User-agent: Mediapartners-Google Disallow: User-agent: * Disallow: /search Allow: / Sitemap: https://millemediasdemillesabords.blogspot.com/sitemap.xml

Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
Affichage des articles dont le libellé est TF1. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est TF1. Afficher tous les articles

20 décembre 2021

Les films de Noël : trop magiques pour être honnêtes


Les (télé)films de Noël étalent leur neige, leurs larmes et leurs bons sentiments à longueur d'après-midi sur les chaînes de télé. Pourquoi en est-on si accro ? Et ceux qui souffrent de cette affection sont-ils si nombreux que cela?

 
« Le scénario de base du film romantique américain ? Frank Capra l'a donnée en 1934, au moment où il réalisait New York-Miami (1). Cela se résume en cinq mots : Boy meets girl. Point final. » En des temps que les moins d'au moins cinquante ans ne peuvent pas connaître, le professeur Victor Bachy enseignait cette vérité aux étudiants qui suivaient son  cours d'Histoire du cinéma. Capra avait vachement raison. Tellement même que cette recette miracle est toujours celle qui se trouve au cœur de bon nombre de scénarios de films, téléfilms et séries "romantiques" made in USA. Si on les passe à l'essoreuse, c'est cela qui ressort : « A boy meets a girl. ». Les films de Noël qui dégoulinent sur les écrans, en sont le plus parfait exemple. Tous, ils répondent à la définition donnée avec brio par Capra il y aura bientôt 90 ans, alors que, malin, il s'était simplement basé pour son film sur une nouvelle de Samuel Adams.

LES MIRACLES DE NOËL
 
Alors, bien sûr, les films de Noël enrubannent l'histoire, la pimentent du côté "miracle de Noël" qui consiste à faire se rencontrer des personnes que, dans la plupart des cas, rien ne prédisposait à pareil tête-à-tête. Le miraculeux de Noël supprime les infranchissables obstacles sociaux de différences de classes, de milieux, de professions, de genre, de couleur de peau, de culture, etc. Ce qui, en définitive, ceci aussi n'est non plus nouveau : dans New York-Miami déjà, une riche héritière désœuvrée prenait un bus pour échapper au mariage que son père voulait lui imposer et tombait sur un journaliste populo, au chômage et sans le sou, avec lequel, bien sûr, des liens se tisseront. 
Finalement, il aurait dû faire des films de Noël, Capra…
 
Au-delà de leurs scénarios, les films de Noël constituent en eux-mêmes un miracle : celui de ne ce cesser d'attirer un public, alors qu'en définitive ils racontent tous la même chose. On répondra sans doute que ce doux paradoxe n'est pas l'apanage des films de Noël : le fonds de commerce de tous les médias repose sur quelques thèmes éternels qu'ils ne cessent de ressasser. En grattant un peu, on pourrait en dire autant de bien des créations artistiques, littéraires ou cinématographiques, par exemple. Disons donc que, du côté des films de Noël, c'est particulièrement patent…
 
L'ÉTERNALITÉ DU MÊME
 
Cet éternel recommencement n'est sans doute pas étranger au succès de ces programmes.  À l'instar de la littérature feel good, qui raconte à peu près toujours la même histoire. La répétition d'une même structure narrative est la clé de voûte de l'univers des films de Noël. 
Chacun d'entre eux est différent, et pourtant pareil au même dans ses fondements et dans ce qui permet de l'identifier comme étant bien un film de Noël. Le réconfort qu'apporte le programme tient à son contenu, qui fournit le rassurant message selon lequel, finalement, à Noël, « rien n'est impossible » et la vie peut devenir belle. Happy ending obligatoire. 
Mais ce qui pousse à consommer ces films en binge drinking (et donc de les diffuser en linéaire de manière rapprochée) c'est que chacun apporte au spectateur et à la spectatrice sa dose de drogue quotidienne de bonheur de Noël. Le produit que l'on s'injecte ne change pas de jour en jour, voire de film en film le même jour. La mixture qu'on s'inocule est identique. On n'a pas de risque de s'y perdre. On sait (et on n'attend que cela) que l'on sera ému, qu'on versera une petite larme, voire plusieurs, mais qu'en finale, on ressentira comme une boule de chaleur gonfler au fond de sa cage thoracique lors des dernières scènes.
 
La simplicité du schéma canonique du film de Noël est véritable sa force. Il répond au profond besoin de ritualité qui rôde au fond de chaque téléspectateur. Par son fond et par le rythme de sa diffusion, il crée un rite associé à Noël devenu aussi indispensable à certaines personnes que décorer un sapin, boire un vin chaud au marché de Noël, dévorer des cougnous et des petits Jésus en sucre ou, parfois, assister à une messe de minuit.

UNE NICHE DE FIDÈLES

TF1 a intégré tout cela en noyant ses après-midi de téléfilms de Noël depuis le 31 octobre, à raison de deux doses par jour en moyenne, TMC étant chargé d'entretenir le dépendance par des rediffusions en matinée et sur le temps de midi (2). RTL-TVI, de son côté, se contente d'une injection quotidienne, en début d'après-midi.
 
Les audiences de ces programmes de daytime ne son pas extraordinaires. Mais elles se distinguent par la fidélité du public. Tout le monde n'aime pas les films de Noël, mais ceux qui les aiment les aiment. 
Le graphique ci-dessus réunit tous les films de Noël diffusés en daytime par RTL-TVI et TF1 et ayant été rendus publics par le CIM, càd faisant partie des 20 meilleures audiences de la journée. Raison pour laquelle la totalité des films diffusés n'y figure pas. On peut y voir que la plupart des audiences réalisées se situent autour de 100.000 téléspectateurs (ou téléspectatrices). Les films de Noël bénéficient d'une assise d'audience restreinte, mais solide.
Sur TF1, l'audience varie quelque peu selon les slots de diffusion:  il y a en général davantage de spectat·eurs·trices à la séance de 16h00 qu'à celle de 14h00. C'est aussi à l'injection de sérum de Noël de 16h00 que sont réalisées les meilleures audiences.
Pour RTL-TVI, on dispose de moins de données publiques. Bon nombre des films diffusés ne figurent pas dans le Top 20 journalier et donc n'ont pu être pris en compte ici. Ils auraient clairement fait chuter l'allure de la courbe, qui ne reprend donc que quelques audiences maximales. Parmi ces données disponibles, il n'y a qu'un téléfilm de Noël diffusé sur les deux stations (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en pas d'autres). Noël avec le témoin amoureux a été proposé sur RTL-TVI le 7 décembre et sur TF1 le 8. Dans les deux cas, le film figure dans les 20 meilleures audiences du jour, mais en fin de classement. Sur RTL, il a fait 104.000 spectatrices et spectateurs. Et sur TF1 près de 90.000.
 
UNE MISSION DE SERVICE PUBLIC?
 
Et la RTBF ? Si La Une n'est pas en reste, ce n'est que les après-midi de week-ends. Une bonne idée à la base, puisque ces jours-là les concurrents ne sont pas très Noël dans leur programmation. Hélas, il faut croire que le téléspectateur ne l'a pas compris. Ou que, plus vraisemblablement, le service public a mal communiqué là-dessus, comme souvent. Car il n'y a pas eu là de miracle de Noël. Seul un des téléfilms, diffusé le 11/12, figure dans un Top 20, avec 104.000 téléspectateurs. On sait que le public ne se comporte pas le week-end comme en semaine, mais ne pas réussir à attirer un volume d'audience à peu près similaire à ceux des concurrents en semaine pose une vraie question. Les accros de films de Noël ne peuvent sans doute pas imaginer que, sur sa chaîne premium, le service public estime utile d'en diffuser. Or, continuer à fournir aux drogués de films de Noël leur dose quotidienne, n'est-ce pas une mission de service public?

Côté primetime et grosses audiences, le film de Noël a moins la cote que lorsqu'il s'agit de remplir les grilles de l'après-midi. Un seul soir, un film de Noël a eu droit au primetime. Sur la RTBF, et sur TF1, qui en était le premier producteur. Un téléfilm bien français, tourné à Paris, et pas une production à la chaîne made in USA. Diffusé à 20h36 le 2 décembre sur La Une, ses deux épisodes ont réuni… 150.000 amateurs de mystères de Noël. Soit à peine plus qu'un bon téléfilm de Noël proposé en semaine à 16h00 sur TF1 (qui a diffusé le téléfilm en soirée le 13/12, avec moins de 97.000 téléspectat·rices·eurs belges au rendez-vous [3]). En vertu des données accessibles, nous ne savons pas ce que cette belle œuvre de Gilles Paquet-Brenner, rassemblant des stars comme Marie-Anne Chazel Max Boublil, Caroline Anglade ou Jarry, a fait comme audience en J+7.

Les films de Noël ne font donc pas l'unanimité. Mais, pour une partie du public, ils sont désormais devenus incontournables. Même si ceux de demain, ou d'après-demain, seront les mêmes que ceux d'hier ou d'avant-hier. Tout en étant un tout petit peu différents. Un peu comme les cases d'un calendrier de l'Avent.

Frédéric ANTOINE

(1) It happened one night (titre original) a recueilli les cinq principaux Oscars attribués à Hollywood en 1935.
(2) Paradoxalement, TF1 a coupé le robinet cette semaine, juste avant Noël, comme si le film de Noël devait précéder Noël mais jamais l'accompagner (plus stratégiquement, la chaîne diffuse désormais de films grand public l'après-midi, ce qui permet de ratisser plus large côté audience).
[3] Mais, en France, ce téléfilm a fait 3,59 millions de téléspectateurs, et a fait 26% de PDM sur les femmes de moins de 50 ans.

08 juillet 2021

DPG-Rossel: la raison cachée du deal de la décennie ?

 N'y aurait-il pas un enjeu caché derrière le rapprochement de Rossel et DPG dans le dossier RTL Belgium? Si tel était le das, celui-ci pourrait s'appeler IP Belgium. Une poule aux œufs d'or dont personne ne parle, mais qui peut expliquer bien des choses.
 
IP Belgium est une filiale à 99,9% de RTL Belgium. On ne cite quasiment jamais son nom dans le dossier du rachat du RTL Belgium, comme si "l'important", économiquement parlant, se trouvait du côté des chaînes de télévision et de radio. Or, d'un point de vue financier, la régie IP est bien plus intéressante que sa société mère.
 
Ces dernières années, IP a généré entre huit et dix millions d'euros de bénéfice par an. La moyenne annuelle du solde positif de la régie entre 2004 et 2020 est de 8.397.211 €. Comme le montre le graphique ci-dessus, ses résultats étaient plus élevés avant 2017 qu'après cette date. Cette année-là, les responsables de RTL Belgium ont en effet décidé d'arrêter la branche "magazines" des activités de la régie et l'ont recentrée sur l'audiovisuel. Ce choix a réduit le boni mais a tout de même permis à IP de rapporter encore pas mal d'argent (voir ci-après). Par ailleurs, chose combien appréciable et imprévue, 2020, année de tous les dangers suite à la covid, ne s'est pas trop mal terminée. IP a l'an dernier engrangé un bénéfice de plus de 7,29 millions €. Pas mal!, comme s'en sont eux-mêmes félicités les patrons de l'entreprise, rendant hommage au rebond d'achat d'espaces pub survenu en novembre et décembre 2020.
 
Pas comme RTL
 
Pas mal aussi au regard des résultats de RTL Belgium en tant que telle. En moyenne annuelle entre 2014 et 2020, la société belgoluxembourgoallemande avait produit un bénéfice de 5.457.275 €, et ce surtout grâce aux résultats des années 2014-2017. Depuis lors, le boni annuel de l'entreprise est en chute libre, malgré un léger rebond en 2019, dû aux "allègements" de charge en personnel produits par le plan Evolve.
 
La comparaison entre les bonis produits par les deux acteurs du paysage médiatique est frappante (1). Et explique ce que le rachat de la société mère et de ses filiales peut susciter comme intérêt. 
 

Si l'on cumule les bénéfices des deux entreprises, la part de IP dans les bénéfices gérés manifeste son importance. Sur la période 2014-2020, elle représente nettement plus de 60%, et cette proportion croît au fil des années pour atteindre 80% en 2020.
 
Dominant sur le marché
 
La situation de IP est incomparable par rapport à celle de RMB, la régie liée à la RTBF. Par rapport au bras publicitaire de RTL Belgique, celui de l'opérateur public est un petit poucet, au moins en ce qui concerne les bénéfices générés.
 
 
 
Si l'on cumule les bénéfices des deux régies, la part du total occupée par IP se situe ces dernières années entre 80 et 90%. Entre 2016 et 2020, le boni annuel moyen dégagé par la régie de l'opérateur publique n'atteint pas le million €. Le bénéfice de IP est près de 8 fois plus important. En 2020, la différence entre les apports des deux régies est plus forte encore puisque, contrairement à la régie de RTL, largement bénéficiaire, celle de la RTBF a, elle, été déficitaire. Ce qu'elle n'est d'ordinaire jamais, évidemment.

Dans le même tiroir
 
Le périmètre des activités de la RMB, plus étroit que celui de IP explique en partie cette situation, et ce même si le champ de cette dernière a, lui, aussi été réduit à l'audiovisuel en 2017 (2). Le petit organigramme ci-dessous permet de mesurer l'ampleur de la variété des supports pour lesquels IP peut prospecter et proposer du placement publicitaire. RTL n'est pas, et de loin, le seul client de IP. En télévision, le pari d'être aussi la régie de TF1 et de TMC permet de faire tomber dans la caisse de RTL Belgiqque les recettes perdues par TVI et consorts et venant de la pub sur les chaînes françaises. Idem en radio: lorsque Nostalgie dépasse les radios de RTL en audience, no problemo pour RTL Belgique. La radio "oldies" étant aussi dans le portefeuille de IP, les recettes ne provenant pas de Bel et allant à Nostalgie restent dans le même tiroir…

Non content de ratisser large en francophonie, IP est aussi présent, en radio, du côté flamand. Même si son rayon d'action est plus réduit en Flandre, la régie peut donc être considérée comme bicommunautaire, ce qui a dû plaire à DPG, qui gère déjà la pub sur les réseaux privés de radio qu'il possède. Avec le rachat de RTL, le voici aussi indirectement à la manœuvre pour d'autres réseaux et radios flamands, dont Nostalgie et Family Radio. De quoi contrôler une bonne part le marché.
 
Poule wallonne ou coq flamand?
 
Posséder IP constitue donc bien un des enjeux du rachat de RTL Belgium. A la fois par l'important retour sur investissement que la régie fournit à ses propriétaires, mais aussi par l'apport qu'elle fournit à DPG dans le cadre de sa domination des médias audiovisuels en Flandre. 
L'avenir déterminera si le deal de la décennie ne vise pas à déplumer cette poule aux œufs d'or au profit d'un coq de poulailler flamand, plus imposant encore. Ou si l'intention est simplement de rendre la poule IP toujours plus productive, tout en la laissant pondre comme sans lui tordre le cou.

Frédéric ANTOINE.
 

(1) Nous nous permettons cette comparaison car, dans les comptes de RTL Belgium tels que déposés à la BNB, rien n'indique que ceux-ci sont consolidés, contrairement à ceux d'autres acteurs du paysage médiatique belge, comme Rossel par exemple.
(2) Mais on doit noter que la RMB a dans son portefeuille quelques sites liés à des organes de presse magazine, comme Paris-Match.be, par exemple. 


 


28 juin 2021

RTL BELGIUM: ROSSEL AU PAYS DE L'AUDIOVISUEL


Que faire encore quand on a déjà tout ce qui relève de son core business? Eh bien, investir ailleurs, quitte à entrer dans une jungle dont on ignorait à peu près tout. Rossel co-propriétaire de RTL Belgium, c'est un peu Rendez-vous en terre inconnue au pays des grands fauves.

Le RTL Group, DPG et Rossel ont confirmé ce lundi 28 juin au matin quel serait le futur RTL Belgium. Les supputations émises la semaine dernière sont donc confirmées. RTL Belgium is back to home, pour autant que son véritable "home" ait un jour été belge et non luxembourgeois. Demain, ses chaînes de télévision n'échapperont plus à la tutelle du CSA, et s'il vient encore à l'idée d'un·e ministre de distribuer de l'argent entre les médias de la francophonie belge, la société sera automatiquement comprise parmi les bénéficiaires.

Au niveau de la petite Belgique, ce rachat était en somme la seule solution restante pour sauver le soldat RTL. Seulse les deux plus grandes entreprises médias du pays avaient les épaules suffisamment larges pour décider de se mettre un tel fardeau sur le dos. Et ce même si, comme le rappelle L'Echo, la société est finalement plutôt en bonne santé. Et même si, comme personne ne le mentionne ou presque, ce sont surtout les bons chiffres de la régie IP qui assureront un intéressant retour sur investissement pour les copropriétaires.

Le banquet des ogres

Ce rachat est aussi l'aboutissement logique du processus de concentration des médias à l'œuvre dans tous les pays occidentaux, et auquel la Belgique n'échappe pas. Depuis une vingtaine d'années, le paysage médiatique belge se ratatine d'année en année, au nord comme au sud. Si le nombre de médias (ou de marques médias) ne diminue pas vraiment, le nombre d'opérateurs ne cesse, lui, de se réduire. Tant et si bien que les indices de concentration des médias belges sont devenus alarmants (comme ils le sont aussi ailleurs). Dans un paysage où, au Nord comme au Sud, la diversité s'est réduite à deux acteurs, que reste-t-il d'envisageable?

Des deux côtés du pays, le plus gros des acteurs de la scène des médias privés a racheté tout ce qui relevait de son core business, ancré dans les publications de presse et dont le berceau est l'édition de presse quotidienne. Ayant à peu près tout absorbé, tout en laissant de côté une partie du marché des périodiques, ces opérateurs ont, dans un premier temps, été voir ailleurs. C'est ainsi que DPG est devenu l'ogre de la presse hollandaise, mais a aussi un pied au Danemark. Rossel est parti à la conquête de la presse régionale française, secteur où ses avoirs dépassent en valeur ce qu'il possède en Belgique. Mais on ne peut pas dire que la campagne de France a été une grande victoire. A de nombreuses reprises, tout a été fait pour que l'entreprise belge rate le coche. Dame, en France, on préfère les acteurs belges plutôt que les investisseurs belges… 

L'audiovisuel par défaut

Le marché de l'écrit un peu arrivé à saturation, que restait-il, sinon l'audiovisuel? DPG y était de longue date, associé dès le début à la naissance de VTM (comme tous les éditeurs flamands) puis étant longtemps resté copropriétaire de Medialaan, avec Roularta. Jusqu'à ce qu'il décide de devenir leur seul actionnaire de cette société qui rassemble la plus grande partie de l'audiovisuel privé flamand (tv+réseaux de radio). Rossel s'est bien lancé dans la radio privée dès que celle-ci a paru devenir un marché intéressant pour les groupes de presse, dans les années 1980. Mais, comme d'autres éditeurs, la société avait alors vite compris que faire de la radio, ce n'était pas comme éditer un journal. C'est ainsi qu'il a accepté de céder ses fréquences à la société qui s'est mise sur pied pour créer Bel RTL et absorber radio Contact. En télévision, Rossel a participé comme les autres éditeurs au deal Audiopresse, naïvement imaginé par l'Etat francophone afin de 'compenser' la perte de revenus publicitaires pour la presse lors de l'autorisation dans le sud du pays d'un opérateur privé, en 1986-1987. Un beau cadeau puisque, ce fameux gâteau publicitaire, RTL Luxembourg le grignotait déjà depuis des années. Son 'arrivée' sous l'étiquette TVI n'a donc pas vraiment bousculé la presse, mais elle lui a permis de s'associer sans investir dans la télé privée. Sans investir enfin pas tout à fait. Au début, les groupes de presse ont vraiment été associés à l'éditorial chez RTL Belgium. Mais là aussi il est vite paru que faire de la bonne info de presse n'était pas identique à faire de la bonne info tv. Les éditeurs ont donc touché des dividendes sans rien faire. Et sans rien apprendre.

 "Un" nouveau géant

Et voilà qu'aujourd'hui, Rossel devient le (co)patron d'une entreprise qui édite de la télévision, de la radio, et des contenus audiovisuels en ligne… Alors que DPG a, lui, les mains dans le cambouis depuis des années. On ne peut sans doute pas comparer Rossel à Alice au pays de l'Audiovisuel, mais l'union entre les deux plus grands acteurs médiatiques privés belges n'a-t-il pas un peu du conte du Petit chaperon rouge? Le titre du Soir, journal de référence du groupe Rossel, annonçant  ce 28/06 la naissance d'"un nouveau géant des médias en Belgique", donne une clé de lecteur de l'ensemble: ce n'est pas tant le rachat de RTL Belgium qui importe que la constitution d'un groupe "national" de médias audiovisuels privés, rassemblant à la fois des médias du nord (ceux de DPG) et du sud (propriété de PDG+Rossel). L'immense spécialiste du marché publicitaire des médias Bernard Cools ne s'y trompe pas lorsqu'il note, dans Le Soir, que le nouveau "groupe" proposera une offre publicitaire conjointe couvrant tout le pays. Et le spécialiste de parler de "fusion" de la régie  IP avec celle de DPG, et parle de "du jamais vu" en Belgique.

Le rachat de RTL Belgium paraît donc comme la part visible d'un iceberg qui pourrait voir fusionner les médias audiovisuels privés du nord et du sud. Ce qui serait, là aussi, du jamais vu. Une sorte de retour au "monde d'avant" (la fédéralisation). Comme si, lorsqu'il s'agissait de lutter contre les GAFAM, les divergences linguistiques et culturelles retournaient au vestiaire. Une bonne chose? A condition que ce grand deal dont on parle aujourd'hui serve bien tout le monde. Et qu'il n'ait pas comme premier grand but de sauver l'audiovisuel privé flamand face aux plateformes, mais aussi face à Telenet, qui n'est jamais que la filiale belge du groupe US Liberty Global.

Alors, dans tout cela, quel poids aura Rossel, et quel rôle sera confié à l'ex-RTL Belgium? L'article du Soir, très bien informé, parle de synergies profitables dans de nombreux domaines. En vertu de ce qui vient d'être évoqué, il faudra probablement vite se demander: profitable oui, mais pour qui d'abord?

Frédéric ANTOINE.

 

23 juin 2021

RTL : BELGIUM STANDS ALONE

Demain, RTL Belgique ne sera finalement pas associé à  RTL Nederland. John de Mol a raflé la mise à DPG. L'avenir de TVI sera donc uniquement belge. Plus que jamais, il faudra que "Eendracht maakt macht" (L'union
fait la force).  (1)

Un aimable (et compétent!) lecteur de ce modeste blog, que je remercie, m'a transmis hier soir une information du Hollywood Reporter selon laquelle RTL Nederland tomberait dans l'escarcelle de John de Mol (cocréateur de la télé-réalité) et de son groupe Talpa, déjà bien implanté aux Pays-Bas autour de la marque Veronica (2). Bref, comme l'écrit le média américain, de Mol a comme but de créer un "Dutch Tv Giant" à l'image de la fusion M6-TF1. Adieu donc l'hypothèse évoquée ici ce 22/3 de voir DPG remporter la mise sur le sol batave et ainsi parvenir à constituer un petit empire audiovisuel belgo-hollandais à dominante flamande.

Qu'à cela ne tienne, le royaume audiovisuel privé dirigé par DPG, et dont Rossel sera en quelque sorte le vassal, ne sera donc "que" belge. Le Hollywood Reporter pourra peut-être bientôt titrer que l'ancien Persgroep a participé au rachat de RTL Belgium afin de constituer un "Belgian Tv Giant" noir-jaune-rouge, c'est-à-dire transcommunautaire. Sauf que, dans un petit pays même "réunifié", le poids de la "forteresse belge" vis-à-vis des géants du monde des plateformes en ligne restera toujours infime. Et encore plus difficile à protéger des attaques ennemies. Les rapprochements stratégiques entre les médias du groupe VTM et ceux de l'ex-RTL Belgique deviendront donc de plus en plus impératifs.

 Panique en cuisine

Tout cela sous le regard de TF1 et de M6 qui tireront une partie des ficelles de ce petit théâtre belgo-belge auquel ils ont vendu, pour un temps limité, les licences d'exploitation de certains de leurs programmes. La durée de ces contrats terminée, à moins de les renouveler à prix d'or, les opérateurs français n'ont pas intérêt à accepter de les prolonger. Idem pour les accords de diffusion sur RTL Belgium de très nombreux programmes du groupe M6. Bien sûr, tout cela n'est pas pour demain, et ne surviendra pas avant que soit validée et réalisée la fusion TF1-M6. Mais, dans deux à trois ans, que pourront faire les petites chaînes belges sans Top Chef (3), Un diner presque parfait, Les reines du shopping, Panique en cuisine, Le meilleur pâtissier, Recherche maison ou appartement, Maison ou appart à vendre, Chasseur d'apparts… pour ne citer que les plus récents ou récurrents. Faire un petit tour sur RTL Play est plus qu'instructif pour relever la liste de toutes les productions que TVI, Club et Plug 'empruntent' à M6, mais aussi au groupe TF1. On n'ose imaginer le même RTL Play le jour où l'opérateur belge n'en aura plus les droits. Quant aux scores d'audience des émissions, il en prendra lui aussi un coup. Hormis Top Chef, ce sont plutôt les versions belges de formats aussi diffusés sur M6 qui occupent le Top 10 des audiences annuelles de TVI. Mais, en 2019 par exemple, des productions françaises trustaient presque tout le Top 10 de Plug…

Vases communicants

Alors, derrière tout cela, peut-être faut-il chercher ailleurs pour comprendre. Par exemple du côté de la régie IP, filiale à 99,99% de RTL Belgium, mais qui est la véritable vache à lait. Et dont on ne parle jamais. Non seulement elle pourrait constituer le véritable enjeu des opérations actuelles. Mais, à terme, elle pourrait contenter tout le monde. Déjà à l'heure actuelle, elle réalise le paradoxal exploit d'être à la fois la régie des chaînes de RTL Belgique et de TF1 Belgique, qui est leur concurrent direct. Ce que TVI et consorts perdent en spots pubs au profit de TF1 revient donc, au moins en partie, dans la bourse du groupe via IP. Pourquoi, demain, la régie ne deviendrait-elle pas aussi celle de M6 Belgique, si "la petite chaîne qui monte" parisienne en venait à décider de s'implanter aussi en Belgique? Ce serait finalement une bonne affaire, même si cela ne résoudrait pas la question de "comment remplir les grilles".

Ah, le principe des vases communicants, il n'y a que cela de vrai. Du moins tant que les tuyaux entre les vases ne se bouchent pas… 

Frédéric ANTOINE.

(1) Titre de l'article posté hier 22/06/2021.

(2) Oui, celle de la radio pirate éponyme qui sera ensuite un des piliers des médias publics hollandais avant de s'en retirer pour devenir un opérateur privé.

(3) Déjà actuellement diffusé sur RTL-TVI avec 5 jours de retard par rapport à M6…


06 février 2021

TFI : COMMENT, SOUS UN PRÉTEXTE MENSONGER, METTRE DES « STARS À NU »


Des "stars" qui se montrent nues afin d\"inciter les téléspectateurs… à accepter d\"en faire autant chez le médecin lors d\"un dépistage du cancer de côlon: tel est le louable pitch de Stars à nu, diffusé ce vendredi 5/2 sur TF. Mais quel motif hypocrite pour diffuser en primetime un programme un peu voyeur! En effet, pour dépister le cancer du colon, on ne se dénude pas devant un médecin. En tout cas, pas à l\"état conscient.

Il n\"y a qu\"un moment où, dans Stars à nu, on dit la vérité: quand un médecin vient y expliquer aux "stars" participant au programme ce qu\"est le cancer du côlon et comment on le débusque. Il précise ainsi la première étape: un test à mener chez soi sur un échantillon de selles afin d\"y repérer l\"éventuelle présence de sang. Un test immunologique proposé à tous les Français de plus de 50 ans (en Belgique, ce test n\"est pas généralisé). Et il ajoute bien que, Si ce test s\"avère positif, le médecin traitant invitera son patient à faire une endoscopie. 

Soyons clair. L\"endoscopie se pratique en hôpital de jour. Préalablement a lieu un premier rendez-vous avec un gastro-entérologue, où on ne se déshabille pas du tout, mais où le médecin définit l\"utilité de l\"examen et ses modalités pratiques. Il y a ensuite un contact avec un anesthésiste, comme cela se passe avant toute intervention hospitalière. Là non plus, on n\"enlève pas le moindre vêtement. Enfin, le jour J, on est admis en hôpital de jour, on a accès à une chambre où une infirmière donne au patient une chasuble qu\"il portera pendant l\"examen, et l\"invite à la revêtir un fois qu\"il se sera déshabillé, bien sûr en son absence. Ensuite, l\"anesthésie commence, le patient s\"endort… et quand il se réveille, il est de nouveau dans sa chambre, l\"endoscopie est terminée. Il a devant lui une petite collation pour le remettre d\"aplomb (car avant l\"endoscopie, il a dû prendre pendant plusieurs jours d\"horribles boissons pour se vider les intestins, et n\"a rien pu manger depuis la vielle). Il se rhabille, seul. L\"infirmière vient voir si tout va bien, le chirurgien passe donner des nouvelles. Et le patient s\"en va avec la personne chargée de le ramener chez lui.

Nu? Jamais devant le médecin

Voilà, c\"est tout. Quand est-ce que, pour prévenir du cancer du côlon, on doit se mettre nu devant un médecin? Ja-mais. Jamais ! Le seul moment où l\"on se déshabille, c\"est, comme pour toute intervention en hôpital avec anesthésie générale, avant de "passer sur billard", si l\"on peut dire. A aucun moment, on ne doit retirer ses vêtements devant un médecin. La justification de ce show du vendredi soir est donc un prétexte, qui plus est fallacieux, pour faire croire que quelques "stars" ont des complexes à se montrer nues devant des caméras. Ah, la pudeur, que ne ferait-on pas en son nom!

A la fin de l\"émission, dans un cabaret parisien non cité, et devant un public dont on se demande bien comment il a été invité à cela, les "stars" prestent enfin leur petit numéro de danse puis enlèvent le haut, puis le bas. Au public, ils osent enfin montrer "tout" montrer, y compris leur virilité. Hélas, les téléspectateurs et les téléspectatrices n\"auront droit qu\"à leurs fesse s: la caméra ne montrera  les héros que de dos. L\"honneur est donc sauf, et chacune des stars se félicitera d\"avoir ainsi convaincu le public de désormais accomplir un petit striptease chez le médecin quand il viendra y pratiquer un test contre le cancer du côlon. Tous ces super-héros du nu, ainsi que la présentatrice dévouée de l\"émission, le diront en substance à l\"antenne: "Cela a été dur! Mais si ce que je fait ne peut sauver qu\"une vie, je suis content!" Sauf que, si les Français se montrent ainsi nus à leur médecin, ce n\"est jamais de la sorte qu\"on pourra savoir s\"ils ont ce cancer. Seul le chirurgien du côlon, souvent affairé derrière ses écrans, aura peut-être l\"occasion d\"apercevoir un peu des fesses du patient, cachées sous la toile du champ opératoire…

Des fesses de stars pour tout le monde

Mais ça aura fait une bonne soirée de télé, un peu trash rien que par le titre, mais devenue un service public indispensable grâce à son faux motif. En prétendant motiver les troupes se tous ces mâles qui n\"osent jamais se mettre à nu (comment font-ils dans les douches, après un match ou un entraînement sportif?). Et, surtout, en apportant un peu d\"image de virilité(s) au public féminin pour qui, in fine et sans le dire, est bien sûr prioritairement destiné ce show, comme tous les primetime de TF1.

Soyons de bon compte: l\"an dernier, le même programme évoquait la nudité et le dépistage du cancer de la prostate. Là, effectivement, cela peut jouer un rôle. Mais faut-il convoquer tous les cancers sous prétexte de pouvoir montrer des "stars" à poils à la télé? Ah, justement, la semaine prochaine c\"est au tour des dames de passer dans le programme. Des "star(e)s" vont aussi se mettre à nu, cette fois pour convaincre les femmes de se dénuder chez leur médecin pour se prévenir du cancer du col de l\"utérus. Car, bien sûr, aucune femme ne se dénude, même partiellement, actuellement chez son gynécologue. Celui-ci ne fait que les auscultes à distance. C\"est bien, connu. Merci donc à l\"émission, qui convaincra enfin les femmes de montrer leur sexe à leur médecin, au terme d\"un striptease suggestif!

Allez, TF1, ne cache pas tes programmes pseudo-lestes par de beaux motifs. Les appeler par leur nom serait plus simple, et plus honnête. Ce qui sauverait des vies face au cancer du côlon, c\"est de convaincre les gens de faire, chez eux, un test de selles. Là se trouvent les vraies réticences du plus grand nombre. Mais ça, évidemment, c\"est beaucoup moins sexy…

Frédéric ANTOINE

05 janvier 2021

Bilan TV 2020: l'audience différée profite à TF1 et aux télé-réalités. Mais aussi à Questions en Prime

En tenant compte de l'audience jusqu'à sept jours après après la diffusion linéaire, le Top 2020 (1) des audiences télé ne change pas fondamentalement: ce sont toujours les Jt qui ont eu la cote l'année passée. De même que Questions et Prime. Mais, hormis l'info quotidienne, ce sont Les enfoirés, L'amour est dans le pré, Mariés au premier regard ou Top Chef, qui ont été pas mal regardés après leur jour de diffusion.

Les Jt, même spéciaux, ça ne se regarde pas beaucoup après leur jour de diffusion. Normal : l'info se périme vite, donc la date de validité de chaque Jt est fort proche du moment de sa production. Comme les Jt avaient cartonné en audience J+1, ils font évidemment la même chose en J+7. On retrouve dès lors dans ce Top annuel un classement identique à celui des audiences (presque) en temps réel, avec la domination des Jt et des éditions spéciales, et une présence de Questions en prime.

Conséquence logique de ce qui précède, les différences entre les scores d'audience J+1 et  J+7 sont presque nuls (2), et en tout cas sans réelle signification.

Si l'on enlève le Jt mais que l'on conserve Questions en prime (et en tenant compte de la remarque méthodologique faite à la note 2), on retrouve de nouveau une situation à peu près comparable en J+7 et J+1: la plupart des mêmes émissions ont dans les deux cas réalisés des scores fort proches. (3)
 
Enfoirés et télé-réalités 
 
 Si l'on retire Questions en prime, la situation change quelque peu.
On voit en effet entrer dans le classement des meilleures audiences un programme de TF1 (Les enfoirés), et des émission de RTL-TVI (L'amour est dans le pré et Mariés au premier regard) qui ne figuraient pas dans le Top 20 que nous avions réalisé sur les audiences J+1, ou comme Top Chef, qui n'était présent qu'à une occasion dans le classement J+1, et qui occupe ici de nombreuses places. 
Le film Ni juge ni soumise, diffusé par la RTBF, n'aurait pas tout à fait dû figurer dans ce graphique, car il occupe la 21e place de ce classement, mais nous l'y avons intégré pour son caractère très significatif pour une analyse des usages d'audience entre J+1 et J+7. Comme Les enfoirés ou les télé-réalités de prime time de RTL-TVI, ce film n'a pas réalisé des audiences remarquables au moment de sa diffusion tv ou des heures qui ont suivi. C'est sur la distance que son auditoire a crû. Les enfoirés ou Ni juge ni soumise sont de vrais programmes de stock : on pourra encore les regarder plusieurs semaines, voire plusieurs mois après leur diffusion, ils n'auront pas pris une ride. Ce n'est pas tout à fait la même chose des télé-réalités et ses variantes de type 'compétition' de RTL-TVI et M6 dans la mesure où il ne s'agit pas là d'œuvres uniques, mais bien de prototypes reproduits au cours de de plusieurs épisodes. Leur échéance de validité de vision se situe donc bien quelque part : à la fin de leur semaine de diffusion, avant l'arrivée de l'épisode suivant.
Le programme qui bénéficie le plus de ce gain d'audience différée est sans conteste le grand show annuel de divertissement de TF1 au profit des Restos su Cœur, qui récolte au-delà de 200.000 spectateurs de plus en différé par rapport à sa diffusion linéaire. Résultat d'autant plus marquant que ce programme a été émis avant le confinement. Idem pour le portrait de la juge bruxelloise Anne Gruwez par Jean Libon et Yves Hinant, qui gagne près de 150.000 personnes au cours de la semaine qui suit sa diffusion. L'amour est dans le pré (2 épisodes à + 100.000 spectateurs), par contre, a été diffusé lors de la fin du second confinement, et en période de post-confinement. Marié au premier regard et Top Chef sont, eux, des programmes du premier confinement. Tout comme le show de François Pirette, dont nous avions relevé la relativement moyenne performance lors de sa diffusion linéaire, et qui remonte ici dans le classement. Les magazines d'info de RTL-TVI ne comptabilisent qu'une audience supplémentaire assez limitée, de même que la série docu-fiction Appel d'urgence. Quant aux matchs de foot, on les regarde très peu après coup. C'est bien sur le vif que l'émotion de l'exploit captive le spectateur.
 
Frédéric ANTOINE.

 

(1) Pour le J+7, l'analyse n'a comptablisé les résultats que jusqu'au 22/12. Pour rappel, il en est à peu près de même pour les J+1

(2) L'étude ayant été menée à partir des résultats publics du CIM, elle repose pour le J+7 sur le classement des meilleurs résultats hebdomadaires, dans lesquels ne sont retenus pour les émission quotidiennes que leur meilleur score sur la semaine. Pour les Jt, ce défaut méthodologique est compensé en partie par le fait que les éditions spéciales sont comptabilisées séparément. Toutefois, comme le démontre le graphique, il y a des jours pour lesquels la comparaison est impossible, et qui ne figurent donc pas dans le premier graphique présenté dans ce texte.

(3) Pour les commentaires, cf. un article précédent analysant ce type d'audience.

02 janvier 2021

Bilan Tv 2020 : hors info, RTL TVI truste les premières places

 L'info a dominé les audiences 2020, nous l'avons déjà écrit (1). Mais si l'on retire les Jt, quelles ont été les meilleures audiences de l'année? Outre l'émission Questions en prime, qui est sa doute "la" révélation de ces derniers mois, le foot et les magazines de RTL ont attiré le plus de public. Sans Questions en prime, les audiences se diversifient. Et la chaîne privée emporte la mise.

C'est un peu l'OVNI télévisuel de 2020, cette émission Questions en prime, programme entre le talk-show et l'émission-service, à durée variable d'édition en édition et à la programmation elle aussi instable selon les jours de la semaine et les périodes. Mais toujours avec le même journaliste-présentateur immuable, tellement bien installé dans le programme qu'il a ensuite aussi présenté le JT, sur le même ton que celui de 'son' émission spécial Covid. Déjà, dans notre Top 20 des audiences de tous les programmes de l'année (2), Questions en prime figurait sur la liste. Si l'on retire de ce relevé les JT, qui trustaient ce classement exhaustif, le succès du programme se confirme. Preuve d'une attente constante du public pour de l'info pratique et concrète à propos de la pandémie.

Questions en prime occupe 8 places parmi les 20 émissions hors JT les plus regardées en 2020 (3), c'est-à-dire ayant comptabilisé plus de 650.000 téléspectateurs. La plupart de ces bons scores sont réalisés pendant le premier confinement, mais on relève aussi parmi ce Top 20 deux émissions de fin octobre.  Il faut par ailleurs pointer les deux éditions de Jeudi en Prime, programme qui lui aussi suit la diffusion du Jt du soir, et dont les éditions du 22/10 et du 5/11 ont, elles aussi, réalisé de fort bons scores (interviews de la ministre Caroline Désir et du président de l'Absym Philippe Devos). Ces programmes quasiment imbriqués dans le Jt de La Une mis à part, la RTBF ne réalise qu'un seul autre score de Top 20 : pour la diffusion d'un match de foot de l'équipe nationale. Au total, la chaîne publique occupe 11 des 20 meilleures audiences…

RTL-TVI (en rouge sur le tableau) a l'habitude de faire suivre son Jt de 19h30 de magazines d'info diversifiés. Dans ce classement, Face au juge confirme ses succès antérieurs, en plaçant 3 éditions dans le Top 20, lors des trois semaines de mars marquant le début du confinement. Un numéro de Enquêtes, daté de fin mars, figure aussi dans ce hit-parade des audiences, de même que l'originale émission Belges à domicile, que la chaîne avait initié en début de premier confinement etQuestions en prime et où se jouait de belle manière la complicité entre le public à domicile et les animateurs de la station, eux aussi confinés (4). Deux matchs de foot des Diables complètent le tableau.
 
RTL-TVI presque partout

Si on retire de ce classement le "cas" que constituent Questions en prime et Jeudi en Prime, la configuration du jeu se modifie fortement : la RTBF (en bleu) disparaît quasiment de ce nouveau Top 20, dont presque toutes les places sont trustées par la chaîne privée (en rouge).
Dix-huit places sont 20 reviennent alors à RTL-TVI, à la fois pour ses magazines post-Jt (Face au juge [4] et Enquêtes [5]), mais aussi pour des programmes de prime time de type rélé-réalité (Top Chef [2] et la sérié docu-réalité Appel d'urgence), pour un divertissement : le show de Pirette. La première audience de ce classement est occupée par un match de foot, et la chaîne réussit à placer cinq émissions du même type dans ce Top 20.

Un peu mieux qu'en 2019, covid oblige
 
Ces résultats sont-ils exceptionnels? Impossible bien sûr de faire une comparaison pour Questions en prime et Jeudi en Prime. En 2019, Face au juge figurait aussi dans les meilleures audiences de l'année (en 5e place), avec 747.800 spectateurs (J+7). Cette année, même en mesure J+1, son meilleur score est plus élevé : 776.876 personnes. Il y a un an, la meilleure édition d'Enquêtes avait attiré 598.000 personnes (J+7). Cette fois, le score le plus haut du magazine en J+1 est déjà de 704.797, soit plus de 100.000 spectateurs de plus (et ce, donc, sans compter les visions différées). L'épisode le plus regardé d'Appel d'urgence (J+7) s'élevait à 638.300 spectateurs.  Cette année, en J+1, le résultat est un peu plus faible: 604.950. Si l'on regarde les chiffres J+7, cette audience monte en 2020 à 617.637 personnes. Soit toujours moins que l'année précédente. François Pirette, qui ne figurait pas en 2019 dans le Top 20 du CIM, avait alors accueilli 564.700 spectateurs (J+7) à son meilleur show. Cette fois, en plein confinement et en mesure J+1, il a fait un tout petit peu mieux en rassemblant 585.286 amateurs et amatrices de son humour. Mais son spectacle s'est fortement rattrapé en audience différée : en J+7 son show 2020 compte au total 639.879 spectateurs, au-delà 50.000 de plus par rapport à l'année précédente.
 
Ces bons scores 2020 ont évidemment été boostés par la covid. Les émissions dont l'audience 2020 est plus faible que par le passé peuvent donc être considérées comme de véritables échecs.
 
Frédéric ANTOINE


(1) Voir texte du 31/12/2020.

(2) Idem.

(3) Mesure audience J+1, avec arrêt du comptage au 29/12.

(4) Pour rappel, ce programme court a peut-être réalisé d'autres très bonnes audiences mais sa durée étant variable, le CIM n'a pas pris en compte les programmes courts.

(5) En 5e place selon le classement CIM qui n'applique pas la même méthodologie.

31 décembre 2020

L'info en tête de toutes les audiences en 2020. Petit classement par chaîne

 C'est l'info qui a réalisé les meilleurs scores d'audience tv toutes catégories cette année en Belgique francophone, crise de la covid oblige. Plus d'un million de personnes ont suivi l'émission ayant eu la plus forte audience. Avec La Première-RTBF sur la première marche du podium. Cela faisait longtemps qu'un Jt n'avait pas rassemblé le plus grand nombre de téléspectateurs. Petit regard général, et chaîne par chaîne.

En 2020, les vingt meilleures audiences de la télévision en Belgique francophone (1) concernent toutes des journaux télévisés du soir de La Une et de RTL-TVI. Le Jt de La Une du 17 mars, moment du premier Conseil National de Sécurité (CNS) annonçant l'entrée en vigueur du premier confinement, bat tout les records, avec près 1.063.000 spectateurs (live+J+1), et près de 1.067.000 si l'on tient compte de l'audience différée J+7. Les autres audiences les plus importantes des Jt dépassent les 900.000 spectateurs. Dans ce Top 20, si les infos de la RTBF occupent les deux premières places, elles ne représentent au total que 7 meilleurs scores (en bleu sur le graphique) sur 20, alors que RTL-TVI en compte 13 (en rouge sur le graphique).

Les deux Jt les plus suivis (sur la RTBF) sont ceux des deux jours-clés de l'année. L'audience la plus élevée est celle du soir du premier CNS. Le deuxième score est celui du 30 octobre, soit lors de la conférence de presse du Comité de concertation qui annonce la mise en œuvre du deuxième confinement. Mais, ce 30 octobre mis à part, toutes les audiences les plus élevées de l'année se situent lors du premier confinement. Dans ce Top 20, on ne retrouve qu'un seul autre Jt lié au deuxième confinement : en 17e position, celui de RTL-TVI, le 4 novembre.

Une bonne première audience, mais…
 
Depuis les décennies, les Jt réalisent toujours de très bonnes audiences en Belgique francophone, et se placent le plus souvent en tête des audiences journalières. D'ordinaire, ils ne sont parfois détrônés que par l'un ou l'autre blockbuster, le spectacle d'un humoriste
 local ou un événement sportif à portée nationale. Dans les cases de tête 2020, ce n'est pas le cas (2). Afin de réaliser une comparaison équitable, nous avons situé l'audience J+7 de l'émission la plus regardée en 2020 par rapport aux meilleures audiences relevées par le CIM dans ses classements annuels antérieurs.

Même si le Jt du jour d'entrée en confinement a cette année rassemblé un nombre impressionnant de spectateurs, il ne constitue pas la meilleure audience de la décennie. Entre 2010 et 2020, ce sont les retransmissions de compétitions footballistiques qui ont, le plus souvent, réuni le plus grand nombre de spectateurs. Outre plusieurs matchs de foot, même la première diffusion du film Bienvenue chez les Chtis sur RTL-TVI a fait mieux que le Jt du 17/03/2020. Ce n'est qu'à trois reprises que l'info a occupé la première place des audiences de l'année selon le CIM : en début de décennie, en 2011 et 2012 (avec des Jt de RTL-TVI) et cette année.  

Par ailleurs, même si le Jt de La Une du 17/03 est en tête du classement en nombre de spectateurs, il n'avait réalisé 'que' 48% de parts de marché, alors que les années où le Jt de RTL-TVI était en tête des audiences, il comptabilisait 50% de PDM, soit moins que les films de Dany Boon (entre 55 et 60% de PDM) et, bien sûr que la plupart des matchs de l'équipe nationale. Mais davantage aussi que Guihome, dont le show n'avait réussi à attirer 'que' 40% de l'auditoire présent (ce qui n'était toutefois pas mal pour quelqu'un d'encore inconnu quelques dizaines de mois plus tôt).

Chaîne par chaîne…

Sur La Une, 9 des 10 meilleures audiences 2020 (J+1) sont réalisées par des Jt et des éditions spéciales du Jt, la dixième place ayant été obtenue par l'édition du magazine covid Questions en Prime du 24 avril.

Hormis l'édition spéciale du Jt du 30/10, tous ces autres résultats ont été obtenus lors du premier confinement.

Sur RTL-TVI, même topo que sur La Une. Là aussi, les meilleures audiences  (J+1) sont celles du Jt de 19h, une seule édition spéciale de ce Jt figurant dans le Top 10, celle de la veille de l'annonce du confinement lors du CNS du 17 mars.
8 des 10 meilleures audiences sont liées au premier confinement. En 8e et 10e place du classement, on compte deux Jt d'automne: ceux des 28/10 et 4/11. 
 
Cet intérêt pour l'info est bien sûr l'apanage des deux chaînes premium du paysage audiovisuel belge francophone. Mais pas que: sur TF1, les Wallons et les Bruxellois ont pas non plus boudé l'info. Toutefois, ce n'est pas dans ce domaine que la version locale de la chaîne française a attiré le plus de Belges.
L'audience (J+1) 2020 la plus élevée de TF1 en Belgique est en effet, comme souvent, celle des… Enfoirés, dont il faut souligner que la diffusion a eu lieu avant le début du premier confinement. On n'ose imaginer quelle quantité de fans le programme aurait comptabilisée si l'émission avait été proposée après le 17 mars. Derrière ce show devenu culte même auprès des jeunes adultes, le Top 10 des audiences de TF1 se concentre uniquement autour des deux séries de Koh-Lanta proposées cette année. C'est la série diffusée lors du premier confinement (L'île des héros) qui occupe le plus de places dans ce Top 10 : 6 contre 3 pour les 4 Terres, programmé pendant le deuxième confinement. Les audiences des 4 Terres sont aussi en règle générale moins élevées que celle des Héros, qui remettait en selle certains 'aventuriers' célèbres.

2020 a été marquée par un changement de dénomination de La Deux, supposé correspondre à une redéfinition du contenu de la chaîne.
Si l'on associe dans un continuum La Deux puis Tipik, les meilleures audiences des deux dénominations sont plutôt… du côté de La Deux (7/10). La plupart des résultats de ce Top 10 sont liés à l'émission Le grand cactus, que celle-ci soit diffusée sur La Deux (4) ou sur Tipik (3). Si la deuxième meilleure audience de l'année pour la chaîne est celle du Grand cactus spécial confinement, la première place revient à l'émission proposée après le deuxième confinement (17/12). Les autres places du Top 10 sont occupées par des films 'culte', The Bodyguard était proposé avant le premier confinement, Dirty dancing pendant le premier confinement et Jurassic World après le deuxième.

Un petit regard sur La Trois, juste pour l'anecdote. En raison des faibles audiences réalisées, nous ne retiendrons que cinq programmes. Deux classiques du cinéma y réalisent les deux audiences de plus de 100.000 spectateurs.
 
Sur Club RTL, tous les bons résultats d'audience sont le fait de diffusions de matchs de foot. Seule exception : la dixième place du classement.

 
Sur Plug, toutes les audiences les plus hautes sont liées à des diffusions de films. En bas de classement figurent deux émissions de télé-réalité de M6.
 

Enfin, sur AB3, les résultats sont éclectiques : des films côtoient des émissions sur des faits divers, ou des magazines de société, souvent empruntés à TF1.
Sur cette chaîne, les dix meilleures audiences de l'année dépassent largement les 120.000 spectateurs, ce qui n'est le cas ni de Plug, ni de La Trois.
 
Tout ceci posé, un regard sur l'évolution de l'audience de certaines émissions au cours de l'année pourra ne pas manquer d'intérêt, surtout en comparaison avec 2019. Nous nous y attèlerons prochainement…

Bonne année.

Frédéric ANTOINE.

 

(1) Chiffres arrêtés au 29/12/2020

(2) La comparaison avec les classements réalisés par le CIM n'est pas aisée, car cet organisme ne retient dans ses classements annuels qu'un seul Jt par chaîne, celui qui a réussi le meilleur score, alors que notre choix a été de comptabiliser tous les Jt.


24 octobre 2020

Le départ de Bertrand-Kamal de Koh-Lanta : certains savaient-ils avant la diffusion?

Vendredi 23 octobre, 22h12 : Bertrand-Kamal quitte définitivement Koh-Lanta, sans pour autant avoir été éliminé lors d'un Conseil. Moins d'une minute plus tard, des médias en ligne publient déjà sur le sujet. Et pas seulement pour donner l'info brute. Sur internet, les nouvelles vont vraiment plus vite que l'éclair.

Lors du dernier épisode diffusé de Koh-Lanta Les 4 Terres, l'épreuve du 'jeu de confort' a fait dans le jamais vu. Le moins bon des concurrents qui y participaient y était cette fois directement éliminé de l' «aventure ». Le jeu n'était pas compliqué : à l'aide d'un grappin rattaché à une corde, il suffisait de ramener à soi trois blocs de bois. A ce sport, et la surprise générale, le Dijonnais Bertrand-Kamal, d'ordinaire parmi les plus forts (il a plusieurs fois mené sa tribu à la victoire) se révèle incroyablement à la traîne. Et finit par arriver bon dernier, bien derrière des concurrents moins forts et moins habiles. Il est 22h12. La foudre s'abat sur les téléspectateurs, ahuris. Comment la production a-t-elle pu jouer l'éventuel départ du héros de cette édition sur une épreuve aussi hasardeuse, et dont un des enjeux n'a jamais été une élimination individuelle ? Manifestement, jusque-là, le récit tel qu'écrit lors de la post-production visait à clairement valoriser ce candidat, à le mettre en avant, et à le placer du côté des historiques figures emblématiques du jeu. Et patatras, tout s'effondrait d'un coup. Impensable. Et pourtant…

TF1, dès la fin de l'épisode du jour, a diffusé une apostile comprenant une interview du père du candidat, qui est décédé le 9 septembre dernier. M. Loudrhiri y laissait bien comprendre que Bertrand-Kamal n'était pas ensuite revenu dans la course via une petite porte étroite, reprenant subitement la place d'un de ses compagnons forcé de renoncer pour raison médicale. Il n'y a donc pas eu derrière ce départ imprévu un coup scénaristique visant à créer un climax ponctuel qui aurait relancé l'intérêt de l'audience. Ou, du moins, celui-ci n'a-t-il pas pu se clôturer par un happy ending. L'édition de cet automne en perd clairement de son panache.

Prémonition

Ce qui est étonnant est l'instantanéité (voire la devancement) entre l'événement télévisuel que constitue ce départ en fin de 'jeu de confort' et l'arrivée de l'info sur internet. On sait les 'journalistes' web rapide. Mais ce point…

Grâce aux heures automatiques de postage enregistrées par les logiciels d'édition et/ou par Google, il est ainsi apparu que, ce vendredi, le site madamebuzz.fr avait annoncé l'élimination de Bertrand-Kamal… dès 21h27, soit plus de quarante minutes avant l'événement. Si l'on fait confiance à cet horodatage, ce média en ligne qui se targue de proposer « toute l'actualité des stars, des médias et des séries » aurait ainsi réussi à précéder l'événement. Mais pas seulement. Dans son article, il est aussi déjà capable de diffuser le message de réaction des parents du candidat face à ce départ ! On le concédera, il s'agit-là d'un véritable tour de force journalistique, pour ne pas dire un 'coup de Poudlard'. Nous aurions aimé savoir qui se cachait derrière ce site, s'il avait des liens avec des médias ou des sociétés associées à la production du programme, ou à TF1. Las. Les mentions légales du site sont plus que laconiques et aucun nom ou adresse ne permet de remonter la piste. Et, lorsqu'on a recours aux outils numériques qui permettent ce traçage, on en a vite pour ses frais. Tout au plus apprend-on que la version actuelle du site a été créée il y a un peu plus de quatre ans par la société OVH, domiciliée à Roubaix, et qu'elle est hébergée sur un serveur californien. Pour le reste : rien, par respect pour la 'privacy'. Pas de quoi faire fondamentalement avancer l'enquête…

Préméditation

On appréciera de la même manière la dextérité du site programme-tv.net qui réussit à mettre en ligne, au moment même de la défaite du candidat, un article qui annonce déjà que les autres aventuriers sont sous le choc et inconsolables. La parfaite concordance temporelle entre le temps de l'événement télévisuel et celui de sa mise en ligne (22h12) est remarquable de précision. Ce site là est moins difficile à identifier. Il est implanté en Hesse (RFA), à la même adresse IP que les versions en ligne de Voici, Gala, Femme Actuelle ou Capital. C'est-à-dire chez Prisma Presse, la branche française de Gruner+Jahr, le secteur 'magazines' de Bertelsmann. Avoir non seulement perçu le désarroi des autres concurrents au moment de la fin du jeu, mais réussir à la fois à écrire au même moment un texte à ce propos et le mettre en ligne à la même seconde est purement prodigieux !

On pourrait presque en dire autant de l'exploit réalisé par non-stop-peole.com (site associé au groupe Non Stop éditions, propriété du groupe audiovisuel Banijay) à qui il faut moins de six minutes pour récolter les premiers commentaires déçus postés sur Tweeter (cf. bas du tableau ci-dessus), écrire un texte à partir d'eux et passer le tout sur le web. Même à supposer que le texte se soit réellement basé sur des tweets publiés, peut-il pour autant titrer des quelques messages récoltés : « Twitter sous le choc et en larmes » ?

Face à tout cela, on féliciterait presque le webmaster de la version en ligne du journal gratuit 20 Minutes, à qui il a quand même fallu quatre minutes pour écrire un texte de commentaire, estimant que, désormais, Bertrand-Kamal s'inscrivait dans la lignée des héros de l'émission. Le voilà le vrai journalisme. Celui qui sait prendre son temps, marquer la distance, et apprécier l'événement en profondeur. (1)

Ah, il n'est pas mort le rêve lucky-luckeien des médias d'arriver à « tirer plus vite que son ombre ». Jusqu'à ce que, à force de vouloir précéder l'info 'réelle', on n'ait plus besoin qu'elle arrive pour diffuser une nouvelle sur le web. 

Comment ? Ah oui, oups, désolé. J'oubliais que cela s'appelait déjà une fakenews (2)…

Frédéric ANTOINE. 

(1) Même si le titre de cette info est, en partie inexact, car contrairement à ce qui est écrit le candidat a bien élé éliminé. Mais ne l'a pas été lors d'un Conseil…

(2) Tout ceci ne remet évidemment pas en cause le travail journalistique de médias qui ont réellement pris le temps de traiter la nouvelle, et qui ont publié leurs articles plusieurs heures après les faits, souvent le samedi 24 en matinée…


Ce que vous avez le plus lu