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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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07 août 2020

Des films vendredi et samedi à la tv française: les week-ends des spectateurs vont changer d'allure. En Belgique aussi


Les chaînes de télévision française sont désormais autorisées à diffuser des films les vendredis et samedis. 
Cela va changer la donne sur les petits écrans aussi pour les Belges, et pour la RTBF et RTL-TVI.

 
 
 
 
 
 
 
Le Journal Officiel de l'État français a publié jeudi 6 août (1) deux décrets concernant la télévision. L'un d'eux supprime les jours d'interdiction de diffusion de longs métrages pour les chaînes fixés jusque là le vendredi, le samedi, et le dimanche après-midi. Cette mesure, prise en janvier 1990 (2), visait à protéger les salles de cinéma de la concurrence du petit écran pendant l'essentiel de la durée du week-end. Estimant que cette interdiction ne s'appliquait de toutes façons pas aux plateformes de type Netflix, le gouvernement français a considéré qu'elle était devenue obsolète et a rendu la liberté de programmation aux chaînes. Celles-ci sont dès lors autorisées à diffuser davantage de films par an que jusqu'à présent.

Cette mesure sonne peut-être le glas de la diversité programmatique de la télévision française généraliste. Les chaînes y avaient en effet souvent coutume d'occuper leurs cases de primetime par des productions de fictions, aujourd'hui essentiellement orientées vers les séries. Mais devaient être plus imaginatives en fin de semaine.




De longue date, sur TF1, seuls les fins de semaine échappaient à la loi des fictions, les deux jours fatidiques de l'interdiction étant dans un premier temps consacrés à des variétés, puis aussi à des télé-réalités, voire des jeux. Sur France 2, l'offre au long de la semaine était plus diversifiée, quoique aussi dominée par les fictions. Le vendredi était ainsi une case de type "téléfilm", mais le samedi était réservé aux "variétés".

Zone protégée


C'est ainsi que les télévisions françaises ont conservé, contre vents et marées, une offre de programmes de divertissement et de variétés. L'interdiction des films en début de week-end a permis que perdurent des productions originales incluant des genres aussi divers que des jeux d'aventure de type Fort Boyard, des télé-réalités comme Koh-Lanta, The Voice ou la Star Academy, et des multitudes d'émissions de chanson, des Enfoirés aux Victoires de la Musique à N'oubliez pas les parole en passant par le Plus grand cabaret du monde, vestige télévisuel du temps lointain du Music-Hall. Le tout s'inscrivait dans une tradition antérieure à cette interdiction, dont l'Histoire n'oubliera jamais les célèbres shows de Gilbert et Maritie Carpentier.

Qu'adviendront ces programmes maintenant que des films peuvent capter l'audience les vendredis et samedis soirs, et que l'on sait les diffusions de films porteurs de bonnes audiences, peut-être davantage que certaines émissions de variétés? Pour les chaînes qui avaient choisi de ne pas jouer ces jours bannis la carte de la fiction, la question va se poser. Elle pourrait être moins prégnante pour les autres, sauf que la présence de films sur certaines stations concurrentes obligera forcément les autres compétiteurs à se repositionner. Le succès des soirées cinéma proposée à tire larigot pendant le confinement en a été un bon indicateur.

Dans le même cadre, les blockbusters de divertissement jusqu'ici calés en fin de semaine n'auront-ils pas intérêt à changer de jour de diffusion, l'audience globale de la tv étant traditionnellement moins forte en début de week-end? Bien sûr, il sera toujours plus tentant de proposer Koh-Lanta la veille d'un samedi plutôt qu'avant un jour d'école. Mais sera-ce le cas pour tous les programmes porteurs des vendredis et samedis?
Enfin, la télévision généraliste française ne va-t-elle pas perdre cette tradition historique du film du dimanche soir, seule case permise pour proposer un morceau de cinéma en fin de semaine, qu'avait inaugurée la première chaîne de l'ORTF dès les années 1960, que TF1 n'avait jamais abandonnée et que France 2 avait, elle aussi, choisit d'exploiter à partir des années 1990. La fin du film du dimanche soir, ce serait comme les dernières images d'une longue histoire…

En Belgique aussi…

Alors que le marché de la tv de fin de semaine était plutôt stabilisé en France, il pourrait donc bien éclater. Et en Belgique itou. Il ne faut en effet pas perdre de vue qu'un tiers des spectateurs francophones belges, en moyenne, sont chaque soir sur une chaîne française, et que les variétés et les télé-réalités de fin de semaine de TF1 sont, dans ce petit pays, des programmes forts en termes d'audience.

Mais l'effet français pourrait être plus fort. Car l'éventuel repositionnement des grilles des vendredis et samedis aura aussi, par ricochet, un effet sur celles des chaînes belges, qui visent plutôt actuellement à jouer la complémentarité face à l'offre forte des stations parisiennes. Après son magazine de début de soirée, La Une (RTBF) avait jusqu'ici coutume de proposer un téléfilm le vendredi et une série le samedi.Si le cinéma s'empare ces jours-là des deux chaînes françaises les plus regardées en Belgique, que fera la chaîne publique? Même question pour RTL TVI, qui n'a jamais cessé de proposer des séries le vendredi, et occupe maintenant sa case du samedi par une télé-réalité (d'ordinaire rachetée à… M6). Mais, à certains moments, comme en 2017-2018, la chaîne privée diffusait aussi des films le samedi soir! Devant une éventuelle offre plus alléchante des opérateurs français, il lui serait difficile de tenir la concurrence.

Il se passe donc toujours quelque chose sur le marché de la télé. Même si celui-ci est désormais concurrencé, dans la fiction, par l'offre des plateformes. Le secteur du divertissement restait l'une des spécificités propres à une culture, ou un pays. Une sorte d'exception culturelle. Le décret français en annonce-t-il la fin? En tout cas, dans l'éventualité d'un nouveau confinement dû au covid, il permettra aux chaînes d'Outre-Quiévrain de ne plus devoir s'arracher les cheveux pour savoir quoi diffuser les soirs de fin de semaine…

Frédéric ANTOINE.

(1)https://www.legifrance.gouv.fr/
/affichTexte.do;jsessionid=AFC12F7C9471BC0F01B8665B68E091CA.tplgfr38s_3?cidTexte=JORFTEXT000042211247&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id&idJO=JORFCONT000042210887

(2)https://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000342173&fastPos=1&fastReqId=938408427&categorieLien=cid&oldAction=rechTexte#LEGIARTI000025883985




02 juin 2020

THE VOICE (TF1) VA-T-IL RETROUVER LA VOIE?


Samedi 6 juin, TF1 annonce le grand retour de The Voice. Cette demi-finale sera la première émission de cette télé-réalité de variétés depuis la fin avril. Une si longue absence, qui n'a pas encouragé le téléspectateur belge à rester le samedi soir sur la chaîne française…

Pour The Voice-TF1 comme pour bon nombre d'autres émissions, le confinement aura été une bonne chose. En Belgique, avant la mi-mars, le nombre de téléspectateurs du programme (Live+vosdal) était plutôt en baisse cette année, même si, après un très mauvais démarrage, les audiences s'affichaient un peu en dents de scie. Une semaine après le début des Battles, l'arrivée du confinement fera remonter l'audience au-dessus des 300.000 spectateurs, chiffre que le programme conservera jusqu'à sa 'dernière' émission du 25 avril, moment où, faute de matière et de direct, place devra être laissée à des rediffusions de soirées de variétés.

AFFICIONADOS

Au total, l'édition de cette année n'aura toutefois pas très largement bénéficié de la crise covid: son audience moyenne était d'environ 302.000 spectateurs jusqu'au confinement. Après la mi-mars, elle sera de 323.000. Depuis début avril, l'auditoire sera même en diminution à peu près constante. Celle-ci est patente après la fin de la diffusion des épisodes de The Voice, mais la tendance existait déjà précédemment. Les programmes de remplacement variant de samedi en samedi, ceux-ci n'auront pas la capacité de fidéliser chaque semaine le même public. Un show de Laurent Gerra, par exemple, n'amènera sur la chaîne que 140.000 spectateurs belges, alors qu'une rediffusion des Enfoirés ou un Grand bêtisier en réuniront plus de 230.000. Sur les quatre semaines disponibles quand ces lignes sont écrites, la moyenne est d'un peu plus de 200.000 personnes, soit une chute de 100.000 spectateurs par rapport à The Voice hors covid. Manifestement, casser ses habitudes ne plaît pas au public.

PARTICULARITÉ BELGE?

Ce comportement est-il le propre du public belge? Une petite comparaison avec l'audience du même programme en France apporte une partie de la réponse.

La taille de l'auditoire français du programme étant environ quinze fois supérieure à celle du public belge, un graphique reprenant les deux publics réduit à peu près à néant les variations d'audience en Belgique. Mais il permet de voir que, hormis lors de la première émission du programme, les tendances sont à peu près équivalentes: courbe décroissante jusqu'au début des Battles, et celles-ci coïncidant à peu près avec l'entrée en confinement, hausse sensible de l'audience les semaines qui suivent, petite perte lors de la première émission des K.O. puis relance et amorce d'une baisse d'audience. En France aussi, celle-ci est donc déjà présente avant la fin des épisodes de The Voice et le début des rediffusions d'autres programmes le samedi soir. Mais avec, dans la toute dernière partie du tableau, une remontée de l'audience (pour la France, nous avons disposé du chiffre d'une semaine de plus que pour la Belgique).

QUESTION DE TENDANCE

Ces deux comportements sont plus aisément visibles sur ce dernier graphique qui compare les évolutions des audiences en France et en Belgique sur une base 100, fixée comme étant le nombre de téléspectateurs de la première émission de la série 2020. The Voice ayant mal réussi son démarrage en Belgique, il est normal que, pendant de nombreuses semaines, l'émission y affiche un indice > 100. La France ayant vécu la situation inverse, il est normal que, pendant de nombreuses semaines, l'émission y affiche un indice < 100. Ce graphique permet surtout de voir que les pentes des courbes sont identiques dans les deux pays, ce que confirment les tracés polynomiaux de tendance qui ont été rajoutés. Ce n'est qu'en fin de période (mais où nous disposons d'une donnée supplémentaire pour la France) que l'audience semble davantage remonter dans ce pays qu'en Belgique francophone.

ET APRÈS ?

Il restera maintenant à voir si le public fidèle à l'émission sera de retour pour les dernières épreuves, où l'interactivité confère un rôle déterminant à l'audience dans la structure narrative du programme et dans le processus de résolution du suspens. La rupture de la feuilletonisation aura-t-elle cassé l'habitude du rendez-vous, voire l'intérêt généré jusque-là? Et quel sera l'effet joué par la saisonnalité? En juin, les courbes d'audience affirment d'ordinaire un fléchissement, que le déconfinement et la soif de liberté qui l'accompagne renforceront assurément cette année. De qui l'émission de télé-réalité sera-t-elle donc encore réellement la voix?

Frédéric ANTOINE.

30 mai 2020

l'Etat belge à la rescousse de TF1?

En période de crise médiatique, un des seuls moyens entre les mains de l' État pour soutenir les médias privés est d'y acheter des espaces et d'y diffuser de la publicité institutionnelle. Le coronavirus n'échappe pas à cette technique. Mais cela doit-il aller jusqu'à aider une multinationale médiatique étrangère?

Crise covid et consommation des médias font bon ménage. Mais confinement ne rime pas aussi aisément avec financement, surtout si celui-ci est de nature publicitaire. La situation de ce marché se redresse un peu ces dernières semaines. En télévision, l'occupation de certains écrans par de la publicité publique y contribue. Le 30 avril dernier, la FWB adoptait ainsi un plan d'aide aux médias où elle s'engageait notamment  "à acheter des espaces publicitaires pour une campagne de communication d’intérêt public dans l’ensemble des médias écrits et audiovisuels nationaux, régionaux et locaux, afin de répondre à la baisse drastique de leurs revenus publicitaires" (1).

Aide locale, acteurs internationaux

Est-ce dans ce cadre que le Forem développe actuellement une campagne de communication à la télévision? On ne le sait pas (2). Mais, que cette action de communication du Forem s'inscrive ou non comme un soutien spécifique aux médias en période de covid, on ne peut contester que cet achat d'espace pour diffuser des messages d'intérêt général à propos de ce service constitue une aide apportée par l'État aux organismes de télévision. En donc à des acteurs privés, dont les liens directs avec une implantation en Belgique francophone ne sont pas toujours avérés.

Faut-il rappeler que l'essentiel du capital de RTL Belgique appartient à un groupe allemand, qu'il relève d'une licence de diffusion en Belgique accordée par le Luxembourg, et que les organigrammes de l'entreprise ne cachent pas divers allers-retours entre la Belgique et le Grand-Duché?
Personne ne contestera toutefois que l'entreprise  produit en Belgique, et pour la Belgique, une part de ses émissions, même si celle-ci n'est pas en croissance. Une argumentation tentant à justifier la diffusion sur les chaînes du groupe RTL Belgique de messages d'intérêt général financés par une autorité publique locale mériterait donc au moins d'être discutée.

Pour TF1, plus directement visée ici, la question est bien davantage ouverte, voire béante. Certes, depuis la rentrée 2018, la chaîne privée française du groupe Bouygues développe sur le territoire belge un décrochage de son programme français qui prétend distinguer les contenus belges de ceux proposés sur l'hexagone. Mais il ne faut toutefois pas un long temps de vision pour conclure que la seule différence entre les deux chaînes se situe au niveau de leurs écrans publicitaires. Hormis cela, le reste du contenu, c'est-à-dire ce qui motive l'intérêt des Belges francophones pour cette chaîne, est strictement identique des deux côtés de la frontière. Le public belge est simplement devenu un marché de plus pour cette chaîne privée, une clientèle que TF1 entend valoriser (sinon exploiter) économiquement.

Soutien sans frontières

C'est dans le cadre de ces écrans publicitaires, et en l'occurrence à tout le moins en primetime, que l'on a pu très récemment voir, sur TF1, un spot publicitaire du Forem.
Quelle a été la régularité de cette diffusion, et à quels moments précis ces messages ont-ils été émis? On demandera ici au lecteur un peu de mansuétude: une observation de ce qui se passe dans la médiasphère belge francophone n'oblige ni ne permet d'assurer une veille permanente et totale de cet univers 24h/jour 7j/7. Et la non-intégration de ces écrans dans le replay en ligne ne permet pas de recouper, a posteriori, ce qu'a révélé la vision live.

A moins que cet espace ne lui ait été généreusement offert (chose ce que le téléspectateur n'aurait aucun moyen de savoir), tout porte à croire que le Forem a acheté ces emplacements sur TF1. Certes, ce géant des médias a, lui aussi, souffert de la crise du covid. Et les dividendes attendus par ses actionnaires seront sans doute moins élevés fin 2020 que fin 2019. Mais est-ce une raison pour les pouvoirs publics de courir au secours de ce groupe? Si la question peut déjà être posée pour l'État français, elle l'est évidemment a fortiori pour l'État belge, dont le Forem est une émanation.

Le monde des médias crie à l'aide en Belgique. Les autorités cherchent, via les moyens à leur disposition et en fonction des faibles marges de manœuvre dont elles disposent, à répondre à ces SOS. Et, au même moment, une des agences relevant du pouvoir public en Wallonie investit de l'argent wallon dans le soutien d'un groupe médiatique international. Groupe dont la seule véritable  ambition est de s'emparer d'une partie du marché publicitaire belge francophone, déjà réduit à une peau de chagrin.

Une brillante analyse réalisée par l'agence Space (3) a récemment démontré comment la reprise en main par IPB de la commercialisation de la pub de TF1 en Belgique avait augmenté, à l'automne 2019, les ventes d'espaces belges sur cette chaîne. Ce qui avait entraîné une hausse des rentrées engrangées par le géant français, hausse qui a essentiellement affecté… RTL-TVI, dont les liens directs et historiques avec IPB sont pourtant évidents.
Partant de là, le Forem a-t-il acheté chez IP un 'package' d'espaces sur les chaînes du groupe RTL et TF1 Belgique? Sa présence sur TF1 ne serait-elle donc qu'une 'conséquence malheureuse' de ce marché? Ce blog est incapable de la dire. Mais, même dans ce cas, et sauf si IP a fait cadeau de cet espace, il semblerait que TF1 a bien été soutenu, pour ne pas dire financé, par un service public dépendant de l'État belge…

Frédéric ANTOINE.


(1) https://linard.cfwb.be/home/presse--actualites/publications/publication-presse--actualites-29.publicationfull.html
(2) La coïncidence de cette campagne avec les décisions politiques récentes pouraitt le laisser supposer. Toutefois, le Forem étant  "le Service public wallon de l'Emploi et de la Formation professionnelle" (https://www.leforem.be/a-propos/le-forem-en-detail.html), il ne dépend pas de la FWB, mais du gouvernement wallon. Par contre, comme ce n'est pas la Wallonie mais la FWB qui exerce les compétence d'aide aux médias, peut-être l'action de l'un des gouvernements est-elle soutenue par l'autre, et vice-versa?
(3) "Gross tv investments South evolution"in: https://www.space.be/seen

16 mai 2020

Plus nombreux lors du covid devant les "Douze coups de midi". Mais…


Plus nombreux devant leur écran de télé pendant les journées de confinement covid, les Belges l'ont aussi été sur le temps de midi devant le jeu de TF1 qui réalise des audiences historiques pendant cette période. Jusquà ce que…
L'audience de ce jeu quotidien, diffusé même le dimanche, est quelque peu erratique. En Belgique, elle était en moyenne d'environ 208.000 spectateurs par émission en 2019. Mais, en période de vacances scolaires, ils peuvent être beaucoup plus nombreux. L'an dernier, les émissions ayant attiré les plus grandes audiences furent diffusées les 29 et 26 décembre ( 278.000 et 272.000 personnes). Le volume de l'auditoire varie aussi selon les jours de la semaine. Si l'on peut comprendre que, en 2019, les jours ayant attiré le maximum de téléspecteurs belges étaient, le plus souvent, été ceux du week-end, la variation des niveaux d'audience des autres jours de la semaine est moins évidente à expliuer. En Belgique, des audiences plus de 240.000 personnes ont régulièrement été enregistrées l'an dernier hors des samedi-dimanche.
En 2020, avant la crise covid, l'audience moyenne était en très légère croissance (1) : +10.000 spectateurs par rapport à l'an dernier environ. Le confinement va modifier cette situation. Sur la période 18 mars - 14 mai, l'audience moyenne du programme frise les 250.000 personnes, soit environ 30.000 spectateurs/jour de plus qu'au début de l'année, et 40.000 de plus en comparaison de la moyenne 2019. Le programme dépasse même à deux reprises les 300.000 spectateurs belges (mardi de Pâques et jeudi 26/03), et se situe au-dessus des 290.000 à cinq reprises pendant la période de fin mars-début avril. Le programme a clairement conquis un nouveau public, différent de ceui qui compose l'auditoire habituel de la télévision sur le temps de midi.

Mais, comme le révèle le graphique, la courbe d'audience retombera ensuite aux environs des 250.000 personnes la dernière semaine d'avril, et s'effondrera en début mai. Le programme perd alors jusqu'à 100.00 spectateurs. Cette désaffection soudaine n'est pas étrangère au changement de programmation survenu le 29/4. A partir de cette date, faute de nouveaux enregistrements, l'émission se met en mode rediffusion. L'auditoire résiduaire est sans doute plutôt composé de membres du public additionnel que le programme avait conquis lors de la crise, une partie de ses habitués n'ayant pas souhaité revoir une seconde fois le parcours du "maître du jeu" Paul, déjà diffusé l'an dernier exctement à pareille époque.

Les victoires d'audience dues au covid peuvent s'avérer fragiles. Et peu résistantes lorsque la matière fraîche vient à manquer…

F.A.

(1) Pour autant que cette différence soit statistiquement significative dans l'échantillon de base de la mesure audimétrique.

07 mai 2020

Afflux d'aventuriers confinés sur Koh-Lanta




Qui n'a recherché de s'aérer par un peu de divertissement dans ce monde en confinement ? Face à un écran de télévision qui décline au fil de ses programmes les progrès de la pandémie et une impression d'enfermement généralisé, comment s'évader? Notamment, en regardant Koh-Lanta

Incontestablement, l'effet coronavirus a joué sur l'audience du programme, qui caracolait aux alentours des 300.000 spectateurs (Live+vosdal) lors de ses premières semaines, en février, et qui en a gagné plus de 100.000 dès le début du confinement, pour grimper jusqu'à mi-avril aux alentours des 450.000 personnes… jusqu'à la 'catastrophe industrielle' du vendredi 24 avril. Ce soir-là, l'audience du programme perd 160.000 téléspectateurs d'un coup. La faute à l'attente pendant une bonne partie de la soirée de la conférence de presse du CNS devant révéler les modalités de l'entrée en déconfinement (1). L'attente de la communication des autorités, qui occupera la première partie du prime-time,  et la conférence de presse qui arrive en fin de prime-time (voire en late-fringe) prive la télé-réalité d'aventure d'une partie de ses amateurs. Pour de bon? Ceux-ci ne seront en effet pas tous au rendez-vous la semaine suivante, puisque l'émission ne rassemblera qu'un peu plus de 400.000 personnes le 1er mai. Pourtant, ce soir-là, l'élimination des deux porteurs de colliers d'immunité avait de quoi relancer le suspens. Mais elle n'est évidemment intervenue qu'en fin de récit…


 Pour les 24/04 et 01/05, il sera intéressant de disposer des données Live+7, que le CIM n'a pas encore mises en ligne. Pour les semaines précédentes, celles-ci confirment que Koh-Lanta n'est pas seulement un programme que l'on suit en direct (ou en quasi-direct), mais qu'une partie des spectateurs le regarde lors d'un moment de disponibilité de son choix. L'apport de cette audience différée (en orange sur le graphique) permet à l'auditoire de Koh-Lanta de compter au total plus d'un demi-million de spectateurs lors de l'ouverture de la saison 2020, et plus de 450.000 les semaines qui suivent. A partir de l'arrivée du confinement, les deux types d'audience totalisent en moyenne 530.000 personnes, la barre des 550.000 étant dépassée à partir du début avril.



Le non-linéaire ne représente toutefois pas le même volume d'audience au cours de toute la période de diffusion de la télé-réalité. Les spectateurs regardant l'émission plus de 24h après sa diffusion étaient plus de 170.000 pour la première de l'émission. Ce nombre va ensuite décroître semaine après semaine. La diminution est constante et particulièrement sensible après le début du confinement (sauf à Pâques).
En début de saison, la part d'audience non-linéaire représente environ un tiers de l'audience totale. Cette proportion descend aux alentours de 20% lors de la crise du covid-19. Une partie de l'auditoire qui suivait d'ordinaire l'émission en catch-up tv semble alors avoir eu l'occasion de basculer sur le (quasi) direct.




 Sur l'ensemble des émissions diffusées du 21/02 au 01/05, le programme réunit en moyenne un peu moins de 380.000 spectateurs (Live+vosdal). Pendant le confinement, la moyenne de l'audience croît légèrement, mais cette mesure est perturbée par le 'cas' que représente la soirée du 24 avril. En ne tenant pas compte de ce moment d'anormalité, la moyenne de l'audience covid se situe à environ 420.000 spectateurs. 


La moyenne de l'audience belge (Live+vosdal) de Koh-Lanta était d'un peu plus de 280.000 personnes en 2019. Les résultats 2020 sont donc largement supérieurs, mais cette hausse est aussi sensible hors de période de confinement. Le graphique ci-dessus compare les audiences des semaines 1 à 7 de la télé-réalité au cours des deux années. On y relève dans les deux cas un comportement identique de l'audience en début de période (un attrait de l'émission de lancement, suivie d'une baisse d'intérêt et d'une remontée de l'audience). En 2019, le nombre de spectateurs baisse à nouveau par la suite, ce qui n'est pas le cas cette année.

Le succès de Koh-Lanta sur les petits écrans belges n'est pas neuf. En 2007, par exemple, la finale du programme, qui avait eu lieu à la mi-septembre, avait rassemblé 384.000 téléspectateurs. Fin octobre 2012, on lui comptabilisait une audience de plus de 468.000 personnes. L'attrait pour les aventuriers de la tribu perdue avait ensuite plutôt baissé. Cette année semble permettre à l'émission de renouer avec les audiences de ses bonnes années.

(1) Cf. sur ce même blog les articles sur l'audience des JT et de Questions en prime ce même vendredi 24/04.

04 mai 2020

Quelle audience, les JT confinés !



Les JT du soir

L'audience des JT a battu tous les records pendant la crise du coronavirus.

Selon les données CIM, plus de 800.000 téléspectateurs (Live+Vosdal) ont fréquemment suivi les journaux télévisés du soir de RTL-TVI et de La Une au cours du mois de mars. Ces scores historiques sont beaucoup moins fréquents en avril, et est alors essentiellement lié aux moments des annonces de décisions du CNS sur la sortie du confinement.

De manière assez constante, le RTL Info de 19h a, comme à l'accoutumée, rassemblé davantage d'audience que le JT de La Une. Mais les résultats des deux chaînes se sont rapprochés.

En moyenne, entre le 6/3 et la fin mars, le 19h de RTL-TVI a été suivi par près de 808.000 spectateurs, et le 19h30 de La Une par environ 754.500 spectateurs.
Du 1er au 29 avril, l'écart s'est réduit entre les deux chaînes, la moyenne du journal du soir de RTL-TVI étant de 724 500 et celui du 19h30 de 722.000. En tenant compte de la marge d'erreur, on peut estimer que les deux JT ont réuni le même nombre de spectateurs.

En mars 2019, l'audience moyenne du RTL-Info 19h était de 601.000 personnes et celle du 19h30 de La Une de 472.000.
En avril 2019, ces audiences étaient de 531.000 pour RTL-TVI et de près de 420.500 pour La Une.

En mars 2020, l'audience moyenne du RTL Info 19h a donc été d'environ 200.000 spectateurs supérieure à 2019, et celle du 19h30 de La Une de près de 275.000.

En avril, les gains d'audience sont encore supérieurs. Le RTL Info 19h a comptabilisé en moyenne environ 193.500 spectateurs de plus qu'en 2019, et le19h30 de La Une près de 301.500. Ces résultats s'expliquent en partie au moins par l'absence cette année d'un effet "vacances de Pâques", qui diminue toujours l'audience moyenne de la télévision pendant cette période. Mais cet effet ne concerne qu'une partie du mois.

Les pics absolus d'audience des JT se situent en début de crise, lors de l'entrée en confinement. 
Tout au long de cette période, les journaux télévisés de RTL-TVI continuent comme d'ordinaire à recueillir davantage de spectateurs que ceux de la RTBF. Mais celle-ci réalise parfois des audiences plus élevées que sa concurrente privée lors de moments liés à la communication de décisions du CNS.

Les JT de 13h

Sur le temps de midi, les JT de la RTBF réalisent d'ordinaire des résultats d'audience meilleurs que RTL-TVI. La chose est moins évidente pendant cette période de crise, les deux émissions d'information comptabilisant souvent un nombre de spectateurs presque équivalent (hormis les cas des dimanches, où RTL-TVI est traditionnellement plus suivie que La Une). En fin de période, l'audience des JT de 13h de RTL-TVI précède à de nombreuses reprises celle des JT de la RTBF.

En moyenne, entre le 6/3 et la fin mars, le 13h de RTL-TVI a été suivi par près de 390.500 spectateurs, et le 13h de La Une par environ 414.500  spectateurs.
Mais, du 1er au 29 avril, la moyenne du journal de 13h de RTL-TVI était de 410.000 spectateurs et celui de la RTBF de 384.000.
En mars 2019, l'audience moyenne du RTL-Info 13h était de 229.500 personnes et celle de La Une de 237.000.
En avril 2019, ces audiences étaient de 215.500 pour RTL-TVI et de près de 230.000 pour La Une.

En mars 2020, l'audience moyenne du RTL Info 13h a donc été d'environ 261.000 spectateurs de plus qu'en 2019, et celle du 13h de La Une de près de 177.500.

En avril 2020, RTL Info 13h a compté environ 194.500 spectateurs en plus par rapport à 2019, et le13h de La Une près de 206.500. Mais il faut là aussi tenir compte d'une absence de l' "effet vacances de Pâques" cette année.

La crise du coronavirus a attiré vers l'information des JT belges un nombre de spectateurs plus important que d'ordinaire, celui-ci augmentant souvent en moyenne de plus de 200.000 personnes par jour et par édition du journal télévisé. Il s'agit évidemment de moyennes, qui sont influencées par les chiffres élevés d'audience les jours où des événements importants se déroulent aux alentours de l'heure des informations. En mars et avril, RTL-TVI a accru par rapport à 2019 l'audience de ses JT de plus de 25%. A 13h, l'audience moyenne de RTL a augmenté de plus de 40% en mars à un peu moins de 50% en avril.
Pour la RTBF, la hausse d'audience du JT du soir et plus marquée encore: en mars elle est d'un peu moins de 40%, et avril d'un peu plus de 40%. A 13h, le gain d'audience est de plus de 40% en mars et en avril.

Les hausses d'audience sur le temps de midi peuvent être mise en relation avec l'état de confinement, qui invite davantage de personnes à regarder la télévision en journée. La même explication ne peut pas être envisagée de manière identique pour les JT du soir.

Frédéric ANTOINE



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