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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…

02 juin 2025

Médias belges francophone : une inexorable peau de chagrin (2e partie)

Dans la presse écrite régionale aussi, la réduction du nombre de médias est aujourd'hui à l'ordre du jour, alors que les bruits de rapprochements entre les deux derniers éditeurs de quotidiens se font plus pressants. Le petit paysage médiatique de Belgique francophone se réduit vraiment comme une peau de chagrin.

L'article Médias belges francophone : une inexorable peau de chagrin (1ere partie), publié le 1er juin sur ce blog, commençait par ces phrases : « La Belgique francophone ? C'est grand comme un Land allemand. Et, voyez-vous, dans un Land allemand, il n'y a qu'un seul journal quotidien. Comparez avec le sud de la Belgique. Il est évident qu'il y a chez nous économiquement trop de médias ! » 

Plus encore que pour les télévisions de proximité dont il était question dans cette première partie, cette affirmation fréquente dans le monde de l'édition depuis plus d'un quart de siècle est pertinente à propos du sort de la presse écrite en Belgique francophone. Là aussi sont à l'œuvre "la main invisible du marché" chère à Adam Smith et l'action, un peu plus visible, de divers acteurs du paysage médiatique.

QUEL AVENIR POUR L'AVENIR ?

 L'alerte a été lancée récemment aux  Éditions de L'Avenir, dont l'actionnaire majoritaire a décidé de fusionner deux des éditions locales, Entre Sambre et Meuse et Basse Sambre, affirmant que les coûts d'impression de chacune d'elle étaient supérieurs aux revenus qu'elles généraient. 
Une chose à peine croyable alors que, selon les derniers chiffres CIM disponibles pour 2023 [et semble-t-il aussi pour 2024 (1)], L'Avenir est, de tous les titres de la presse belge francophone, le quotidien affichant la plus forte diffusion payante tous supports confondus (papier+digital). En papier seul, L'Avenir est aussi aussi le journal le plus vendu. 
Fusionner deux éditions dans pareil contexte a plus  que quelque chose de paradoxal.
 
Les éditions locales "papier" de L'Avenir étaient au nombre de 8. Les voilà ramenées à 7. Rien ne dit que, demain, la même motivation ne sera pas évoquée pour fusionner d'autres éditions, même si l'opération pourrait s'avérer moins aisée suite à la taille de chacune des zones couvertes et en raison de leurs spécificités très différentes. 
Mais, dans le cadre de la logique de médias "provinciaux" qui inspire aussi le projet de restructuration du secteur des "télévisions de proximité", rien n'empêcherait d'envisager une fusion des deux éditions de L'Avenir en province de Liège, le titre ne couvrant que très très peu Liège centre et se focalisant essentiellement sur les deux pôles est et ouest de la province. Idem pour la province de Namur, où il pourrait être géographiquement "logique" de rajouter l'édition centrale Namur-Dinant aux deux éditions qui viennent déjà d'être fusionnées. Ce qui réduirait dans le futur le groupe L'Avenir à cinq éditions "papier".
 
CE QU' " ÉDITER" VEUT DIRE
 
Éditions "papier", ou aussi numériques ? Officiellement, à côté de ses 8 éditions "papier" le quotidien régional compte en effet 12 "éditions" en ligne, les 8 "papier" + 4 éditions qu'on pourrait qualifier de  "péri-urbaines", consacrées aux très grandes villes wallonnes et à Bruxelles. Mais sont-ce réellement des éditions ? 
Là est sans doute toute la question pour le futur du quotidien. Car une édition, ce n'est pas seulement l'impression d'un journal papier pour une région donnée, ou la mise en ligne sous le même onglet d'une série articles épars consacrés à une même agglomération. Une "édition", c'est d'abord une rédaction distincte, avec un ou des chefs d'édition. A l'heure actuelle, chaque édition (papier) de L'Avenir est liée à une rédaction propre, dirigée par un (ou parfois deux) chefs d'édition. Aux éditions de L'Avenir, chaque édition est aussi associée à des "bureaux régionaux" propres. Si L'Avenir en affiche actuellement 8, l'implantation du titre sur le terrain est plus précise que cela. L'édition
Entre Sambre et Meuse, qui doit être fusionnée, possède en effet 2 bureaux : un à Philippeville et un à Charleroi. Idem pour L'Avenir Luxembourg (Arlon et Marche-en-Famenne) et pour L'Avenir/Courrier de l'Escaut (Tournai et Ath). 

Fusionner deux éditions papier signifie inévitablement aussi réduire la structure hiérarchique, donc de ne plus compter qu'un chef d'édition (papier). Car les "'éditions" en ligne ne semblent déjà pas être de "vraies" éditions, pour la simple raison que ce qui s'affiche en ligne ne paraît pas être le fruit de choix éditoriaux précis, ni d'une sélection ou d'un traitement hiérarchique de l'info.
 
COUPER LES RACINES
 
Au même titre que pour les "télévisions de proximité", réduire le nombre d'édition d'un quotidien régional revient à priver le média de ce qui fait sa spécificité : son ancrage sous-régional et, dans le cas de la presse quotidienne, quasi-local. Couvrir un plus grand territoire avec moins de moyens (les réduction de personnel ont déjà commencé), et moins d'espace papier.
 
La réponse à cette critique pourrait être simple : si ce qui est affirmé ci-dessus est vrai pour le journal papier, cela ne le sera plus quand, très bientôt, il aura disparu, et que tout le monde consommera son média régional uniquement en ligne, sans hiérarchie ni sélection de l'info certes, mais en bénéficiant grâce aux algorithmes de masses d'articles ciblés sur une même sous-région.
 
TUER LA POULE AUX ŒUFS D'OR
 
Outre le fait que la pléthore de l'offre ne fait pas le journalisme, cette réponse évite un élément essentiel, déjà évoqué plus haut : à l'heure actuelle L'Avenir est le plus grand journal belge. Et le roi des ventes d'abonnements papier. C'est ce qui fait sa force. Gardera-t-il la forme s'il perd ce qui fait sa raison d'être ? Comment mieux dissuader les lecteurs d'un quotidien sous-régional de conserver leur abonnement qu'en réduisant la richesse du contenu de leur information de proximité ?
 
Les journalistes de L'Avenir évoquent leur crainte d'assister à un dépeçage progressif de leur média. On peut le comprendre, à un moment où leur titre n'est plus qu'un pion dans la partie d'échec qu'ont commencé à jouer les deux derniers éditeurs de presse quotidienne du sud du pays. Un secteur où la tendance à la raréfaction des acteurs n'a d'ailleurs pas attendu ces derniers mois, et où l'application de la comparaison avec un Land allemand (cfr. début du texte) est sans doute sur le point de se produire, si ce n'est totalement, du moins partiellement. 
En cas de création d'une grande coupole regroupant tous les titres de presse quotidienne du pays, l'opération ne sera pertinente et "rentable" qu'en supprimant la concurrence et la diversité, c'est-à-dire en éliminant les doublons. Sauf peut-être, pour l'image de marque, du côté de la presse de qualité. 
La presse régionale et son implantation locale seront sans doute la première cible d'une rationalisation qui, si elle n'amène pas à la subsistance d'un seul titre de presse régionale, organiserait en tout cas les implantations sur le mode du partage strict des zones d'influence (un peu comme les Américains et les Soviétiques le firent à Yalta en se répartissant l'Europe). Finie la concurrence et les zones de double couverture, finie la chasse à l'exclusivité pour son titre au détriment du confère, finie la diversité du traitement. Il ne subsisterait alors qu'un seul et unique contenu de presse locale, à consommer dans un seul et unique contenant. A prendre ou à laisser.
 
Pour le meilleur de l'économie des médias ? Ou pour le pire ? Plus que jamais, ces médias pourront alors être accusés de conformisme, de connivence avec les pouvoirs et les élites, voire de manipulations de l'information. Plus que jamais, la fonction d'enquêteur du journaliste et celle de chien de garde de la démocratie qu'on attribue aux médias seront difficiles à tenir.
Et, plus que jamais, les gens auront tendance à délaisser ces vieux médias devenus uniques pour trouver de l'info, de la "vraie", de la "crédible", de l'"humaine" et de la "proche" sur les réseaux sociaux où tous les villages, voire les hameaux ont leurs pages (officielles ou beaucoup moins officielles) et des cohortes d'abonnés qui échangent horizontalement des infos. Mais où circule aussi tout et n'importe quoi. Sans choix éditoriaux, sans responsables d'édition. Sans traitement professionnel. Mais à grands coups de on-dit, de rumeurs, et de communications orchestrées par ceux qui y ont tout intérêt…
 
Frédéric ANTOINE. 

(1) Alors que les chiffres CIM pour 2024 ne sont officiellement plus rendus publics, le directeur d'études auprès de l'agence média Space et chargé de cours invité à l'UCLouvain Bernard Cools a récemment publié sur le site de l'agence Space un article qui confirme la première place de L'Avenir en 2024 (https://space.be/what-we-say/articles/541).
 

01 juin 2025

Médias belges francophone : une inexorable peau de chagrin (Iere partie)


Presse écrite régionale télévision de proximités… : la réduction du nombre de médias est aujourd'hui à l'ordre du jour en Belgique francophone. Simple coïncidence, ou est-il inévitable que ce petit paysage médiatique se réduise comme une peau de chagrin ?

« La Belgique francophone ? C'est grand comme un Land allemand. Et, voyez-vous, dans un Land allemand, il n'y a qu'un seul journal quotidien. Comparez avec le sud de la Belgique. Il est évident qu'il y a chez nous économiquement trop de médias ! » Voilà, en substance, une affirmation souvent entendue dans le monde des éditeurs de presse belge depuis un bon quart de siècle, sinon plus. Jusqu'à présent, au nom de la démocratie, du pluralisme et de la diversité, on a fait plus ou moins fi de ne pas l'entendre, ou de ne pas se rendre à cette dramatique évidence économique. Notamment en comptant sur les aides des pouvoirs publics. Mais l'idée d'une réduction du nombre de médias a petit à petit fait son nid. Et elle est en train de devenir une réalité. Doit-on l'attribuer à "la main invisible du marché" chère à Adam Smith, ou plutôt à l'action, un peu plus visible, de divers acteurs du paysage médiatique ? Toujours est-il que, cette année, l'heure des grandes manœuvres semble avoir sonné.

Le paradoxe de la situation est que, coïncidence ou pas, l'enclenchement du compte à rebours de la raréfaction des médias belges francophones concerne au même moment deux secteurs diamétralement opposés par la nature de leur identité économique et leur rapport apparent au politique. Deux secteurs qui ont aussi peu de points communs à propos des supports de communication qu'ils exploitent dans leur cadre de leur fonction de fournisseurs de contenus informationnels, mais qui se rejoignent sur un point : leur ancrage régional ou sous-régional. Puisqu'il s'agit de la presse écrite régionale d'une part, et des médias dits "de proximité" (entendons : les télévisions régionales) de l'autre.

Pour des raisons de longueur, cet article ne traitera que de ce dernier point. Le sort de la presse régionale sera analysé dans un prochain texte.

 UNE PROXIMITÉ COÛTEUSE

Depuis l'installation d'une nouvelle majorité à la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), on sait les télévisions de proximité dans la ligne de mire du pouvoir politique. Leur mise au régime est au menu du gouvernement, tant à propos des moyens qui leur sont alloués par l' État qu'en ce qui concerne leur nombre, l'argument avancé, là comme ailleurs, étant que la petite Belgique francophone vit au-dessus de ses moyens, surtout dans les domaines liés à la culture, et qu'il est urgent de tailler dans le gras tant qu'il y en a encore.

Pareil état des lieux des finances communautaires a été fait par les gouvernements successifs de la FWB depuis près de deux décennies. Mais, jusqu'à présent, le choix politique avait été de n'intervenir qu'à la marge, dans le but d'épargner tant que faire se pouvait la diversité et le pluralisme des médias de la FWB. Médias qui, en définitive, ne sont tout de même déjà pas si nombreux que cela, la domination culturelle de la France sur la Belgique francophone n'y étant pas totalement étrangère…

Le gouvernement actuel n'a cure de telles préoccupations, ou à tout le moins pas autant. Quelle que soit la bête, il s'agit d'en réduire la taille et le volume. La volonté manifestée paraît si claire et indiscutable qu'on ne peut que s'interroger sur les véritables raisons des choix opérés. Certes, l'économique y joue un rôle. Mais l'aisance avec laquelle les décisions sont prises peut laisser croire que les raisons de cet interventionnisme ne sont pas uniquement financières mais aussi, sinon d'abord, politiques et idéologiques.

UN MODÈLE DE GÉNIE

Le modèle des télévisions de proximité est totalement atypique dans une économie des médias qui accorde le beau rôle à, voire privilégie, les acteurs privés. Il y a exactement cinquante ans cette année, la Belgique francophone autorisait, à titre expérimental, quelques "télévisions communautaires" diffusant sur un territoire réduit via la câblodistribution. Les "médias de proximité" actuels sont les petits-enfants de ces médias originaux dont l'autorité publique avait choisi de soutenir l'émergence en contribuant largement à leur financement. On était alors dans l'ère Ivan Illich, où la remise en cause des modèles médiatiques dominants était à la mode, de même que les tentatives visant à les remplacer par des médias coopératifs, et donc communautaires, dont les vastes étendues du Québec avaient été la source.

Les actuels "médias de proximité" ont aussi hérité d'un statut hors du commun : devoir remplir des "missions de service public", comme n'importe quel média public, mais… tout en n'appartenant pas à la Puissance publique. Ces médias sont des ASBL pilotées par des Conseils d'administration dont la composition a fait l'objet d'âpres discussions au fil des ans, notamment à propos de la place que pouvaient (ou devaient) y occuper les représentants du monde politique local et/ou les délégués du secteur socio-culturel local.

La configuration des zones de couverture des "médias de proximité" reflète leur histoire individuelle et explique que certains couvrent de vastes étendues tandis que d'autres se confinent à une sous-région, voire à une aire plus réduite encore.  Ainsi en compte-t-on douze, que l'on pourrait aujourd'hui pour la plupart qualifier de 'médias d'information sous-régionaux'. Et ce même si le site de la FWB les qualifie étrangement toujours de "télévisions locales" (1).

UN GOÛT DE PLAT PAYS…

Ce type de médias n'est pas le propre de la Belgique francophone. Mais l'investissement que leur consacre la puissance publique distingue sans doute ces télévisions de proximité de modèles que l'on peut trouver dans d'autres contrées (2), voire en Flandre. De l'autre côté de la frontière linguistique, si la reconnaissance de "télévision régionale" n'est accordée (comme au sud du pays) qu'à des ASBL, celles-ci sont seulement responsables du contenu des chaînes, car « le fonctionnement des canaux est généralement assuré par des entreprises exploitantes » (3) qui sont, elles, (ou ont été) rattachées à des groupes médias (4). 

Les nouvelles conventions de collaboration récemment établies entre le gouvernement flamand et les chaînes de télévision régionales de cette partie du pays reposent sur une aide publique d'environ 2,8 millions €/an (5). En comparaison, la FWB accordait en 2023 un peu plus de 16 millions €/an de financement aux télévisions de proximité du sud du pays, dont 10,4 en frais de fonctionnement (6). 

La Flandre compte 10 télévisions régionales seulement et, signe des temps, il y règne aussi dans l'air un parfum de… fusion depuis fin 2023, afin de se limiter à terme à… une seule télévision régionale par province (ou presque). Il est ainsi prévu de fusionner les 2 télévisions de Flandre Orientale, ainsi que les 2 de Flandre Occidentale. Ce qui ramènerait le nombre de télévisions à 8. Nombre qui semble devenu télévisuellement un peu magique dans notre petit pays, tant au Nord qu'au Sud.

AP(PROXIM)ITÉ

Inconsciemment peut-être, le modèle de la FWB pourrait se rapprocher de son alter ego flamand. Il resterait juste à ajouter à la formule actuelle la couche des "entreprises exploitantes" qui permettrait de faire entrer des acteurs privés dans une structure qui ne serait peut-être plus vraiment chargée de remplir des missions de service public. Si les porteurs de la réforme actuelle entendent aller jusqu'au bout de leur raisonnement et remettre en cause le modèle actuel des télévisions de proximité du sud du pays, cela serait cohérent. Et permettrait à l'État de se désinvestir encore davantage de ce créneau, tout en ouvrant la porte de cet univers à l'arrivée d'opérateurs médiatiques privés, univers dont ils sont aujourd'hui exclus. A terme, les télévisions de proximité ne pourraient-elles pas devenir simplement des médias privés ? Et pourquoi ne se transformeraient-elles pas aussi en une déclinaison audiovisuelle des contenus de la presse régionale privée ? 

Tout cela ne servirait pas la richesse de la diversité médiatique ni sans doute la démocratie, mais tant qu'à appliquer à ce domaine une rationalité purement économique, tous les horizons ne sont-ils pas possibles ?

LE FANTÔME DE LA RTBF

L'application du même type de réforme dans le sud du pays contribuera en tout cas inévitablement à rendre les télévisions fusionnées moins "locales", évidemment, mais aussi moins "proches" de leurs publics. La question de la différenciation entre le travail de ces opérateurs "semi-publics" et celui du service public de l'audiovisuel deviendra alors de plus en plus pressante. Les télévisions régionales de proximité ne pourraient-elles pas se rapprocher plus encore de la RTBF, ce qu'elles ne font que du bout des lèvres depuis belle lurette, quitte à en devenir par absorption plus ou moins lente le bras droit télévisuel ? Les décrochages matinaux régionaux de VivaCité, par exemple, commencent à avoir de l'âge. On pourrait, comme cela a été le cas pour les émetteurs régionaux de France Bleu en France, les transformer en média 360, avec une version "radio filmée". Mais on pourrait aussi, par exemple, en faire des programmes pour les télévisions régionales qui, à l'heure actuelle, ne proposent en matinée que des rediffusions. Le tout sous l'égide d'une RTBF retournant à l'époque de ses "centres de production" régionaux, mais évidemment sans adjonction de moyens financiers nouveaux.

Cela fait longtemps que certains rêvent de mettre fin à l'existence de ces semi-OVNIS que sont les ex-télévisions communautaires. L'actuelle réforme ouvre des portes et en referme d'autres. Pas sûr en tout cas qu'elle garantisse un véritable avenir serein pour ces médias au profil si original.

Frédéric ANTOINE.

 

 

 

(1) https://statistiques.cfwb.be/culture/audiovisuel-et-medias/subventions-accordees-aux-televisions-locales/
(2) Par exemple, les "télévisions associatives" françaises du type de Télé Mille Vaches.
(2)https://www.vlaamseregulatormedia.be/nl/over-vrm/rapporten/2019/rapport-mediaconcentratie/mediaconcentratie-in-vlaanderen-2019/1-de-6 
(3) Regionale Media Maatschappij appartient à Roularta, et la société De Buren, qui "opérationnalise" plusieurs télévisions régionales flamandes, appartenait à Mediahuis qui l'a vendue l'an dernier à la SA Via Plaza, de l'homme politique et prestataire de soins de santé David Larmuseau.
(3) L'estimation n'est pas aisée car l'aide varie en fonction de plusieurs facteurs, notamment la taille de l'organisation, son engagement dans la transformation numérique et les éventuelles fusions.
(4)  https://statistiques.cfwb.be/culture/audiovisuel-et-medias/subventions-accordees-aux-televisions-locales/


09 mai 2025

Léon XIV et François face-à-face : les images qui parlent

Léon XIV et  François face-à-face : les images qui parlent


Sa première apparition au balcon est, pour un nouveau pape, un moment de vérité, qui en dit plus que des discours sur sa personnalité, son image, et sur les types d'Église qu'il entend incarner. Consciemment ou inconsciemment.

Qu'il est révélateur, le tout premier contact ! Ce moment où, après avoir gravi quelques marches, voilà ne nouveau souverain pontife en face de la foule romaine et internationale qui l'acclame. Un moment est immortalisé par les directs tv. La collection des captures de ce premier contact en dit long, sur le pape et sur son rapport au monde. 

Dans les cinq chromos qui figurent en tête de cet article, et dont la qualité visuelle n'est hélas pas identique, de Jean-Paul Ier à Léon XIV, cherchez l'intrus ! 

Il saute aux yeux : il n'y a qu'un petit bonhomme vêtu de blanc. Tous les autres portent une "mosette",  la cape rouge qui symbolise l'autorité du pape et son appel à la compassion. De même, le petit homme en blanc n'a pas autour du cou une étole rouge foncé brodée d'or. Mais n'aura pas fallu longtemps pour que tout cela revienne…

AVANT D'ENTRER

Tournons les regards vers l'attitude adoptée par le nouveau pape au moment où il accède au balcon. Celle-ci se traduit en grande partie dans les gestes des mains. Jean-Paul Ier a les mains pieusement jointes et les avant-bras légèrement surélevés, comme dans une attitude de prière. Son successeur arrive plutôt les doigts croisés, les mains reposant sur le haut du ventre. Benoît XVI aura à peu près la même attitude, que l'on retrouve aussi chez Léon XIV, celui-ci portant toutefois ses deux mains un peu plus haut sur sa poitrine. Un signe de piété que d'une certaine satisfaction ? Ou plus simplement une incapacité à gérer ses main ?  Le petit homme en blanc, lui, a levé la main droite dès qu'il a mis le pied le sur le balcon. Son attitude est donc totalement différente de ses collègues.

En entrant sur le balcon, le corps droit, Benoit XVI et Léon XIV regardent devant eux, comme s'ils fixaient le bout de la Via della Conciliazione, qui rejoint la place Saint-Pierre au château Saint-Ange. Le pape François, lui, a un regard un peu penché vers l'avant, regardant la foule proche de lui, à qui va son salut. Les deux papes dénommés Jean-Paul ont eux aussi la tête tournée vers la foule, en particulier Karol Wojtyla, qui se penche sur le bord du balcon.

LE PREMIER GESTE

Quelques secondes plus tard survient le premier "vrai" geste du nouveau pape vis-à-vis de la foule. Jean-Paul II disjoint les mains et ouvre les bras largement, sans les changer de position, ni lever les mains vers le ciel. Comme s'il accueillait quelqu'un, ou le monde. 
Benoît XVI et Léon XIV commencent par avoir exactement le même geste, tant et si bien que, comme ils portent les mêmes habits, on aurait tendance à les confondre. Les bras sont levés, les mains sont ouvertes, paumes tournées vers l'avant et les doigts s'élevant vers le ciel. La signification de ce signe peut être diversement lue. Il peut être d'abord perçu un signe de victoire ("je suis l'élu", "j'ai gagné", à l'instar de l'attitude d'un sportif à la fin d'une compétition), un signe de contentement ou de satisfaction ("je suis heureux d'être là") ou de salut ("bonjour à vous tous qui êtes là"). Mais le gest peut aussi être polysémique…

Le petit homme en blanc, lui, a continué le geste de la main droite qu'il avait entamé avant même de s'installer au balcon. Mais cette main est moins à l'horizontale, elle penche un peu vers l'avant, comme si elle cherchait à couvrir le foule présente sur la place. La main gauche, par contre, est restée le long de son corps, ainsi que cela se passe quand on salue une personne en rue.

Alors que tous ses confrères conservent l'attitude adoptée pendant plusieurs secondes, Léon XIV, lui, abandonne très rapidement sa première pose et en prend une seconde, où il ne lève plus que la main droite, tandis que la gauche retrouve la place qu'elle avait lors de son arrivée au balcon, c'est-à-dire posée au niveau de sa croix pectorale. Le nouveau pape utilise-t-il le même signe que son prédécesseur ? Pas vraiment, car le bras de François, plutôt à l'horizontale et tourné vers la foule, ne peut être comparé avec le bras et la main à la verticale de son successeur. Certes il s'agit d'un signe de salut, mais plus distant et général. Le positionnement de l'autre main au niveau des pectoraux renforce cette différence, marquant à la fois une distance, mais aussi une certaine satisfaction ou une assurance de soi.

LÉON ET FRANÇOIS : LE DÉCOR

Quid de la prestation de François par rapport à celle de son successeur ? Même si l'annonce de leur élection a été ± faite à la même heure, l'apparition de François s'est déroulée de nuit, alors que le soleil n'était pas encore couché pour celle de son successeur. Le traitement télévisuel de deux événements, mais aussi l'atmosphère dans laquelle ils se sont déroulés, ont donc été différents. Le contexte dans lequel se sont déroulées le deux apparitions n'est donc pas étranger à leur diversité, mais ne peut toutefois seul l'expliquer. Un de ces éléments touche au "décor" de l'événement.

Lors de la présentation de François (à gauche), la façade de la basilique était éclairée par de puissants projecteurs. Il avait été choisi de ne pas fermer les lourdes tentures rouges qui se trouvent à l'arrière du balcon. La scène s'est donc déroulée en bénéficiant aussi d'une clarté provenant de l'intérieur de l'édifice. Pour Léon, au contraire, les tentures n'ont été écartées que le temps du passage du cortège pontifical. Ensuite, l'arrière de la scène a été refermé, comme c'était le cas auparavant, laissant le nouveau pape apparaître sur un fond rouge foncé, alors qu'il est porteur d'une mosette rouge et d'une étole rouge foncé. Grosse différence. Mais aussi grosse impression que, dans un cas, on ouvrait les fenêtres et on laissait l'air entrer au Vatican. Et dans, non…
Pour Léon, ce n'est qu'à la fin de la séquence, au moment de la bénédiction pontificale  que les tentures seront entrouvertes. Mais, même alors, le fond du décor continuera à marquer sa différence: blanc cassé et plein de clarté du temps de François, brun sonbre pour Léon…

Pour reprendre le vocabulaire de la mise-en-scène, la place des  "figurants" qui entourent le pape diffère aussi. François était entouré d'un grand nombre de prélats, conférant à sa prestation un aspect de collégialité et de confraternité. Les personnes qui entourent Léon sont en nombre plus limité, notamment du côté des personnages portant une calotte rouge. Le nouveau pape paraît ainsi plus seul, moins accompagné. Mais plus "régnant".

LÉON ET FRANÇOIS : LA CONTRE-VUE

Les choix opérés pour l'ouverture ou de la fermeture des tentures rouges exercent aussi un un impact important sur le type de représentation du nouveau pape montrable par l'image. 

Alors que les images les plus attendues de pareil événement sont celles qui sont prises de face, et en plan qui ne soit si possible pas en contre-plongée, l'ouverture des rideaux avait permis, pour François, l'exploitation de plans en contre-champ, montrant le balcon vu de l'arrière, c'est-à-dire de l'intérieur du Vatican. La présence d'un petit homme tout de blanc vêtu sur un fond de pénombre nocturne ne manquait alors pas d'esthétisme, de même que celle des cardinaux habillés de rouge. Cette contre-image du pape tout blanc, dont on ne voit que le dos, a marqué l'imaginaire au point de devenir un des modes classiques de représentation de la fonction papale. L'image Eurovision ci-dessous lors de l'élection de François, en est une bonne illustration. 
Rien de tel, évidemment, pour Léon (voir image de droite dans le diaporama ci-dessus). Comme les tentures sont fermées, il n'y aura pour lui de contre-champ possible qu'à un seul moment : à la fin de la séquence, lorsque le pape et sa suite s'apprêtent à quitter le balcon et qu'on a écarté les tentures. Le soleil de fin journée s'étire toutefois alors sur les toits des immeubles entourant la place Saint-Pierre. Les personnages n'apparaissent donc qu'en ombre chinoise, ce qui manque totalement d'intérêt, mais aussi de charme.
 
LÉON ET FRANÇOIS : DEUX INDIVIDUALITÉS
 
Au-delà des comportements lors de l'entrée sur le balcon, il y aussi  tout ce que cette présentation au peuple romain et au monde révèle de la personnalité des élus. Nous n'entrerons pas ici dans une a analyse de contenu comparative de leurs propos, qui n'est pas notre sujet et qui n'aurait sans doute pas beaucoup de sens tant les prestations des deux papes furent de nature différente. L'une, tout en improvisation, en bonhommie et en naturel, l'autre tout en maîtrise, en préparation et en contrôle. Avec, la plupart du temps, la transparence de moins d'humanité. On pourrait aussi analyser les étapes de la prestation, et par exemple celle des prières que les papes ont récitées avec la foule. Alors que Léon XIV n'a récité que le "Je vous salue Marie", François avait accompagné cette prière à la Vierge du "Notre père".
 
En début de cérémonie, les gros plans sur les visages des deux papes, pris de profil par la caméra se trouvant sur le balcon, révèlent un peu de ce qu'ils sont.
François a la tête un peu penchée, son menton n'est pas à angle droit par rapport à son cou. Ses lèvres sont fermées, les joues un peu tirées vers l'arrière, comme marquées d'un léger sourire. 
Même si son regard paraît porter vers la foule sur la place  (et non plus vers le château Saint-Ange), Léon garde toujours la tête bien droite. Ses lèvres sont fermées, son visage paraît sérieux. Le pape a aussi à nouveau posé ses deux mains sur sa poitrine.
S'il arrive que les deux hommes sourient, comme le montre le diptyque ci-dessus, en règle générale les moments de sourire sont plus fréquents lors de la présentation de François que lors de celle de Léon. Idem pour la fréquence du sourire des cardinaux qui les entourent. Les sourires de Léon sont plutôt des esquisses de sourires, toujours fortement maîtrisées.
 
DISCOURS OR NOT
 
La différence de naturel entre deux papes se révèle aussi dans leur manière de s'adresser à la foule.
Le pape Léon, qui cherche à tout contrôler, s'adresse au public à l'aide d'un texte précis, préparé par avance et maîtrisé. La part d'improvisation dans sa prestation restera très très limitée. La gestuelle du pape est donc très réduite, ses mains étant concentrées sur les feuilles de son discours.  
A contrario, tout chez François était de l'ordre de l'improvisation, avec une gestuelle forte. 
François regarde la foule les yeux dans les yeux et, par-delà la foule, les téléspectateurs. Cela est d'autant plus frappant sur l'écran que, comme il fait nuit et comme le montre le chromo de gauche ci-dessus, les images de profil prises par la caméra située sur le balcon seront rares, faute de lumière. Fixé sur son texte, Léon ne s'adresse pas aussi directement à la foule et à l'audience, et ne réagit que si celle-ci l'interrompt par une acclamation. Il lui arrive aussi de se taire quelques instants, ce qui suscite une nouvelle acclamation. Le pape Léon fera par contre l'objet de nombreux très gros plans de profil, pris par la caméra située sur le balcon. Ils ne cacheront pas certaines des émotions ressenties par le prélat, même si celui-ci a tout fait pour les dissimuler.
 
Les deux prélats ont certes chacun une histoire sud-américaine, mais celle-ci ne s'est pas implémentée de la même façon, et le terreau dans laquelle elle a poussé est fort différent.
 
BÉNÉDICTIONS PERSONNELLES
 
Lors de la bénédiction, les deux papes marquent aussi leurs différences. François, un peu en retrait parmi la foule du balcon, bénit avec des geste retenus. Il a revêtu l'étole pontificale avant de bénir. Lisant la formule de bénédiction, Léon reprend l'attitude qu'il avait adoptée au moment de son arrivée : les bras sont tendus, les mains sont ouvertes, ainsi que les paumes, et les bras écartés.
Après la bénédiction. François retire alors l'étole, et reprend la configuration du petit homme en blanc qu'il avait à son arrivée. Un petit homme qui se montre simplement face à la foule, les bras le long du corps. Léon là aussi retrouve une attitude déjà adoptée. Il regarde la foule, les mains croisées sur la poitrine au niveau de la croix pectorale
 
LE CORPS QUI PARLE
 
Même s'il ne dit pas tout, le corps aussi parle, et fait l'homme, chaque homme. Ou marque la différence entre les hommes, avant même qu'ils ouvrent la bouche. 
Il est frappant qu'une simple apparition de quelques minutes seulement puisse aider à pointer cette diversité. Et démentir (ou pas) ceux qui disent que l'un de ces papes est forcément l'héritier, et pas seulement le successeur, de l'autre…
 
 Frédéric ANTOINE.


06 mai 2025

POURQUOI ON NE CONNAÎTRA PLUS LA DIFFUSION DES JOURNAUX

Pour quelle raison la diffusion des journaux n'est-elle plus rendue publique, alors que les éditeurs continuent à communiquer les chiffres de leurs audiences? La réponse en 2 graphiques.

On ne connaîtra jamais la diffusion des titres de la presse belge francophone en 2024, ni les années qui vont suivre. Les éditeurs ont en effet décidé un black-out public sur ces informations (voir https://millemediasdemillesabords.blogspot.com/2025/04/black-out-sur-la-diffusion-de-la-presse.html). Mais pourquoi ? Voici les éléments de réponse les plus évidents, en quelques graphiques dont la comparaison dit tout (on peut cliquer sur les graphiques pour les lire plus aisément).

 UNE PRODIGIEUSE CHUTE

Les données qu'on n'aura plus : celles relatives à la diffusion payante, c'est-à-dire le nombre moyen de journaux vendus sur papier au numéro et par abonnement + le nombre d'abonnements digitaux payants. Voici ce que donne la courbe de l'évolution de cette diffusion payante de tous journaux en Belgique francophone de 2017 à 2023, derniers chiffres rendus publics.

La tendance baissière de la courbe est continue depuis les années 1970, et se poursuit jusqu'en 2019. Les années covid la feront ensuite remonter. Mais, à partir de 2022, la tendance à la baisse reprend sa course. 

Les éditeurs, qui avaient cru avoir touché le fond en 2019 et avoir réussi à rebondir en accumulant les abonnements numériques payants pour remplacer l'hémorragie des ventes papier, en sont pour leurs frais : les abonnés numériques ne parviennent finalement pas à stabiliser, voire à faire croître, les ventes. Catastrophe. Cachez donc ces chiffres que je ne saurait voir !

UNE PRODIGIEUSE STABILITÉ

 

Les données qu'on aura toujours :  celles relatives à l'auditoire, c'est-à-dire à l'audience des journaux. Des données qui ne sont pas le fruit d'un comptage objectif, comme pour la diffusion. Dans l'impossibilité de comptabiliser tous les lecteurs un à un, la mesure d'audience se réalise sous forme d'une enquête auprès d'un échantillon constitué sur base de quotas. Des sondés à qui on demande de se souvenir des titres avec lesquels ils ont eu des contacts précédemment en leur montrant des logos des "marques" concernées (je résume un peu, mais sur le fond c'est ça). Voici ce que donne la courbe de cet auditoire de tous journaux en Belgique francophone de 2017 à 2024.

 

Grosso modo, sur l'ensemble de la période, la courbe du "total lecteurs", c'est-à-dire tous ceux qui ont eu un contact au cours des derniers mois, est stable : elle croît de 2019 à 2002, connaît une petite baisse en 2023, et repart à la hausse en 2024. La courbe  des lecteurs "dernière période", c'est-à-dire ceux qui ont eu un contact très récemment (on pourrait dire: les "vrais" lecteurs) suit la même tendance, mais avec une amplitude plus faible. Son profil est plutôt en croissance.

 

COMPARAISON ET RAISON. OU PAS

 

 

Comme le montrent les courbes de tendance (en pointillés), entre 2017 et 2024, le "total lecteurs" a à peine baissé, tandis que celui des "lecteurs dernière période" a augmenté ! 

Côté exemplaires vendus, par contre, on est loin du compte.

 

 

La chute est bien visible, il n'y a pas photo. Davantage de gens "fréquentent" les titres de presse. C'est une bonne nouvelle. Mais les éditeurs n'arrivent pas à endiguer la baisse des ventes. Le bateau continue à couler même s'il compte plus de passagers, la plupart d'entre eux étant plutôt "clandestins", car n'ayant pas payé pour participer à la traversée… Et c'est bien là que le bât blesse toujours. Alors, autant cacher que l'on continue à écoper, globalement sans succès !

 

SELON LES CAS…

 

Précisons toutefois que les chiffres globaux présentés ici cachent des situations individuelles différentes. Côté lectorat comme côté ventes, les titres dits "de qualité" se portent mieux que la presse populaire ou régionale. Mais alors que la diffusion payante de toute la presse est en baisse en 2023, à l'exception de L'Avenir qui est stable et de L'Echo qui monte, les données pour le lectorat présentent des configurations beaucoup plus variées, surtout pour 2024. Sans doute une raison de plus pour jeter la diffusion aux oubliettes et plutôt mettre le lectorat sur le pavois …

 

COMME LA BOUTEILLE ?

 

Constater que les ventes baissent, serait-ce considérer avec pessimisme la bouteille de la presse comme à moitié vide, alors que se féliciter de la stabilité, voire de la hausse du lectorat, serait opter pour l'optimisme de la bouteille à moitié pleine ? Pas vraiment. Car ici, le volume dans la bouteille n'est pas le même selon qu'on la considère ± pleine ou vide. Volume présumé de lecteurs et volume des ventes ne sont en effet pas deux notions comparables. 

 

Comme relevé précédemment, entre 2017 et 2024, avoir davantage de lecteurs ne correspond pas à réaliser davantage de ventes. Cacher les ventes aux yeux du public et ne lui révéler que ceux de l'audience revient à ne lui montrer qu'une des faces de la pièce. Celle qui reluit le plus. Alors que c'est l'autre face qui permet vraiment d'apprécier l'état de santé du malade. 


N'est-ce pas aux médias que l'on reproche trop souvent de ne donner que de mauvaises nouvelles, et de ne parler que des trains qui n'arrivent pas à l'heure (sauf à la SNCB où un train qui arrive à l'heure, c'est une nouvelle tellement exceptionnelle qu'elle mériterait presque d'en faire une info) ? Les cordonniers sont donc vraiment les plus mal chaussés. Plutôt que d'annoncer de mauvaises nouvelles, les éditeurs préfèrent ne communiquer que sur les bonnes. Comme tous les patrons d'entreprises. Mais pas comme on l'attend d'un des acteurs essentiels de la démocratie garant de la bonne tenue de l'espace public.

 

Frédéric ANTOINE.

 

 
 
 



 


 

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