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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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21 mars 2021

QUI EST CE MYSTÉRIEUX NARRATEUR OMNISCIENT DE LA SÉRIE SUR SALAH ABDESLAM (RTBF-VRT) ?

 La RTBF entame ce lundi, jour 'anniversaire' des attentats des 2016, la série Salah, réalisée par la VRT à propos de M. Abdelsman. Un récit passionnant, mais qui tient surtout grâce à un étrange super-témoin… dont on ne sait rien.

Dans la version originale de cette série d'enquête-reportage diffusée par la VRT, "il" apparaît simplement sous l'intitulé de "familielid" ('membre de la famille'), ce qui ne veut en définitive pas dire grand chose à son propos, ni au sujet de sa proximité avec M. Salah Abdelsman (1). Ce "familielid"revient à de nombreuses reprises à l'écran dans le premier épisode de la série, un épisode destiné à inscrire le terroriste dans son univers et celui de sa famille, mais aussi à raconter les jours précédant les attentats de Paris. 

Le jeune homme dont question ici est filmé à contre-jour, dans ce qui ressemble à une cafeteria située aux derniers étages d'un bâtiment du centre de Bruxelles. S'exprimant dans un français de grande qualité, recourant à des termes précis et à des mots extrêmement choisis, il n'est sans doute pas Belge, ou issu de l'immigration marocaine en Belgique. A un moment, dans une de ses interventions, il utilise en effet l'expression "soixante-dix" au lieu de "septante".  Comme on le sait, la formule "soixante-dix", reposant sur la vieille règle de calcul par vingt  et  non par dix, est usitée en France et non en Belgique, mais… est enseignée dans les cours de français donnés en Flandre, où il s'agit d'enseigner la langue de Voltaire et non celle de Simenon. Fort de cela, il y a donc très de peu de chances que le personnage en question puisse être un proche direct de M. Abdeslman, même s'il est un membre de sa famille… Or, dans son récit, tout est là pour affirmer le contraire.

OMNISCIENT

Ce "familielid" semble en effet tout connaître de la vie du futur terroriste. Alors que divers témoins extérieurs à la famille sont interviewés par les auteurs de la série, qui recourent aussi à des reconstitutions d'interrogatoires clairement réalisées à partir de documents officiels, le "familielid" intervient fréquemment pour apporter une confirmation, une certification, aux dires des autres personnes. Comme s'il savait, mieux qu'elles-mêmes, ce dont elles parlaient. 

Mieux que cela, il donne l'impression d'avoir été présent à de nombreux  moments de la vie de M. Salah Abdeslam, notamment lors sa jeunesse à Molenbeek, comme s'il les avaient vécus avec lui. Et, surtout, il paraît avoir été avec lui et sa famille très proche pendant les derniers jours précédant les attentats de Paris. Il apporte ainsi un témoignage très fort à propos du "dernier baiser" que le frère du terroriste (qui décédera en kamikaze pendant les attentats) pose en pleine nuit, et alors que celle-ci est endormie, sur le front de sa mère avant de partir pour Paris. Son témoignage laisse à penser qu'il était dans la chambre de cette dame au moment où cela s'est passé. Or, c'est évidemment impossible. 

Il raconte aussi, comme s'il y avait assisté, la dernière rencontre entre M. Abdelsman et sa fiancée, moment où le terroriste lui laisse comprendre ses intentions et lui fait ses adieux. Et ce alors que les deux personnes concernées étaient clairement seules lors de ce rendez-vous. La fiancée de M. Abdeslman s'étant rapidement confiée à la police par la suite, il eût fallu que le "familielid" soit aussi fort proche de cette personne-là pour pouvoir rapporter cet événement intime. Il est en effet à peu près impossible que le "familielid" ait eu un contact direct avec M. Abdeslam entre cette séance d'adieux et le moment des attentats. A moins qu'il ait alors (ou plus tard) accompagné dans sa fuite. Mais il est alors fortement impensable que ce personnage livre à la VRT pareille interview alors qu'il serait, en fait, un complice d'Abdeslam, toujours en liberté et nullement inquiété…

A différents titres, on peut rapprocher le personnage du "familielid" du "narrateur omniscient" dont il est question dans les théories d'analyse du récit: quelqu'un qui "sait tout de la réalité qu’il décrit : il connaît les pensées, les sentiments, les avis de tous les personnages ainsi que les relations qui les lient les uns aux autres, leur passé et leur futur. Le narrateur a la possibilité, dans le cadre de l’action, de se déplacer dans l’espace et le temps" (2). Ce "familielid"est bien ce type de narrateur. A un détail près: normalement, il n'est pas le narrateur du reportage. Il est supposé n'en être qu'un des témoins.

ETRANGE TEMOIN

 "Membre de la famille", ce personnage donne donc l'impression de tout savoir et d'avoir été présent à tous les moments-clés, ce qui n'est pas possible. Ce qui pose la question du poids réel d'un témoignage qui se présente, tant par la forme de son récit que par l'expression qu'en donne l'auteur, comme étant "de première main". Alors qu'il ne peut l'être. 

La critique historique distingue clairement trois types de témoins: le "témoin direct", le "témoin indirect" et le "témoin indépendant". Le "familielid" auquel on a recours dans ce premier volet de la série y est présenté comme un "témoin direct". Or il est, au mieux, un "témoin indirect", et probablement plutôt un "témoin indépendant". Il n'est en effet pas quelqu'un qui a assisté à tous les événements qu'il narre. Ni sans doute quelqu'un qui aurait eu des rapports directs avec les principaux protagonistes de l'affaire, qui lui en auraient raconté certaines scènes (en tout cas, il ne déclare jamais que ce qu'il affirme lui a été rapporté par quelqu'un). Il est donc plutôt une personne qui, ayant collationné diverses informations venant de sources variées, les a "compilées" et en a refait une histoire. Cette enquête-reportage laisse toutefois une toute autre impression…

VRAI NARRATEUR

On pourrait s'étonner qu'une série de ce niveau utilise ce type de subterfuge. Si ce n'est pour l'utiliser afin de nourrir son récit. Car finalement, c'est bien d'abord à construire la narration que sert ce personnage inconnu. Alors que le film n'a pas de réel narrateur permanent, dans ce premier épisode, c'est le "familielid" qui remplit en fait ce rôle. C'est lui qui assure l'existence d'un fil rouge. Il est l'élément fournissant au récit sa cohésion et sa dynamique. 

On n'ose imaginer que, pour remplir ce rôle avec autant de brio, ce "familielid" ait été quelque peu "briefé" ou "aidé" par la production afin d'avoir la capacité de fournir pareil témoignage. Ni que les grands axes de ses interventions lui aient été  quelque peu "soufflées à l'oreille". De même, on ne peut évidemment penser une seule seconde que l'expression "soixante-dix" lui a été suggérée par des membres de l'équipe de production ayant acquis leur connaissance du français dans le cadre scolaire flamand. Tout cela n'est pas pensable. Nous sommes ici devant un journalisme de haute qualité, qui ne peut bien sûr être suspecté de la sorte. 

Reste donc, néanmoins, à se demander qui est bien ce curieux personnage, et d'où il tient cette connaissance si précise d'événements qui se sont déroulés dans le secret de l'intime…

Frédéric ANTOINE.

(1) Contrairement à la familiarité utilisée par la série tv, nous préférerons ici le désigner par son nom de famille. L'usage du prénom seul dans l'intitulé de cette série nous semble pouvoir poser question, car il induit de la part du spectateur vis-à-vis du terroriste une sorte de proximité, d'intimité, de familiarité, qui peut inférer sur les sentiments que le personnage peut inspirer. Et qui ne paraît peut-être pas de mise lorsque l'on traite pareille affaire.
(2) https://francais.lingolia.com/fr/atelier-decriture/point-de-vue-narratif

25 février 2021

CECI ÉTAIT-IL UN DOCUMENTAIRE? UN "GRAIN DE SABLE" DANS LA SOIRÉE DÉBAT DU MERCREDI SUR LA RTBF


Cette semaine, QR L'actu, la nouvelle soirée "info" du mercredi sur La Une (RTBF) était composée de la diffusion d'un "documentaire" suivi d'un débat sur l'après-covid. Mais est-on bien sûr que le film proposé était bien un doc sur le covid, et non un plaidoyer plus qu'engagé dont, tonalité "complotiste" mise à part, plusieurs aspects rappelaient le fameux Ceci n'est pas un complot, banni de toutes les antennes et critiqué par toute la gent journaliste?


 
 
 
Jean-Luc Crucke et Philippe Close avaient-ils vu le documentaire diffusé ce mercredi soir en ouverture du débat sur "Quelle vie après le covid?" organisé dans le clinquant et blanc studio de l'émission QR L'info? Pas lors du direct, en tout cas, car ils n'étaient pas parmi les quatre invités de marque présentés à l'ouverture de l'émission, et dont deux ont ensuite été subitement relégués dans les gradins lorsque, fini le "documentaire", les deux responsables publics ont tout à coup apparu à leur place. La question n'est pas que rhétorique car il est assez étonnant de voir le manque de réaction de ces deux hommes politiques face aux contenus véhiculés dans le documentaire. A la belle époque de L'Ecran témoin, quand le débat n'était pas encore juste un prétexte après le choix du film (et quand on regardait encore le film en studio), la première question qui étaient posée aux invités sur le plateau était de savoir ce qu'ils pensaient du film, et comment ils se situaient par rapport à lui. Evidemment, si on ne l'a pas vu, cela évite de devoir poser la question. Mais les autres invités avaient-ils, eux aussi manqué la diffusion?

Le "documentaire", intitulé Le grain de sable dans la machine, aurait en effet bien nourri un débat à lui tout seul. QR L'actu est une émission qui dépend du secteur "information"de la RTBF. Comme cela est indiqué au bas du générique final, elle est placée sous la responsabilité du directeur de l'information de l'organisme public. On est donc bien là dans un programme d'information et non dans une case de la grille consacrée à des documentaires. Dans ce cadre, on s'attend à ce que la production qui constitue la première partie de l'émission relève du journalisme et de la pratique de l'information. Mais, ceux qui se sont placés dans ce contexte, celui d'une émission d'info comme tous les mercredis soirs sur La Une, ont dû tomber de leur chaise ou glisser de leur fauteuil à maintes reprises au cours de la diffusion du Grain de sable

L'excellent réalisateur de ce "documentaire" a le droit d'avoir une lecture personnelle des choses et de ce qu'il croit être la réalité, ainsi que de réaliser un produit audiovisuel qui la reflète. Tout comme l'auteur de Ceci n'est pas un complot pouvait, à titre personnel, avoir un avis sur la manière dont "le pouvoir" a conquis l'adhésion des populations pendant la pandémie. Mais cet avis peut-il servir de base à la réalisation d'un produit télévisé présenté comme relevant de l'information, alors qu'en réalité il est un support à la démonstration d'une thèse? Les bonnes intentions de l'auteur du Grain de sable… sont indiscutables. Mais il nous semble que le fait qu'elles aient été aimablement recueillies par une journaliste de la RTBF enthousiaste (1) dans un article promotionnant le "documentaire" ne nous empêche pas de nous poser quelques (lourdes) questions quant à sa présence au sein d'une émission d'information (2)

Un récit, deux structures

Tout comme Ceci n'est pas un complot, Le grain de sable… est écrit sur base de deux modes de structuration: l'un de type formel, l'autre relatif au contenu, au message porté. Dans les deux cas, la structure formelle est de type chronologique. La crise du covid est passée en revue de sa naissance à la fin 2020. Les étapes de la pandémie, ainsi que le fil des saisons, rythment dans les deux productions la progression formelle du récit (et de l'image). Cette évolution linéaire du temps est à la fois familière au spectateur, qui y retrouve sa propre expérience de la crise, directe ou par médias interposés, mais peut aussi ne pas lui donner envie de regarder un programme lui rappellent une fois de plus le rassassage d'infos sur le covid dont on n'a cessé de lui rebattre les oreilles depuis presque un an. Pour faire passer son message, il faut donc être prudent et ne pas taper trop fort sur les éternelles images choc.

Car cette structure formelle, en définitive, n'est qu'un prétexte. Elle fournit un récit alors que, dans les deux productions qui se disent des "documentaires", ce n'est pas la forme qui compte, mais le fond. Les auteurs entendent élaborer un discours, développer un point de vue sur la crise, en le faisant passer par les habits d'un support chronologique. Mais c'est bien le fond qu'ils cherchent à faire passer.

Un processus de persuasion?

Dans les deux cas, subtilement, ce fond ne se révèle que très progressivement, par petites touches. Il faut à ce propos saluer l'énorme qualité de la réalisation du Grain de sable… Les images y sont superbes, les enchaînements entre les plans relèvent de l'orfèvrerie (on ne s'en aperçoit qu'en décortiquant le film minutieusement). Et ne parlons pas du montage. Seule, comme dans Ceci n'est pas…, la lancinante répétition de la musique aurait, de temps à autre, pu être modérée.

Dans les premières minutes du programme, on est dans le rappel d'événements, dans l'évidence des faits. Puis, soit par le discours tenu on off, soit par les extraits d'interviews, la grille de lecture des événements se met en place. Et la construction de la thèse soutenue par l'auteur s'établit étape par étape. Par des moyens différents, qui distinguent l'une de l'autre les deux productions, le spectateur glisse irrésistiblement d'un partage de l'évidence à une entrée dans un processus de persuasion (3).


A ce propos, il est intéressant de noter que, dans les deux cas, la voix off parle à la première personne. Mais dans un contexte différent. Dans Ceci n'est pas…, le "je" est celui de l'auteur, qui se met en scène du début à la fin du document. Ce "je" est celui de l'expérimentateur, de celui qui doute, qui bâtit des hypothèses, voit des suspicions, voire des intentions malveillantes. Mais bien sûr pas de complot, tout de même. Enfin, pas vraiment, mais peut-être, on ne sait jamais. Bref, un "je" qui peut être intégré par le spectateur comme étant le sien. Dans Grain de sable…, on se trouve à l'opposé, ou presque. Le "je" est celui du virus du covid, vis-à-vis duquel on ne peut qu'avoir un sentiment de rejet. Mais, comme le renard de Saint-Exupéry, le covid finit par amadouer le spectateur, lui explique qu'en fait, ce n'est pas lui le responsable de la situation. S'il le suit dans son raisonnement, il finira presque par plaindre le pauvre "je-covid", tenu pour responsable alors qu'il n'y est presque pour rien, et se mettre à sa place…

Expertise et contre-expertise

Ayant toujours bien à l'idée que ce type de production entend affirmer une thèse (à défaut de la démontrer par A+B), asseoir les bases de son point de vue peut se réaliser soit par la propre expression de l'auteur, soit par le subtil recours aux experts. Ceci n'est pas… convoque les deux méthodes. Une partie du "raisonnement" est développée par la voix off, porte-parole de la pensée de l'auteur, et une autre par des extraits d'entretiens avec des experts. Grain de sable…, qui cherche à présenter formellement une configuration plus journalistique, ne met pas directement son auteur en scène, même si le "je-covid' de la voix off est clairement, à certains moments, la sienne. Tout passe ici par les "experts", et c'est ainsi que s'opère sans doute le plus beau tour de passe-passe de cette production: présenter comme des experts, c'est-à-dire des personnes compétentes, neutres, objectives comme des scientifiques, et ayant un regard objectif, des personnages qui sont, en fait, profondément engagées et ayant une lecture personnelle des choses et promouvant une cause.


La clé de lecture


Cela ne serait journalistiquement pas gênant si la production laissait s'exprimer des gens engagés, mais reflétant des points de vue ou des regards différents. Or tel n'est pas le cas. Au visionnement, la chose peut échapper au spectateur. Comme le film est à l'origine un projet pour Arte, qui le diffuse dans une case "Decryptage" —ce qui veut bien dire ce que ça veut dire— (4), il utilise à la fois des experts francophones et germanophones. Ces derniers sont tous totalement inconnus au spectateur de la RTBF. Or là se trouve la clé de lecture du "documentaire": de son titre à sa thèse, sans le dire, ce film repose sur les idées d'un homme: Fabian Scheidler, subtilement présenté sur l'écran comme un "essayiste et dramaturge", ce qui ne paraît pas à première vue lui permettre d'avoir des avis péremptoires sur l'avenir du monde. Au cours du film, ce personnage apparaît 9 fois à l'image en situation d'interview (5) et est en réalité à la fois "auteur, essayiste, philosophe, journaliste et dramaturge allemand" (6). Tout cela serait d'un intérêt relatif si l'homme n'avait pas publié en 2015 un livre qui a été un immense succès, et dont la version française s'appelle tout simplement La fin de la Méga-machine (Das ende der Megamaschine en V.O.). C'est ce livre porte le fond de la thèse du film: le covid n'a été qu'un petit élément dans une machine qui était déjà en piteux état. Le titre Le grain de sable et la machine est en filiation directe avec l'oeuvre de Scheidler. Sauf que ce n'est jamais dit dans le film et qu'il n'est jamais présenté comme l'auteur d'un livre sur la mégamachine. Alors que, par la voix off et les intervenants, le mot "machine" est prononcé 24 fois et "machines" 5 fois.


Identités floues


Cette absence de présentation claire de l'identité et du positionnement des intervenants n'est pas l'apanage de Scheidler. De nombreuses personnes sont présentées de manière très floue et anodine, alors qu'elles sont soit clairement engagées dans une cause, soit comme auteures d'ouvrages qui, dès le titre, ne mentent pas sur leurs intentions et leur positionnement.

Carola Rackete, qui apparaît dix fois à l'écran en interview, et est présentée comme "Pilote de navire et militante écologiste", est la fameuse capitaine du navire humanitaire Sea-Watch 3 qui, dans son livre Il est temps d'agir, défend la désobéissance civile comme mode d'action. Hervé Kempf (8 présences à l'image) est accompagné de la mention "Ecrivain et journaliste", alor qu'il est le fondateur de Reporterre, le quotidien de l'écologie, et a publié des livres aux titres évocateurs comme: Comment les riches détruisent la planète ; Pour sauver la planète, sortez du capitalisme ; Que crève le capitalisme ou Tout est prêt pour que tout empire.

Gaël Giraud, présenté comme "auteur et économiste", est aussi prêtre et jésuite. Economiste en chef de l'Agence française de développement de 2015 à 2019, il a publié : Au-delà du marché, l’imposture économique, Illusion financière, Vingt propositions pour réformer le capitalisme.

Sans dresser la liste exhaustive de la trentaine de personnes à qui l'on donne la parole dans ce programme, on relèvera encore qu'est présenté comme "fournisseur d'humanité", ce qui est le nom qu'il se donne lui-même, un ancien médecin d'Anderlues qui aide bénévolement les démunis et que la version allemande du programme désigne, elle, comme un "Sozialarbeiter" ("travailleur social"), ce qui n'est pas tout à fait la même chose.

Le peuple Kichwa du Sarayaku, en Amazonie équatorienne, est aussi pas mal présent dans le casting. Pas moins de trois de ses représentants y sont interrogés. Mais deux d'entre eux sont sans doute tellement connus qu'aucune mention n'a été jugée utile à côté de leur nom, alors qu'ils sont tous trois activistes contre l'extraction de pétrole sur leur territoire (chose qui n'est vraiment pas au coeur des propos recueillis là-bas, où on représente cette population plutôt comme les "bons sauvages du paradis perdu"). La palme de ce mensonge par omission sur les intentions exactes du "documentaire" revient ex-aequo, avec Fabian Scheidler, à Pablo Servigne, simplement présenté comme "Chercheur in-terre-dépendant et auteur", ce qui ne veut pas dire grand chose. Ce personnage, qui prend la parole 8 fois, n'est autre que l'auteur du best-seller Comment tout peut s'effondrer-Petit manuel de collapsologie, ainsi que de Une autre fin du monde est possible. Difficile de mieux anonymiser un personnage au positionnement clé, puisqu'il est un peu considéré comme le pape français de la collapsologie.


Subliminal

Dans Ceci n'est pas…, l'auteur évoquait ses études de journalisme à l'IHECS, où on lui avait appris à repérer les messages subliminaux. Et estimait en avoir vu pas mal en arrière-plan des présentateurs, dans les JT. Cela reste à démontrer. Dans Le grain de sable…, le message n'est pas vraiment subliminal. Mais son décodage n'est évidemment pas donné dans le "documentaire" lui-même. Le décryptage des identités complètes des personnes rencontrées, croisé avec leurs propos, peut conduire à estimer que cette production prend finalement la crise covid comme prétexte pour transmettre un autre message, qui est celui de la thèse du film. Ce message est porteur des idées des collapsologues, que soutiennent et développent plusieurs intervenants, et s'inscrit dans l'idée d'une disparition du capitalisme, qui pourrait être encouragée par divers moyens. De même, il menace le monde de graves rebéllions et soulèvenements, si on ne change pas totalement de cap. L'originalité de cette oeuvre est que, à côté des personnages présentés ici, elle se forge une légitimité non pas en donnant la parole à des tenants d'une autre thèse (car on est ici dans la démonstration), mais en s'adjoignant des interviews de personnes haut placées. Celles-ci n'annoncent pas l'effondrement programmé de la civilisation, face auquel le covid ne serait qu'une poussière, mais inscrivent leur discours dans le récit formel de la crise. On retrouve ainsi des gens comme Serge Tisseron, le commissaire européen Paolo Gentiloni, l'épidémiologue Marius Gilbert ou Charles Michel, dont la présence se semble valider, sans devoir le dire, que tout ceci est bien sérieux et indiscutable.

Sur le fléau de la balance, on placera un intervenant comme le député européen Philippe Lamberts, qui apparaît 9 fois à l'image, et dont le discours est plutôt alarmiste. Autre people connu, le comédien et humoriste Christophe Alevêque, dont les propos vont dans le sens de ce que veut aussi faire passer comme message le documentaire: assez des Etats et des gouvernements, il faut prendre chacun son sort en main et agir. Finalement, le risque d'effondrement du monde devient ainsi une évidence, communément partagée. Sans lien direct avec le covid, mais quand même.


A suivre

Les quelques éléments relevés ici ne constituent que quelques indices. Un analyse lexicale des propos tenus pourrait, comme pour Ceci n'est pas…, identifier les thématiques et les termes porteurs de sens. Une chose en tout cas est claire: alors que le termes "complot" revenait 9 fois dans le commentaire de ce film et "complotiste" 4 fois, ces termes n'apparaissent pas dans Le grain de sable…. Par contre, le mot "virus" y est prononcé 46 fois, contre 6 dans l'autre production (mais là, uniquement dans les propos tenus par la voix off) (7).

Un autre beau sujet serait d'étudier les séquences où le document développe un exemple comme justification de la pertinence de sa thèse, à la manière d'un syllogisme reposant sur des bases fausses, ou énonçant des sophismes. Ces cas-là paraissent beaucoup plus présents dans Ceci n'est pas… que dans Le grain de sable… Mais il faudrait y regarder de plus près, de même qu'a propos des usages des images d'archives, et de la fonction qui leur est assignée: illustrer, conforter, déséquilibrer,…

Le champ est large, mais l'interrogation posée en début de ce texte semble ne pas perdre en pertinence: un document porteur d'une thèse, même habillement habillée, peut-il être intégré dans une émission relevant du secteur de l'information comme s'il s'agissait d'une enquête-reportage mieux travaillée côté présentation? Et peut-il servir de base à un débat, sans avoir été présenté comme défendant une thèse partisane?

Affaire à suivre n'aurait-on pas envie de dire.(8)


(1)https://www.rtbf.be/tv/dossier/qr/detail_le-grain-de-sable-dans-la-machine-quand-le-virus-pointe-les-fragilites-d-un-systeme?id=10699824
(2) Et ceci en précisant bien que comparaison n'est pas assimilation. Il n'est pas dit ici que Ceci n'est pas un complot et Le grain de sable sont de même nature. On s'interroge seulement dans ce texte sur les similarités formelles entre les deux productions. Le connaissant, nous sommes persuadé que le réalisateur du Grain de sable comprendra que nous ne mettons pas ici son oeuvre en question, mais bien le contexte dans lequel elle a été présentée
(3) Nous n'irons pas jusqu'à dire: d'endoctrinement, ce qui serait sans doute trop fort. Quoique
(4) Prochaine diffusion en linéaire le 2 mars à 22h30.
(5) Pour des raisons de temps disponible, nous n'avons pas pu chronométrer la durée totale de ses interventions.
(6) Dixit Wikipédia.
(7) Pour des raisons de temps, nous n'avons pas eu l'occasion de distinguer les voix off des propos "in", alors que nous avions pu le faire pour l'autre document.
 
(8) En date du 9 mars 2021, le réalisateur du film nous a fait parvenir un message dans lequel il précise: "Je ne suis pas journaliste, mais bien cinéaste. Je ne suis pas tenu à l'objectivité et jamais mon film n'en a eu la prétention ou ne l'a laisser sous-entendre." "En terme de "persuasion", écrit-il, si tu regardes bien, le film n'aligne que des faits que peu de gens remettent en question: Réchauffement climatique, perte de biodiversité, inégalités sociales etc..."
Pour ce qui concerne Fabian Sheidler, voici l'explication donnée par le réalisateur: " Si Fabian est dans le film, c'est plus simplement pour la raison suivante: Pablo Servigne m'avait recommandé de contacter Fabian qui avait écrit un livre dont le titre rappelait le mien. J'y ai vu évidemment une conjonction de point de vue. J'ai lu son livre qui effectivement croisais mon regard. Belle rencontre, due au hasard tout simplement."
Le réalisateur conclut: " Il aurait peut-être été intéressant que tu cherches à me rencontrer pour analyser le film. Le débat aurait été sans doute plus riche et plus juste, car il y a dans ton texte de nombreuses assertions ou supputations qui ne collent tout simplement pas avec la réalité."
 
Tout en prenant note de l'explication selon laquelle le film n'aurait pas été directement inspiré par l'ouvrage de Fabian Scheidler, nous maintenons tous les éléments de notre analyse, pour un film qui a été diffusé par la RTBF dans une case "information" de sa grille, a été présenté par un journaliste dans le cadre d'une émission d'info-débat de type politique et a servi de base au débat en question, animé par le même journaliste, le tout sous la supervision éditoriale du directeur de l'info de la RTBF. Arte, pour sa part, a ensuite présenté le film dans une case documentaire.

23 février 2021

"QR L'ACTU" SUR LA RTBF: UN EFFORT DE NOUVEAUTÉ. MAIS PEUT MIEUX FAIRE

Ce lundi 22 après le JT, La Une a proposé le premier numéro de sa "nouvelle" émission, QR L'actu, qui ressemble quand même pas mal à Questions à La Une, mais dans une version "améliorée". Y a encore quelques progrès à faire…

Questions en Prime est cette émission qui suivait tous les JT de La une lors grands jours du premier confinement, puis qui a continué à occuper l'antenne pendant toute la suite de la crise du covid. Devant une telle permanence, et de bons résultats d'audience, on ne pouvait, à un moment ou un autre, que sanctuariser ce programme dont le projet correspond tellement à l'image que l'on se fait aujourd'hui d'un MSP (Média de service public) ou, comme on dit dans les cénacles de l'UER, un PSM (Public service media) (1). QR L'actu, le nouveau concept issu de Questions en Prime, est d'autant plus intéressant qu'il entend fédérer l'émission qui suit le JT avec le programme de débat politico-public de La Une, dénommé A votre avis, et diffusé sur la même chaîne le mercredi en deuxième rideau de soirée. Et cela tombe bien, puisque les deux émissions ont justement le même journaliste-animateur! 

Autre raison de l'intérêt de l'émission, comme A votre avis l'affiche dès son titre (2), il est ici question de donner davantage la parole "au public", terme vague aisé à utiliser mais dont on ne sait pas toujours très bien ce qu'il représente. On s'était ainsi souvent interrogé sur la représentativité "du public' participant à l'émission A votre avis en temps de non-covid. Ici, il semble que "le public" soi considéré comme étant celles et ceux qui interagissent dans l'émission via les réseaux sociaux et/ou qui ont téléchargé la nouvelle version de l'application Opinio mise en ligne le 20/02, soit deux jours avant la première de l'émission. Ces téléspectateurs (inter)actifs représentaient-ils les 400.000 à 500.000 personnes assises devant leur téléviseur au temps de Questions en Prime en novembre ou décembre dernier? Ou sont les porte-parole des 416.452 téléspectateurs qui ont suivi la première de QR L'actu, ce lundi 22/02 (2)?

Air de famille

Dire que ces téléspectateurs ont été chamboulés dans leurs habitudes par ce nouveau programme serait sans doute un peu exagéré. Il serait plus correct de se référer au vieil adage selon lequel ce sont dans les vieilles marmites qu'on fait les meilleures soupes. A commencer par le plan de générique qui, certes, n'affiche plus le même titre, mais qui laisse bien comprendre qu'on est dans quelque chose de connu. Avec toutefois un brin de graphisme plus "techno" ou "industriel" que le titraille précédente, un peu comme si "QR" avait été peint à l'aide d'un pochoir.

 

Au-delà du graphisme, est-ce que ce qui fait neuf se trouve dans le décor?  En tout cas pas vraiment dans le décor lui-même. Mais plutôt dans sa couleur. Et encore, pas tout  à fait. En règle générale, les coloris du décor de Questions en Prime étaient à dominante blanche sur fond noir, avec un arrière-plan où dominait le gris/orange-rouge et un plancher surélevé en bois, pour un peu réchauffer l'atmosphère un peu hygiéniste, entre hôpital et funérarium, qui se dégageait du reste de l'ensemble. Ici, tout change. L'éclairage passe à un bleu plus clair et rayonne sur tout le sol du studio (hormis la partie surélevée). Un effet "eau propre", entre une plongée dans le lagon de Bora-Bora et un passage au banc solaire. Ou l'impression d'être à l'intérieur d'un vaisseau spatial du XXIIe siècle". Un bleu qui n'est  toutefois pas tout à fait une nouveauté: le décor de certaines éditions de Questions en Prime avait déjà été peint en bleu, mais plutôt électrique celui-l (voir ci-dessous capture d'écran de droite).

capture d'écran RTBF



Pour le reste, on ne change pas une équipe qui gagne, ou plutôt on est bien obligé de ne pas la changer, puisque le plateau de l'émission est à peu près inamovible (hors l'éclairage).

 
Côté durée, QR L'actu entend conserver un format court, annoncé de 15 minutes. Questions en Prime eut parfois des longueurs plus élastiques. A ses débuts, il était plutôt formaté sur 20-25 minutes. Depuis la rentrée de septembre, son calibrage était déjà de 15 minutes. Donc là aussi, on est dans la rassurance.

Dans la nuance

Alors, qu'est-ce qui change sinon les effets de couleurs et une belle image de la sortie du tunnel de la rue de la Loi la nuit en arrière-plan? Pas les invités, en tout cas. Le casting de la première émission avait un air de déjà vu. On ne refait pas l'actu, tout comme on ne peut pas refaire l'expertise. Leur mise en image, elle aussi, n'a pas vraiment évolué.
 

Hier comme aujourd'hui, le splitscreen est le meilleur moyen trouvé par l'émission pour d'intégrer deux interlocuteurs dans le même cadre. Mais, cette fois, il est en plein cadre. On se sent davantage au coeur de l'action que lorsqu'il était mis en cadre.
De même, pas beaucoup de changements à propos des interventions écrites du "public". Même les fautes d'orthographe sont toujours là. La finesse dans l'adaptation. Dans QR L'actu, l'interlocuteur auquel la question est destinée apparaît en vignette à l'image, ce qui la dynamise (un tout petit peu) plus que d'avoir dans le cadre le journaliste qui lit le texte qu'on voit déjà.
 
 
De beaux efforts 
 
Bel effort aussi, lors des panneaux de textes venus du "public", sur les choix de couleurs et, à nouveau, on pointera l'abandon du fond gris-rouge/orange dans lequel était fait un insert. On sent qu'on est dans le plus sobre, voire dans le plus froid, comme avec l'omniprésence du bleu sur le plateau.

 Une amélioration de lisibilité touche aussi la communication des résultats des "sondages" (totalement 
non représentatifs de l'opinion) réalisés avec l'appli Opinio (qui porte ici bien son nom). Précédemment, on avait l'impression que les résultats affichés à l'écran venaient de tomber d'une vieille imprimante, ou utilisaient la même mise en page minimaliste que celle du questionnaire en ligne. Là, il y a du progrès. Mais on n'est pas encore à faire des graphiques, des "camemberts" ou des représentations visuelles. On est à la télé-vision, tout de même. Mais ce sera sans doute pour la prochaine fois… En l'état, dommage toutefois que, lorsque le choix de réponses à afficher est trop large, on n'arrive pas à tout voir à l'écran. La maîtrise de l'infographie, c'est un vrai métier…
 
Le changement, c'est maintenant
 
Mais alors, qu'est-ce qui change, outre ces adaptations cosmétiques? La présence "du public", évidemment. comme dans A votre avis, on veut ici donner davantage la parole "au public". Ce n'est pas que, dans sa version précédente, l'émission était confinée à des experts (enfin, pas tout le temps). Via webcams, le programme recevait aussi beaucoup d'interlocuteurs extérieurs. Mais, dans la plupart des cas, il s'agissait d'intervenants institutionnels. Ah, on est le MSP de la Fédération WB ou on ne l'est pas, quand même! Donc, parole au corps social officiel (ou aux corps sociaux en tous genres de Belgique francophone). Et ceux-ci étaient plutôt là pour se plaindre que pour poser des questions. Des invités lambda, de mémoire, il y en a aussi dû y en quelques-uns. Mais quasiment par hasard. 
 
Ici, c'est une des base line du programme: rendre l'antenne accessible au Belge de base. Pour qu'il confie son désarroi, sa détresse, voire son envie d'en finir dans cette crise sans fin? Pas vraiment. En tout cas dans l'émission n°1, c'était plutôt pour poser des questions. Le rôle normal conféré à l'auditoire, quoi. Intervenir dans un programme pour prendre, pour quelques secondes, le rôle du journaliste-animateur, et interroger. Ne pas savoir mais chercher chez l'autre l'expertise qui nous manque. Bref, ce qu'on fait dans les médias audiovisuels du monde entier depuis qu'ils existent. 
 
 
 
Mais encore faut-il avoir de bons interlocuteurs. Faute à pas de chance, ou mauvais casting lié au mode de collecte des intervenants, le premier membre du "public" à passer à l'antenne ne laissera pas un souvenir exceptionnel, qu'il nous excuse. Alors qu'on attendait une question, claire et bien posée la personne n'en avait pas vraiment, se perdait en conjecture et, sans doute pris par la solennité du moment, cherchait ses mots. Un vrai calvaire pour le journaliste, qui devait tenter d'en tirer quelque chose. Le tout complété par la mauvaise qualité de la liaison. Certes ce n'était pas l'ouverture de l'émission, mais avoir cela en première séquence d'une émission qui entend se distinguer par sa volonté de donner la parole à l'audience n'aide pas à ancrer l'identité du  programme.

La deuxième intervenante avait, elle, une question bien précise, mais à laquelle les experts en plateau n'avaient pas les moyens de répondre. Cette personne, qui semblait intervenir depuis son lieu de travail, avait juste au-dessus d'elle affichée au mur une note de service bien visible à l'écran. Tous les téléspectateurs ont ainsi eu l'occasion de lire le message que Jean avait adressé à ses collègues le 19/02… 
 
Un peu de préparation aurait permis d'évaluer la qualité de la liaison internet du premier intervenant, et aurait peut-être amené à lui faire comprendre que, même depuis que le covid a transformé les cuisines et les placards en studio tv, quand on travaille en broadcast, on essaie de respecter certaines normes. Quant à la deuxième personne, un peu d'accompagnement, juste avant le passage à l'antenne, lui aurait permis de modifier le cadrage de sa webcam. Mais est-ce trop compliqué? Ou, pour faire "public", recherche-t-on les laisions de mauvaise qualité et les cadrages improbables?
 

Comme lorsque, pendant toute la fin du programme, l'image de fond de studio fut une mise en parallèle des deux visages des personnes du public qui étaient intervenues. Une association entre un immense cadrage américain et un demi-visage en hyper gros plan, tout ça face à de mini-personnages présents en plateau. De quoi faire peur plutôt que d'encourager la communication. Elle est sûrement bonne, l'idée de l'émission. Mais il reste à la huiler. Par exemple, en présentant bien le QR code quand on annonce sa présence à l'image, pour éviter qu'apparaisse juste un carré blanc.
Il reste à en faire un "vrai" programme de télé. Par un show, mais juste quelque chose de correct à voir…
 
Frédéric ANTOINE. 
 
 
PS: Sur Auvio, autant aussi essayer de ne pas mettre une pub commerciale pour l'industrie pharmaceutique juste avant une émission comme QR L'actu si on ne veut pas offrir une corde de plus pour se faire pendre par les auteurs de certains documents audiovisuels qui circulent pour l'instant sur la Toile…
 
 
 
(1) https://www.ebu.ch/about/public-service-media
(2) Même si, en pratique, la part des "avis" dans l'émission a pas mal évolué au fil du temps.
(3) 5e meilleure audience de la journée selon le CIM, mais avec à peu près autant d'audience que le magazine diffusé à la même heure sur RTL-TVI.

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