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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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01 février 2022

The Voice Belgique : c'est la perte de voix



La RTBF a beau se réjouir des résultats de la dixième saison de The Voice Belgique, en nombre de téléspectateurs, ce n'est pas la joie. Les premiers blind n'ont pas très bien marché du tout…

Une moyenne de 342.000 téléspectateurs (J+1) en 2020 contre 435.000 en 2019. Avec une perte de près de 100.000 personnes sur les 5 premiers blind, qui attirent en général le plus de monde, The Voice risque l'extinction de voix. Si l'on prend en compte les visions décalées jusqu'à 7 jours après l'émission (1), le programme est encore plus aphone. De 2019 à 2022, sur la moyenne des spectateurs J+7 des trois premiers blind, on passe de 511.000 à 387.000 personnes. Une baisse de volume d'environ 124.000 individus. Certes, le programme a une petite audience en différé, mais celle-ci est, cette année, sans comparaison avec celles des versions passées. Et nous n'avons pas pris en compte ici la situation de 2021, où l'on était en plein covid, avec de forts scores d'audience, alors qu'en janvier-février 2019, la liberté de vivre n'avait pas encore été mise entre parenthèses…

L'an dernier, l'audience J+7 avait augmenté entre le blind 1 et le 3, avec des chiffres supérieurs à 2019. Cette année-là, l'audience J+7 était stable pour les deux premiers blind, et avait crû pour le 3. Cette année, l'audience a baissé pour le blind 2 et est ± revenue pour le 3 au stade du blind 1.
En 2022, l'audience +7 finit, au blind 3, par rejoindre celle que le programme a obtenue l'an dernier. Cette année, les 3 premières émissions se sont classées aux 9e ou 10e place des meilleurs scores de leur semaine de diffusion. En 2021, pour la même période, le programme était entre 5e et 9e position. En 2019, c'était entre 3e et 6e…
 
 Interprétations diverses

Jusqu'à l'an dernier, la RMB donnait librement accès à d'intéressants détails sur le profil de l'audience de The Voice via son application RMB Insight. En 2022, c'est un étrange silence radio. Il faut donc se rabattre sur un communiqué triomphant publié en ligne par la régie ce 13 janvier (2). Si on n'y évoque pas les chiffres absolus traités ici, on peut par contre y lire que le télé-crochet attire "pas loin de 500.000 téléspectateurs par programme" (ce qui ne correspond pas aux data J+7 communiquées par le CIM, mais qui doit faire référence à une mesure de l'auditoire, c'est-à-dire de tout qui a eu contact avec le programme, et n'exploite donc pas la mesure de l'audience moyenne communiquée par le CIM).
La RMB écrit aussi que l'émission réalise "des performances inébranlables", affirmant que "la part de marché moyenne de la Saison 10 (24% sur PRP 18-54) atteint le même niveau que celle de la Saison 9 (24% sur PRP 18-54)". 
 
La dégelée de l'an neuf
 
Aucune de ces analyses ne fait référence au fait que, pour la première fois, le show a débuté au milieu  des vacances de Noël (premier blind le 28/12), ce qui aurait dû lui attirer un public plus nombreux que les saisons antérieures, où le programme avait commencé en janvier. Concrètement, cela n'a pas été le cas. L'audience de ce premier prime a été inférieure à celle des années précédentes. Les parts de marché du programme en J+7 ont, elles, été légèrement supérieures à celles des épisodes suivants (28/12 : 27,6%. 4/01 : 24,4%. 11.01 : 6,6%). 
Une première avant le 31 décembre aurait aussi pu avoir un effet d'entraînement, en poussant l'audience à rester à l'écoute pour la suite. Surtout que, cette année, les vacances de Noël étaient toujours au menu début janvier, lors de la diffusion du deuxième épisode. Or, cette semaine-là, The Voice a réalisé son pire score d'audience jusqu'à présent, et a obtenu ses plus basses parts de marché (parmi les data disponibles). Pas sûr donc que le coup des vacances de Noël ait vraiment fait mouche…
 
Premier quand même

Quel que soit l'état du nombre de spectateurs, la RTBF peut en tout cas s'enorgueillir, comme le souligne la RMB que "The Voice est le programme suivi par la plus grande part des téléspectateurs (PRA 18-54) de la soirée du mardi". L'audience de primetime étant fort morcelée en Belgique francophone, ce résultat peut aisément être atteint avec de faibles parts de marché en fonction du nombre de chaînes entre lesquelles se répartissent les téléspectateurs. Mais il faut reconnaître que, ce soir de la semaine-là, La Une dame le pion à RTL-TVI. Par la qualité de son programme. Mais aussi, peut-être parce que, le mardi soir, la chaîne privée programme (volontairement ?) une série qui ne se distingue pas trop du lot et obtient des résultats très moyens.

Mais qu'importe. Être en tête, n'est-ce pas ce dont rêve d'abord le service public?

Frédéric ANTOINE

(1) Et ce sur tous les écrans du foyer (et pas seulement sur l'écran principal).

(2) https://rmb.be/fr/actualites/647-the-voice-la-10eme-assure/

08 juillet 2021

DPG-Rossel: la raison cachée du deal de la décennie ?

 N'y aurait-il pas un enjeu caché derrière le rapprochement de Rossel et DPG dans le dossier RTL Belgium? Si tel était le das, celui-ci pourrait s'appeler IP Belgium. Une poule aux œufs d'or dont personne ne parle, mais qui peut expliquer bien des choses.
 
IP Belgium est une filiale à 99,9% de RTL Belgium. On ne cite quasiment jamais son nom dans le dossier du rachat du RTL Belgium, comme si "l'important", économiquement parlant, se trouvait du côté des chaînes de télévision et de radio. Or, d'un point de vue financier, la régie IP est bien plus intéressante que sa société mère.
 
Ces dernières années, IP a généré entre huit et dix millions d'euros de bénéfice par an. La moyenne annuelle du solde positif de la régie entre 2004 et 2020 est de 8.397.211 €. Comme le montre le graphique ci-dessus, ses résultats étaient plus élevés avant 2017 qu'après cette date. Cette année-là, les responsables de RTL Belgium ont en effet décidé d'arrêter la branche "magazines" des activités de la régie et l'ont recentrée sur l'audiovisuel. Ce choix a réduit le boni mais a tout de même permis à IP de rapporter encore pas mal d'argent (voir ci-après). Par ailleurs, chose combien appréciable et imprévue, 2020, année de tous les dangers suite à la covid, ne s'est pas trop mal terminée. IP a l'an dernier engrangé un bénéfice de plus de 7,29 millions €. Pas mal!, comme s'en sont eux-mêmes félicités les patrons de l'entreprise, rendant hommage au rebond d'achat d'espaces pub survenu en novembre et décembre 2020.
 
Pas comme RTL
 
Pas mal aussi au regard des résultats de RTL Belgium en tant que telle. En moyenne annuelle entre 2014 et 2020, la société belgoluxembourgoallemande avait produit un bénéfice de 5.457.275 €, et ce surtout grâce aux résultats des années 2014-2017. Depuis lors, le boni annuel de l'entreprise est en chute libre, malgré un léger rebond en 2019, dû aux "allègements" de charge en personnel produits par le plan Evolve.
 
La comparaison entre les bonis produits par les deux acteurs du paysage médiatique est frappante (1). Et explique ce que le rachat de la société mère et de ses filiales peut susciter comme intérêt. 
 

Si l'on cumule les bénéfices des deux entreprises, la part de IP dans les bénéfices gérés manifeste son importance. Sur la période 2014-2020, elle représente nettement plus de 60%, et cette proportion croît au fil des années pour atteindre 80% en 2020.
 
Dominant sur le marché
 
La situation de IP est incomparable par rapport à celle de RMB, la régie liée à la RTBF. Par rapport au bras publicitaire de RTL Belgique, celui de l'opérateur public est un petit poucet, au moins en ce qui concerne les bénéfices générés.
 
 
 
Si l'on cumule les bénéfices des deux régies, la part du total occupée par IP se situe ces dernières années entre 80 et 90%. Entre 2016 et 2020, le boni annuel moyen dégagé par la régie de l'opérateur publique n'atteint pas le million €. Le bénéfice de IP est près de 8 fois plus important. En 2020, la différence entre les apports des deux régies est plus forte encore puisque, contrairement à la régie de RTL, largement bénéficiaire, celle de la RTBF a, elle, été déficitaire. Ce qu'elle n'est d'ordinaire jamais, évidemment.

Dans le même tiroir
 
Le périmètre des activités de la RMB, plus étroit que celui de IP explique en partie cette situation, et ce même si le champ de cette dernière a, lui, aussi été réduit à l'audiovisuel en 2017 (2). Le petit organigramme ci-dessous permet de mesurer l'ampleur de la variété des supports pour lesquels IP peut prospecter et proposer du placement publicitaire. RTL n'est pas, et de loin, le seul client de IP. En télévision, le pari d'être aussi la régie de TF1 et de TMC permet de faire tomber dans la caisse de RTL Belgiqque les recettes perdues par TVI et consorts et venant de la pub sur les chaînes françaises. Idem en radio: lorsque Nostalgie dépasse les radios de RTL en audience, no problemo pour RTL Belgique. La radio "oldies" étant aussi dans le portefeuille de IP, les recettes ne provenant pas de Bel et allant à Nostalgie restent dans le même tiroir…

Non content de ratisser large en francophonie, IP est aussi présent, en radio, du côté flamand. Même si son rayon d'action est plus réduit en Flandre, la régie peut donc être considérée comme bicommunautaire, ce qui a dû plaire à DPG, qui gère déjà la pub sur les réseaux privés de radio qu'il possède. Avec le rachat de RTL, le voici aussi indirectement à la manœuvre pour d'autres réseaux et radios flamands, dont Nostalgie et Family Radio. De quoi contrôler une bonne part le marché.
 
Poule wallonne ou coq flamand?
 
Posséder IP constitue donc bien un des enjeux du rachat de RTL Belgium. A la fois par l'important retour sur investissement que la régie fournit à ses propriétaires, mais aussi par l'apport qu'elle fournit à DPG dans le cadre de sa domination des médias audiovisuels en Flandre. 
L'avenir déterminera si le deal de la décennie ne vise pas à déplumer cette poule aux œufs d'or au profit d'un coq de poulailler flamand, plus imposant encore. Ou si l'intention est simplement de rendre la poule IP toujours plus productive, tout en la laissant pondre comme sans lui tordre le cou.

Frédéric ANTOINE.
 

(1) Nous nous permettons cette comparaison car, dans les comptes de RTL Belgium tels que déposés à la BNB, rien n'indique que ceux-ci sont consolidés, contrairement à ceux d'autres acteurs du paysage médiatique belge, comme Rossel par exemple.
(2) Mais on doit noter que la RMB a dans son portefeuille quelques sites liés à des organes de presse magazine, comme Paris-Match.be, par exemple. 


 


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