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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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18 décembre 2025

LN24 : REQUIEM POUR UN MÉDIA


(illustration mise en forme par IA)

L’annonce du licenciement de trois journalistes phares de l’ex-média all news LN24 laisse augurer le pire du pire pour ce qu’il restait de Belge sur cette chaînette qui va de Charybde en Scylla.

 (mise à jour 22/12 en bas du texte)

Que va-t-il encore rester de Belge, et de relativement proche de l’info, sur LN24 ces prochaines semaines ? Presque rien : quelques rares magazines hebdomadaires et un talkshow quotidien animé par… le directeur le directeur des programmes (directeur d’antenne), responsable de la grille et de la stratégie des contenus de la chaîne.

 

L’annonce en été faite dans les médias ce 18 décembre (avec, semble-t-il, confirmation par le patron de IPM) : licenciement des deux journalistes vedettes qui assuraient en tv une heure de décryptage de l’actualité par jour entre 22h10 et 23h10, et celui de l’autre talentueux dernier survivant journalistique des belles heures de la chaîne, qui assurait l’interview politique matinale quotidienne de LNRadio.

 

C’est la fin de la fin de ce qui associait encore les initiales de LN24 à son sigle « Les News ».

 

MIETTES

 

À bien fouiller dans les grilles de la station, on y relève la présence de quelques programmes hebdomadaires, plutôt de type économie ou luxe, dont on suppose qu’il ne passeront pas à la trappe tout de suite, puisque les trois journalistes en question n’y sont pas associés. On peut par contre s’interroger sur le sort d’autres magazines, que ce soit celui sur L’Amérique de Trump ou celui sur le foot, où les deux journalistes vedettes remerciés officiaient également.

 

La seule vitrine belge de la chaîne sera donc désormais le talk-show multirediffusé 100% belge, qui repose autant sur le dynamisme et le charisme de son présentateur que sur l’éclectisme des sujets choisis, qui doivent susciter débat, voire polémique, entre les chroniqueurs de l’émission. Chroniqueurs dont certains n’en sont pas à leur premier passage sur des chaînes de télévision…

 

JUSQU’À LA LIE ?

 

Lors de la rentrée tv de septembre 2025, nous avions déjà publié sur ce blog un article se demandant où étaient passées les news, et relevant la part extraordinaire de rediffusions de programmes français, parfois anciens, qui occupaient désormais l’antenne.

 

Les nouveaux licenciements s’expliquent sans doute par l’état général des finances de ce qui reste du groupe IPM. On imaginerait mal que d’autres motifs aient pu conduire à écarter les derniers mohicans qui s’étaient tant donnés corps et âme pour maintenir la chaine hors de l’eau.

 

Si telle est bien la raison, le groupe de La Libre et de La DH confirme sa situation toujours très fragile, malgré  la cession de l’ensemble de son pôle presse à Rossel moyennant son  entrée à hauteur de 10% au capital du groupe de la rue royale (chose pas encore officiellement validée pour l’instant).

 

Déchargé du poids de ses publications papier, le groupe restait propriétaire d’une télévision et d’une radio. Ce sont donc à ces étages-là de l’édifice que s’opèrent aujourd’hui les coupes sombres. Jusqu’à ce que LN Radio ne subsiste que comme un robinet musical, dont la diffusion en DAB+ doit coûter plus qu’elle ne rapporte. Et jusqu’à ce que les maigres recettes publicitaires de ce qui restera de LN24 ne suffiront plus à assurer les coûts des derniers plateaux belges, voire à payer les droits de rediffusion d’émissions françaises, pourtant vues et revues.

 

IPM a un temps suscité des espoirs en reprenant divers médias afin, affirmait-on de constituer avec eux un groupe solide ne reposant plus seulement sur l’édition de deux quotidiens et une présence dans l’immobilier. La situation du groupe laisse hélas penser que Lafontaine n’avait pas tort dans une de ses fables où il mettait en scène un petit batracien et un bovin.

 

Il est toujours triste de devoir écouter un requiem. C'est encore plusn dommage que ce soit juste avant Noël.

 

Frédéric ANTOINE.

Mise à jour 22/12/2025: Selon les infos de l'excellent journaliste médias de L'Echo Jean-François Sacré, Thierry Tacheny pourrait faire une offre de reprise de plus de 50% du capital de LN24 début janvier via sa société Zelos. Il n'est pas à l'heure actuelle un des actionnaires de la chaîne, mais a participé à sa restructuration du printemps dernier, via une des participations les plus spécifiques de Zelos,  Sport & Media Saleshouse (SMS)filiale co-fondée par Zelos et RMB (Régie Média Belge), dédiée à la commercialisation publicitaire sportive, active dans la vente d’espaces et de contenus sportifs.


01 septembre 2025

LN24 : où sont passées Les News ?


Depuis ce 1er septembre, LN 24 n'a plus de "news" que dans son nom. Le pari de transformer la chaîne d'info en une énième généraliste casse totalement son image de marque, pour la reléguer, en grande partie, à celle d'une chaîne de rediffusions de tout et de rien. De quoi sauver le soldat LN24 ? Rien n'est moins sûr.

Qui n'en avait rêvé ? Doter la minuscule Communauté française de Belgique d'une "vrai" chaîne all-news, tous les journalistes, en tout cas, n'attendaient que cela. Et peut-être aussi une petite petite partie de l'erratique public de la tv de ce petit territoire sous protectorat télévisuel français. Et voilà que ce qui était inimaginable devenait réalité. Deux extraterrestres de la planète médias (en tout cas, on les considérait alors comme tels), annonçaient en octobre 2018 que, un an plus tard, ils allaient lancer la première chaîne d'info tv propre au Sud de la Belgique. Du jamais vu en télévision et (presque) en radio, si on oublie ce temps révolu où avait existé une version belge de BFM radio (1). Joan Condijts et Martin Buxant avaient la tête dans les étoiles, et Boris Portnoy était prêt à transformer leur folie en réalité.

On l'a dit et redit lors du lancement de la chaîne, le 2 septembre 2019 : le projet était plus que risqué. Ce n'était pas sans raison que personne, jusque là, n'avait eu l'audace de relever pareil pari. 
À  commencer par RTL et Rossel, poids lourds des médias privés en Belgique francophone. Ce à quoi il faut ajouter que l'expérience préalablement menée côté flamand avait capoté. Alors que le public était là plus large et, surtout, plus fortuné, donc davantage une bonne cible pour les publicitaires.

HORS DE PRIX 

Et voilà que deux farfelus plongeaient dans l'aventure. Avec véritablement la conviction de voir la gageure réussir, ou l'intention de d'abord se faire plaisir et se donner une visibilité certaine ? Seule l'histoire le dira peut-être un jour. Toujours est-il qu'ils n'étaient pas seuls dans une aventure qui a cruellement révélé qu'elle manquait de moyens. Surtout que, en tout cas à ses débuts, LN24 refusait l'idée d'être une chaîne "show-chaises", comme disent les Québécois, c'est à dire peuplée de talk-shows et de débats filmés dans un studio. L'ambition était bien plus grande. On pourrait dire démesurée. Et il n'a pas fallu longtemps pour s'en rendre compte, quand la chaîne de news n'a pas réussi à couvrir en direct certains grands événements demandant de nombreux facecam en extérieur, des journalistes rodés à l'exercice et des connexions de qualité. 

LN24 a rapidement renoncé à ses trop grandes ambitions et a, largement, viré au "show-chaises", tout en confirmant son statut de chaîne d'info… qui avait même fini par faire peur aux traditionnels praticiens du journalisme télévisé publics ou privés, LN24 s'évertuant à faire de l'info à des heures où ni la RTBF ni RTL TVI n'en faisaient plus. Il n'a pas fallu longtemps pour que les patrons de LN24 se rendent compte que le modèle économique prévu était intenable, et qu'il fallait rationaliser tout en augmentant le (petit) capital. On peut dire qu'à partir de ce moment, la station a un peu été de Charyble en Scylla et de repêchage en repêchage, les fondateurs fuyant le navire les uns après les autres, ce qui n'aidait ni la cohérence du projet, ni ne garantissait une bonne continuité de gestion. Il fallait du courage et de la conviction pour s'accrocher à cette barque chahutée dans les tempêtes du monde médiatique.

LA VENUE DU SAUVEUR 

Quand IPM, qui était alors dans une époque d'ambitions et avait la volonté de créer un "vrai" groupe multimédias, a annoncé qu'elle allait racheter une grande partie du capital, faire déménager la chaîne dans ses locaux et lui donner un nouveau projet, on l'a cru sauvée. L'arrimage à un grand groupe de presse n'est-il pas la recette recommandée partout lorsqu'il s'agit d'assurer l'avenir d'un média solitaire, devant à lui seul assurer toutes les tâches ?  Les premiers mois chez IPM n'ont pas manqué d'enthousiasme. Sous la houlette d'un philosophe-professionnel de la programmation télévisuelle, qui en devient directeur début 2022, l'heure est au grands projets et aux vastes ambitions, que ce soit pour la chaîne ou pour sa version en ligne, qui doit en être la tête de pont pour le public moins âgé. Il y avait un vrai projet, audacieux, avec de nouvelles émissions qui auraient dû faire le buzz, mais n'ont pas eu le succès escompté. Ce plan aurait pu sans doute aboutir dans une entreprise aux reins solides, qui aurait donné à la chaîne le temps de s'installer et de conquérir petit à petit un public tout en se développant sur les nouveaux médias. Mais les propriétaires n'en avaient pas les moyens. Fin 2023, finis les grands projets. La direction de la chaîne reviendra à l'intérieur de l'entreprise, et la voilure sera amplement ramenée, tout ce qui était en lien avec les médias en ligne étant notamment supprimé. Mais ceux qui travaillent à LN24 y croiront toujours, remodelant la grille d'année en année, ouvrant entre autres de larges plages de l'antenne à la diffusion de vieux documentaires des télévisions françaises (qui, paradoxalement, feront de bonnes audiences).

LA MESSE EST DITE 

L'an dernier, le pari de réaliser des avant-soirées et des soirées centrées sur l'actualité avait été lancé par les derniers rescapés de LN24, qui ont tenu la barre tant qu'ils ont pu. Les rediffusions de certaines de ces émissions, qui a occupé la chaîne tout cet été, démontrent qu'un beau travail a été réalisé. Mais, une nouvelle fois, sans que les objectifs soient remplis et l'équilibre financier en vue.

Depuis quelques mois, et le naufrage des médias "papier" du groupe IPM repêchés par Rossel, la messe de LN24 (qui reste chez IPM) semblait dite. Mais imaginait-on qu'une chaîne qui s'est bâtie sur le traitement de l'info deviendrait une sorte de sous-chaîne généraliste, sans plus le moindre journal télévisé, et où ne subsisteraient que quelques émissions de plateau, plutôt de type talk-show à chroniqueurs, et quelques programmes spécialisés.

La comparaison entre la grille des programmes de septembre 2024 et de septembre 2025 parle d'elle-même : où sont les news, sinon dans le titre et… dans la diffusion télé du morning live de LNRadio ? 

 

Tous les "nouveaux" programmes (ou les rediffusions de shows et de jeux français) ne sont pas encore là, et hormis l'arrivée de la version belge d'une émission dont Eric Dupont-Moretti était la vedette en France, d'autres surprises sont annoncées. Mais, semble-t-il, soit elles seront de l'ordre de l'infotainment, soit plus vraiment du ressort de l'info au sens strict. Plus de JT, plus de news, plus de journalistes, juste des chroniqueurs et des apports du personnel d'IPM, cela permet sûrement de réduire les dépenses, tout en misant (comme d'autres acteurs médiatiques soutenus par la majorité à la FWB) sur le pactole supposé des diffusions de compétitions sportives et des magazines sportifs y attenant.

LN24 sans Les News, est-ce la bonne formule ? C'est sans doute la dernière possible, avant l'écran noir. Le public de l'info était difficile à conquérir. Soit. Mais quid du "grand public" qui regarde déjà certains de ces talks ou documentaires sur les télévisions françaises, et sont déjà abreuvés de rediffusions tant sur les chaînes de la RTBF que celles du groupe RTL, sans parler bien sûr de AB3 ou des sous-chaînes françaises accessibles sur toutes les plateformes.

Créer une nouvelle chaîne qui n'a rien (ou presque) pour se distinguer des autres à un moment où bien des augures annoncent la fin prochaine de la télévision généraliste mérite un certain courage. Celles et ceux qui ont relevé le mât écorché de LN24 n'en manquent sûrement pas. Mais pourront-ils cette fois mener leur navire à bon port, et jusqu'à quand leur armateur leur laissera-t-il la bride sur le cou ? 

Frédéric ANTOINE. 

(1)  Décrochage belge de BFM France à partir d’octobre 1994, puis mise à l’antenne sur Bruxelles en 1995 (107.6 MHz), avant extension en Wallonie. Arrêt : 14 août 2008.

 

 

17 octobre 2023

Attentat terroriste : du breaking news à la radio filmée



La Une, RTL TVi, LN24… Dans les télés, tout le monde était sur la brèche lundi soir, juste après l'attentat terroriste de Bruxelles. Mais lendemain matin…

Mardi matin. 8h. On apprend que le suspect de l'attentat a été repéré par les forces de l'ordre, puis "arrêté". Mais qu'en voit-on sur les chaînes télé ? Rien. Alors que la veille les télés étaient au taquet sur l'événement, rivalisant de directs et ayant des envoyés spéciaux tant sur les lieux de l'attentat que là où se réunissaient les autorités et tenaient l'antenne en breaking news, le lendemain matin, quand se déroule l'événement essentiel clôturant la séquence, c'est-à-dire la mise en état de nuire du terroriste dans (ou tout près) d'un café schaerbeekois, on ne voit sur les chaînes… que des images de studio.

Que ce soit la RTBF, RTL TVi ou LN24, ce mardi matin, les chaînes se contentaient de proposer leurs matinales traditionnelles, c'est-à-dire… les matinales de leurs radios. Et pas un produit purement conçu pour la télévision. Un fameux paradoxe ! Mais une super économie de moyens pour les télés par rapport à l' "artillerie audiovisuelle" qu'elles avaient déployée la nuit précédente !

VIVA SCHAERBEEK ?

De 6 à 8h du matin, La Une propose cet étrange OVNI télévisuel qu'est Le 6-8, conçu comme de la radio filmée améliorée mais… qui ne passe sur aucune radio. Si l'on y excepte les flashs d'information qui rappellent les événements de la veille, l'essentiel de ce programme de divertissement matinal ne changera pas son fusil d'épaule par rapport à son format habituel, se fixant comme but de déstresser l'atmosphère, quoi qu'il arrive…

À 8h, La Une et VivaCité diffusent un long Jp (ou un simili-Jt?) récapitulatif des événements qui comprend  aussi une interview en direct d'un responsable politique. Le seul in situ présent dans ce Jt est celui d'une journaliste devant une école Notre-Dame-de-Grâce, à propos de la question essentielle de l'ouverture (ou pas) des écoles francophones de Bruxelles (le sujet qui semble passionner toutes les rédactions mardi matin). Mais sur ce qui se passe alors à Schaerbeek, zéro image, zéro journaliste in situ. Rien du tout.

UN BILLET EN VOIX OFF

Cela changera-t-il ensuite avec une édition spéciale du Jt  sur La Une ? Que nenni.  À partir de 8h24, sur VivaCité et La Une, la chaîne "bouscule ses programmes" pour proposer une édition spéciale de… C'est vous qui le dites, certes consacrée à l'attentat, mais où le but est de donner la parole à des auditeurs, dont un bon nombre se prononce de manière catégorique sur les événements en cours sans disposer des infos permettant un discernement pertinent, tandis que d'autres livrent leur angoisse à l'antenne. En studio, on essaiera  de modérer ou de nuancer les affirmations. À côté de l'animateur de l'émission, il y aura pour cela deux débatteurs, souvent invités dans le programme, qui arriveront à 8h31 (alors que les appels d'auditeurs auront commencé à 8h24) : un journaliste de la RTBF et le "référent infos jeunesse RTBF". Un choix fait parce qu'on est sur VivaCité ? Ou parce qu'on est sur La Une ?

C'est ce dernier référent Jeunesse qui, intervenant dans le flux des conversations avec les auditeurs, annoncera un peu avant 9h la confirmation de la "neutralisation" du terroriste. Fournissant une image à certaines interventions téléphoniques d'auditeurs, l'écran sera parfois occupé par des images prises le lundi soir lors de l'attentat et de ses suites. Il faudra attendre le journal de 9h pour entendre un billet en voix off dit par un journaliste dont la présentatrice du Jt précisera qu'il est à Schaerbeek (ce qui ne s'entend pas dans le billet). Ce billet sera lu sur des images prises à l'endroit où a sans doute eu la "neutralisation" du terroriste, mais rien ne l'atteste. Ces mêmes images seront à nouveau réutilisées à 9h37, sans aucun moyen d'identification, pendant qu'une auditrice intervenait à l'antenne. Dans le journal de 10h, on aura droit, une nouvelle fois, à un billet en voix off (dont on ne dit plus que l'auteur est à Schaerbeek), où le journaliste racontera les conditions de l'arrestation du terroriste, alors que défileront sur l'écran des images du lieu supposé de la capture (images dont certaines sont clairement porteuses d'info, comme celles fixant les fenêtres d'une ambulance dans laquelle du personnel médical pratique visiblement des massages cardiaques. Mais cela n'est pas exploité dans le billet).

On ne peut en tout cas pas dire que La Une déploie ce mardi matin les mêmes effectifs et les mêmes moyens que la veille au soir, et ce alors que le terroriste est sur le point d'être "neutralisé", puis l'est réellement.

DANS UN COCON 

Pour en savoir plus, paradoxalement, il faut se rendre sur… La Trois. La chaîne culturelle de la RTBF aurait-elle tout à coup hérité du studio Info de La Une ? Ah non, pas tout à fait, mais cette chaîne diffuse le matin la matinale… radio de La Première.

À partir de 6h du matin, on peut donc voir en télévision un produit radio, 100% info, et ce mardi matin presque 100% consacré à l'événement de la nuit et à son possible dénouement. Qu'on se rassure, si besoin en est : il s'agit bien d'un produit radio. À de rares exceptions près, les journalistes n'ont cure de la présence des caméras. Ils assurent une émission radio, et tant mieux (ou tant pis) si on peut la voir à la télé. La matinale comprend plusieurs invités présents en studio, dont des responsables politiques. L'annonce de la "neutralisation" de la personne suspectée intervient un peu avant 8h, l'info étant communiquée au journaliste présentateur via son oreillette. Au cours de l'émission, les interventions sonores provenant de l'extérieur parleront de l'impact de l'événement sur les moyens de transport, de l'état d'esprit des voyageurs dans les transports en commun et de la question de l'ouverture des écoles. Le programme comprend aussi des interventions d'acteurs ou de spécialistes, par téléphone ou internet. Mais, sur le terrain même où se déroule l'affaire, à ce qu'on peut relever à l'écoute, il n'y a semble-t-il rien de précis.

COMME A LA RADIO

La concurrence est dans la même configuration. Lundi soir, l'édition spéciale du RTL Info avait débuté un peu plus tard que celle de La Une, mais ensuite les moyens déployés par la chaîne appartenant à Rossel et DPG étaient à peu près comparables à ceux de la RTBF. 

Le mardi matin, la chaîne allait-elle faire rebelote ou déléguer des envoyés spéciaux et des moyens de faire des directs aux quatre coins de la capitale ? Pas du tout. Tous les matins, RTL TVi diffuse… la matinale (radio) de Bel RTL. Donc pourquoi ne pas le faire un mardi de crise ? Même si le spectateur assiste alors à une émission de radio dans laquelle il ne fait l'objet de strictement aucune attention. Où il ne se sent même pas invité.  L'étriqué studio de Bel RTL étant, qui plus est, partout rempli d'énormes écrans d'ordinateurs, rien n'est fait dans pareil décor pour captiver le téléspectateur ou s'adresser à lui. Que du contraire : l'image que l'on perçoit a tout d'un repoussoir. L'essentiel de ce qui passe à l'antenne se déroule entre les interlocuteurs présents en studio, y compris les séquences humoristiques. Mais il faut noter que Bel RTL dispose, elle, d'une envoyée spéciale radio qui se trouve devant le domicile du suspect. Elle interviendra en tout cas (sans être à l'image et sans in situ) au début du journal de 8h00, décrivant assez clairement ce qui se déroule autour d'elle, mais sans livrer d'information sur ce qui se passe avec le suspect. Deux autres envoyés spéciaux de la radio sur le terrain seront sollicités dans l'émission : l'un dans une école et l'autre dans les rues de Schaerbeek, avec des interviews à chaque fois liées à la question de l'ouverture (ou pas) des établissements scolaires et des commerces. À noter que, à 7h50, lors de l'interview politique, l'interviewer affirmera que le terroriste n'est toujours pas arrêté. Cet élément sera répété en début du journal de 8h00. L'annonce de l'arrestation ne sera faite, prudemment, que à 08h03. 

La diffusion télé ne semble pas être une grande préoccupation des responsables de la matinale de Bel RTL. Pour preuve supplémentaire, le contenu du bandeau d'infos qui défile au bas de l'image. Tout au long de l'émission, on pourra notamment y lire : "Le Premier ministre donnera une conférence de presse à 5h"… Alors qu'on est deux ou trois heures plus tard. "Les tribunes 1, 3, 4 du stade roi Baudouin peuvent être évacuées." ou : "La situation au stade roi Baudouin reste calme." Alors que tout cela est du passé depuis belle lurette et remonte à la veille au soir…

RADIO KILLS THE VIDEO STARS ?

LN24 diffuse elle aussi une matinale, qu'elle ne produit pas, puisqu'elle est celle… de LNRadio. Cette situation peut paraître paradoxale puisque cette émission matinale est un programme d'infos fort, qui correspond au projet de LN24 mais pas à celui de LN Radio, dont le format est du "music and news". Le profil de LNRadio ne correspond pas à celui de la présence d'une émission longue à contenu informatif élevé. Mais voilà, la formule permet de produire une matinale tv au coût d'une émission de radio…

 

Dans ce cadre, on rencontre le même cas de figure que pour les acteurs précédents : le lundi soir, LN24 était sur la balle, avec des contenus studio, des images en direct et des envoyés spéciaux à l'extérieur. Le mardi matin, en se retrouvant dans le format de LNRadio, les choses changent largement de perspective. Nous n'avons pas pu mener une observation longue de cette matinale, le contenu n'étant pas disponible intégralement en ligne. Mais, en regardant des extraits du programme en direct, le contenu diffusé semblait se réduire fortement aux échanges entre protagonistes présents dans le studio de la chaîne. Sur son site, LN24 montre que la chaîne avait un envoyé sur place (un reporter a notamment réalisé des interviews de personnes musulmanes habitant le quartier). Mais, en ce qui concerne l'in situ d'un de ses journalistes, il est daté de 10h35. Il semble donc qu'il n'a pas été inclus dans la matinale, mais dans les programmes d'info qui ont occupé l'antenne tv lorsque LN24 et LNRadio se sont découplés. Et que l'éventuelle audience a décrû…

MAIS POURQUOI ?

 On sait que le prime time de la radio est traditionnellement le matin. Mais faut-il pour autant en offrir alors les programmes aux consommateurs de télévision ? Ceux-ci n'attendent-ils pas un programme correspondant aux conventions auxquelles ils sont habitués en cas d'actualité urgente, surtout lorsque celle-ci se déroule à proximité d'eux ?
 
La réponse est évidemment, au moins en partie, économique. Il est plus facile de recourir au format de programme existant que de créer, en matinée, et sur le pouce, un "nouveau" programme de télévision. Mais cela n'infère-t-il pas sur la manière de couvrir l'actualité ?
 
Les modèles "breaking news tv" et  celui de "édition spéciale radio" se distinguent, en tout cas dans de cas-ci, par le présence ou la (quasi)absence de directs depuis les lieux où se produit l'actualité, ainsi que celle des billets journalistiques et des interviews in situ, que la télévision cultive à l'excès dans ses Jt. 
 
Ceux-ci ne sont-ils pas devenus des exigences canoniques dans le cadre de la couverture de ce type d'actualité en télévision ? 
 
Dans un cas comme celui de l'événement évoqué ici, ce "repli" sur une radiovision plutôt que le choix d'une production spécifique pour la télévision déforce l'image de l'opérateur et sa capacité à rebondir sur une actualité qu'il ne peut rater. Et que ses chaînes n'avaient pas raté la veille, utilisant alors tous les moyens à leur disposition pour offrir de "vraies" émissions de breaking news à leurs audiences.

À moins que toutes les télés n'aient "obéi" à une demande des forces de l'ordre de ne pas couvrir en direct l'intervention dans le café schaerbeekois ? Mais alors, peut-être auraient-elles dû le dire. Ou, à la place, diffuser des vidéos de chats…

Frédéric ANTOINE.

 

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