Il porte le joli nom de Public Health Passenger Locator Form, mais tout le monde l'appelle plus simplement Passenger Locator Form. What is translated by Google by the words "Formulaire de localisation de passagers". Selon le site du ministère des Affaires étrangères (1), tout passager d'un vol extra-Schengen vers la Belgique doit le remplir avant de voyager. Et, à l'arrivée en
Belgique, le formulaire doit être remis aux autorités désignées à la
frontière.
Chose étonnante, quand on le consulte, on voit que ce formulaire ne parle pas que d'avion, mais aussi de train ou même d'autobus, éléments qui ne sont pas développés sur le site en question. Pour avoir tous les détails à son propos, il faut plutôt consulter… le site de l'Office des étrangers (2), où les mesures sont là détaillées point par point. Un paradoxe pour une personne de nationalité belge, qui illustre une fois de plus le surréalisme quotidiennement à l'œuvre dans ce petit pays.
Autre chose étonnante: ce passionnant document n'existe, à l'heure où ces signes sont écrites, qu'en anglais. Alors que cette obligation de déclaration remonte à la mise en œuvre d'un A.R. datant du 30 juin dernier…
Enfin, selon l'art.4 de la Constitution, "La Belgique comprend quatre
régions linguistiques : la région de langue française, la
région de langue néerlandaise, la région bilingue de
Bruxelles-Capitale et la région de langue allemande". Nulle part, le texte fondateur de l'Etat ne fait allusion à la langue anglaise.
NUL N'EST CENSÉ IGNORER L'ANGLAIS
Peut-on donc obliger un Belge à remplir un document officiel dans une langue qui n'est pas la sienne? En cas d'amende pour non respect du prescrit de l'A.R., quel tribunal validerait le fait que le justiciable ait été contraint de remplir un formulaire dans une langue étrangère? On répondra bien sûr que l'anglais est la lingua franca de l'époque. Mais, même si la page 2 du formulaire est parsemé de petits pictogrammes, la connaissance de l'anglais n'est imposée à aucun citoyen belge, et il n'est pas obligé de maîtriser cet idiome mondial pour se rendre à l'étranger. Et ce d'autant plus que, avant la page à compléter par de données pratiques sur son déplacement, il y a lieu de s'engager en page 1 pour de vrai, en signant au bas d'une longue texte se terminant par la formule: "I HAVE TAKEN NOTICE OF THE INFORMATION PROVIDED ON THIS FORM AND HAVE MADE A TRUTHFUL DECLARATION".
L'usage de ce formulaire devenant une obligation pour tous ceux qui reviendront en Belgique à partir d'août, on annonce tout à coup qu'il va être traduit pour le début de la semaine prochaine. Bonne nouvelle! L'Etat fédéral se rend enfin compte que la pratique de la langue de Freddie Mercury n'est pas imposable à ses citoyens. Il est renversant de constater que, jusqu'alors, personne ne s'en était rendu compte.
A l'heure de la mondialisation, dès que l'on sort de son village ou de son quartier, on doit être à même de parler l'English. Cette pratique est évidente pour l'Etat Fédéral, parce que elle l'est (ou supposée l'être par les élites) en Flandre, où le shift de mots flamands par des termes anglais est aujourd'hui monnaie courante, et où même la construction des phrases semble influencée par la langue des Britons lorsque les ressortissants du Nord s'expriment en français.
Pour certains, l'anglais est sans doute devenu la seule langue nationale de la Belgique. Une manière radicale de régler tous les problèmes communautaires.
On attend ainsi pour bientôt la publication de The Belgian Official Gazette, édition unique et unilingue de l'ancien Het Belgisch Staatblad/Le Moniteur belge. Avec, en sous-titre: Voor de Vlamingen hetzelfde/Pour les francophones, la même chose.
Letterlijk.
Frédéric ANTOINE.
(1) https://diplomatie.belgium.be/fr/Services/venir_en_belgique
(2) https://dofi.ibz.be/sites/dvzoe/FR/Pages/Les-voyages-vers-la-Belgique.aspx