Les (télé)films de Noël étalent leur neige, leurs larmes et leurs bons sentiments à longueur d'après-midi sur les chaînes de télé. Pourquoi en est-on si accro ? Et ceux qui souffrent de cette affection sont-ils si nombreux que cela?
Et si, pour une fois, on ne gardait pas juste pour soi les observations, les analyses, les études, les recherches, les commentaires… qu'on ne cesse de faire à titre académique, professionnel ou purement personnel ?
Regard médias
20 décembre 2021
Les films de Noël : trop magiques pour être honnêtes
Les (télé)films de Noël étalent leur neige, leurs larmes et leurs bons sentiments à longueur d'après-midi sur les chaînes de télé. Pourquoi en est-on si accro ? Et ceux qui souffrent de cette affection sont-ils si nombreux que cela?
08 juillet 2021
DPG-Rossel: la raison cachée du deal de la décennie ?
28 juin 2021
RTL BELGIUM: ROSSEL AU PAYS DE L'AUDIOVISUEL
Que faire encore quand on a déjà tout ce qui relève de son core business? Eh bien, investir ailleurs, quitte à entrer dans une jungle dont on ignorait à peu près tout. Rossel co-propriétaire de RTL Belgium, c'est un peu Rendez-vous en terre inconnue au pays des grands fauves.
Le RTL Group, DPG et Rossel ont confirmé ce lundi 28 juin au matin quel serait le futur RTL Belgium. Les supputations émises la semaine dernière sont donc confirmées. RTL Belgium is back to home, pour autant que son véritable "home" ait un jour été belge et non luxembourgeois. Demain, ses chaînes de télévision n'échapperont plus à la tutelle du CSA, et s'il vient encore à l'idée d'un·e ministre de distribuer de l'argent entre les médias de la francophonie belge, la société sera automatiquement comprise parmi les bénéficiaires.
Au niveau de la petite Belgique, ce rachat était en somme la seule solution restante pour sauver le soldat RTL. Seulse les deux plus grandes entreprises médias du pays avaient les épaules suffisamment larges pour décider de se mettre un tel fardeau sur le dos. Et ce même si, comme le rappelle L'Echo, la société est finalement plutôt en bonne santé. Et même si, comme personne ne le mentionne ou presque, ce sont surtout les bons chiffres de la régie IP qui assureront un intéressant retour sur investissement pour les copropriétaires.
Le banquet des ogres
Ce rachat est aussi l'aboutissement logique du processus de concentration des médias à l'œuvre dans tous les pays occidentaux, et auquel la Belgique n'échappe pas. Depuis une vingtaine d'années, le paysage médiatique belge se ratatine d'année en année, au nord comme au sud. Si le nombre de médias (ou de marques médias) ne diminue pas vraiment, le nombre d'opérateurs ne cesse, lui, de se réduire. Tant et si bien que les indices de concentration des médias belges sont devenus alarmants (comme ils le sont aussi ailleurs). Dans un paysage où, au Nord comme au Sud, la diversité s'est réduite à deux acteurs, que reste-t-il d'envisageable?
Des deux côtés du pays, le plus gros des acteurs de la scène des médias privés a racheté tout ce qui relevait de son core business, ancré dans les publications de presse et dont le berceau est l'édition de presse quotidienne. Ayant à peu près tout absorbé, tout en laissant de côté une partie du marché des périodiques, ces opérateurs ont, dans un premier temps, été voir ailleurs. C'est ainsi que DPG est devenu l'ogre de la presse hollandaise, mais a aussi un pied au Danemark. Rossel est parti à la conquête de la presse régionale française, secteur où ses avoirs dépassent en valeur ce qu'il possède en Belgique. Mais on ne peut pas dire que la campagne de France a été une grande victoire. A de nombreuses reprises, tout a été fait pour que l'entreprise belge rate le coche. Dame, en France, on préfère les acteurs belges plutôt que les investisseurs belges…
L'audiovisuel par défaut
Le marché de l'écrit un peu arrivé à saturation, que restait-il, sinon l'audiovisuel? DPG y était de longue date, associé dès le début à la naissance de VTM (comme tous les éditeurs flamands) puis étant longtemps resté copropriétaire de Medialaan, avec Roularta. Jusqu'à ce qu'il décide de devenir leur seul actionnaire de cette société qui rassemble la plus grande partie de l'audiovisuel privé flamand (tv+réseaux de radio). Rossel s'est bien lancé dans la radio privée dès que celle-ci a paru devenir un marché intéressant pour les groupes de presse, dans les années 1980. Mais, comme d'autres éditeurs, la société avait alors vite compris que faire de la radio, ce n'était pas comme éditer un journal. C'est ainsi qu'il a accepté de céder ses fréquences à la société qui s'est mise sur pied pour créer Bel RTL et absorber radio Contact. En télévision, Rossel a participé comme les autres éditeurs au deal Audiopresse, naïvement imaginé par l'Etat francophone afin de 'compenser' la perte de revenus publicitaires pour la presse lors de l'autorisation dans le sud du pays d'un opérateur privé, en 1986-1987. Un beau cadeau puisque, ce fameux gâteau publicitaire, RTL Luxembourg le grignotait déjà depuis des années. Son 'arrivée' sous l'étiquette TVI n'a donc pas vraiment bousculé la presse, mais elle lui a permis de s'associer sans investir dans la télé privée. Sans investir enfin pas tout à fait. Au début, les groupes de presse ont vraiment été associés à l'éditorial chez RTL Belgium. Mais là aussi il est vite paru que faire de la bonne info de presse n'était pas identique à faire de la bonne info tv. Les éditeurs ont donc touché des dividendes sans rien faire. Et sans rien apprendre.
"Un" nouveau géant
Et voilà qu'aujourd'hui, Rossel devient le (co)patron d'une entreprise qui édite de la télévision, de la radio, et des contenus audiovisuels en ligne… Alors que DPG a, lui, les mains dans le cambouis depuis des années. On ne peut sans doute pas comparer Rossel à Alice au pays de l'Audiovisuel, mais l'union entre les deux plus grands acteurs médiatiques privés belges n'a-t-il pas un peu du conte du Petit chaperon rouge? Le titre du Soir, journal de référence du groupe Rossel, annonçant ce 28/06 la naissance d'"un nouveau géant des médias en Belgique", donne une clé de lecteur de l'ensemble: ce n'est pas tant le rachat de RTL Belgium qui importe que la constitution d'un groupe "national" de médias audiovisuels privés, rassemblant à la fois des médias du nord (ceux de DPG) et du sud (propriété de PDG+Rossel). L'immense spécialiste du marché publicitaire des médias Bernard Cools ne s'y trompe pas lorsqu'il note, dans Le Soir, que le nouveau "groupe" proposera une offre publicitaire conjointe couvrant tout le pays. Et le spécialiste de parler de "fusion" de la régie IP avec celle de DPG, et parle de "du jamais vu" en Belgique.
Le rachat de RTL Belgium paraît donc comme la part visible d'un iceberg qui pourrait voir fusionner les médias audiovisuels privés du nord et du sud. Ce qui serait, là aussi, du jamais vu. Une sorte de retour au "monde d'avant" (la fédéralisation). Comme si, lorsqu'il s'agissait de lutter contre les GAFAM, les divergences linguistiques et culturelles retournaient au vestiaire. Une bonne chose? A condition que ce grand deal dont on parle aujourd'hui serve bien tout le monde. Et qu'il n'ait pas comme premier grand but de sauver l'audiovisuel privé flamand face aux plateformes, mais aussi face à Telenet, qui n'est jamais que la filiale belge du groupe US Liberty Global.
Alors, dans tout cela, quel poids aura Rossel, et quel rôle sera confié à l'ex-RTL Belgium? L'article du Soir, très bien informé, parle de synergies profitables dans de nombreux domaines. En vertu de ce qui vient d'être évoqué, il faudra probablement vite se demander: profitable oui, mais pour qui d'abord?
Frédéric ANTOINE.
23 juin 2021
RTL : BELGIUM STANDS ALONE
Un aimable (et compétent!) lecteur de ce modeste blog, que je remercie, m'a transmis hier soir une information du Hollywood Reporter selon laquelle RTL Nederland tomberait dans l'escarcelle de John de Mol (cocréateur de la télé-réalité) et de son groupe Talpa, déjà bien implanté aux Pays-Bas autour de la marque Veronica (2). Bref, comme l'écrit le média américain, de Mol a comme but de créer un "Dutch Tv Giant" à l'image de la fusion M6-TF1. Adieu donc l'hypothèse évoquée ici ce 22/3 de voir DPG remporter la mise sur le sol batave et ainsi parvenir à constituer un petit empire audiovisuel belgo-hollandais à dominante flamande.
Qu'à cela ne tienne, le royaume audiovisuel privé dirigé par DPG, et dont Rossel sera en quelque sorte le vassal, ne sera donc "que" belge. Le Hollywood Reporter pourra peut-être bientôt titrer que l'ancien Persgroep a participé au rachat de RTL Belgium afin de constituer un "Belgian Tv Giant" noir-jaune-rouge, c'est-à-dire transcommunautaire. Sauf que, dans un petit pays même "réunifié", le poids de la "forteresse belge" vis-à-vis des géants du monde des plateformes en ligne restera toujours infime. Et encore plus difficile à protéger des attaques ennemies. Les rapprochements stratégiques entre les médias du groupe VTM et ceux de l'ex-RTL Belgique deviendront donc de plus en plus impératifs.
Panique en cuisine
Tout cela sous le regard de TF1 et de M6 qui tireront une partie des ficelles de ce petit théâtre belgo-belge auquel ils ont vendu, pour un temps limité, les licences d'exploitation de certains de leurs programmes. La durée de ces contrats terminée, à moins de les renouveler à prix d'or, les opérateurs français n'ont pas intérêt à accepter de les prolonger. Idem pour les accords de diffusion sur RTL Belgium de très nombreux programmes du groupe M6. Bien sûr, tout cela n'est pas pour demain, et ne surviendra pas avant que soit validée et réalisée la fusion TF1-M6. Mais, dans deux à trois ans, que pourront faire les petites chaînes belges sans Top Chef (3), Un diner presque parfait, Les reines du shopping, Panique en cuisine, Le meilleur pâtissier, Recherche maison ou appartement, Maison ou appart à vendre, Chasseur d'apparts… pour ne citer que les plus récents ou récurrents. Faire un petit tour sur RTL Play est plus qu'instructif pour relever la liste de toutes les productions que TVI, Club et Plug 'empruntent' à M6, mais aussi au groupe TF1. On n'ose imaginer le même RTL Play le jour où l'opérateur belge n'en aura plus les droits. Quant aux scores d'audience des émissions, il en prendra lui aussi un coup. Hormis Top Chef, ce sont plutôt les versions belges de formats aussi diffusés sur M6 qui occupent le Top 10 des audiences annuelles de TVI. Mais, en 2019 par exemple, des productions françaises trustaient presque tout le Top 10 de Plug…
Vases communicants
Alors, derrière tout cela, peut-être faut-il chercher ailleurs pour comprendre. Par exemple du côté de la régie IP, filiale à 99,99% de RTL Belgium, mais qui est la véritable vache à lait. Et dont on ne parle jamais. Non seulement elle pourrait constituer le véritable enjeu des opérations actuelles. Mais, à terme, elle pourrait contenter tout le monde. Déjà à l'heure actuelle, elle réalise le paradoxal exploit d'être à la fois la régie des chaînes de RTL Belgique et de TF1 Belgique, qui est leur concurrent direct. Ce que TVI et consorts perdent en spots pubs au profit de TF1 revient donc, au moins en partie, dans la bourse du groupe via IP. Pourquoi, demain, la régie ne deviendrait-elle pas aussi celle de M6 Belgique, si "la petite chaîne qui monte" parisienne en venait à décider de s'implanter aussi en Belgique? Ce serait finalement une bonne affaire, même si cela ne résoudrait pas la question de "comment remplir les grilles".
Ah, le principe des vases communicants, il n'y a que cela de vrai. Du moins tant que les tuyaux entre les vases ne se bouchent pas…
Frédéric ANTOINE.
(1) Titre de l'article posté hier 22/06/2021.
(2) Oui, celle de la radio pirate éponyme qui sera ensuite un des piliers des médias publics hollandais avant de s'en retirer pour devenir un opérateur privé.
(3) Déjà actuellement diffusé sur RTL-TVI avec 5 jours de retard par rapport à M6…
06 février 2021
TFI : COMMENT, SOUS UN PRÉTEXTE MENSONGER, METTRE DES « STARS À NU »
Il n\"y a qu\"un moment où, dans Stars à nu, on dit la vérité: quand un médecin vient y expliquer aux "stars" participant au programme ce qu\"est le cancer du côlon et comment on le débusque. Il précise ainsi la première étape: un test à mener chez soi sur un échantillon de selles afin d\"y repérer l\"éventuelle présence de sang. Un test immunologique proposé à tous les Français de plus de 50 ans (en Belgique, ce test n\"est pas généralisé). Et il ajoute bien que, Si ce test s\"avère positif, le médecin traitant invitera son patient à faire une endoscopie.
Soyons clair. L\"endoscopie se pratique en hôpital de jour. Préalablement a lieu un premier rendez-vous avec un gastro-entérologue, où on ne se déshabille pas du tout, mais où le médecin définit l\"utilité de l\"examen et ses modalités pratiques. Il y a ensuite un contact avec un anesthésiste, comme cela se passe avant toute intervention hospitalière. Là non plus, on n\"enlève pas le moindre vêtement. Enfin, le jour J, on est admis en hôpital de jour, on a accès à une chambre où une infirmière donne au patient une chasuble qu\"il portera pendant l\"examen, et l\"invite à la revêtir un fois qu\"il se sera déshabillé, bien sûr en son absence. Ensuite, l\"anesthésie commence, le patient s\"endort… et quand il se réveille, il est de nouveau dans sa chambre, l\"endoscopie est terminée. Il a devant lui une petite collation pour le remettre d\"aplomb (car avant l\"endoscopie, il a dû prendre pendant plusieurs jours d\"horribles boissons pour se vider les intestins, et n\"a rien pu manger depuis la vielle). Il se rhabille, seul. L\"infirmière vient voir si tout va bien, le chirurgien passe donner des nouvelles. Et le patient s\"en va avec la personne chargée de le ramener chez lui.
Nu? Jamais devant le médecin
Voilà, c\"est tout. Quand est-ce que, pour prévenir du cancer du côlon, on doit se mettre nu devant un médecin? Ja-mais. Jamais ! Le seul moment où l\"on se déshabille, c\"est, comme pour toute intervention en hôpital avec anesthésie générale, avant de "passer sur billard", si l\"on peut dire. A aucun moment, on ne doit retirer ses vêtements devant un médecin. La justification de ce show du vendredi soir est donc un prétexte, qui plus est fallacieux, pour faire croire que quelques "stars" ont des complexes à se montrer nues devant des caméras. Ah, la pudeur, que ne ferait-on pas en son nom!
A la fin de l\"émission, dans un cabaret parisien non cité, et devant un public dont on se demande bien comment il a été invité à cela, les "stars" prestent enfin leur petit numéro de danse puis enlèvent le haut, puis le bas. Au public, ils osent enfin montrer "tout" montrer, y compris leur virilité. Hélas, les téléspectateurs et les téléspectatrices n\"auront droit qu\"à leurs fesse s: la caméra ne montrera les héros que de dos. L\"honneur est donc sauf, et chacune des stars se félicitera d\"avoir ainsi convaincu le public de désormais accomplir un petit striptease chez le médecin quand il viendra y pratiquer un test contre le cancer du côlon. Tous ces super-héros du nu, ainsi que la présentatrice dévouée de l\"émission, le diront en substance à l\"antenne: "Cela a été dur! Mais si ce que je fait ne peut sauver qu\"une vie, je suis content!" Sauf que, si les Français se montrent ainsi nus à leur médecin, ce n\"est jamais de la sorte qu\"on pourra savoir s\"ils ont ce cancer. Seul le chirurgien du côlon, souvent affairé derrière ses écrans, aura peut-être l\"occasion d\"apercevoir un peu des fesses du patient, cachées sous la toile du champ opératoire…
Des fesses de stars pour tout le monde
Mais ça aura fait une bonne soirée de télé, un peu trash rien que par le titre, mais devenue un service public indispensable grâce à son faux motif. En prétendant motiver les troupes se tous ces mâles qui n\"osent jamais se mettre à nu (comment font-ils dans les douches, après un match ou un entraînement sportif?). Et, surtout, en apportant un peu d\"image de virilité(s) au public féminin pour qui, in fine et sans le dire, est bien sûr prioritairement destiné ce show, comme tous les primetime de TF1.
Soyons de bon compte: l\"an dernier, le même programme évoquait la nudité et le dépistage du cancer de la prostate. Là, effectivement, cela peut jouer un rôle. Mais faut-il convoquer tous les cancers sous prétexte de pouvoir montrer des "stars" à poils à la télé? Ah, justement, la semaine prochaine c\"est au tour des dames de passer dans le programme. Des "star(e)s" vont aussi se mettre à nu, cette fois pour convaincre les femmes de se dénuder chez leur médecin pour se prévenir du cancer du col de l\"utérus. Car, bien sûr, aucune femme ne se dénude, même partiellement, actuellement chez son gynécologue. Celui-ci ne fait que les auscultes à distance. C\"est bien, connu. Merci donc à l\"émission, qui convaincra enfin les femmes de montrer leur sexe à leur médecin, au terme d\"un striptease suggestif!
Allez, TF1, ne cache pas tes programmes pseudo-lestes par de beaux motifs. Les appeler par leur nom serait plus simple, et plus honnête. Ce qui sauverait des vies face au cancer du côlon, c\"est de convaincre les gens de faire, chez eux, un test de selles. Là se trouvent les vraies réticences du plus grand nombre. Mais ça, évidemment, c\"est beaucoup moins sexy…
Frédéric ANTOINE
05 janvier 2021
Bilan TV 2020: l'audience différée profite à TF1 et aux télé-réalités. Mais aussi à Questions en Prime
En tenant compte de l'audience jusqu'à sept jours après après la diffusion linéaire, le Top 2020 (1) des audiences télé ne change pas fondamentalement: ce sont toujours les Jt qui ont eu la cote l'année passée. De même que Questions et Prime. Mais, hormis l'info quotidienne, ce sont Les enfoirés, L'amour est dans le pré, Mariés au premier regard ou Top Chef, qui ont été pas mal regardés après leur jour de diffusion.
Les Jt, même spéciaux, ça ne se regarde pas beaucoup après leur jour de diffusion. Normal : l'info se périme vite, donc la date de validité de chaque Jt est fort proche du moment de sa production. Comme les Jt avaient cartonné en audience J+1, ils font évidemment la même chose en J+7. On retrouve dès lors dans ce Top annuel un classement identique à celui des audiences (presque) en temps réel, avec la domination des Jt et des éditions spéciales, et une présence de Questions en prime.
Conséquence logique de ce qui précède, les différences entre les scores d'audience J+1 et J+7 sont presque nuls (2), et en tout cas sans réelle signification.
(1) Pour le J+7, l'analyse n'a comptablisé les résultats que jusqu'au 22/12. Pour rappel, il en est à peu près de même pour les J+1
(2) L'étude ayant été menée à partir des résultats publics du CIM, elle repose pour le J+7 sur le classement des meilleurs résultats hebdomadaires, dans lesquels ne sont retenus pour les émission quotidiennes que leur meilleur score sur la semaine. Pour les Jt, ce défaut méthodologique est compensé en partie par le fait que les éditions spéciales sont comptabilisées séparément. Toutefois, comme le démontre le graphique, il y a des jours pour lesquels la comparaison est impossible, et qui ne figurent donc pas dans le premier graphique présenté dans ce texte.
(3) Pour les commentaires, cf. un article précédent analysant ce type d'audience.
02 janvier 2021
Bilan Tv 2020 : hors info, RTL TVI truste les premières places
L'info a dominé les audiences 2020, nous l'avons déjà écrit (1). Mais si l'on retire les Jt, quelles ont été les meilleures audiences de l'année? Outre l'émission Questions en prime, qui est sa doute "la" révélation de ces derniers mois, le foot et les magazines de RTL ont attiré le plus de public. Sans Questions en prime, les audiences se diversifient. Et la chaîne privée emporte la mise.
C'est un peu l'OVNI télévisuel de 2020, cette émission Questions en prime, programme entre le talk-show et l'émission-service, à durée variable d'édition en édition et à la programmation elle aussi instable selon les jours de la semaine et les périodes. Mais toujours avec le même journaliste-présentateur immuable, tellement bien installé dans le programme qu'il a ensuite aussi présenté le JT, sur le même ton que celui de 'son' émission spécial Covid. Déjà, dans notre Top 20 des audiences de tous les programmes de l'année (2), Questions en prime figurait sur la liste. Si l'on retire de ce relevé les JT, qui trustaient ce classement exhaustif, le succès du programme se confirme. Preuve d'une attente constante du public pour de l'info pratique et concrète à propos de la pandémie.
(1) Voir texte du 31/12/2020.
(2) Idem.
(3) Mesure audience J+1, avec arrêt du comptage au 29/12.
(4) Pour rappel, ce programme court a peut-être réalisé d'autres très bonnes audiences mais sa durée étant variable, le CIM n'a pas pris en compte les programmes courts.
(5) En 5e place selon le classement CIM qui n'applique pas la même méthodologie.
31 décembre 2020
L'info en tête de toutes les audiences en 2020. Petit classement par chaîne
C'est l'info qui a réalisé les meilleurs scores d'audience tv toutes catégories cette année en Belgique francophone, crise de la covid oblige. Plus d'un million de personnes ont suivi l'émission ayant eu la plus forte audience. Avec La Première-RTBF sur la première marche du podium. Cela faisait longtemps qu'un Jt n'avait pas rassemblé le plus grand nombre de téléspectateurs. Petit regard général, et chaîne par chaîne.
En 2020, les vingt meilleures audiences de la télévision en Belgique francophone (1) concernent toutes des journaux télévisés du soir de La Une et de RTL-TVI. Le Jt de La Une du 17 mars, moment du premier Conseil National de Sécurité (CNS) annonçant l'entrée en vigueur du premier confinement, bat tout les records, avec près 1.063.000 spectateurs (live+J+1), et près de 1.067.000 si l'on tient compte de l'audience différée J+7. Les autres audiences les plus importantes des Jt dépassent les 900.000 spectateurs. Dans ce Top 20, si les infos de la RTBF occupent les deux premières places, elles ne représentent au total que 7 meilleurs scores (en bleu sur le graphique) sur 20, alors que RTL-TVI en compte 13 (en rouge sur le graphique).
Même si le Jt du jour d'entrée en confinement a cette année rassemblé un nombre impressionnant de spectateurs, il ne constitue pas la meilleure audience de la décennie. Entre 2010 et 2020, ce sont les retransmissions de compétitions footballistiques qui ont, le plus souvent, réuni le plus grand nombre de spectateurs. Outre plusieurs matchs de foot, même la première diffusion du film Bienvenue chez les Chtis sur RTL-TVI a fait mieux que le Jt du 17/03/2020. Ce n'est qu'à trois reprises que l'info a occupé la première place des audiences de l'année selon le CIM : en début de décennie, en 2011 et 2012 (avec des Jt de RTL-TVI) et cette année.
Par ailleurs, même si le Jt de La Une du 17/03 est en tête du classement en nombre de spectateurs, il n'avait réalisé 'que' 48% de parts de marché, alors que les années où le Jt de RTL-TVI était en tête des audiences, il comptabilisait 50% de PDM, soit moins que les films de Dany Boon (entre 55 et 60% de PDM) et, bien sûr que la plupart des matchs de l'équipe nationale. Mais davantage aussi que Guihome, dont le show n'avait réussi à attirer 'que' 40% de l'auditoire présent (ce qui n'était toutefois pas mal pour quelqu'un d'encore inconnu quelques dizaines de mois plus tôt).
Enfin, sur AB3, les résultats sont éclectiques : des films côtoient des émissions sur des faits divers, ou des magazines de société, souvent empruntés à TF1.
Bonne année.
(1) Chiffres arrêtés au 29/12/2020
(2) La comparaison avec les classements réalisés par le CIM n'est pas aisée, car cet organisme ne retient dans ses classements annuels qu'un seul Jt par chaîne, celui qui a réussi le meilleur score, alors que notre choix a été de comptabiliser tous les Jt.
24 octobre 2020
Le départ de Bertrand-Kamal de Koh-Lanta : certains savaient-ils avant la diffusion?
Lors du dernier épisode diffusé de Koh-Lanta Les 4 Terres, l'épreuve du 'jeu de confort' a fait dans le jamais vu. Le moins bon des concurrents qui y participaient y était cette fois directement éliminé de l' «aventure ». Le jeu n'était pas compliqué : à l'aide d'un grappin rattaché à une corde, il suffisait de ramener à soi trois blocs de bois. A ce sport, et la surprise générale, le Dijonnais Bertrand-Kamal, d'ordinaire parmi les plus forts (il a plusieurs fois mené sa tribu à la victoire) se révèle incroyablement à la traîne. Et finit par arriver bon dernier, bien derrière des concurrents moins forts et moins habiles. Il est 22h12. La foudre s'abat sur les téléspectateurs, ahuris. Comment la production a-t-elle pu jouer l'éventuel départ du héros de cette édition sur une épreuve aussi hasardeuse, et dont un des enjeux n'a jamais été une élimination individuelle ? Manifestement, jusque-là, le récit tel qu'écrit lors de la post-production visait à clairement valoriser ce candidat, à le mettre en avant, et à le placer du côté des historiques figures emblématiques du jeu. Et patatras, tout s'effondrait d'un coup. Impensable. Et pourtant…
TF1, dès la fin de l'épisode du jour, a diffusé une apostile comprenant une interview du père du candidat, qui est décédé le 9 septembre dernier. M. Loudrhiri y laissait bien comprendre que Bertrand-Kamal n'était pas ensuite revenu dans la course via une petite porte étroite, reprenant subitement la place d'un de ses compagnons forcé de renoncer pour raison médicale. Il n'y a donc pas eu derrière ce départ imprévu un coup scénaristique visant à créer un climax ponctuel qui aurait relancé l'intérêt de l'audience. Ou, du moins, celui-ci n'a-t-il pas pu se clôturer par un happy ending. L'édition de cet automne en perd clairement de son panache.
Prémonition
Ce qui est étonnant est l'instantanéité (voire la devancement) entre l'événement télévisuel que constitue ce départ en fin de 'jeu de confort' et l'arrivée de l'info sur internet. On sait les 'journalistes' web rapide. Mais ce point…
Grâce aux heures automatiques de postage enregistrées par les logiciels d'édition et/ou par Google, il est ainsi apparu que, ce vendredi, le site madamebuzz.fr avait annoncé l'élimination de Bertrand-Kamal… dès 21h27, soit plus de quarante minutes avant l'événement. Si l'on fait confiance à cet horodatage, ce média en ligne qui se targue de proposer « toute l'actualité des stars, des médias et des séries » aurait ainsi réussi à précéder l'événement. Mais pas seulement. Dans son article, il est aussi déjà capable de diffuser le message de réaction des parents du candidat face à ce départ ! On le concédera, il s'agit-là d'un véritable tour de force journalistique, pour ne pas dire un 'coup de Poudlard'. Nous aurions aimé savoir qui se cachait derrière ce site, s'il avait des liens avec des médias ou des sociétés associées à la production du programme, ou à TF1. Las. Les mentions légales du site sont plus que laconiques et aucun nom ou adresse ne permet de remonter la piste. Et, lorsqu'on a recours aux outils numériques qui permettent ce traçage, on en a vite pour ses frais. Tout au plus apprend-on que la version actuelle du site a été créée il y a un peu plus de quatre ans par la société OVH, domiciliée à Roubaix, et qu'elle est hébergée sur un serveur californien. Pour le reste : rien, par respect pour la 'privacy'. Pas de quoi faire fondamentalement avancer l'enquête…
Préméditation
On appréciera de la même manière la dextérité du site programme-tv.net qui réussit à mettre en ligne, au moment même de la défaite du candidat, un article qui annonce déjà que les autres aventuriers sont sous le choc et inconsolables. La parfaite concordance temporelle entre le temps de l'événement télévisuel et celui de sa mise en ligne (22h12) est remarquable de précision. Ce site là est moins difficile à identifier. Il est implanté en Hesse (RFA), à la même adresse IP que les versions en ligne de Voici, Gala, Femme Actuelle ou Capital. C'est-à-dire chez Prisma Presse, la branche française de Gruner+Jahr, le secteur 'magazines' de Bertelsmann. Avoir non seulement perçu le désarroi des autres concurrents au moment de la fin du jeu, mais réussir à la fois à écrire au même moment un texte à ce propos et le mettre en ligne à la même seconde est purement prodigieux !
On pourrait presque en dire autant de l'exploit réalisé par non-stop-peole.com (site associé au groupe Non Stop éditions, propriété du groupe audiovisuel Banijay) à qui il faut moins de six minutes pour récolter les premiers commentaires déçus postés sur Tweeter (cf. bas du tableau ci-dessus), écrire un texte à partir d'eux et passer le tout sur le web. Même à supposer que le texte se soit réellement basé sur des tweets publiés, peut-il pour autant titrer des quelques messages récoltés : « Twitter sous le choc et en larmes » ?
Face à tout cela, on féliciterait presque le webmaster de la version en ligne du journal gratuit 20 Minutes, à qui il a quand même fallu quatre minutes pour écrire un texte de commentaire, estimant que, désormais, Bertrand-Kamal s'inscrivait dans la lignée des héros de l'émission. Le voilà le vrai journalisme. Celui qui sait prendre son temps, marquer la distance, et apprécier l'événement en profondeur. (1)
Ah, il n'est pas mort le rêve lucky-luckeien des médias d'arriver à « tirer plus vite que son ombre ». Jusqu'à ce que, à force de vouloir précéder l'info 'réelle', on n'ait plus besoin qu'elle arrive pour diffuser une nouvelle sur le web.
Comment ? Ah oui, oups, désolé. J'oubliais que cela s'appelait déjà une fakenews (2)…
Frédéric ANTOINE.
(1) Même si le titre de cette info est, en partie inexact, car contrairement à ce qui est écrit le candidat a bien élé éliminé. Mais ne l'a pas été lors d'un Conseil…
(2) Tout ceci ne remet évidemment pas en cause le travail journalistique de médias qui ont réellement pris le temps de traiter la nouvelle, et qui ont publié leurs articles plusieurs heures après les faits, souvent le samedi 24 en matinée…
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