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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…

26 juin 2025

L'Avenir de L'Avenir ?

Dessin hélas réalisé en urgence par IA sur base d'éléments demandés par l'auteur du texte, et non image fournie par un dessinateur de presse professionnel


(Le contenu ci-après a été posté sur les réseaux sociaux le 23/06/2025, jour de l'annonce de la fusion Rossel-IPM. Il est suivi de la réponse fournie le 25/06 à un commentaire rédigé sur Linkedin à la suite du post en question).

 

L’avenir de L’avenir tient il encore à un fil? Le communiqué d’annonce de l’absorption d’IPM presse par Rossel confirme que la messe est dite pour le quotidien namurois jadis si proche des trônes et des autels : son insertion avec Sud-info dans une structure commune signe la fin de l’autonomie du titre, qui devra sans doute se soumettre à la loi de son concurrent, hydre à plusieurs têtes, différentes selon les régions.


Le plus incroyable de l’affaire est que l’on va sans doute sacrifier sur un autre autel, celui de la rentabilité économique, le titre le + vendu en Belgique francophone en 2024, dépassant Le Soir de près de 3000 ventes et son « ennemi » Sud-info de près de 10.000 exemplaires. Ce champion des ventes est en effet jugé non rentable par les deux groupes de presse qui ont conclu l’opération. Non rentable avec 62.000 exemplaires vendus par jour, dont près de 50.000 en papier ou en abonnement papier certains jours seulement, et le reste en digital.


A-t-on estimé la « rentabilité sociale » de L’avenir, la valeur du rôle qu’il joue dans les campagnes, les villages et les petites bourgades dont il est le héraut depuis la fin de la Première Guerre Mondiale?


Le célèbre professeur de presse écrite de l’UCL qui fut mon mentor et consacra pas moins que sa thèse au journal namurois, avait coutume de dire que les titres de Sudpresse produisaient de la « fausse locale », c’est à dire que la production d’info locale n’était pas le vrai but premier de ces titres, mais bien un prétexte, un attrape-mouches, pour gaver le lecteur d’info géné, de faits divers et de scandales. C’est à dire pas tout à fait la même tasse de thé que L’avenir, dont le localisme était l’ADN, la raison de vivre, même si le titre se revendiquait être un « vrai journal » dans lequel le local n’occupe « que » le deuxième cahier.


L’absorption d’IPM, qui ne donnait pas l’impression d’être un tel oiseau pour le chat, conduira-t-elle à l’homogénéisation du marché de la presse régionale sous l’égide d’un seul titre peu garanti de succès là il n’était pas bien implanté? Ou à un partage strict des zones de diffusion en fonction des endroits où L’avenir ou son concurrent étaient les plus appréciés ? On imagine en tout cas que journalistes de L’avenir et de Sud info vont devoir se résoudre à ne plus faire qu’un. Au risque de voir dépérir toutes les nouvelles sur la vie locale produites par des professionnels de qualité, loin des ragots, cancans et fake News que l’on trouve sur bien des médias sociaux non-professionnels jaillis en tous sens dans les hameaux et les villages.


On croyait que le XXIe siècle serait celui de la diversité. Il risque d’être celui de l’homogénéisation des contenus médiatiques. Jusqu’à ce qu’on trouve plus simple de les commander directement à l’IA. Ce qui assurera en tout cas à ces médias une rentabilité inégalée.


(Ceci est une réaction à chaud. Des commentaires plus argumentés viendront prochainement)

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Réponse à un commentaire posté sur Linkedin à la suite du texte ci-dessus :

Jusqu’à il y a peu, IPM se concevait comme le pendant de Rossel, cherchant à bâtir un groupe multimédia solide et cohérent, profil que le rachat de L’Avenir devait contribuer à édifier du coté PQR et magazines, tout comme l’acquisition de médias audiovisuels LN24 et Fun radio. 

Tout cela vient de s’effondrer comme un château de cartes, la grenouille ayant voulu se faire plus forte que le bœuf. Est-ce donc vraiment une « sortie par le haut », ou une opération sauve qui peut? 

Je ne suis pas sûr non plus que, au delà des discours rassurants et des déclarations de circonstances, cela ait été profondément pensé. 

Je pense enfin que, quand on parle d’information, la rationalité économique ne peut pas  être seule à être convoquée. L’information n’est pas un bien comme les autres et le rôle sociétal des entreprises de presse ne peut être comparé à celui des entreprises classiques. Il y a quelque chose du « sacerdoce » dans l’exercice de la mission d’un média d’information, même propriété d’actionnaires privés. Est-ce à ce titre que Rossel « accueille » en son sein les médias écrits de IPM ? Il y a sans doute un peu de cela. Mais la situation permet surtout à Rossel de finaliser un vieux fantasme, celui d’être en stand-alone sur le marché francophone belge.

 

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