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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…

22 novembre 2021

VOO passe à l'Orange. Echec pour l'ogre Telenet


Orange Belgium, filiale d'Orange France, a réussi à mettre VOO dans son portefeuille (ou est en tout cas en bonne voie de le faire). Telenet, qui escomptait s'étendre sur tout le marché belge, rate le coche : VOO ne l'a pas choisi. La télédistribution francophone ne deviendra pas flamando-américaine mais française. Une légère différence.

Orange, en France, c'est l'équivalent de Proximus en Belgique. L'entreprise est l'héritière de France Télécom, elle-même fille des augustes PTT, comme Proximus est le rejeton de Belgacom, elle-même fille de la RTT. A l'heure actuelle, Orange appartient encore pour 24% à l'Etat français (en ligne directe et via Bpifrance Participations [1]). L'Etat belge, lui, possède toujours aujourd'hui 53% du capital de Proximus.  L'arrivée d'Orange Belgique chez VOO laisse donc ce câblo-opérateur dans des mains en partie publiques. En ce sens, VOO ne se défait pas complètement de son profil historique. Née comme une intercommunale, elle finit comme un des avoirs d'une entreprise de télécommunications partiellement publique.

CORNET ET ECRANS PUBLICS

Morphologiquement, Orange est plus proche de Proximus Pickx que de VOO. Cette dernière est née en tant que câblodistributeur à Liège, où l'ALE posait son câble sur les façades afin d'accroître l'offre télévisuelle. Orange, tout comme Pickx, a son origine dans un autre câble, bien plus ancien : celui du téléphone. Orange chez VOO, c'est donc un peu le mariage des deux câbles de la communication : celui du combiné qui trônait dans le couloir d'entrée, et celui de la télé qui régnait sur le salon…

Si Telenet avait remporté la mise, VOO ne serait pas tombée dans une escarcelle où l'Etat a encore un mot à dire. Cette entreprise, elle, n'a rien de publique. Elle est essentiellement possédée par le groupe américain Liberty Global, qui détient 58% de son capital. Choisir cet opérateur aurait en quelque sorte, signifié vendre un "joyau" économique belge de plus à une multinationale yankee pour laquelle notre petit pays de 30.000 kilomètres carrés ne représente pas grand-chose. Et ce même si, en Europe, Liberty Global est plutôt présent sur de petits marchés.

SCHILD EN VRIENDEN

Ne pas avoir d'absorption de VOO par Telenet permet aussi de ne pas mettre l'entreprise dans des mains flamandes, mais françaises. Pour une société qui opère essentiellement sur le marché francophone belge, la différence est de taille. Dans l'univers de Telenet, VOO aurait risqué de n'être considéré que comme un complément du marché flamand dominant, plus riche et plus prospère en comparaison de la "pauvre Wallonie". Un marché flamand où Telenet detient déjà de nombreuses cartes maîtresse puisque, rappelons-le, la société américaine n'est pas que câblo-opérateur. Elle est aussi, notamment, propriétaire de plusieurs chaînes de télévision privée flamandes (Vier, Vijf, Zes…) et de la boîte de prod Woestijn Vis, réalisant ainsi le rêve des entreprises Telecom de n'être pas seulement pourvoyeuses de "tuyaux" de télévision, mais aussi de contenus. 

Avec Orange, on se retrouve davantage entre soi. Comme au temps où la pay tv francophone belge Cana+ Belgique était majoritairement contrôlée par Canal+ France, filiale de Vivendi. En France, Orange est un opérateur important, dont le câble n'est pas qu'un simple vecteur des chaînes de télévision que l'on peut capter par la TNT. L'offre de l'entreprise, qui repose sur une transmission des contenus via le câble téléphonique (comme Proximus Pickx), est abondante, plutôt diversifiée. Et avec de nombreuses offres d'abonnements à des contenus variés. On peut supposer que l'opérateur appliquera l'équivalent de ses offres françaises au marché belge. Mais, tout comme avec Telenet, il y a de fort risques qu'il considère le petit univers francophone belge comme un simple complément de son immense marché français. Un peu à l'image de TF1, qui ne s'est installée en Belgique que pour y pomper une partie de la manne publicitaire, mais en ne se préoccupant pas d'offrir aux Wallons et aux Bruxellois autre chose que ses programmes français…

A CONTRE-COURANT

Le rachat de VOO par Orange, enfin, représente une sorte de contre-tendance dans le monde des mouvements d'acquisitions qui touchent aujourd'hui les médias. A l'image du rachat de RTL Belgium par deux éditeurs belges afin de consolider leur marché et tenter de créer ainsi une forteresse pour éviter les assauts des GAFAM, une absorption de VOO par un acteur belge eut représenté la même volonté de l'entreprise repreneuse de consolider sa position face à l'ennemi (mais Telenet en a-t-il besoin, si forte étant sa position en Flandre ?). 

Le passage à la France, c'est le retour à l'internationalisation. Mais aussi à la soumission de la Belgique francophone à son grand voisin, dont elle est culturellement si proche. Alors que vaut-il mieux : être le vassal des USA, ou celui de la France ?

Frédéric ANTOINE.


[1] Bpifrance Participations intervient en complément de l'Etat français. Cette société est elle-même détenue à50 % par l'État via l'EPIC BPI-Groupe et à 50 % par la Caisse des Dépôts, autre bras de l'Etat français.

09 novembre 2021

JT du soir: retour à audiences as usual

 Finis les sommets: l'audience des JT du soir des deux chaînes belges est rentrée dans les clous d'avant covid. Les chiffres de la rentrée 2021 confirment ceux de 2019, loin de l'envolée connue en octobre 2020 lors du 2e confinement…

Avec, pour RTL, une audience/jour moyenne de 481.000 personnes en septembre  et de 513.000 en octobre, et pour la RTBF de 462.000 et 488.000, les JT de 19h et 19h30 se retrouvent dans le même créneau que ceux de l'avant covid de l'automne 2019. Les emballements rencontrés en octobre-novembre 2020, suite logique des pics connus en mars-avril de la même année, ont disparu. L'actu n'est plus à l'anxiété covid. Le téléspectateur se fait donc moins pressant, par conviction ou par indigestion.

En gris sur le graphique ci-dessus, les audiences 2020 sont, à partir de début octobre, sans commune mesure avec celles et de 2019 et de 2021. Alors que l'an dernier les chiffres s'envolent au fur et à mesure qu'un nouveau confinement s'annonce, rien de tel évidemment avant la pandémie, mais pas non plus cette année. Pour être fidèles aux mouvements pendant les jours de la semaine, les audiences ont été positionnées selon ce critère (ce qui permet notamment de confirmer que, en 2019 comme en 2021, le jour à l'audience la plus faible est incontestablement le samedi, ce qui n'est que partiellement vrai l'an dernier).

Le graphique confirme aussi la proximité de l'audience audiences des deux JT, même si, comme d'ordinaire, le 19H de RTL précède en général quelque peu le 19H30 de la Une.



Si l'on regarde la situation chaîne par chaîne (on peut cliquer sur le graphique pour mieux le voir), la proximité entre 2019 et 2021 paraît plus marquée pour RTL que pour la RTBF, où les résultats de 2021 semblent légèrement meilleurs que ceux de 2019. Ce que confirme la mesure de la différence de volume du public des deux émissions.

Pour RTL, l'audience est fréquemment plus élevée en 2019 (“+2019” sur le graphique) qu'en 2021.

 

Pour la RTBF, la situation est à l'opposé: l'audience est fréquemment plus élevée en 2021 (“+2021” sur le graphique) qu'en 2019, et les hausses sont plus marquées cette année que pour RTL.

Un nouveau rebond de la pandémie amènerait-il les téléspectateurs à se rassembler à nouveau en plus grand nombre devant leurs grandes lucarnes?

Frédéric ANTOINE


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