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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…

27 août 2022

La guerre de l'info radio est déclarée


 Une "vraie" (enfin presque) all-news radio débarque enfin sur les ondes belges francophones. De quoi hérisser le poil des acteurs en place, à commencer par le service public. Mais aussi chez Bel RTL. La guerre des trois aura-t-elle lieu ?

Ce samedi 27 août après-midi, ce n'était une "ronflette" (comme on dit dans le métier) que l'on pouvait entendre sur la fréquence namuroise de DH Radio, station que l'autoradio illustre toujours par le logo de Twizz tandis que, sur le tableau de bord, c'est déjà "LN Radio" qui s'affiche. Un week-end de transition qui toucherait aussi la technique de la station du groupe IPM ? Ou une simple coïncidence? Quoi qu'il en soit, la version radio de LN24 débarque bel et bien sur les ondes (notamment FM) de la petite patrie qu'est la Belgique francophone.

Presse échaudée craint la radio froide

C'est la fin d'un long feuilleton qui a débuté il y a près de 25 ans lorsque BFM, acteur actif sur le marché belge mais bien sûr plutôt tourné vers les news économiques, est d'abord devenu un décrochage de BFM Paris, puis a totalement raccroché son antenne bruxelloise. Depuis lors, silence radio sur le secteur du "all news" chez nous (1). "Pas rentable" disait-on alors dans les groupes médias privés,  échaudés dans les années '80 par leurs aventures dans le monde merveilleux des radios libres. 

Doit-on rappeler ici que Rossel fut, en son temps, un acteur important la bande FM, surtout à Bruxelles (FM Le Soir), avant de se rendre compte que faire un journal et animer une radio, c'était bien être dans des médias, mais que l'un n'avait rien à voir avec l'autre... Ce qui poussera l'entreprise de la rue Royale à proposer une alliance à RTL afin de créer la coupole qui donnera naissance à Bel RTL et récupèrera au passage le dinosaure de la radio privée bruxelloise qu'était Radio Contact. 

A la même époque, les éditions de l'Avenir, qui n'étaient pas encore cédées à des investisseurs, avaient de leur côté aussi créé une radio, dans laquelle elles avaient pas mal investi. Puis avaient fait le même constat que Rossel et, s'étaient associés avec NRJ France afin d'implanter Radio Nostalgie en Belgique. 

IPM avait été plus timide dans ce genre d'aventure… mais avait fini également par lancer son réseau, qui changera plusieurs fois de format, faute d'auditeurs.

Le cas DH Radio

Les groupes médias privés n'avaient donc pas vraiment été convaincus par l'utilité d'investir en tant que telle dans une radio faisant de l'information. En finale, la RTBF faisait plutôt bien le boulot et Bel RTL, sur l'insistance d'une direction à l'époque portée par des journalistes, avait misé pour son implantation belge sur l'info en radio, comme RTL Belgique l'avait fait en télé. Jean-Charles De Keyser, ancien correspondant de RTL Paris à Bruxelles, n'y était pas étranger. 

Dans un premier temps, IPM avait cherché à marquer sa radio d'une touche "info". Depuis le déménagement de l'entreprise dans un ancien garage automobile proche du Cinquantenaire, la station n'avait-elle pas ses studios au plus près des rédactions de La Libre et de La DH ? Mais les efforts, là aussi n'ont pas été vraiment couronnés. DH Radio ne s'est jamais imposée comme une référence en termes de diffusion de contenus radiophoniques. La notoriété n'est jamais venue…

Passons sur les péripéties autour de l'exclusion de DH Radio du dernier plan de fréquences au bénéfice d'un projet de radio d'info déposé par LN24, qui ne verra jamais le jour. Au total, la boucle est donc aujourd'hui deux fois bouclée. LN 24 devient bien la radio de news de Belgique francophone, mais sous l'égide du groupe IPM. DH radio disparaît sans que sa mort suscite des torrents de larme. Et, en fin de compte, Bruxelles et la Wallonie retrouvent enfin une radio all-news. Tout le monde est content.

Manœuvres à la frontière

Tout le monde ? Pas sûr. Le trésor plutôt confortable sur lequel s'était assise la RTBF pourrait désormais se fissurer. A condition que LN Radio fasse vraiment de l'info. On pense bien sûr aux matinales, aux interviews politiques (où LN 24 s'est déjà taillée une petite place). On pense aussi à des émissions d'enquête. On pense aux  JP, à des émissions de talk (comme on en entend sur certaines all-news françaises) et, surtout, à des Breaking News comme on le faisait, jadis, sur Bruxelles 21 (les plus anciens comprendront à quoi il est fait référence). Le Breaking News est l'essence de la radio d'info, et ce que la radio généraliste traditionnelle a le plus de difficulté à bien intégrer.

Si les personnes en vue de ce pays concèdent à accorder à cette radio autant d'importance que celle qu'ils attribuent à La Première ou à Bel RTL, le soleil pourrait peut-être changer de côté. IPM mise sur la convergence LN24 LN Radio, ce qui est malin et normal. On peut le regretter mais, en tout cas dans l'info, radio et télévision désormais s'interpénètrent, se mélangent et produisent du mixmédia. Ce qui fait que, le jour où naît LN Radio, ne voilà-t'y pas que la tranche matinale de La Première débarque sur La Trois, supposée à ce moment-là s'appeler Ouftivi et être destinée aux enfants… (2). Petit à petit, La Trois deviendrait-elle une chaîne d'infos ? Alors que LN 24 glisse en radio, La Première s'immisce en tout cas dans la tv.

Escarmouches

Tout cela est-il bien neuf ? Pas vraiment. Cela fait un petit temps que, sur La Une, Le 6-8 et Le 8-9 font tous les jours du mix médiatique (avec notamment des JP diffusés à la fois en tv et sur Vivacité, sans parler de l'ensemble du contenu du 8-9 et de C'est vous qui le dites).

Les journalistes de la RTBF n'avaient pas caché leur mécontentement de voir LN 24 débarquer sur Auvio. Ils devront maintenant non seulement avoir un œil sur LN24, mais aussi tendre une oreille vers LN Radio. Ontologiquement, le all-news doit produire une radio différente, plus souple sur l'actu, que les généralistes du secteur privé ou public. Dans la pratique, la période d'implantation de la station risque d'être longue (comme celle de LN24 en TV), sauf si elle gère bien son immersion dans l'info et produit du buzz. La réaction actuelle des acteurs en place semble plutôt mesurée. Mais, qu'on le veuille ou non, la guerre de l'info radio est bel et bien déclarée…

Frédéric ANTOINE.

(1) Nous avons notamment déploré cette situation dans un article que le CSA nous demanda jadis dans le cadre d'un dossier consacré à la radio.

(2) Qui n'auront plus qu'à aller sur Auvio pour retrouver leurs programmes (ce qui ne les incitera jamais ensuite à s'intéresser à ce qui se passe sur un poste de tv).

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