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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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11 janvier 2023

Sur La Une (RTBF): The Dancer ou The Advertiser?

 

The Dancer,
le nouveau show type  'télé-réalité dansante' de La Une, a bien des atouts pour plaire, et est assurément un beau spectacle. Mais ce programme coûte-t-il si cher qu'il faille le truffer de publicités commerciales d'un nouveau genre? Ici, la pub ne rentre pas seulement par la porte, mais aussi par la fenêtre. Et parfois bien subtilement… Même si ce n'est pas une originalité de La Une (*)
Mais rendons d'abord hommage à la qualité du programme, et à ses originalités.
 
The Dancer version RTBF est, comme le précise son générique final, une superbe franchise du format éponyme créé par Fremantle UK et Sico Entertainment. Et dont la version la plus accessible sur la Toile est celle qu'a diffusée il y a + un an la RTVE, l'opérateur audiovisuel public espagnol. En de nombreux points, celle-ci ressemble à la belge, y compris dans le type de casting flamboyant des membres du jury (et surtout de sa composante féminine).
 
Nous n'avons pas la place pour présenter ici le programme en détail. Mentionnons simplement qu'il est donc composé de prestations de danseurs et danseuses ± amateurs ou ± professionnels. La première étape du programme est destinée, comme dans The Voice, par exemple, à éliminer les plus mauvais et à constituer ensuite autour des membres du jury des équipes dont les membres s'affronteront dans les étapes suivantes. D'ordinaire, dans ce genre de programme, les membres du jury sont seuls à opérer cette sélection, l'étape d'interaction où le public vote pour les candidats n'apparaissant que plus tardivement. Ici, si 75% du public présent en studio vote pour le candidat lors de sa prestation d'une durée de 2 minutes, il est retenu dans un premier temps. Les membres du jury ne feront ensuite leur sélection que parmi les participants sélectionnés.
 
                                                                            (logo version hispanique)
 
UNE RICHE ÉCRITURE
 
On se croit donc un peu à ce stade dans The Voice, à la différence près que, à certains moments (et comme dans toute bonne télé-réalité), la compétition n'apparaît qu'être un prétexte pour créer de l'émotion autour du candidat et de son histoire. On pleure beaucoup sur le plateau, avant et après la prestation, et ces éléments prenants participent sans doute grandement à l'addiction que le spectateur peut avoir le programme, une fois qu'il s'est familiarisé avec lui.
 
Le concept repris par Fremantle Belgique fonctionne bien, et s'avère plus riche, par exemple, que Belgium's got talent (ou son équivalent français). Cette richesse ne se retrouve pas seulement dans les décors très léchés ou l'univers général du programme, mais aussi, sinon surtout, dans sa construction narrative, qui a l'originalité de multiplier les angles si on compare The Dancer aux autres programmes classiques du genre. 
 
Alors que, s'ils en ont, ces productions de télé-réalité comptent en général un présentateur, The Dancer recourt à un couple de deux personnes, qui n'occupent pas vraiment un rôle central, mais sont plutôt chargées de cadrer les émotions (auxquelles elles participent) et, surtout, de borner les phases du récit. Les membres du jury, particulièrement actifs dans l'animation du plateau, apportent un deuxième point de vue sur l'histoire à laquelle ils participent. Leur rôle est central. La "secrétaire" de la production, qui accueille les candidats dans son bureau avant leur prestation, est la porteuse du troisième niveau de récit. Elle remplace un peu les séquences backstage des productions classiques, mais en occupant une place beaucoup plus importante (1). Mais ici, 
 
En pus, il y ici encore d'autres récits, produits par d'autres acteurs. Le quatrième récit est généré par un(e) ami(e) du compétiteur, à la fois via une vidéo présentée avant sa prestation, mais aussi en étant présent(e) dans le studio où se déroule l'émission, et constamment cadrée lors des étapes de la prestation. Enfin, et ce n'est pas la moindre originalité, le programme est parsemé de commentaires "live" (si l'on peut dire) provenant de divers couples de spectateurs faisant partie du public. Le spectateur à domicile s'identifie ainsi à celui qui est dans la salle. La communion est parfaite;

Inutile de dire que cette diversité de récits s'entremêle, contribuant largement à la dynamique du programme.
 
POMMES ET POIRES
 
Une analyse des rôles exacts de chaque producteur de récits serait passionnante à réaliser, ainsi qu'une étude sur les concurrents, subtilement castés et invités à se produire dans un ordre qui participe évidemment à l'écriture du scénario du programme. Tant et si bien qu'on en finit par se dire que, dans cette émission comme dans d'autres du mêmer (type Belgium's got talent),  on compare des pommes et des poires, entre une troupe qui présente une prestation d'ensemble, un quatuor ou un quintet de danseurs dynamiques et un petit couple de pensionnés exécutant une valse viennoise. Deviner qui le public a retenu et éliminé pourrait être fait avant même le début de chaque prestation. 
Mais enfin, est-ce si important? Le plaisir du spectateur est-il là?
 

DÉPLACEMENTS DE PRODUITS

L'originalité de The Dancer se trouve enfin… dans son usage des messages publicitaires. Comme tout bon programme qui se respecte, cette production à laquelle la RTBF est associée est évidemment truffée d'interruptions publicitaires, dont l'emplacement est bien inscrit dans la structure du scénario de l'épisode. Cela, on connaît par coeur. Le panneau "ce programme contient du placement de produit", diffusé avant le début de l'émission (et également dit en voix-off, sans doute pour les enfants en âge préscolaire) fait également référence à des choses maintenant connues, la production ayant même la bienveillance d'énumérer les marques dont les produits seront placés dans le programme. 

Mais, lorsqu'on regarde The Dancer, ce placement de produit (s'il s'agit de lui) prend une tournure assez spéciale, et très peu vue jusqu'ici (en tout cas à notre connaissance sur le service public): ce n'est pas le produit qui apparaît sur l'écran, mais un bandeau publicitaire qui occupe tout à coup le bas de l'image. Le bandeau contient un message, mais ne montre pas un produit. Est-on encore dans le genre "placement de produit"? Cette nouvelle forme de production publicitaire contribue à l'originalité de ce show car elle nécessite un travail subtil de conception du message, qui doit être à la fois concis, accrocheur, et faire référence à une marque sans nécessairement à nommer. Tout un nouveau terrain de jeu pour les créatifs des boîtes de pub…

Mais pour le spectateur, c'est surtout compris comme une nouvelle invasion de son espace visuel par de la pub. Non content d'en avoir avant, après, ainsi que toutes les douze minutes (ou ±) d'un programme, voici maintenant que la pub s'immisce dans le programme lui-même. Non en montrant un produit, mais en ajoutant un message textuel au contenu de l'image et du son que l'on consomme en même temps. Peut-on à la fois suivre ce qui se passe à l'image et assimiler les paroles tenues si, au même moment, on doit déchiffrer un contenu textuel qui occupe une partie de l'écran? La question est ouverte.

Ce système est en tout cas
un superbe moyen de forcer les téléspectateurs à ingurgiter de la pub même quand ils n'en veulent pas, puisqu'elle est insérée dans l'image du programme. Fini les visionnements a posteriori via les services de VOO ou de Pickx où l'on zappe les écrans pub. Ici, on en est prisonnier. On ne peut pas ne pas la voir (2).
 
Amis publiphobes, ce nouveau type de matraquage n'est pas fait pour vous. A la fin de The Dancer, le trop-plein de commercial risque de vous sortir par les narines. Ou de ne pas du tout vous donner envie de danser. Ce qui est sans doute une des missions du service public.

Frédéric ANTOINE.

Ce texte du 11/01 a été complété le 12/01 à 17h55.

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(1) Dans les émissions classiques, une seule et même personne assure parfois la partie backstage et la présentation générale.
(2) Idem sur Auvio, où n'existent pas les écrans pub insérés au sein du programme lors de la diffusion en linéaire.
 
(*) Suite à la publication de ce texte sur ce blog, un lecteur précise: "Vous estimez que ces bandeaux n’ont été tres peu vus à votre connaissance sur les antennes de la RTBF. En réalité, ce principe existe depuis 2014 et la saison 3 de The Voice. . A l’époque, en juin 2013, le renouvellement de The Voice était menacé à cause de la suppression du PP.  La RTBF a alors utilisé ce moyen. Et, en 2015, quand le PP a été illico ré-autorisé, ces bandeaux sont neanmoins restés. Désormais, PP et bandeaux pub cohabitent."


24 décembre 2022

Viva For Life : Sarah, Marco, Ophélie, des boucs-émissaires ?



Viva for Life ? Une affaire biblique qui marche du tonnerre. Et qui devient "la référence" du service public en matière d'opération de "charity business". Mais pourquoi ?

"Dans la Bible, on peut lire que le prêtre d'Israël posait ses deux mains sur la tête d'un bouc. De cette manière, on pensait que tous les pêchés commis par les juifs étaient transmis à l'animal. Celui-ci était ensuite chassé dans le désert pour servir d'émissaire et y perdre tous les pêchés" (1). 

Depuis dix ans, à la veille de Noël, la RTBF ne procède pas autrement, à l'exception près que son administrateur  général ne pose pas ses deux mains sur les têtes des trois "animateurs" qui accompliront le marathon radiophonique Viva for Life. Et qu'ils ne sont pas envoyés au désert, mais enfermés dans un "cube", au fond de la Belgique (en tout cas cette année-ci).

À cela près, le rôle assigné aux trois "volontaires désignés" est bien le même que celui des temps bibliques : prisonniers de leur cube (et jusqu'à récemment privés pendant une semaine de toute nourriture solide), ils sont là pour endosser tous les péchés de non-assistance commis par les Belges face à la misère des enfants. 

Ils font pénitence au nom de tous, souffrent de l'isolement et de la fatigue (sans parler de l'obligation de descendre au studio par une rampe de pompier ou de manger des choses qu'ils n'aiment pas…), tout cela pour expier nos fautes collectives. Afin de pouvoir retrouver l'air libre, c'est-à-dire être défaits de cette malédiction, on ne leur a proposé qu'une solution : convaincre ces pécheurs de Belges francophones de "se racheter" en faisant des dons  afin d'aider les enfants malheureux. 

Colllecteurs, Sarah, Marco et Ophélie deviennent aussi fréquemment confesseurs. Ils parlent en effet souvent sur l'antenne avec les auditeurs qui les appellent pour donner de l'argent ou pour commander l'écoute d'un disque contre le paiement de 40€. Ils leur demandent alors s'ils ont eu eux-mêmes une enfance difficile, et quand c'est le cas manifestent grandement leur compassion, ces auditeurs appelant pour que, à l'avenir, ce qu'ils ont enduré ne se reproduise plus. Séquences "émotion" garanties…

D'autres auditeurs, qui n'ont pas eu une enfance malheureuse, racontent combien ils se rendent maintenant compte que la situation de misère que vivent une partie des enfants est intolérable, raison pour laquelle ils essaient ainsi, en quelque sorte, de contribuer à la réduire. Comme leur disent parfois les trois enfermés, "cela libère la conscience". Surtout lorsqu'il s'agit d'enfants, et que l'on se trouve à la veille de Noël, dont la petite enfance est le point focal, même si de moins en moins de gens se souviennent qu'on commémore alors la naissance de Jésus-Christ…

Autant de raisons (parmi d'autres) qui expliquent pourquoi Viva for Life a recueilli cette année 8.034.120€, soit plus que l'an passé et, bien sûr, que toutes les années précédentes. Avec un montant pareil, cette opération essentiellement radiophonique a cette fois dépassé le résultat de Cap 48, l'action de solidarité historique de la RTBF, qui n'a, elle, rassemblé "que" 7.733.227€. En 2021, Viva for Life avait recueilli 7.512.346 et Cap 48 7.625.014. Soit à peu près la même somme dans les deux opérations (mais Cap 48 était avant Viva…). 

Une inversion de tendance plus que significative de l'évolution de l'air du temps, de la proximité différente de l'audience avec la cause, et de l'effet qu'un "matraquage" radiophonique d'une semaine, portée par la station du service public la plus écoutée, peut toujours opérer en 2022…

Joyeux Noël!

 Frédéric ANTOINE,


(1)https://www.linternaute.fr/dictionnaire/fr/definition/bouc-emissaire/

13 octobre 2020

La revanche de Cap48

Alors que le Télévie s'effondre, Cap48 bat tous ses records. Comment est-ce possible?

« On n’imaginait pas dépasser les 6 millions, et encore moins battre le record! » Avec sa fougue habituelle, l'animateur de la Grande Soirée de Clôture de l'émission de télé-charité de la RTBF en perdait la voix, dimanche en fin de programme. L'opération avait dépassé tous ses scores, affublant sa légende d'un nouvel épisode de sa constante progression, Cap48 étant passé en moins de dix ans de quatre à près de sept millions d'euros récoltés.

Au même moment, il y a un mois, le Télévie, dont la croissance des recettes est moins régulière d'année en année que celle de Cap48 (cf. courbes polynomiales), enregistrait son premier crash historique. Étonnante situation, puisque les deux opérations ont théoriquement pâti de la même manière de la crise de la covid 19, l'action caritative de la télévision privée ayant même pu s'étendre sur plus de seize mois, alors que celle de la RTBF, comme d'habitude, était limitée à douze.

Bien sûr, la différence entre les montants récoltés dans les deux opérations reste importante. Mais, depuis quelques années, l'écart entre les sommes collectées par l'une et l'autre se réduit quelque peu. Et de manière drastique en 2020. Cette année, la RTBF ne se trouve plus qu'à 37% du montant de RTL-TVI. Un pourcentage beaucoup plus bas que précédemment, où l'argent rassemblé par le service public représentait environ la moitié de celui de l'acteur privé.

Un public fidèle

Quelques réflexions sur les raisons de la situation vécue par RTL-TVI, et officiellement attribuée à la crise de la covid, ont déjà été évoquées sur ce blog. Comment la RTBF ne se trouve-t-elle pas dans la même configuration? Le rôle joué par le charity program que représente la diffusion de la soirée de clôture y est-il pour quelque chose? Côté audience, en tout cas, les chiffres de 2020 sont parlants. RTL-TVI a réalisé le pire audimat de l'histoire récente du Télévie. La RTBF, elle, est stable. Même si la communication officielle de l'entreprise publique se réjouit d'une PDM d'un peu moins de 20%, en nombre de téléspectateurs, la clôture de Cap48 n'a pas fait mieux que les années précédentes. Mais elle n'a pas non plus fait pire!

Ces dernières années, les deux émissions de soirée attiraient une masse de téléspectateurs assez proche, dont le nombre avait, des deux côtés, un peu chuté en 2018 par rapport à 2017. En 2019, RTL-TVI avait réussi à retrouver son chiffre de 2017. La RTBF, elle, se contentait d'attirer le même public. Idem cette année, mais chute historique pour le privé. On ne peut, bien sûr, oublier que les émissions en question ne sont pas diffusées en direct le même jour de la semaine. Dans la tradition historique de 48.81.00, dont l'essentiel de la mobilisation se déroulait au cours d'un seul week-end, Cap48 se termine en fin de dimanche. Tablant sur le temps long, et ne considérant les promesses de don du dernier jour que comme une cerise sur un gâteau, RTL-TVI termine son action le samedi soir. On sait que les comportements d'audience ne sont pas identiques les deux jours. Mais cela n'explique pas tout.

Cher, le public

Cette année, la conception et la mise en image des deux émissions ont peut-être joué un rôle dans l'attrait sur le public. Autant la soirée de RTL-TVI pouvait paraître comme un peu bricolée, réalisée à peu de frais dans des bâtiments non adéquats, autant celle de la RTBF avait conservé, autant que faire se pouvait, ses allures habituelles de charity-show. Les décors, la réalisation, n'avaient rien de comparable. La télévision publique avait renoncé à des directs des quatre coins du pays, alors que la chaîne privée en avait fait un des points forts. La télévision publique avait davantage misé sur les témoignages que sur les paroles d'experts, alors que son concurrent avaient au moins eu recours de manière égale aux deux types de personnages. Côté invités du show business, on avait eu l'occasion de retrouver certains artistes identiques des deux côtés. Mais leur implication par rapport à la cause pouvait paraître plus marquante, voire plus honnête et incarnée, du côté du service public.
 
  Cap48 2020            Le Télévie 2020 
     
Enfin, et surtout, il y a eu la question du public. Dans le patio de RTL House, on était comme sur un plateau de studio déshumanisé, sans chaleur, et dépourvu du type d'interactions que procure traditionnellement aux soirées Télévie la présence d'aficionados prêts à passer une partie de la nuit assis sur des gradins inconfortables pour être parties-prenantes au spectacle. La RTBF, elle, avait réussi à intégrer un public dans son studio 40 de la Médiacité. Son installation dans des box de trois, associée à un recours à des couleurs variées et à un look doré sur fond noir, donnait à l'ensemble à la fois une impression 'classe' et participative. Quelle différence! RTL semblait avoir choisi une version minimaliste, juste pour 'faire le job'. La RTBF, elle, était dans un style de production plus riche que d'ordinaire (même si, côté découpage, celui de l'émission 2020 ressemblait comme deux goutes d'eau à celle de 2019…).

Des rentrées en baisse…

Si les questions de dispositif peuvent, en partie, expliquer les résultats d'audience, ils ne permettent pas de comprendre les raisons de la réussite financière de Cap48, alors que chutaient les dons faits au Télévie. Il est impossible de comparer les deux programmes à ce propos car, subtilement, l'un et l'autre ne fonctionnent pas de même manière. On se contentera ici de se questionner sur ce que peut inspirer la différence entre ce qui a été communiqué à l'antenne et la réussite annoncée en finale. 
 
Si on les compare aux données diffusées par 2019, tout comme le Télévie, de nombreuses recettes de Cap48 étaient cette fois clairement en baisse. Ainsi, les montants récoltés à Bruxelles et en Wallonie, essentiellement par la vente de post-it, ont été beaucoup moins élevés en 2020. Sur base des résultats communiqués à l'antenne, le mali est d'environ 860.000€.     
De même, les actions d'animation menées pour collecter des dons, en grande partie à l'initiative de la RTBF ou avec son aide, n'ont pas rapporté les mêmes sommes que l'an dernier.Et ce alors que certaines recettes, comme celle du "Défi animateurs" ou du "Défi 100 km" étaient en très très forte hausse en 2020, sans que l'on comprenne pourquoi.
Il n'est pas aisé d'opérer une comparaison claire à propos des apports de partenaires privés, car ceux qui ont été cités à l'antenne en 2020, en associant noms de firme à un montant global versé, sont moins nombreux qu'en 2019. Pour les chiffres comparables, ceux-ci sont inférieurs à ceux de l'an passé.
Quelques appuis en hausse
 
Cela étant posé, d'où peuvent alors venir les sommes qui permettent àl'opération de dépasser cette année ce qui avait été rassemblé comme dons en 2019? Une donnée claire et comparable à ce sujet concerne les aides publiques, c'est-à-dire celles provenant de ministères qui sont supposés aider directement les personnes handicapées (public concerné par Cap48), mais qui préfèrent médiatiser un don d'argent à l'opérateur public pour que celui-ci le donne aux handicapés plutôt que de le leur allouer directement (1). De ce côté, les chiffres croissent, du moins de la part des ministres régionaux présents sur le plateau (2).
D'autres apports sont plus difficiles à identifier. Ainsi, en 2020, une ASBL clôturant ses activités a offert 75.000€ à Cap48, ce qui est évidemment un one shot, l'animateur précisant que d'autres ASBL ont été dans le même cas, dont la fanfare des volontaires de Thon (3), mais sans préciser le montant du don. Il ne semble pas que ce type de générosité avait déjà été mentionné l'an dernier. Les sommes ainsi récoltées semblent toutefois rester marginales. Une autre inconnue concerne l'apport 2020 du Lions Club, à qui il est rendu hommage et dont les responsables ont eu droit à une séquence de reportage, mais dont le montant versé n'a jamais communiqué, alors que c'était le cas en 2019 (4).
 
Ces éléments flous ne permettent pas de comprendre clairement si les contributions non mentionnées cette année, mais présentes antérieurement, ont eu lieu en 2020, ni de savoir combien ont rapporté les dons évoqués sans en préciser le montant. En regard des pertes enregistrées par ailleurs, ces apports non chiffrés sont-ils venus combler les pertes? La dramaturgie de l'émission reposant, toiut comme celle du Télévie, sur la hausse des sommes affichées au compteur, il serait étonnant que d'importants dons publics ou venant d'entreprises aient été privés de passage à l'antenne.
 
Marée de promesses?
 
Reste donc un élément: les promesses de dons. Comme pour le Télévie, c'est la seule donnée sur laquelle on ne dispose pas d'informations, sinon par le suivi de la valse régulière des chiffres affichés sur le tableau-marquoir. Lorsque débute le programme 2020, le montant y affiché était plus élevé de 140.000€ que celui de l'an dernier. Cela signifie-t-il que davantage de promesses avaient déjà été enregistrées?
Et la récolte des promesses s'est-elle envolée par la suite? À plusieurs reprises pendant l'émission, les animateurs mentionneront que le call center est saturé, et qu'il y a lieu de privilégier les moyens de participation électroniques. Le rush a-t-il été tel qu'il aurait permis de combler l'immense gap dans les dons enregistrés avant le dernier week-end? À ce stade, cette configuration ne peut qu'interpeller. Et la question doit rester ouverte. Et ce d'autant que l'émission en direct de cette année aura réussi à battre tous les records… alors que, en durée, le programme n'aura jamais été aussi court.
En 2020, l'émission n'a duré qu'un peu plus de trois heures (alors que les grilles annonçant le programme prévoyaient 3h30) (5). Il y a cinq ans, selon les horodatages CIM, celle-ci avait duré… près de quatre heures, soit un peu moins d'une heure de plus. 
Faire beaucoup mieux, en moins de temps, et alors que des secteurs habituels de recettes sont en baisse, est un véritable exploit!

Frédéric ANTOINE.


(1) Pour être de bon compte, il faut reconnaître que les pouvoirs publics adoptent exactement la même attitude vis-à-vis du FNRS lors du Télévie.
(2) On notera à ce propos l'erreur cocasse qui a un temps laissé croire que la ministre Morreale ne donnait que 150.000€, soit le même montant qu'en 2019. Un erratum a dû être apporté par la suite par l'animatrice afin de préciser que la somme offerte en 2020 était équivalente à celle de la Région bruxelloise.
(3) Les responsables de cette ASBL en dissolution étaient passés à l'antenne dans le Télévie, à qui ils avaient donné 25.000€. 
(4) En 2019, ce service-club avait donné 245.000€.
(5) En 2020, le Télévie a, lui aussi, été particulièrement court.
































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