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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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28 novembre 2022

Une finale de Starac à 22h : en Belgique, ça n'attire pas les foules

Diffusée sur TF1 à près de 22h samedi pour cause de Mondial,  la finale de la Starac a bien résisté sur le public français mais… s'est effondrée sur le public belge. L'occasion de dresser un petit bilan des audiences de ce programme "iconique", comme ils disent au château.

TF1 a annoncé que, sur son antenne française, la finale de la Starac, diffusée après 22h, avait rassemblé en moyenne 3,8 millions de téléspectateurs, réalisant des parts d'audience "de malade" (±60%) auprès des jeunes 25-34 ans et 15-24 ans (ce qui ne permet pas de dire combien ils étaient vraiment…).  À J+7, hors finale et demie finale, le Prime avait réuni en moyenne 4,2 millions de spectateurs. Des données qui entraînent toute comparaison impossible avec la finale, puisque les données sont là mesurées à J+1 et non J+7. 

On peut toutefois supposer que, au total, le public total de la finale fera plus que 4,2 millions en tenant compte de tous ceux qui auront préféré voir le show et son épilogue en replay.

MARÉE BASSE

En Belgique, serait-on des couche-tôt ? En J+1, on ne mesure pas la même tendance qu'en France. À J+1, l'audience de la finale (mesurée de 22h à 24h alors que le nom de la gagnante a été révélé à 00h40 environ) est la plus faible de tous les Prime. Elle est même inférieure à celle du prime du 29/10.  Évidemment, les autres primes débutaient à 21h. Mais cette faible audience s'inscrit dans la ligne de celle de la semaine précédente. 

Sans doute une mesure J+7 corrigera-t-elle la tendance du J+1. Sur l'ensemble des Prime, l'audience J+7 apporte entre ±150.000 et 200.000 de plus à l'audience J+1. Elle adoucit les audiences J+1 les plus faibles, mais présente des tendances à la hausse et à la baisse identiques à celle de la courbe J+1. 
Sauf pour la demi-finale, où l'audience J+7 n'était que très faiblement inférieure à celle du J+1. à voir ce que cela donnera en J+7…
 
ESSOUFFLEMENT
 
Dans l'ensemble, les audiences finales J+1 de la Starac en Belgique, que ce soit en quotidienne ou en prime, affichent les mêmes tendances : elles sont plus faibles que celles des semaines précédentes.
En quotidienne de fin d'après-midi, les auditoires ont varié de ± 150.000 à 230.000 personnes. Les audiences ont en général été plus fortes en novembre qu'octobre, c'est-à-dire liées à la montée en puissance de la télé-réalité (et sans doute grâce aux partages sur les réseaux sociaux). 
 

LE SUSPENS DES 'ÉVALS'



En ce qui concerne les jours de la semaine, les audiences les plus fortes se situent le mercredi (couleur rouge sur le graphique), jour où les candidats étaient "trop choqués" lorsque étaient montrées et débriefées leurs évaluations, ayant lieu le mardi, et où les noms des potentiels éliminés étaient dévoilés par le 'directeur' du château. Le mardi (en vert) figure aussi souvent dans la première partie du tableau, mais pas avec les mêmes fréquence et intensité que le mercredi. Or, à la fin du Prime du mardi, la quotidienne comprenait déjà un court direct où le directeur donnait déjà son avis sur les prestations. 
Le fins de semaine ont été moins prisées par les téléspectateurs (jeudis [bleu] et vendredis [gris]). 
Même lors de sa plus grande audience J+1, la Quotidienne n'a pas réussi à se hisser dans le top 20 des meilleures audiences J+7 établi par le CIM. On peut en conclure que l'appui complémentaire de l'audience J+7 ne contribue pas à augmenter le nombre de spectateurs de telle manière qu'il dépasse largement les 250.000  personnes.
 
TF1 a déjà annoncé une édition de la Starac l'an prochain. Elle sera beaucoup plus longue. Et ne se terminera pas par une finale en deuxième rideau de soirée. Il sera intéressant de voir si, dans ces conditions, les audiences belges changeront de profil…
 
Frédéric ANTOINE.

 


 

22 novembre 2022

Staracadémiciens, Amoureux des prés… : vraies personnes ou pions d'un show tv ?


Les chaînes tv abreuvent à longueur de journée leurs spectateurs de télé-réalités en tout genre, où  la vie des autres prétend être montrée telle qu'elle est. Et le public, émerveillé, de se passionner,
s'identifier ou s'apitoyer sur ces "vrais" gens vivant de "vraies" épreuves. N'oublie-t-on pas une chose : qu'ils soient apprentis chanteurs, candidats à l'amour, Kohlantiens ou Marseillais, tous ne sont-il pas que des pions ? Des personnages aux comportements quasiment téléguidés au service d'un seul et même maître : le spectacle télévisuel ?

L'amour est dans le pré vient tristement de se terminer sur RTL TVI. Tous les célibataires qui rêvaient de trouver l'âme sœur on touché la fin du parcours bredouilles, sauf un. Samedi prochain, il en sera un peu de même de Star Academy sur TF1. Comme on le dit si bien à Koh-Lanta, "à la fin, il n'en restera qu'un". Et les autres repartiront comme ils sont venus, porteurs de gloires qui, dans bien des cas, resteront à jamais éphémères. Ils diront bien sûr qu'ils ne sont désormais plus les mêmes, que la Starac les a transformés, qu'ils entament une nouvelle vie. Bon nombre en reviendront pourtant au même anonymat que Julien, Alain ou André, les agriculteurs qui cherchaient l'amour. 

La télé-réalité a cela de cruel que, comme me disait fin des années 1980 le producteur Jacques Antoine, "on croit souvent que, dans un jeu télé, les candidats jouent un rôle essentiel. C'est totalement faux. En fait, ils ne comptent pas".

Mais, malgré tout, qu'est-ce qu'on se sera passionné pour les péripéties de ce que l'on appelle désormais une 'aventure', faute de pouvoir désigner par un terme plus opportun ce qui n'est pas vraiment un jeu. Quoique. Ni un docu-réalité. Quoique. Ni un feuilleton. Quoique.  Ni une fiction. Quoique…

DE SI VRAIS CANDIDATS

Cela fait une bonne vingtaine d'années que les analystes décortiquent les productions de télé-réalité pour démontrer que, comme pour les raviolis Buitoni de la vieille pub télé, l'important est ce qui est dans la boîte et non les mentions qui se trouvent sur l'étiquette. Ce qui, en l'occurrence, veut dire que les télé-réalités n'ont de 'réel' que leur nom. Mais, malgré tout, quel téléspectateur n'a pas, au moins à un moment, eu envie de croire que ce qu'il regardait était bien une portion de réel. Une addition de tranches de vie si agréables à consommer qu'on ne peut imaginer que le gâteau qu'elles constituent ne soit pas composé que d'ingrédients réels.

Cela fait plus de vingt ans qu'on essaie d'expliquer que l'habit ne fait pas le moine. Ou que la télé-réalité est au réel ce que, dans autre vieille pub, le Canada Dry était à l'alcool : un leurre qui avait bien le goût et les couleurs de l'alcool, mais n'en était pas. Qu'importe. Ne sont-ils pas si touchants, tous ces candidats et candidates qui révèlent jusqu'à l'intime leur vie devant des caméras dont ils acceptent l'intrusion dans leur existence ?

Mais… Révèlent-ils vraiment leur vie, ou n'est-ce pas seulement ce qu'ils prétendent faire ? Ou ce qu'on leur a dit de dire qu'ils faisaient ? Et tolèrent-ils juste l'intrusion des objectifs dans leur vécu ? ou ne l'ont-ils pas suscitée, voire longtemps rêvée ?

DERRIÈRE L'ÉCORCE

La première couche de consommation de ce type de programmes a tendance à opposer un déni farouche à toutes les questions posées ci-dessus. Mais non, ils sont vrais de vrais, bruts de décoffrage, les gens que l'on voit dans ces émissions. Comment peut-on prêter de telles intentions à ces programmes, sinon par malveillance ? Tel le serpent de la Bible, la télévision ne manque pas de subterfuges pour cacher ses réelles intentions. Et y réussit plutôt bien. Alors, dépassons un peu les premières impressions.

Les candidats de la Starac ou de L'amour est dans le pré sont-ils "vrais" ? Certes, ils existent bel et bien dans la vie réelle. Et participent au programme parce qu'ils répondent à certains critères recherchés par les concepteurs. Mais leur apparence télévisée est-elle égale à eux-mêmes, est-elle un clone d'eux-mêmes, ou autre chose ? Pour qu'ils entrent dans le 'jeu', les candidats doivent en permanence être fidèles aux caractéristiques qui leur ont ouvert les portes de l'émission. Car c'est pour cela qu'ils ont été castés. Le casting vise à constituer un panel diversifié de situations et de 'caractères', c'est-à-dire de personnages. Léa est ainsi une jeune fille (oserait-on déjà dire une jeune femme ?) qui a une belle voix. Mais elle est surtout un être un peu fantasque, souvent drôle et un poil paresseux. Impossible de la rater une fois qu'on a vu la multitude de bouclettes qui constituent sa coiffure, ou que l'on a remarqué la forme de ses lèvres, comparable à celle de certaines influenceuses de Dubaï. Rien à voir avec Enola-la-sage, que l'on verrait bien sortie d'une école de bonnes sœurs, et qui fait déjà par moments des airs de petite mammy. La situation familiale de Bernard est unique, lui qui, à soixante ans, doit s'occuper de son fils de 16 ans tout en étant marchand de bêtes et fermier. Aucun rapport avec celle de Julien qui, en élevant ses propres moutons, se croit déjà un sûr de lui et de ses choix alors qu'il est toujours un grand ado qui aime par-dessus tout faire la fête avec ses copains.

ÉCRIT D'AVANCE. OU PRESQUE

Le casting, c'est essentiel. Grâce à lui, au fil des épisodes du programme, chaque personnage sera porteur d'un récit différent. Dans la Starac comme chez les Marseillais. Mais l'histoire dont il sera le héros lui appartient-elle ? L'histoire générale du programme, ce qu'on appelle son "méga-récit", n'a rien à voir avec celle de chaque candidat. Le scénario d'une télé-réalité est toujours d'abord écrit par ses producteurs. 

Ceux-ci inscrivent leur produit dans la ligne habituelle des émissions du genre : variété de compétiteurs ; épreuves ; éliminations successives [par les pairs, un jury ou le public] ; isolement [voire enfermement] total ou partiel des participants ; paraphrasage du déroulement des étapes de l'émission par les candidats eux-mêmes ["le confessionnal], etc. Certaines télé-réalité ajoutent à toutes ces composantes l'élément historiquement discriminant qui a fait, fin des années 1990, de ces émissions un genre télévisuel à part : un suivi des compétiteurs dans tous leurs faits et gestes 24h/24 (ou presque). Cet élément, qui requiert des moyens importants et une production en temps réel ["en direct"] a été abandonné par toutes les émissions ne se déroulant pas dans un cadre fermé précis, proche d'un studio de télévision, où le travail de postproduction a pris une part de plus en plus importante (comme dans L'amour est dans le pré). La Starac, par contre, a signé le retour aux sources de cette possible expérience permanente d'observation de la vie des compétiteurs (ici via un abonnement payant à MyTF1). 

Les constantes constitutives du genre sont déclinées de manière différente selon les émissions, ce qui permet à la télé-réalité de se répandre tel un virus dans l'ensemble de la sphère télévisuelle. La variation de combinaisons, mêlée à des thématiques elles aussi diversifiées, donne l'occasion à chaque production d'être à la fois unique, et ainsi de renouveler le genre, tout en étant en même temps fortement similaire aux autres produits de télé-réalité. Et donc à rassurer le spectateur sur ce qu'il regarde, et le garantir du plaisir qu'il aura à consommer le programme.

PRISONNIERS DU FORMAT

Ce cadre et la narration qui en découle sont prédéfinis par le format fixé par la production. Celui-ci comprend aussi les étapes qui chapitreront les différents moments du récit et en organiseront l'évolution, jusqu'à la résolution finale. Pour le candidat qui entre dans le canevas, impossible de se défaire de ces jalons imposés qui forment la trame de l'histoire.

En 2022, la Starac se déroule sur six semaines, chacune constituant une des étapes du récit "il était une fois des jeunes inexpérimentés qui deviennent des chanteurs professionnels grâce à un drill intensif mené par des experts dans un cadre communautaire fermé". La version 2022 de L'amour est dans le pré compte 8 épisodes de l' histoire "il était une fois des agriculteurs célibataires cherchant l'âme sœur et demandant à la tv son aide pour trouver des prétendant(e)s parmi lesquel(le)s ils feront leur choix".

Dans les deux cas, les étapes du récit, correspondant en gros chaque fois à un épisode (ou à une semaine), sont clairement marquées, du "il était une fois", où l'on découvre les personnages, à "voici le(s) gagnant(e)s qui ont réussi toutes les épreuves", dont ressort le meilleur chanteur ou le(s) "couple(s) agriculteur/prétendant étant toujours ensemble".

ENCHAÎNÉS

Dans ce format prédéterminé, la liberté laissée à chaque compétiteur est limitée, puisqu'il doit à la fois se conformer au scénario préétabli et être lui-même, pour se distinguer des autres. Là réside une des subtilités de la recette de la télé-réalité. Certes, chaque protagoniste évolue de manière différente, et est porteur de son histoire. Lorsque Alain décide, en définitive, de ne pas poursuivre l'histoire avec la dulcinée qui semblait l'avoir séduite, c'est son choix. Si Julien se comporte comme un jemenfoutiste, c'est son choix. Et s'il en découle que cela le fait éliminer par le vote du public, c'est la conséquence de son choix. Les personnages pilotent donc une partie de l'histoire. Mais pas tout. Car le récit reconstitué par la réalisation télévisuelle est aussi, sinon surtout, une production narrative scénarisée. Et pas une succession de moments de réel semblables à ceux que captent des caméras de surveillance dans les rues, les magasins (et parfois des foyers). Il faut suivre le live de la Starac sur MyTF1 (payant) pour assister aux événements au moment de leur déroulement. Mais, même alors, un réalisateur choisit les images qu'il met à l'antenne du live, ainsi que les caméras qu'il utilise et leurs angles de prise de vue. Et il occulte une (grosse) partie de la réalité. Quand il s'agit de produire une émission d'une heure ou un peu plus, tout est évidemment remonté, édité, orienté. C'est alors que les personnages sont vraiment façonnés, afin que le public leur attribue une identité et que se bâtisse un récit qui illustre leur profil.

DÉFORMATIONS

Pas étonnant, dès lors, que des participants à certaines émissions de télé-réalité préenregistrées constatent à la diffusion que celles-ci ne reflètent pas leur personnalité, ou en tout cas l'image qu'ils entendent donner d'eux-mêmes dans leur "vraie" vie. Le personnage télévisuel n'est pas nécessairement identique à l'être de sang et d'eau qui se démène dans son quotidien. Il est bel et bien devenu un objet que façonne la production au gré des aléas de son récit. La "vraie" Léa est-elle aussi drôle et décalée que celle que l'on voit à l'écran, et la "vraie" Anisha aussi à la fois effacée et calculatrice sur la monstration de son état d'esprit ? Le "vrai" Bernard est-il aussi rond et bienveillant tous les jours que celui que l'on a vu sur l'écran ? Qui est vraiment cette Françoise à qui il pensait s'attacher ?  À en croire les articles parus dans la presse populaire ces dernières semaines, elle (et peut-être lui) ne seraient pas à l'écran comme dans la vie. Et que cherche "vraiment" cette Cathy, qui à l'écran semble plus chercher l'amour de ses chevaux que d'un homme ?

SYNDROME DE FAUST

Tout qui s'inscrit à une émission de ce type est touché par le syndrome de Faust : entrer dans un processus qui permet (ou promet) d'obtenir la gloire ou la réussite. Et, en contrepartie, vendre son âme au diable télé-réalité. Sans possibilité de retour. Car même si l'on renonce en cours de route, il sera trop tard. La machine télévisuelle aura bâti le personnage et initié son histoire. Dans ce cadre, tout renoncement ne concourra qu'à renforcer le profil médiatiquement créé et à fournir un rebondissement de plus au récit. On peut même arriver à ne plus se dépêtrer de son avatar télévisuel. Au point de ne trouver qu'une seule solution pour s'en sortir : le reproduire dans d'autres télé-réalités, ou le faire vivre en permanence sur les réseaux sociaux. 

Au risque qu'un jour ce double ne vienne cannibaliser la "vraie" personne ? 

Cela ne pendra sans doute pas au nez des agriculteurs qui ne feront de ce passage télévisuel qu'une page de leur vie qu'ils chercheront à refermer. Mais à voir les confessions a posteriori que plusieurs d'entre eux (ou de leurs prétendantes) versent cette année dans la presse, on peut craindre que le virus les ait atteints. 

Les jeunes apprenti(e)s de la Starac peuvent eux, être bien plus facilement tentés d'être phagocytés par leur double télévisuel. Avec les risques évoqués ci-dessus.  À moins que, issus d'une génération pour qui la télé-réalité fait partie de la vie, ils n'aient eux-mêmes pris part à la constitution de ce personnage archétypé qu'ils ont affiché à l'écran. Et que derrière lui se cache leur "vraie" personne. Mais là aussi, il n'est pas sûr que toutes ces jeunes âmes aient eu l'occasion de faire pareille démarche, voire même de l'imaginer. Alors que leurs rêves de célébrité et de réussite paraissent si proches de se réaliser.

Frédéric ANTOINE.


 

14 novembre 2022

La sauce Star Academy 2022 commence à prendre


À
l'instar de la France, les Prime de la Star Academy réalisent de belles audiences en Belgique. Mais les quotidiennes attirent aussi pas mal de monde. Pour les qualités artistiques des candidats ? Ou parce que les hôtes du château sont de superbes exemples d'une génération d'adultes qui ne sont encore que des ados…

Chose exceptionnelle, le 15 octobre dernier, en francophone belge, le premier Prime de la Star Academy a fait mieux que les JT de RTL TVI et de la RTBF, qui sont d'ordinaire en tête du classement des audiences journalières (J+1) dans notre petite communauté linguistique. Certes, ce jour-là, le nombre de spectateurs des JT ne cassait pas la baraque, mais ils ont été ensuite été un grand nombre à suivre toute la soirée d'ouverture de cette télé-réalité qui s'est terminée par le départ des candidats vers le fameux château puis, dans une autre émission, par leur arrivée sur les lieux.

 Depuis lors, les Prime de la Star Academy constituent, chaque samedi, la troisième audience du samedi en Belgique francophone, derrière celles des JT. Ce qui signifie qu'il y a plus de téléspectateurs belges francophones devant ce "télé-crochet" français, flagship de l'ogre TF1, que devant n'importe quel autre programme proposé ces soirs-là. 
Les premières semaines, les décalages avec l'audience du premier Prime ont été importants. Le 5/11, il frisait les 100.000 téléspectateurs. Mais, depuis lors, la sauce commence à bien prendre, et les audiences des Prime croissent de semaine en semaine. Celle où les candidats étaient éliminés en duo a attiré plus d'audience que les précédentes. Mais c'est samedi dernier qu'ont été battus tous les records. Même si, avec près de 350.000 spectateurs, on était encore loin des 420.000 de l'émission d'ouverture. 
La courbe des Prime continuera-t-elle à croître jusqu'à la finale ? Sans doute, si l'attachement de l'audience aux candidats se précise encore davantage.

TOUS LES JOURS, PAR LE TROU DE LA SERRURE

Il ne faut en effet pas perdre de vue que, indépendamment des Prime, la Star Academy est aussi une émission quotidienne, diffusée en premier rideau d'access primetime (sauf le dimanche), accompagnée d'un bon paquet de pubs, dont une part réservée au public belge. Un programme monté sur base des séquences de la vie du château captées, comme au bon vieux temps de la télé-réalité de première génération, par une grosse batterie de caméras placées dans toutes les pièces et saisissant les faits, gestes et paroles des candidats 22H/24 comme le précisaient les règles du CSA français (devenu depuis l'ARCOM). Des caméras dont les captations sont mixées en direct afin que les séquences qui en proviennent possèdent quasiment la même dynamique que celle d'une réalisation plateau. 
 
Ces quotidiennes ne réalisent pas les scores des Prime, mais réunissent tous les jours au moins 140.000 personnes en Belgique, ce chiffre dépassant certains jours les 200.000 téléspectateurs. Score n°1 à ce jour : celui du 3 novembre (225.000).

DES ÊTRES-PORCELAINE
 
La quotidienne montre bien sûr toutes les séances d'apprentissage et d'exercices en tout genre auxquels sont soumis les apprenti(e)s chanteurs/euses, ou des moments "chauds" de la vie sur place : lorsque des vedettes de la chanson française viennent leur dire bonjour ; lorsque monsieur le directeur annonce les épreuves à passer à l'évaluation du mardi; ou quand il révèle les noms des nommés qui risqueront de passer à la trappe à la fin du Prime
 
Mais, au gré des intentions de la prod et des choix des réalisateurs, les quotidiennes révèlent aussi, sinon surtout, la "vraie" (fausse) vie des résident(e)s du château, du lever au coucher. Comme dans le modèle historique de la télé-réalité. De quoi laisser découvrir qui sont, ou ne sont potentiellement pas, ces jeunes adultes âgées de 18 à 28 ans. Des adultes qui semblent tous, malgré leur âge, d'abord être des adolescents en proie au doute, cherchant encore leur identité. Et que l'on imagine mal engagés dans une vie professionnelle, en couple avec des enfants, ou confrontés aux aléas de la vie quotidienne.
Des êtres-porcelaine, immensément fragiles, aux sentiments à fleur de peau. Et sur qui toute critique trop directe entraîne un effondrement quasi complet. La prof d'expression scénique s'en souviendra longtemps, elle qui, ayant été claire et directe face à la prestation nullissime en Prime d'un candidat jemenfoutiste, a dû deux jours plus tard venir s'excuser devant (et bien sûr devant les caméras)  pour l'avoir traité de la sorte. L'évaluation faite par cette prof lui avait immédiatement valu d'être descendue en flèche sur les réseaux sociaux, certains allant jusqu'à réclamer à TF1 sa démission, ou à annoncer des dépôts de plaintes au CSA (devenu l'ARCOM) !
 
TOUT LE MONDE IL EST BEAU…

Contrairement aux premières Starac, l'édition 2022 est en permanence sur la sellette des réseaux sociaux où un public jeune, voire très jeune, qui s'identifie parfaitement à des candidats subtilement castés, considère qu'il est le seul juge de la qualité de ses actes, et ne tolère pas d'être remis en cause par un tiers, qui plus est si celui-ci est un professeur. 
La Star Academy 2022 a ainsi des airs de The Voice, où, tout le monde il est beau et gentil, ce "télé-crochet" ayant en son temps été créé pour adoucir le côté alors trop critique (c'est-à-dire de nature professionnelle) des évaluations de la Starac. Cette fois, pas de risque ! Les avis donnés par les profs lors des Prime sont ainsi tous plus positifs les uns que les autres, au point d'inspirer des larmes d'émotion à certains évaluateurs. Pas tout à fait le genre des évaluations de certains jurés de Danse avec les stars, comme Chris Marker…

Pour la Belgique, les données en notre possession (publiquement accessibles par quiconque) ne permettent pas de déterminer l'identité socio-démographique du public de la quotidienne de l'émission. En France, TF1 a annoncé des chiffres records. Par exemple, pour la troisième semaine, 38% de parts d'audience auprès des 15-34 ans, et 42% chez les 25-34 ans. Mais les PDA ne prennent en compte que celles et ceux qui regardent la télé, et ne donnent pas leur nombre absolu. Raté pour savoir si l'émission a fait un ras de marée chez les jeunes adultes… 
Chez nous, saura-t-on un jour quelle proportion des 174.000 téléspectateurs de la quotidienne (chiffre moyen jusqu'au 11/11) est constituée de jeunes ayant délaissé les réseaux sociaux et les plateformes pour retourner vers le petit écran ?

Frédéric ANTOINE.
 

04 février 2022

Sauvetage du petit Ryan : quand les médias créent une émotion planétaire


La planète retient son souffle : arrivera-t-on à sauver le petit Ryan, tombé dans un puits à Tamrout (Maroc) ? Pas un Jt, ou presque, sans nouvelles du sort du pauvre garçon. Le petit Marocain n'est pas le premier enfant à susciter pareil intérêt médiatique. Pourquoi tant d'émotion ?

Le 1er février après-midi Ryan (0) est tombé dans un puits que, semble-t-il, réparait son père (1). Bien que se déroulant dans un village en terre battue (2) et un peu perdu à ± 130 km de Tétouan, l'information remonte dans les médias locaux. Le quotidien en arabe Press Tetouan annonce la nouvelle sur son site dès le 2 février à 00h48, déjà accompagnée d'une photo, suivi par Alhadet à 00h50.

 (contenus en arabe, traduits en français)

Ce 2 février, le sujet sera traité, sur un mode mineur, par quelques sites marocains d'information (3). Il faut attendre le jeudi 3 pour que le fait divers prenne une ampleur nationale, puis internationale.  Analysant cet émoi international, Press Tetouan publiera le 3 en fin de journée et pendant la nuit plusieurs articles évoquant l'émoi international suscité par l'événement : Ryan unit le cœur des Arabes (4) ; L'attention de la presse internationale se tourne vers Tamrout (5) ; British Broadcasting Corporation... "Ryan" est devenu le fils du Maroc et de tout le Moyen-Orient (6)… L'article sur la presse internationale fait même référence au Soir et à 7sur7.be, considérés comme représentant les médias francophones dans leur ensemble (7). 

 Fait divers public

Les médias audiovisuels ne seront évidemment pas en reste, d'autant que pareille affaire permet de faire de l'image. Jeudi soir, le sort du "petit Ryan" est longuement traité dans le Jt de 19h30 de La Une (RTBF). La séquence à ce propos dure 1'47". Elle commence 21'20 après le début de l'émission. TF1 fait un peu moins bien : sa séquence, qui n'occupe qu'une minute de l'antenne, démarre 22'50 après le début du Jt. Mais elle est précédée d'un lancement studio de 20 secondes, alors que, à la RTBF, il ne prend que 15 secondes. Au RTL Info de 19h, le sujet fait seulement l'objet d'un "à-travers" de 20 secondes, placé 25'50" après le début du Jt. Sur France 2, cette info… n'est pas évoquée du tout. Elle n'est pas non plus dans le mini Jt atyique qu'est l'émission Vews, sur Tipik, ni dans le 21h de LN24. 


Sur RTBF radio La Première, le "petit Ryan" est par contre le… 2e titre du journal parlé de 19h (durée du titre : 20 secondes). Au cours du journal, ce sujet occupera 1'12" de l'antenne, en débutant à 3'17. Il comprend un lancement de 24", un "billet sec" d'une correspondant sur place (dont on ne saura rien et dont on ne comprendra pas le nom (8) ), sujet d'une durée de ± 35". Il sera suivi d'un retour studio de 13" évoquant un autre cas d'enfant tombé dans un puits, celui du "'petit Julen", survenu en Espagne il y a juste deux ans.

Mise à jour : le vendredi 4, dans son JT 20h, France 2 a bien rattrapé son vide du soir précédent. Le journal a consacré au "petit Ryan" une très longue séquence, 11 minutes après le début du journal (soit bien avant les JT du jeudi). Le sujet en lui-même a duré 1'25, après un lancement de 5". La chaîne publique  française a donc traité le sujet en 1'30. Mais il y a même inclus une animation destinée à faire comprendre comment les secours espéraient atteindre le jeune garçon prisonnier. Le même soir sur RTL-TVI, on passe d'un "à travers"' du jeudi à une séquence de 1'30, annoncée dans les titres, et .diffusée à la 27e minute du journal, accompagnée d'une infographie.

On peut donc dire que, finalement, les quatre chaînes observées ont traité de manière auss imposante ce fait divers, la différence se situant dans le moment de la réaction. La Une et TF1 s'investissent dans un long traitement dès le 3/2, alors que les deux autres stations considèrent alors l'événement comme peu digne d'intérêt. Devant l'ampleur médiatique que prend l'événement le 4/3 et l'impact émotionnel que celui-ci a sur les populations, et une chaîne publique (France 2) et une chaîne privée (RTL TVI) changent leur fusil d'épaule et survalorisent l'événement, allant jusqu'à en faire un des titres de leur édition vespérale, et en l'illustrant d'une infographie. Les deux chaîne "rattrapent' ainsi le coup de la veille. Pour quelles raisons éditoriales ?

La loi des séries

L'élément évoqué en fin du JP de La Première n'est pas innocent. Au même moment, plusieurs autres médias feront eux aussi allusion à cet autre drame arrivé il y a peu. D'autant que celui-ci s'est mal terminé : l'enfant (le "petit Julen") est finalement décédé. 

Serait-on en train de vivre une répétition des affaires de ce type, comme s'il y a avait là une loi des séries, voire une malédiction sur les enfants ? 

 En ne cherchant que quelques minutes sur internet avec l'aide des moteurs de recherche Duckduckgo et Google et les mots "enfant-tombé-puits-drame", on repère deux douzaines de drames de ce type  au cours des ± dix dernières années. Ce relevé est forcément incomplet. Il révèle toutefois que les médias évoquent fréquemment les chutes d'enfants dans les puits. 

Dans de nombreux cas, le fait divers est terminé lorsque le média s'en empare. L'issue a alors souvent été fatale, et le fait est présenté de la même manière que les autres accidents de la vie. Parfois, on relate le fait parce que l'issue a, au contraire été positive. On met évidemment alors cet élément "anormal" en exergue. 
Miaisd loccasions où les journalistes peuvent parler d'événements de ce type alors qu'ils sont en train de se produire sont rares.

Un suspense insoutenable

C'est ce qui distingue "le petit Ryan" de la plupart des faits divers ayant par ailleurs les mêmes trois caractéristiques : un puits, une chute, un enfant. L'événement ici prend une autre dimension, car il comprend une quatrième caractéristique : la tentative de sauvetage. L'actualité est prise en cours de déroulement. Il se passe toujours quelque chose quand débarquent médias et caméras. La scène comprend des personnages (parents, témoins éventuels, sauveteurs…) et, par dessus tout, elle repose sur un suspense insoutenable. Or, le suspense n'est-il le père de tout récit : que va-t-il se passer ? Tout est là. Dans l'attente d'un dénouement, heureux ou malheureux.

Voilà pourquoi ce fait divers, somme toute hélas plutôt banal, enfle jusqu'à devenir un sujet médiatique national, voire mondial. Lorsque tout un pays, et plus, suit en direct les opérations de sauvetage, il s'accroche à l'enchaînement des événements comme à d'autres récits où l'issue est incertaine. Avec le surcroît de tension provenant du fait que l'on est ici dans le réel, et non dans la fiction. Une vie est bien en jeu. Et, qui plus est, celle d'un enfant, chose sacrée, comme on peut le comprendre. Ce qui explique pourquoi les médias s'intéressent davantage aux drames concernant les enfants qu'à ceux qui touchent les adultes. La charge émotionnelle liée à ce qui se passe dans ce puits devient dès lors énorme.

Modèle en son genre

L'événement marocain n'est hélas que la réplique d'autres cas de traitement médiatique d'accidents concernant des enfants. Le tableau ci-dessus rappelle, sous le titre L'agonie d'un enfant, ce cas survenu près de Rome en 1981 déjà, et qui avait suscité un énorme déferlement médiatique, ainsi qu'une attention sans bornes des populations. 

L'emballement était toutefois là encore plutôt local. Médiatiquement parlant, le premier cas de cette série si spéciale se situe quelques années plus tard. Il  ne concerne pas tout à fait un puits, mais tous les autres ingrédients de la sinistre recette y étaient. Il s'agit de ce que Paris-Match dénommait encore avec subtilité récemment L’insoutenable calvaire d’Omayra Sanchez

En 1985, lors de l'éruption d'un volcan endormi en Colombie, cette petite fille était devenue prisonnière d'une coulée de boue. Un photographe de presse, qui croyait saisir l'image d'une victime de la catastrophe, s'aperçoit qu'elle est vivante. Cet homme de médias lance un appel au secours, et l'opération de sauvetage de l'enfant débute. Sous les yeux des caméras du monde entier. Omayra est consciente, elle parle. Elle se confie. Elle se montre forte. Que d'émotions ! On l'aide à résister à la boue qui l'entoure, mais on ne parviendra pas à la sauver. On assistera à sa mort en direct. Rappelant cet événement (9), Paris-Match parviendra même encore il y a peu à republier la dernière photo de l'enfant, lorsqu'elle est sur le point d'expirer…

On n'avait jamais été aussi loin. Surtout avec des enfants. Les médias n'avaient jamais su, pu, ou osé, couvrir ainsi un fait divers de ce type. Mais la brèche a été ouverte.  Elle ne se refermera plus. Et les feuilletons recommenceront. Qu'on se rappelle, par exemple, en 218, l'histoire de ces douze enfants bloqués dans une caverne en Thaïlande, vécue par le menu, avec des drames et des détails en tout genre.

En 1985, on appelait encore l'enfant victime par nom et son prénom. Aujourd'hui, on parle du "petit Julen" ou du "petit Ryan". La dernière digue de la distance (ou du respect?) a été rompue. Celle ou celui qui risque de perdre la vie, ne pourrait-il pas être notre enfant ? De spectateurs, les médias font quasiment de nous des acteurs de l'histoire. Comme si on y était. Par procuration. La vive émotion vécue au Maroc en est plus que la preuve.

Frédéric ANTOINE 04/02/2022 - 18h

Mis à jour 04/02 20h30, 05/02 08h (réécrit 11h40)

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(0) Nous utiliserons ici l'orthographe Ryan et non Rayan, employée surtout dans les médias francophones, car elle nous paraît plus fidèle à la dénomination arabe.
(1) Le contexte de l'événement n'est pas très clair, le père disant aux médias que son fils était à côté de lui, puis est tombé dans le puits. Sa mère, dans une déclaration à la presse, a elle expliqué qu'elle cherchait son fils le mardi après-midi et qu'il avait disparu, sans savoir où il était…
(2)
(3) Notamment : machahidpress, chaouen24
(4) (Press Tetouan) الطفل “ريان” يوحد قلوب العرب
(5) (Chaouanpres) أنظار الصحافة العالمية تتجه إلى تمروت
(6) الإذاعة البريطانية… الطفل “ريان” أصبح ابن المغرب وعموم الشرق الأوسط(Press Tetouan) 
(7) Tour à tour, plusieurs journaux francophones ont couvert l'actualité, dont « Le soir » : « Un enfant de 5 ans coincé dans un puits de 35 mètres de profondeur » et « 7sur7 » : « Une course contre la montre pour sauver un enfant de 5 ans coincé dans un puits au Maroc ».
(8) Quelque chose comme Eva (?) Secan, ou Segan, ou Sekan, ou ???
(9) https://www.parismatch.com/Actu/International/Omayra-Sanchez-morte-en-direct-boue-volcan-Armero-Colombie-1985-photos-1712373#-Samedi-a-9-heures-lenfant-ferme-les-yeux-Elle-ne-les-rouvrira-plus-Malgre-respiration-artificielle-et-massage-cardiaque-Un-des-sauveteurs-bouleverse-perd-connaissance-La-mort-apres-soixante-heures-de-combat-a-triomphe-de-lenfant-courageuse-Paris-Match-n1905-29-novembre-1995
 


01 février 2022

The Voice Belgique : c'est la perte de voix



La RTBF a beau se réjouir des résultats de la dixième saison de The Voice Belgique, en nombre de téléspectateurs, ce n'est pas la joie. Les premiers blind n'ont pas très bien marché du tout…

Une moyenne de 342.000 téléspectateurs (J+1) en 2020 contre 435.000 en 2019. Avec une perte de près de 100.000 personnes sur les 5 premiers blind, qui attirent en général le plus de monde, The Voice risque l'extinction de voix. Si l'on prend en compte les visions décalées jusqu'à 7 jours après l'émission (1), le programme est encore plus aphone. De 2019 à 2022, sur la moyenne des spectateurs J+7 des trois premiers blind, on passe de 511.000 à 387.000 personnes. Une baisse de volume d'environ 124.000 individus. Certes, le programme a une petite audience en différé, mais celle-ci est, cette année, sans comparaison avec celles des versions passées. Et nous n'avons pas pris en compte ici la situation de 2021, où l'on était en plein covid, avec de forts scores d'audience, alors qu'en janvier-février 2019, la liberté de vivre n'avait pas encore été mise entre parenthèses…

L'an dernier, l'audience J+7 avait augmenté entre le blind 1 et le 3, avec des chiffres supérieurs à 2019. Cette année-là, l'audience J+7 était stable pour les deux premiers blind, et avait crû pour le 3. Cette année, l'audience a baissé pour le blind 2 et est ± revenue pour le 3 au stade du blind 1.
En 2022, l'audience +7 finit, au blind 3, par rejoindre celle que le programme a obtenue l'an dernier. Cette année, les 3 premières émissions se sont classées aux 9e ou 10e place des meilleurs scores de leur semaine de diffusion. En 2021, pour la même période, le programme était entre 5e et 9e position. En 2019, c'était entre 3e et 6e…
 
 Interprétations diverses

Jusqu'à l'an dernier, la RMB donnait librement accès à d'intéressants détails sur le profil de l'audience de The Voice via son application RMB Insight. En 2022, c'est un étrange silence radio. Il faut donc se rabattre sur un communiqué triomphant publié en ligne par la régie ce 13 janvier (2). Si on n'y évoque pas les chiffres absolus traités ici, on peut par contre y lire que le télé-crochet attire "pas loin de 500.000 téléspectateurs par programme" (ce qui ne correspond pas aux data J+7 communiquées par le CIM, mais qui doit faire référence à une mesure de l'auditoire, c'est-à-dire de tout qui a eu contact avec le programme, et n'exploite donc pas la mesure de l'audience moyenne communiquée par le CIM).
La RMB écrit aussi que l'émission réalise "des performances inébranlables", affirmant que "la part de marché moyenne de la Saison 10 (24% sur PRP 18-54) atteint le même niveau que celle de la Saison 9 (24% sur PRP 18-54)". 
 
La dégelée de l'an neuf
 
Aucune de ces analyses ne fait référence au fait que, pour la première fois, le show a débuté au milieu  des vacances de Noël (premier blind le 28/12), ce qui aurait dû lui attirer un public plus nombreux que les saisons antérieures, où le programme avait commencé en janvier. Concrètement, cela n'a pas été le cas. L'audience de ce premier prime a été inférieure à celle des années précédentes. Les parts de marché du programme en J+7 ont, elles, été légèrement supérieures à celles des épisodes suivants (28/12 : 27,6%. 4/01 : 24,4%. 11.01 : 6,6%). 
Une première avant le 31 décembre aurait aussi pu avoir un effet d'entraînement, en poussant l'audience à rester à l'écoute pour la suite. Surtout que, cette année, les vacances de Noël étaient toujours au menu début janvier, lors de la diffusion du deuxième épisode. Or, cette semaine-là, The Voice a réalisé son pire score d'audience jusqu'à présent, et a obtenu ses plus basses parts de marché (parmi les data disponibles). Pas sûr donc que le coup des vacances de Noël ait vraiment fait mouche…
 
Premier quand même

Quel que soit l'état du nombre de spectateurs, la RTBF peut en tout cas s'enorgueillir, comme le souligne la RMB que "The Voice est le programme suivi par la plus grande part des téléspectateurs (PRA 18-54) de la soirée du mardi". L'audience de primetime étant fort morcelée en Belgique francophone, ce résultat peut aisément être atteint avec de faibles parts de marché en fonction du nombre de chaînes entre lesquelles se répartissent les téléspectateurs. Mais il faut reconnaître que, ce soir de la semaine-là, La Une dame le pion à RTL-TVI. Par la qualité de son programme. Mais aussi, peut-être parce que, le mardi soir, la chaîne privée programme (volontairement ?) une série qui ne se distingue pas trop du lot et obtient des résultats très moyens.

Mais qu'importe. Être en tête, n'est-ce pas ce dont rêve d'abord le service public?

Frédéric ANTOINE

(1) Et ce sur tous les écrans du foyer (et pas seulement sur l'écran principal).

(2) https://rmb.be/fr/actualites/647-the-voice-la-10eme-assure/

04 janvier 2022

Noël, Nouvel An: les audiences tv n'étaient pas de la fête


Bêtisier sur bêtisier : depuis quelques années, il n'y a que cela qui marche, les soirs de réveillon et les jours de fête, à la télé. 
Cette fois, cela n'a en général pas trop emballé le téléspectateur, qui devient plus rare est sans doute allé voir ailleurs. 
Mais ils sont nombreux, ceux qui sont toujours friands des rites de la programmation de fêtes.

 

Les chaînes font rarement des records d'audience les jours de fête de fin d'année. Cette fois-ci, les programmes qui ont rassemblé plus de 300.000 téléspectateurs n'étaient pas légion… et pas plus originaux que d'habitude. Comme tous les jours de l'année, ce sont les JT qui se sont offert la meilleure part de la bûche, et celle de RTL a, ainsi qu'à l'ordinaire, été plus appréciée que celle du service public. Et ce y compris lors du service du midi, le 31 décembre.

Mais il y a eu aussi quelques émissions de l'ex-émetteur luxembourgeois qui ont donné l'eau à la bouche aux téléspectateurs: les bêtisiers de Noël et du Nouvel An, bien sûr, et d'autres programmes du 31 décembre. Ce jour de la Saint-Sylvestre, l'audience n'a pas boudé son plaisir sur RTL TVI : outre les JT de midi et du soir, elle y fut aussi en nombre pour l'édition du 71 (on aime les quizz les veilles de fêtes), et pour le programme de pré-prime time Drôles de Belges. 

INFIDÈLES AU POSTE

Bon, des audiences de 300.000 personnes, c'est tout de même pas la gloire. Mais cette année on a un peu dû s'en contenter, car le spectateur n'a pas tellement été très fidèle au(x) poste(s). Ce n'était pas le cas par le passé. Si l'on considère les audiences > 500.000 spectateurs (et non 300.000) lors des soirées de réveillon et des jours de fête entre 2018 et aujourd'hui, on ne comptabilise que 3 programmes diffusés en 2021, contre 5 en 2018, aucun en 2019 et 7 en 2020. Cette année-là fut exceptionnelle puisque frappée par le covid. Les restrictions qui y étaient imposées s'apparentaient à un réel confinement. Et donc à une surconsommation de la mère nourricière "télévision".

En 2021 (barres rouges dans le graphique), seuls trois JT de RTL se placent dans ce classement des programmes ayant réuni plus d'un demi-million d'amateurs. L'an dernier (barres bleues dans le graphique), les bêtisiers de la chaîne privée avaient aussi bien nourri les repas des soirs de fête, ainsi qu'un JT de la RTBF. En 2018 (barres jaunes dans le graphique) aussi, les bêtisiers étaient de la fête, les JT étant moins nombreux à drainer les foules. Lors de la fin d'année 2019 (barres vertes dans le graphique s'il y en avait eu), aucun programme n'a atteint les 500.000 spectateurs lors des réveillons ou des jours de fête (1). Ce délaissement de la télé préparait-il inconsciemment à des moments de disette de réjouissances, alors que l'on commençait à appendre qu'un virus inconnu causait quelques morts en Chine?
 
QUE DE BÊTISES !
 
Que ce soit les veilles ou les jours de fête, de 2018 à 2021, les JT ouvrent toujours le bal des plus fortes audiences (pour les personnes intéressées, voir les graphiques I. ci-dessous). Ils sont suivis par les bêtisiers, qui fleurissent sur toutes les chaînes, sauf la veille de Noël (2). À la Noël, les bêtisiers sont toujours de la fête, sauf le 25/12/2018, où un film de De Funès se classait parmi les plus fortes audiences. La veille de l'An, les bêtisiers envahissent aussi les écrans. Le jour de l'An, ils sont encore au rendez-vous, mais des films humoristiques (Les Bronzés) figurent aussi parmi les programmes les plus regardés (2 films en rafale, le 01/01/2020).
 
Quelles sont les raisons du succès de ces programmes de "bêtises", de "manque d'intelligence, de jugement" (3), basés sur la contre-banalité, l'extra-ordinarité, que celles-ci se déroulent dans la vie quotidienne des humains ou des bêtes, ou dans le cadre de la production de contenus audiovisuels? Dans chaque cas, ces "sottises, idioties, imbécillités, stupidités"(4) portent à sourire, même si c'est (et c'est souvent le cas) du malheur ou de la mauvaise fortune d'autrui. La proximité avec l'univers du spectateur, le côté touchant, la part humoristique (on s'amure lors des réveillons et des soirs de fête) expliquent sans doute le succès de ces programmes. Le fait qu'ils soient composés de courtes séquences, semblables à celles que l'on trouve en ligne [d'où elles sont souvent pompées] joue aussi certainement un rôle dans leur attrait, car ils s'inscrivent dans les mécaniques de brièveté et de renouvellement permanent qui caractérisent les usages audiovisuels contemporains.

LA RECETTE DU BINÔME 

La programmation de prime time, elle, est plus diversifiée que ce que laissent supposer les audiences de masse (pour les personnes intéressées, voir les graphiques II. ci-dessous). La veille de Noël, les chaînes proposent souvent des films familiaux, et pas nécessairement des rediffusions de classiques du cinéma humoristique français. Ces productions recueillent toutefois souvent une audience faible, avoisinant les 150.000 spectateurs (5). 
 
Le même type de programmation se retrouve le soir de Noël, accompagné de quelques tentatives de diversification de l'offre, avec des "specials" issues de programmes ordinaires, comme un jeu de type télé-réalité, ou une émission culturelle. Ou des cas de non-prise en compte de la spécificité du jour, avec maintien de la programmation ordinaire, par exemple un épisode d'une série policière. Ces programmes-là aussi recueillent de faibles audiences (± 200.000 téléspectateurs, soit un peu plus que la veille).
 
La programmation se voudra un peu plus diversifiée le soir de la Saint-Sylvestre, où les bêtisiers côtoient des films familiaux, mais aussi des programmes de divertissement et des variétés, voire du théâtre (nous nous limitons ici au prime time et ne prenons pas en compte les deuxièmes rideaux de soirée). À nouveau, ces écarts par rapport à la sacro-sainte offre "bêtisiers ou films" n'attirent pas des hordes de spectateurs.
 
Le soir du jour de l'An est un peu comparable à celui de Noël. Là aussi, le duo "bêtisiers ou films" est complété par des programmes plus variés, allant des documentaires (nature ou animaliers) à des "specials" de jeux et de divertissements, voire à la simple poursuite de l'offre habituelle de la chaîne ce jour-là de la semaine.

UNE INFO PRESQUE NORMALE
 
Si les JT restent les programmes les plus regardés les soirs de veilles et les jours de fête, leurs succès sont au total plus relatifs cette année que par le passé (pour les personnes intéressées, voir les graphiques III. ci-dessous). Les émissions d'info drainaient un grand nombre de spectateurs ces soirs de fin d'année en 2020, à des moments forts de la pandémie. Cette année, celle-ci n'a pas disparu, mais l'intérêt de l'audience s'est émoussé. Les courbes des JT de RTL TVI et de la RTBF adoptent les mêmes tendances de 2018 à nos jours. Pour RTL, les audiences restent plus importantes qu'avant le covid. Pour la RTBF, la situation varie. La veille de Noël, comme RTL, son auditoire est en hausse sensible. Mais il retrouve son niveau d'avant covid les autres soirs. Le 31/12, le résultat de RTL TVI est à l'image de son access prime time et de son prime time. Le jeu précédant le JT booste l'audience de celui-ci, qui booste celle du programme qui suit, etc.

UN MINUIT PAS TRÈS CHRÉTIEN

Il est fini, sur les chaînes premium, le temps des cathédrales à l'heure de minuit. Désormais, si mes opérateurs en diffusent, les messes de minuit sont déléguées sur des chaînes secondaires, où ces programmes ne collent pas toujours avec le profil de l'audience cible de la chaîne. Et comme même le pape ne fête plus Noël à minuit, pourquoi encore se fendre de ce genre d'émission à une heure aussi tardive ? En tout cas, en audience, ce ne sont pas les messes de minuit qui jouent les grandes orgues (5). Les seuls programmes autour de minuit le 24/12 figurant dans le Top 20 du CIM sont soit des films de De Funès diffusés sur RTL TVI, soit des épisodes des aventures du ventriloque humoriste Jeff Panacloc proposés en 2020 et 2021 par TF1, à partir de 24h10…

Le 31 décembre, pas de messe au menu non plus. On communie avec autre chose lorsque s'annoncent les douze coups. Pendant trois ans, TF1 a réalisé en Belgique de très beaux scores d'écoute avec le programme de variétés précédant le passage à l'an neuf, proposé par son animateur vedette de télé-crochets. Cette année, l'émission a disparu au profit d'une soirée tout bêtisier (un premier de 220 minutes, suivi d'un second de 140 minutes). Le premier était donc toujours en cours lors du passage à 2022. Le "véritable" programme d'avant minuit, débutant vers 23h40, on le trouve sur RTL TVI depuis des années. Il est en général suivi par environ 100.000 spectateurs (un peu plus en 2020). Le programme de même type proposé par La Une ne figure pas dans le Top 20 du CIM. Cela signifie que, en 2021, il a rassemblé moins de 91.000 personnes (score réalisé sur RTL après minuit avec un film). Pas étonnant sans doute, puisque la RTBF ne faisait que rediffuser un divertissement basé sur ses animateurs qu'elle avait déjà diffusé… le 28 décembre 2020.
 
 
LA MUSIQUE QU'ON AIME
 
Côté musique, Le coup de baguette de La Une, c'est le très traditionnel concert du Nouvel An de Vienne, proposé en Eurovision à partir de midi chaque 1er janvier depuis… 1959. L'événement recueille toujours son petit succès. Ces dernières années, il a réuni entre 230.000 et 200.000 fidèles amateurs de valses, avec des résultats aussi élevés le 01/01/2019 que le 01/01/2021, en pleine pandémie. Le concert a encore attiré une audience appréciable cette année. La ritualité de ce spectacle participe sûrement à fidéliser son audience, de même que sa retransmission en direct, qui fait communier le spectateur à un moment unique (ou du moins le croit-il).
 
 
La transmission du concert impacte évidemment l'heure de diffusion du journal télévisé de La Une, qui est amené à prendre l'antenne vers 13h50, soit après la fin du JT de RTL TVI. Le jour de l'An, les deux journaux télévisés ne sont donc pas en concurrence sur le même créneau. Conséquence: celui de la chaîne privée est toujours Premier Violon quand la tv publique est au Musikverein. Ce numéro en solo permet parfois à RTL de compter beaucoup plus de spectateurs que Le 13H de La Une (notamment lors de la pandémie, le 01/01/2021). Cette année, l'écart était moins marqué. Du côté de la RTBF, le volume d'audience de ce JT décalé est remarquablement stable d'année en année. Il est bien sûr composé en grande partie des amateurs de J. Strauss. Mais, en nombre, sans rapport direct avec l'audience totale du concert eurovisé.

SEASON'S GREETINGS


De l'humour, de la légèreté, un brin d'émotion et beaucoup de bons sentiments. La recette de la programmation tv du temps de Noël paraît immuable à travers les décennies. Résultats d'audience aidant, les programmateurs n'ont cessé de renforcer dans leurs grilles la place réservée aux genres de programmes qui plaisent. Pour raisons budgétaires ou choix stratégiques de contre-programmation, certaines chaînes préfèrent jouer d'autres airs, ou de faire comme si de rien n'était. Cela plait aux fidèles de la station, ou à ceux qui sont fatigués de voir les mêmes films éternellement au programme, et de devoir ingérer à longueur de soirées de fêtes les mêmes petites catastrophes ou bourdes de chiens, de chats, d'ados débiles, de maris stupides et de présentateurs de JT trop sûrs d'eux, re-re-rediffusées pour la nième fois +1. 
Comme l'esprit de Noël, toujours pareil au même d'année en année, la tv alors n'innove pas, mais reproduit. Sûre d'avoir toujours "son public" avec elle. Le public de tous ceux qui sont seuls, ainsi que de ceux qui ont choisi de passer ce moment "tranquillement à deux", et pour qui la cérémonialité de la programmation de fin d'année participe de la réussite de leur(s) soirée(s).
Les rituels programmatiques de ces veilles et jours de fête permettent aussi de toucher la fameuse "cible familiale", dont personne ne sait vraiment ce qu'elle recouvre, mais dont on est au moins certain d'une chose : c'est qu'elle réunit autour de la petite lucarne adulte(s) et enfant(s).
La programmation de fin d'année, c'est la carte postale photoshopée que les chaînes adressent à leur audience. La promesse d'un univers télévisuel lisse, heureux, léger. Que les JT s'excusent presque de venir troubler de quelques mauvaises nouvelles, qu'ils s'empressent d'emballer d'images de fêtes, de feux d'artifices, de neige, de pâtisseries et de reportages paradisiaques à l'autre bout de la terre. 
L'irréel même dans le réel. Et dire que ça marche…

Frédéric ANTOINE
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(1) Le JT de RTL TVI du jour de l'An 2020 avait frôlé les 500.000 spectateurs.
(2) De 2018 à nos jours, seul RTL TVI en propose un ce soir-là, en 2018.
(3) Selon les dictionnaires Larousse et Le Robert
(4) https://dictionnaire.lerobert.com/definition/betise
(5) Il faut aussi pointer, en 2020, l'excellente audience hors normes du programme de magie proposé en pré-prime time sur RTL TVI. 
(6) Les messes de minuit ne figurent pas dans les Top 20 des audiences transmis par le CIM. Nous ne savons donc pas quel est leur volume d'audience, ni si celui-ci se maintient au fil des ans et des horaires de diffusion. Ou fond au même rythme que les fidèles des paroisses…
 
 
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GRAPHIQUES

I. LES PLUS FORTES AUDIENCES DES VEILLES ET JOURS DE FÊTE
source data : www.cim.be




II. LES AUDIENCES DE PRIME TIME DES VEILLES ET JOURS DE FÊTE
 




 

III. LES AUDIENCES DES JT DU SOIR, LES VEILLES ET JOURS DE FÊTE







 


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