(image générée par IA)
Grâce aux succès de Viva For Life, le charity business médias made in RTBF occupe le haut du pavé en Belgique francophone face au groupe RTL. Sera-ce encore le cas cette année ?
Viva For Life a donné un énorme coup de boost aux actions “charitables” de la RTBF. Finie l’époque où les résultats de l’historique 48.81.00 devenu Cap 48 caracolaient loin dernière “l’élan de générosité” suscité par la Télévie, plus moderne, et, surtout, mobilisant bien plus les sentiments et les émotions des donateurs que la traditionnelle collecte menée sur le service public.
La première édition de Viva For Life, fort modeste, a eu
lieu en décembre 2013. Cette année-là, l’opération récoltait 1.267.351€, alors
que, quelques mois plus tôt, Cap 48 avait obtenu près de quatre fois plus :
4.530.895€ (soit 22% du montant total récolté, contre 78% pour Cap 48). Action de
charité historique, cette dernière bénéficiait de sponsors reconnus, alors que l’opération
de fin d’année, d’origine radiophonique, n’en était qu'à ses balbutiements.
D’année en année, les chiffres de dons aux deux opérations ne cesseront ensuite de croître, mais de manière beaucoup plus rapide pour Viva For Life, qui mobilise sur les pauvretés des enfants à la veille de Noël, que pour Cap 48, qui choisit toutefois de ne plus seulement soutenir les personnes en handicap, mais aussi atteintes de maladies graves. Dès 2014, Viva For Life représente plus de 30% de la somme cumulée de dons recueillis par la RTBF.
LA BASCULE DE NOËL
Une bascule significative s’opère en 2020. Cette année-là (nous sommes alors en période covid), l’opération Viva For Life représentera 51% des dons récoltés par le charity business de la RTBF. Un montant constamment en croissance. Ce pourcentage n’a pas été dépassé depuis lors. En 2024, la collecte de dons pour l’aide aux enfants défavorisés représentait un peu moins de 51% des montants collectés par la RTBF. Ce qui signifie que, sans Viva For Life, le “score” de dons du service public aurait été plus deux fois moins élevé.
Le calcul du cumul de l’argent récolté par les deux opérations de l’opérateur public témoigne de la croissance constante de la générosité du public et des sponsors, croissance évidemment due à l’arrivée de Viva For Life, et à son concept médiatique fort différent de celui de Cap 48 : une présence constante sur l’antenne radio, des directs TV pendant toute une semaine, des événements en prime-time lors de la fermeture et de l’ouverture du cube, un “silonnage” en bus de la Wallonie et de Bruxelles, de courts shows cases d’artistes…). Ainsi qu’une immersion d'un studio live au cœur des villes, et non seulement un direct pendant une soirée type Téléthon, réalisée dans le confort clos d’un studio de TV (ou de son équivalent), avec la présence d'un public très sélectionné.
LE DÉCLIN DE LA VIE TÉLÉ
L’opérateur privé, qui avait largement pris le dessus sur son concurrent public en matière de Télé-charité, a vu l’écart entre les deux acteurs se réduire dans la seconde partie de la décennie 2010, c’est-à-dire à partir de la prise d’envol de Viva For Life. Le covid peut-être, mais surtout l’usure d’une formule créée en 1989 pour légitimer la présence d’une télévision privée en Belgique francophone, sont à l’origine d’un phénomène qui a paru incroyable sur des médias où il faut chaque année battre le record de l’année précédente : une chute des sommes récoltées, très marquée entre 2020 et 2022. Une nouvelle structure a alors été mise en place au sein de RTL Belgium, et confiée à un nouveau et très actif responsable, qui a réussi à inverser la tendance depuis 2023. En 2025, le montant récolté par le Télévie était très légèrement au meilleur des résultats obtenus jusque-là, en 2019.
Suite à l’adjonction de Viva For Life à Cap 48, l’inversion des courbes s’est réalisée dès 2019. Le différentiel, favorable à RTL Belgium jusque-là, a alors basculé, atteignant son maximum en 2023, avant de légèrement diminuer.
TENDANCE IRRÉMÉDIABLE ?
Les prochains résultats de la session 2025 de Viva For Life devraient permettre de voir si les tendances qui se sont installées depuis une petite dizaine d’années se maintiennent, ce qui semblerait logique au vu du trend enregistré par le passé. L’opérateur privé sera-t-il dès lors obligé, lui aussi, de charger de braquet et d'augmenter son investissement dans le charity business médiatique ? Pour cela, il faudrait que cet objectif reste une des priorités de ses actionnaires actuels…
Frédéric Antoine
(À titre de comparaison, on verra ci-dessous un graphique présentant les montants récoltés en € constants et non constants, comme ci-dessus. Les différences sont faibles, sauf au début de cette décennie : suite à une forte inflation, même si les montants en € courants ont augmenté pour la RTBF, il n’en a pas été de même en € constants. Le graphique confirme aussi la situation délicate dans laquelle se trouvait alors le Télévie.)