, l'identifier d'après les symptômes". En l'occurrence, c'est un test qui a déterminé la contamination du président, même si celle-ci était déjà envisageable sur base des symptômes que manifestaient le malade…

Les sources qui s'étendent dès l'alerte-info sur la mesure d'auto-confinement prise par le président (ou qui lui a été recommandée ou imposée?) sont peu nombreuses, et seul Le Monde apporte une précision temporelle, indiquant que le diagnostic a eu lieu ce jeudi matin. Quant aux raisons qui ont incité à faire le test, rares sont les médias qui les mentionnent dès l'alerte-info. Seules quelques alertes anglo-saxonnes précisent que le président montrait des symptômes de la maladie.

Le, La, ou rien du tout

Enfin, ce petit exercice comparatif confirme que l'unanimité n'est toujours pas de mise sur la manière de nommer la maladie. "Covid-19" est la façon la plus fréquente, écrit parfois tout en majuscules (2), généralement avec seulement un C majuscule, mais jamais tout en minuscules, alors que "covid" est en fait devenu un nom commun… C'est le genre du substantif dans notre belle langue française qui reste un champ de luttes non abouties. Le masculin, pas du tout recommandé par l'Académie (3), l'emporte sur "la Covid". Comme quoi les habitudes journalistiques n'ont cure des recommandations des spécialistes de la langue. En anglais, ces discussions sur le sexe des mots n'ont évidemment pas lieu d'être. Ceux qui veulent y échapper en français ont d'ailleurs, en tout cas dans cette alerte-info, souvent trouvé "la" parade. Ils ne parlent pas de covid mais du coronavirus. Sans mesurer, sans doute, que les deux termes ne sont pas synonymes, et que l'un indique la catégorie générale dans lequel l'autre s'inscrit (4)…

Une vingtaine de minutes après l'annonce de la nouvelle, dans le petit monde des alertes sur smartphones, il était déjà temps de passer à autre chose. A 10h52, BFM TV ne se préoccupait plus de la santé du président, mais de celle de son Premier ministre, "cas contact". Ainsi tourne la roue de l'info. A une alerte doit forcément succéder une autre, puis encore un autre… indéfiniment…

(1) Sur internet, l'article de Libération date son info de 10h45, soit 12 minutes après l'annonce, mais moins que la vingtaine de minutes précédant la mise en ligne de l'alerte…

(2) Cette nuance n'a pas été reprise dans le tableau ci-dessus. 

(3) "On devrait donc dire la covid 19, puisque le noyau est un équivalent du nom français féminin maladie (…) Il n’en reste pas moins que l’emploi du féminin serait préférable et qu’il n’est peut-être pas trop tard pour redonner à cet acronyme le genre qui devrait être le sien" (http://www.academie-francaise.fr/le-covid-19-ou-la-covid-19)

(4) Selon Le Robert, le coronavirus est un "genre de virus à ARN responsable d'infections respiratoires et digestives chez plusieurs espèces de mammifères dont l'être humain"

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