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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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09 décembre 2025

1RCF Belgique : le DAB+ m’a tuer

La station catholique en DAB+ 1RCF disparaîtra du paysage radiophonique belge avant l’été prochain. La fin d’un projet mégalomaniaque, révélateur de la grande fragilité du choix de m’émettre que dans cette nouvelle norme.

Dans un communiqué diffusé le soir du 5 décembre, la Conférence épiscopale francophone de Belgique a annoncé sa décision de désormais ne plus soutenir financièrement la radio 1 RCF, qui diffuse depuis le 4 novembre 2019 en DAB+ (et en ligne).

La Conférence épiscopale aurait annuellement financé  le fonctionnement de cette radio aux environs de 100.000€. Les autorités ecclésiales, qui cherchent partout à faire des économies, ont reconnu que l’investissement n’était pas à la hauteur des audiences attendues. L’argent ainsi épargné sera affecté à d’autres postes budgétaires. « Les ressources actuellement mises à la disposition de 1RCF Belgique permettront de renforcer l’offre de CathoBel et de lancer de nouveaux projets », écrivent les évêques, qui remercient le personnel qui s’était engagé dans cette opération. Une partie de ce personnel dépend en effet aussi, mais indirectement, de l’Église catholique.

STAND ALONE

1RCF Belgique était l’une des seules à avoir candidaté à l’époque pour pouvoir être autorisée par le CSA à condition de ne diffuser qu’en DAB+. Elle était aussi quasiment la seule station de ce genre à ne pas être conçue une radio thématique, excroissance ou déclinaison ciblée d’une marque bien installée sur la FM. Si 1RCF était évidemment liée aux radios locales de RCF en Belgique, elle n’en constituait pas une version thématique, mais avait au contraire été conçue comme une superstation sans lien direct avec les radios FM de RCF à Bruxelles, Namur, Liège…, qui dépendent non de la Conférence épiscopale, mais des évêques à la tête des diocèses couverts par ces émetteurs locaux. Des radios avec lesquelles 1RCF n’a pas toujours entretenu de très bonnes relations.

HIS MASTER’S VOICE

L’énorme ambition de 1RCF Belgique était de diffuser la voix de l’Église catholique, partout, tout le temps, et en un seul coup, à l’échelon de l’ensemble de la partie francophone du pays. Assurer une présence identitaire forte via un média, à l’heure où les paroisses se vident et où les fidèles qui décèdent ne sont que peu remplacés par ceux issus de nouvelles générations était audacieux. Et peu courant dans les prudentes sphères dirigeantes du catholicisme belge. Certains ont cru que ce projet était “prophétique”. Mais il n’est pas aisé de guider un attelage dans lequel on trouve à la fois des radios diocésaines, au public restreint et ancien, et une tout autre radio, ne reposant sur aucun public préétabli. Et devant, de plus, se créer sa propre notoriété à partir de zéro sur une gamme d’ondes où les auditeurs ne sont (et c’est un euphémisme) en général pas légion. Qui plus est, quand on espère hameçonner des auditeurs âgés comme ceux qui constituent la base du monde affinitaire catholique.

INCONNUE AU BATAILLON

Le CIM  ne publie pas de résultats des RCF dans ses publications officielles. Et ce, pour une raison bien simple : leurs audiences sont inférieures aux minima retenus. Si l’on excepte Nostalgie+, NRJ+, Viva+ et dans une moindre mesure Contact Max, les radios diffusant en numérique se trouvent en effet toute fin de classement des audiences mesurées, avec moins de 10.000 auditeurs/jour en moyenne. Celle de 1RCF est si faible qu’elle n’est pas prise en compte.

Une image contenant texte, capture d’écran, Police, ligne

Le contenu généré par l’IA peut être incorrect.

De même, côté parts de marché, seules 3 radios numériques dépassent le 1% d’audience (les premières nommées ci-dessus). La plupart des autres ont une part d’audience de moins de 0,1% et, même en comptabilisant jusqu’à Jam. (0,03%), on ne trouve toujours pas de radio RCF.

AVENIRS ÉPISCOPAUX

Effacée du DAB+, la marque 1RCF subsistera-t-elle ? Rien n’est, semble-t-il, fixé pour l’instant, mais rien n’est aussi moins sûr, car on verrait mal l’intérêt de poursuivre exclusivement par IP la diffusion linéaire d’une station qui s’adresserait au même public que la version DAB+, public encore moins agile dans l’usage des plateformes numériques que d’un récepteur radio DAB+.

Les radios diocésaines de RCF sont épargnées. Mais la décision finale concernant leur avenir à long terme n’est pas garantie pour autant, leur destinée dépendant des choix prioritaires de chacun de leurs commanditaires. Deux nouveaux évêques viennent d’être nommés par le pape en Wallonie. L’un d’eux, en Hainaut, n’aura pas à envisager la question, puisque ce diocèse n’a pas de locale RCF. À Namur, par contre, le sujet sera sur la table. Le sort de RCF Bruxelles est également encore en attente. Avant que la Conférence épiscopale ne décide d’abandonner 1RCF, le nouvel archevêque de Malines-Bruxelles avait fait savoir qu’il n’entendait plus soutenir financement RCF Bruxelles. On ne sait pas si la nouvelle donne modifie ces intentions. Il a par contre été annoncé par la Conférence épiscopale que, via son agence d’information Cathobel, l’Église catholique entendait développer à l’avenir de nouveaux projets en ligne, destinés à toucher de nouveaux publics.

MALADIE CONTAGIEUSE ?

 Si la disparition annoncée de 1RCF ne signe pas la mort clinique du DAB+, il témoigne en tout cas de l’énorme difficulté à fidéliser sur ce type de support certains publics peu (ou pas du tout) enclins à remplacer leur parc de récepteurs, et peu (ou pas du tout) adeptes de l’écoute en DAB+ sur l’autoradio de leur voiture. Comme bon nombre de conducteurs, qui ignorent tout simplement qu’il existe d’autres moyens d’écouter la radio en roulant que la FM ou, pour les plus jeunes, l’écoute en ligne grâce à la 4G de son smartphone. Une invention géniale qui permet par exemple de suivre de Belgique toutes les grandes radios françaises diffusant en FM, alors qu’elles sont devenues inaudibles en hertzien.

La véritable question que révèle le sort de 1RCF est de savoir s’il y a assez de passagers à son bord pour que l’avion du DAB+ reste définitivement en vol. Et qui sont réellement ces amateurs d’hertzien newstyle qui ne se contentent pas, comme la plupart des gens, de continuer à écouter la radio en FM ou sont passés aux radios IP, à moins qu’ils aient tout bonnement délaissé les radios linéaires au profit des podcasts et des plateformes musicales. Il faut bien dire que, dans ce contexte, le sort de 1RCF Belgique ressemble un peu à la chute d’Icare…

Frédéric Antoine.

Note: selon un commentaire de Eric WM Cooper, 1RCF est apparue 2 fois dans une vague d'audience CIM: en janvier-juin 2020 et septembre 2020-février 2021, c'est-à-dire lors des confinements covid. 

 (dessin réaménagé à partir d'une formalisation par IA sur base d'une photographie)

 

 

02 avril 2023

RTBF La Première : Mais où est passée la messe du dimanche ?


Ce dimanche 2 avril, la retransmission de la messe dominicale sur RTBF La Première (radio) a été remplacée par un débat depuis la Foire du Livre. Le début de la fin pour les cultes sur le service public ?

Ce dimanche, il n'y avait pas deux émissions prévues entre 10h et midi au programme de La Première : Déclic le Tournant d'Arnaud Ruyssen, puis la retransmission de la messe des Rameaux, début de la Semaine sainte dans la religion catholique.  À la place, la grille ne prévoyait qu'un programme : l'émission Déclic, sur les faillites des banques, suivie d'un débat depuis la Foire du Livre de Bruxelles, animé par le même journaliste. La messe remplacée par un débat ? Il fallait être à l'écoute en direct pour le constater. Car, sur Auvio, la case de la grille, d'une durée de deux heures, n'était occupée que par le Podcast Le Tournant, qui dure, lui, 54 minutes. Pourtant on l'assure : entre 11h et midi, ce n'était pas un prêtre qui officiait, mais bien un éminent journaliste. Et s'il y avait des fidèles dans la salle, c'étaient des amateurs de livres, et pas les ouailles d'une paroisse.

Bon sang, on avait bien dû la mettre quelque part, cette retransmission historique ! On a alors consulté le programme de Musiq3 (1) puis, par acquit de conscience, celui des autres stations du service public, et on a trouvé de messe nulle part. Étrange… La retransmission des cultes n'est-elle pas une obligation de service public, notifiée dans le contrat de gestion de la RTBF ?

CONTRAT DE CULTES

Vous le croyiez ? Nous aussi. "Alors, on a été vérifier", comme disent désormais les journalistes d'investigation . Le contrat de gestion 2019-2022 mentionne bien dans son article 39.1 a) que la RTBF doit assurer la diffusion "des cultes religieux et des manifestations laïques".  Il y a donc toutes les raisons de supposer qu'il en est de même dans le contrat de gestion 2023-2026. Eh bien, non. Sauf erreur (2), les mots "culte" ou "cultes religieux" ne figurent pas dans ce nouveau contrat. Et comme ils ne sont pas non plus mentionnés dans le décret constituant la RTBF (3), et qui sert de cadre aux contrats de gestion, peut en conclure (sauf si on a raté un épisode) que, depuis le 1er janvier 2023, le service public de Belgique francophone n'est plus obligé de diffuser la messe du dimanche, ou quelques autre culte ou cérémonie laïque que ce soit.

Cela expliquerait l'aisance avec laquelle, ce dimanche 2 avril, La Première s'est défaite d'une de ses plus vieilles obligations historiques (avant 1940, du temps de l'INR déjà, la messe était retransmise chaque dimanche depuis l'église Ste-Croix, située sur la place éponyme à deux pas de la place Flagey). Par contre, dimanche dernier 26 mars, la messe avait bien eu droit à une présence sur les ondes de La Première. Elle avait alors été captée en l'église St-Pierre de Biesmerée. Et dimanche prochain, jour de Pâques, la programmation annonce sur cette même radio la retransmission de la messe pontificale depuis la place St-Pierre de Rome.

COUP D'ESSAI ?

L'absence de messe ce dimanche-ci est-elle un "coup de canif" dans un contrat qui n'existerait plus ?  Était-ce plutôt un "coup d'essai" pour voir si l'absence de messe suscitait – ou pas – des réactions, et donc éventuellement envisager – ou pas – ensuite (4) sa suppression complète de la grille ?

Il faut être de bon compte. Quelle est encore la réelle audience de cette messe, historiquement diffusée depuis des décennies à 10h du matin et qui a été déplacée à 11h,  notamment sans doute parce qu'on était sûr que ce créneau horaire était encore moins porteur d'une audience non-volontariste que le 10-11h ? S'il reste des personnes qui suivent la messe via la RTBF, elles abondent sûrement (si l'on peut dire) davantage derrière leur téléviseur que devant leur récepteur de radio.   

COÛTS D'ESSAIS 

À l'heure où le service public de la FWB réajuste, comme d'autre MSP (médias de service public), la manière de remplir ses obligations, mettre la messe radio dominicale de côté serait plutôt une bonne affaire, tout comme arrêter toute diffusion de messe en direct à la télévision. Car ces directs coûtent cher, et ne rapportent strictement rien.

Et puis, aujourd'hui, les religions disposent de radios privées qui pourraient très bien assurer ce service (même si, à nouveau sauf erreur, un réseau comme RCF ne propose par de captation de messe en direct depuis une paroisse de Belgique francophone le dimanche matin). Mais cela coûte peut-être trop cher…

En 2020, première année de la pandémie, Hadja Lahbib, alors responsable du service "messes et cultes" de la RTBF avait déclaré : "Le choix était simple : il fallait soit enregistrer cette messe en studio, soit l’annuler. Nous avons décidé de la maintenir en live parce qu’il y avait une grosse demande, mais également parce que cela faisait partie du contrat de gestion de la chaîne. Nous devons assurer la messe pour les fidèles et ce, indépendamment des conditions extérieures" (5). 

Trois ans plus tard, la personne qui a succédé à l'actuelle ministre des Affaires étrangères pourrait-elle encore tenir les mêmes propos ? 

Frédéric ANTOINE.

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Addendum 4/4/2023 : Depuis hier lundi, on peut trouver sur Auvio le débat diffusé entre 11h et midi dimanche, intitulé "Climat : comme ne pas désespérer". Le fichier de 57'18 ne comprend toutefois pas la continuité du direct précédant le débat, c'est-à-dire les écrans pub et le flash info de 11h. Le fichier de l'émission de 10 à 11h, Déclic, s'arrête lui aussi avant les pubs et le flash info.

 
(1) Why not ? En France, la messe est bien diffusée sur France Culture. 
(2) Le site de la RTBF ne propose qu'une version bêta du texte, mais celui qui figure sur le site du Moniteur belge du 24/12/2022 semble bien, lui, être officiel.
(3) Version "coordination officieuse" réalisée par le CSA le 13/03/2015.
(4) C'est en l'absence de tollé de la part de leurs auditeurs que les radios françaises qui émettaient en ondes longues ont décidé de couper leurs émetteurs OL, puisque "plus personne ne les écoutait" de cette manière.
(5) https://www.rtbf.be/article/celebrer-la-messe-dans-un-decor-virtuel-encore-un-rendez-vous-reinvente-par-la-rtbf-10488772



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