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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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06 février 2021

TFI : COMMENT, SOUS UN PRÉTEXTE MENSONGER, METTRE DES « STARS À NU »


Des "stars" qui se montrent nues afin d\"inciter les téléspectateurs… à accepter d\"en faire autant chez le médecin lors d\"un dépistage du cancer de côlon: tel est le louable pitch de Stars à nu, diffusé ce vendredi 5/2 sur TF. Mais quel motif hypocrite pour diffuser en primetime un programme un peu voyeur! En effet, pour dépister le cancer du colon, on ne se dénude pas devant un médecin. En tout cas, pas à l\"état conscient.

Il n\"y a qu\"un moment où, dans Stars à nu, on dit la vérité: quand un médecin vient y expliquer aux "stars" participant au programme ce qu\"est le cancer du côlon et comment on le débusque. Il précise ainsi la première étape: un test à mener chez soi sur un échantillon de selles afin d\"y repérer l\"éventuelle présence de sang. Un test immunologique proposé à tous les Français de plus de 50 ans (en Belgique, ce test n\"est pas généralisé). Et il ajoute bien que, Si ce test s\"avère positif, le médecin traitant invitera son patient à faire une endoscopie. 

Soyons clair. L\"endoscopie se pratique en hôpital de jour. Préalablement a lieu un premier rendez-vous avec un gastro-entérologue, où on ne se déshabille pas du tout, mais où le médecin définit l\"utilité de l\"examen et ses modalités pratiques. Il y a ensuite un contact avec un anesthésiste, comme cela se passe avant toute intervention hospitalière. Là non plus, on n\"enlève pas le moindre vêtement. Enfin, le jour J, on est admis en hôpital de jour, on a accès à une chambre où une infirmière donne au patient une chasuble qu\"il portera pendant l\"examen, et l\"invite à la revêtir un fois qu\"il se sera déshabillé, bien sûr en son absence. Ensuite, l\"anesthésie commence, le patient s\"endort… et quand il se réveille, il est de nouveau dans sa chambre, l\"endoscopie est terminée. Il a devant lui une petite collation pour le remettre d\"aplomb (car avant l\"endoscopie, il a dû prendre pendant plusieurs jours d\"horribles boissons pour se vider les intestins, et n\"a rien pu manger depuis la vielle). Il se rhabille, seul. L\"infirmière vient voir si tout va bien, le chirurgien passe donner des nouvelles. Et le patient s\"en va avec la personne chargée de le ramener chez lui.

Nu? Jamais devant le médecin

Voilà, c\"est tout. Quand est-ce que, pour prévenir du cancer du côlon, on doit se mettre nu devant un médecin? Ja-mais. Jamais ! Le seul moment où l\"on se déshabille, c\"est, comme pour toute intervention en hôpital avec anesthésie générale, avant de "passer sur billard", si l\"on peut dire. A aucun moment, on ne doit retirer ses vêtements devant un médecin. La justification de ce show du vendredi soir est donc un prétexte, qui plus est fallacieux, pour faire croire que quelques "stars" ont des complexes à se montrer nues devant des caméras. Ah, la pudeur, que ne ferait-on pas en son nom!

A la fin de l\"émission, dans un cabaret parisien non cité, et devant un public dont on se demande bien comment il a été invité à cela, les "stars" prestent enfin leur petit numéro de danse puis enlèvent le haut, puis le bas. Au public, ils osent enfin montrer "tout" montrer, y compris leur virilité. Hélas, les téléspectateurs et les téléspectatrices n\"auront droit qu\"à leurs fesse s: la caméra ne montrera  les héros que de dos. L\"honneur est donc sauf, et chacune des stars se félicitera d\"avoir ainsi convaincu le public de désormais accomplir un petit striptease chez le médecin quand il viendra y pratiquer un test contre le cancer du côlon. Tous ces super-héros du nu, ainsi que la présentatrice dévouée de l\"émission, le diront en substance à l\"antenne: "Cela a été dur! Mais si ce que je fait ne peut sauver qu\"une vie, je suis content!" Sauf que, si les Français se montrent ainsi nus à leur médecin, ce n\"est jamais de la sorte qu\"on pourra savoir s\"ils ont ce cancer. Seul le chirurgien du côlon, souvent affairé derrière ses écrans, aura peut-être l\"occasion d\"apercevoir un peu des fesses du patient, cachées sous la toile du champ opératoire…

Des fesses de stars pour tout le monde

Mais ça aura fait une bonne soirée de télé, un peu trash rien que par le titre, mais devenue un service public indispensable grâce à son faux motif. En prétendant motiver les troupes se tous ces mâles qui n\"osent jamais se mettre à nu (comment font-ils dans les douches, après un match ou un entraînement sportif?). Et, surtout, en apportant un peu d\"image de virilité(s) au public féminin pour qui, in fine et sans le dire, est bien sûr prioritairement destiné ce show, comme tous les primetime de TF1.

Soyons de bon compte: l\"an dernier, le même programme évoquait la nudité et le dépistage du cancer de la prostate. Là, effectivement, cela peut jouer un rôle. Mais faut-il convoquer tous les cancers sous prétexte de pouvoir montrer des "stars" à poils à la télé? Ah, justement, la semaine prochaine c\"est au tour des dames de passer dans le programme. Des "star(e)s" vont aussi se mettre à nu, cette fois pour convaincre les femmes de se dénuder chez leur médecin pour se prévenir du cancer du col de l\"utérus. Car, bien sûr, aucune femme ne se dénude, même partiellement, actuellement chez son gynécologue. Celui-ci ne fait que les auscultes à distance. C\"est bien, connu. Merci donc à l\"émission, qui convaincra enfin les femmes de montrer leur sexe à leur médecin, au terme d\"un striptease suggestif!

Allez, TF1, ne cache pas tes programmes pseudo-lestes par de beaux motifs. Les appeler par leur nom serait plus simple, et plus honnête. Ce qui sauverait des vies face au cancer du côlon, c\"est de convaincre les gens de faire, chez eux, un test de selles. Là se trouvent les vraies réticences du plus grand nombre. Mais ça, évidemment, c\"est beaucoup moins sexy…

Frédéric ANTOINE

24 octobre 2020

Le départ de Bertrand-Kamal de Koh-Lanta : certains savaient-ils avant la diffusion?

Vendredi 23 octobre, 22h12 : Bertrand-Kamal quitte définitivement Koh-Lanta, sans pour autant avoir été éliminé lors d'un Conseil. Moins d'une minute plus tard, des médias en ligne publient déjà sur le sujet. Et pas seulement pour donner l'info brute. Sur internet, les nouvelles vont vraiment plus vite que l'éclair.

Lors du dernier épisode diffusé de Koh-Lanta Les 4 Terres, l'épreuve du 'jeu de confort' a fait dans le jamais vu. Le moins bon des concurrents qui y participaient y était cette fois directement éliminé de l' «aventure ». Le jeu n'était pas compliqué : à l'aide d'un grappin rattaché à une corde, il suffisait de ramener à soi trois blocs de bois. A ce sport, et la surprise générale, le Dijonnais Bertrand-Kamal, d'ordinaire parmi les plus forts (il a plusieurs fois mené sa tribu à la victoire) se révèle incroyablement à la traîne. Et finit par arriver bon dernier, bien derrière des concurrents moins forts et moins habiles. Il est 22h12. La foudre s'abat sur les téléspectateurs, ahuris. Comment la production a-t-elle pu jouer l'éventuel départ du héros de cette édition sur une épreuve aussi hasardeuse, et dont un des enjeux n'a jamais été une élimination individuelle ? Manifestement, jusque-là, le récit tel qu'écrit lors de la post-production visait à clairement valoriser ce candidat, à le mettre en avant, et à le placer du côté des historiques figures emblématiques du jeu. Et patatras, tout s'effondrait d'un coup. Impensable. Et pourtant…

TF1, dès la fin de l'épisode du jour, a diffusé une apostile comprenant une interview du père du candidat, qui est décédé le 9 septembre dernier. M. Loudrhiri y laissait bien comprendre que Bertrand-Kamal n'était pas ensuite revenu dans la course via une petite porte étroite, reprenant subitement la place d'un de ses compagnons forcé de renoncer pour raison médicale. Il n'y a donc pas eu derrière ce départ imprévu un coup scénaristique visant à créer un climax ponctuel qui aurait relancé l'intérêt de l'audience. Ou, du moins, celui-ci n'a-t-il pas pu se clôturer par un happy ending. L'édition de cet automne en perd clairement de son panache.

Prémonition

Ce qui est étonnant est l'instantanéité (voire la devancement) entre l'événement télévisuel que constitue ce départ en fin de 'jeu de confort' et l'arrivée de l'info sur internet. On sait les 'journalistes' web rapide. Mais ce point…

Grâce aux heures automatiques de postage enregistrées par les logiciels d'édition et/ou par Google, il est ainsi apparu que, ce vendredi, le site madamebuzz.fr avait annoncé l'élimination de Bertrand-Kamal… dès 21h27, soit plus de quarante minutes avant l'événement. Si l'on fait confiance à cet horodatage, ce média en ligne qui se targue de proposer « toute l'actualité des stars, des médias et des séries » aurait ainsi réussi à précéder l'événement. Mais pas seulement. Dans son article, il est aussi déjà capable de diffuser le message de réaction des parents du candidat face à ce départ ! On le concédera, il s'agit-là d'un véritable tour de force journalistique, pour ne pas dire un 'coup de Poudlard'. Nous aurions aimé savoir qui se cachait derrière ce site, s'il avait des liens avec des médias ou des sociétés associées à la production du programme, ou à TF1. Las. Les mentions légales du site sont plus que laconiques et aucun nom ou adresse ne permet de remonter la piste. Et, lorsqu'on a recours aux outils numériques qui permettent ce traçage, on en a vite pour ses frais. Tout au plus apprend-on que la version actuelle du site a été créée il y a un peu plus de quatre ans par la société OVH, domiciliée à Roubaix, et qu'elle est hébergée sur un serveur californien. Pour le reste : rien, par respect pour la 'privacy'. Pas de quoi faire fondamentalement avancer l'enquête…

Préméditation

On appréciera de la même manière la dextérité du site programme-tv.net qui réussit à mettre en ligne, au moment même de la défaite du candidat, un article qui annonce déjà que les autres aventuriers sont sous le choc et inconsolables. La parfaite concordance temporelle entre le temps de l'événement télévisuel et celui de sa mise en ligne (22h12) est remarquable de précision. Ce site là est moins difficile à identifier. Il est implanté en Hesse (RFA), à la même adresse IP que les versions en ligne de Voici, Gala, Femme Actuelle ou Capital. C'est-à-dire chez Prisma Presse, la branche française de Gruner+Jahr, le secteur 'magazines' de Bertelsmann. Avoir non seulement perçu le désarroi des autres concurrents au moment de la fin du jeu, mais réussir à la fois à écrire au même moment un texte à ce propos et le mettre en ligne à la même seconde est purement prodigieux !

On pourrait presque en dire autant de l'exploit réalisé par non-stop-peole.com (site associé au groupe Non Stop éditions, propriété du groupe audiovisuel Banijay) à qui il faut moins de six minutes pour récolter les premiers commentaires déçus postés sur Tweeter (cf. bas du tableau ci-dessus), écrire un texte à partir d'eux et passer le tout sur le web. Même à supposer que le texte se soit réellement basé sur des tweets publiés, peut-il pour autant titrer des quelques messages récoltés : « Twitter sous le choc et en larmes » ?

Face à tout cela, on féliciterait presque le webmaster de la version en ligne du journal gratuit 20 Minutes, à qui il a quand même fallu quatre minutes pour écrire un texte de commentaire, estimant que, désormais, Bertrand-Kamal s'inscrivait dans la lignée des héros de l'émission. Le voilà le vrai journalisme. Celui qui sait prendre son temps, marquer la distance, et apprécier l'événement en profondeur. (1)

Ah, il n'est pas mort le rêve lucky-luckeien des médias d'arriver à « tirer plus vite que son ombre ». Jusqu'à ce que, à force de vouloir précéder l'info 'réelle', on n'ait plus besoin qu'elle arrive pour diffuser une nouvelle sur le web. 

Comment ? Ah oui, oups, désolé. J'oubliais que cela s'appelait déjà une fakenews (2)…

Frédéric ANTOINE. 

(1) Même si le titre de cette info est, en partie inexact, car contrairement à ce qui est écrit le candidat a bien élé éliminé. Mais ne l'a pas été lors d'un Conseil…

(2) Tout ceci ne remet évidemment pas en cause le travail journalistique de médias qui ont réellement pris le temps de traiter la nouvelle, et qui ont publié leurs articles plusieurs heures après les faits, souvent le samedi 24 en matinée…


21 juin 2020

Top chef, une finale peut-être fade (pour les Belges)

La finale de Top Chef est diffusée ce lundi 22 juin sur RTL-TVI. Elle l'a été mercredi dernier sur M6. On sait donc déjà qui va gagner. Quelle sera l'audience de cet épisode sans concurrent belge?

L'élimination de Mallory s'est déroulée devant un beau public belge, la semaine dernière… alors que les plus curieux savaient déjà que le jeune chef avait fait les frais de choix peu orthodoxes du jury vis-à-vis de sa recette de turbot en vessie. Le public du programme n'est donc vraiment pas avide de savoir qui gagne, mais plutôt de comment il gagne (ou perd).
Lundi dernier, l'audience de cet épisode n'a pas été le meilleur de l'année, ni même des dernières semaines. Paradoxalement, c'est celle de la première demi-finale, où Mallory n'était pas directement en course, qui a attiré la plus forte audience de toute la saison jusqu'ici. Le fait qu'on pouvait ne pas savoir que Mallory n'aurait pas droit à proposer son épreuve ce soir-là a sans doute jouer dans la curiosité du public. Mais pas seulement.
En effet, la place occupée par l'épisode de l'élimination de Mallory' dans les audiences du programme est sans doute plus révélatrice de l'intérêt du public belge pour son concurrent: le soir de son élimination, l'émission a été le plus regardé des programmes de télévision en Belgique francophone, devant les JT.  Ce qui est un phénomène extrêmement rare, surtout pour une production de ce type. Mais, cette année étant assez spéciale, Top Chef avait toutefois déjà atteint le même sommet, quinze jours plus tôt. La place du programme dans le top 3 ou 4 des émissions les plus regardées le lundi en Belgique francophone n'avait fait que se confirmer depuis la mi-mai.
L'épisode d'élimination de Mallory tient aussi un autre presque record: celui de l'épisode le plus court de l'année. Il a duré à peine plus d'une heure, alors que l'émission dure normalement ±125 minutes. Fin avril, un autre épisode avait déjà occupé l'antenne pendant un temps particulièrement bref. De la mi-mai à début juin, le programme avait aussi été raccourci d'environ une demi-heure. Avant l'épisode express qui fut fatal au concurrent belge, la première demi-finale avait déjà revêtu un format écourté.
Cette stratégie permet à RTL-TVI (mais pas à M6) de faire coïncider la fin de cette télé réalité culinaire avec celle de sa saison d'hiver. Elle offre aussi à la chaîne de beaux scores d'audience, rares au mois de juin où ce sont d'ordinaire les compétitions sportives qui attirent les spectateurs en masse vers les chaînes qui les diffusent (et en privent donc la chaîne privée…). Le profil d'audience de prime time que la chaîne affiche en ce mois juin est incontestablement tiré vers le haut par cette émission.

F. A.

25 mai 2020

Télé ou réalité? L'amour est de retour dans le pré sur RTL-TVI. En oubliant les mesures de distanciation sociale?

Dimanche 24 mai, RTL-TVI diffusait l'émission d'ouverture de sa douzième saison de  la télé-réalité L'amour est dans le pré, version belge, celle où sont présentés chacun et chacune des agriculteurs et agricultrices qui recherchent l'âme sœur. Le programme affirme avoir tenu compte de toutes les mesures de distanciation sociale demandées. Mais est-ce si simple?

Selon La Libre Belgique (1), le tournage devait se dérouler pendant la semaine de Pâques et a finalement eu lieu une semaine avant diffusion, soit celle comprenant le jeudi de l'Ascension. Le quotidien donne la parole à l'animatrice, qui explique : "Dès que le déconfinement a été amorcé et que l’on a eu l’autorisation de tourner, on en a profité. On a tout bouclé à la dernière minute. Les dernières semaines ont donc été intenses." Toujours selon l'article, toutes les mesures de sécurité ont "évidemment été prises" pendant leur réalisation: "On a tourné en équipe réduite et avec des masques. La distanciation sociale était d’application mais les agriculteurs et moi n’avons pas porté de masque à l’écran."

Il n'est pas sûr qu'une simple vision du produit fini, faite dans des conditions de réception 'normales', confirme ces intentions. Et il n'est dès lors pas certain que le message de santé publique véhiculé par l'émission paraisse tout à fait conforme aux recommandations des autorités.

En application des mesures de distanciation prescrites, le programme évite clairement les embrassades et les serrements de main. Lors de ses premières rencontres avec celles et ceux que l'on dénommera ici 'les candidats' de l'émission, la présentatrice est très explicite à cet égard. Elle dit à chaque fois regretter de ne pouvoir être plus amicale, et marque clairement la distance en se positionnant à l'écart de ses interlocuteurs. De même, les tournages dans les exploitations agricoles sont réalisés soit en extérieur, soit dans de grands hangars. Aucune interview de participant n'a lieu en intérieur. Des mesures de distanciation sont aussi parfois évoquées au détour d'une conversation, lorsqu'un des intervenants parle de la situation actuelle, qui oblige par exemple à ne pas voir un aïeul ou à établir plusieurs scénarios pour l'organisation d'un futur mariage.

Distance (ir)réelle

Cela mis à part, à l'image, l'émission d'ouverture de cette saison a tout des airs des précédentes. Comme si, depuis l'an dernier, rien ou presque n'avait changé. Et que le monde était toujours le même.

On en serait parfois à oublier la la fameuse distanciation sociale, fixée dans tous les textes légaux, même les plus récents, et donc, semble-t-il, concomitants ou postérieurs à la période présentée comme celle des tournages (2).
Le spectateur peut ainsi avoir l'impression que les protagonistes perdent de temps à autre un peu de vue que cette mesure impose toujours 1,5 m de distance entre deux personnes.
A de nombreuses occasions, les images suggèrent que cette mesure n'est pas respectée, que ce soit lors de certaines interviews (par exemple sur un petits banc de pierre, ou sur l'herbe d'un pré), ainsi que lors de déplacements et d'activités où pareil éloignement entre deux interlocuteurs est physiquement impossible pour que cela 'fonctionne' médiatiquement parlant.

On pourrait objecter que ce n'est qu'un effet d'image, l'art de l'usage des focales des objectifs permettant de créer l'impression de rapprochement entre les plans et de
supprimer la profondeur de champ d'une image. Ce qui, visuellement y réduit l'impression de distance.
Lorsque les plans sont pris en champ/contrechamp, ou en amorce épaule, notamment, cet effet de focale peut être évoqué. Mais pas lorsque l'image montre de face ou de trois quarts deux personnes, ou davantage.

Alors que, dans les studios de télévision, cette distance-barrière est en général bien respectée, est visible à l'image, et crée même parfois des impressions de vide entre des protagonistes réunis en petit nombre sur un plateau, pareille configuration paraît moins aisémenent de mise dans la nature. Ce qui explique sans doute pourquoi bon nombre de productions audiovisuelles (mais donc pas toutes…) sont toujours actuellement à l'arrêt.

Porter le masque ne pourrait-il pas, en cas d'ultime nécessité, pallier quelque peu cette impossibilité matérielle de distance? En tout cas pas dans l'émission observée où, comme le confiait l'animatrice à La Libre Belgique, personne ne porte de masque "à l'écran". Ce choix repose sur l'hypothèse que cette distinction entre le cadre télévisuel et celui de la vie réelle sera clairement perçue par le spectateur, ce qui est loin d'être certain. Mais même si tel était le cas, en est-il de même pour le virus lui-même? Celui-ci suspend-il ses capacités contaminatrices dès que survient le "clap" de début d'une prise de vue?

Sous le même toit

La plupart des séquences de la télé-réalité mettent en scène des personnes vivant sous le même toit. Elles constituent à ce titre un "groupe", autorisé comme tel dans les textes officiels. Mais qu'en est-il de la rencontre entre tous ces groupes (il y a dix candidats dans l'émission) et l'animatrice (qui ne porte pas de masque), et ses équipes de tournage (dont on ne sait si les membres sont en mesure de respecter avec leurs hôtes et entre eux les mesures de distanciation imposées)? Le générique final du programme, particulièrement laconique pour une production aussi lourde, ne mentionne pas les noms des membres des équipes de tournage. Il est impossible de savoir si ce sont les mêmes techniciens qui ont tourné de lieu ou lieu ou si, à chaque fois, il a été fait appel à des équipes différentes pour réduire les risques de disséminationdu virus. En effet, si les textes officiels permettent, depuis le 10 mai, de recevoir chez soi quatre personnes maximum, le fait que ces mêmes personnes puissent-elles même rencontrer une dizaine de familles différentes accroît sensiblement leur capacité de contamination.

L'article 2 de la version du 20 mai 2020 de l'arrêté ministériel (3) mentionnant notamment que ces personnes reçues dans un foyer doivent être toujours les mêmes, cela veut-il dire ici que les dix familles qui ont accueilli les équipes de tournage ne peuvent depuis lors plus recevoir quelqu'un d'autre chez eux?

Cette question de contact avec des personnes étrangères au foyer peut aussi être soulevéee pour au moins le contenu d'une des séquences in situ de l'émission: celle où de jeunes voisins d'un des agriculteurs viennent lui rendre visite, sont interviewés par l'animatrice, et jouent dans la cour de sa ferme, un des enfants portant une tenue de travail et pilotant un petit tracteur-jouet. Le participant au programme n'ayant lui-même pas d'enfants, les jeunes qui l'ont rejoint ne peuvent être de sa famille. Ceux-ci sont-ils trois des quatre personnes que le candidat peut légalement recevoir chez lui? Ou, avec l'ensemble de l'équipe de tournage, ne dépasse-t-on pas largement le nombre autorisé?

Tous devant l'écran

Et puis, il y a les questions que soulève le fil rouge du programme: la réunion entre l'animatrice et une série de participants à l'émission de l'année passée, afin de visionner ensemble les portraits des différents candidats 2020. L'émission commence par ces retrouvailles, semble-t-il en extérieur d'un gite, autour d'un foodtruck. Puis tout le monde se rendra dans un salon pour regarder les images.

Huit personnes sont invitées par l'animatrice dans cette 'résidence secondaire' dont elle ne semble pas être la propriétaire. Cette réunion fil rouge a-t-elle été enregistrée après le 20 mai à 20h, moment où l'autorisation de se rendre dans 'sa' résidence secondaire a été donnée? Aucun indice à l'image ne permet de le savoir, comme si la chose n'avait en somme aucune importance.

Selon le §2 de l'article 2 de l'Arrêté ministériel du 20 mai, "Un ménage, peu importe sa taille, est autorisé à accueillir chez lui ou au sein de sa résidence secondaire jusqu’à quatre personnes. Ces quatre personnes sont toujours les mêmes. Celles-ci font partie ou non d’un même ménage.Quand une personne d’un ménage est invitée chez une autre personne ou au sein de sa résidence secondaire, c’est l’ensemble de son ménage qui s’engage et même si elle se rend seule au rendez-vous." Dans le cas présent, le tournage a eu lieu dans un endroit qui n'est pas une résidence, et les personnes filmées sont au nombre de 9, auxquelles il faut ajouter l'ensemble de l'équipe de tournage.

A nouveau, au début, les conditions de distanciation sont presque parfaitement remplies. On se salue de loin, chacun des personnages ou des couples reste à une distance plutôt raisonnable de l'autre. Personne, par contre, ne se lave les mains avec du savon ou du gel hydroalcoolique, alors que l'on va se passer de l'un à l'autre boissons et biscuits apéritifs… Une fois au salon, le respect du 1,5 m de distance est plus problématique, même si l'animatrice procède au placement de ses invités. Ainsi, par exemple, dans le grand canapé situé à l'avant-gauche du cadre, trois personnes prennent place: un couple dont les membres sont proches l'un de l'autre, et un personnage célibataire. Le couple est appuyé sur de gros coussins qui occupent la gauche du canapé. Y a-t-il  donc vraiment 1,5 m d'écart entre le premier groupe de deux et l'individu isolé? A l'image, le doute est possible.

Parce qu'il s'agit d'un programme de télévision, peut-on mettre entre parenthèses ou relativiser les règles de sécurité, considérant que 'la vie à la télé' ce n'est pas 'la vraie vie'?  Et ce, alors que le contrat que la télé-réalité propose à son spectateur est de lui montrer la vie d'un monde, celui des agriculteurs et agricultrices en quête d'amour? Les règles imposées par les autorités ne sont pas simples à comprendre par la population. Si une émission grand public, diffusée en prime time, les adapte à sa façon et les applique avec une certaine légèreté, comment ne pas comprendre que personne n'ait envie de suivre dans la 'vraie vie' les obligations et les fortes recommandations officielles?

Masquer le cou ou marquer le coup

Quelques dizaines de minutes après la fin de L'amour est dans le pré, La Première (RTBF) proposait son programme Le printemps grandeur nature, lui aussi tourné pendant la crise du covid. Dès le début de l'émission, son animateur se retrouve en pleine nature, ostensiblement à une grande distance de son invité. Pour ne pas chuter dans un ravin, il doit même se tenir à une corde pendant toute la durée d'une interview. Ensuite, dès que commence leur descente vers la vallée, présentateur et guide revêtent en gros plan un masque, qu'ils porteront pendant le déplacement. La différence du message est flagrante.
Dans la suite du programme toutefois, le respect des consignes paraîtra plus difficile. Lorsqu'il sera question de partir en promenade avec des ânes en compagnie de quelques autres personnes, conserver le 1,5 m de distance entre interlocuteurs paraît, là aussi, moins aisé. D'autant que, lors de cette balade, les beaux masques revêtus en début de programme semblent s'être perdus en cours de route…

Pendant le confinement, dès qu'un programme de télévision français montrait, hors fiction, des personnes en dialogue proche, des petits groupes de gens, ou une foule, les chaînes s'empressaient de faire défiler en bas d'écran un bandeau précisant que l'émission avait été tournée ou enregistrée avant la mise en œuvre des mesures gouvernementales liées à la crise du covid.
Les deux productions dont il est question ici ont été (ou disent avoir été) tournées après le début des procédures de déconfinement. Dans son interview par La Libre, l'animatrice de l'émission affirme que la production a reçu "l'autorisation de tourner". Peut-être êut-il été intéressant de préciser qui l'avait accordée, et sous quelles conditions?
Et, si tel est bien le cas, insérer en début et/ou en cours de programme un panneau indiquant que le programme avait été réalisé suite autorisation officielle, en mentionnant  quelle autorité l'avait accordée, aurait pu faire taire les craintes. Mais cette précision aurait-elle alors réduit à néant les suspicions qu'avaient déjà bon nombre spectateurs à propos des mesures qu'on leur impose. Ou aurait-elle encore davantage remis en cause la légitimité des discours officiels?



(1) https://www.lalibre.be/culture/medias-tele/la-douzieme-saison-de-l-amour-est-dans-le-pre-en-mode-confinement-on-a-du-se-passer-d-agriculteurs-francais-5ec9110e7b50a60f8bdab421
(2) Notamment les arrêtés ministériels des 15 et 20 mai 2020 "modifiant l’arrêté ministériel du23 mars 2020 portant des mesures d’urgence pour limiter la propagation du coronavirus COVID-19"
(3) https://crisiscentrum.be/sites/default/files/content/mb_2004.pdf

10 mai 2020

Un peu de télé-réalité dans ce monde confiné


S'évader de son univers étriqué en période confinée assure évidemment en prime-time le succès de Koh-Lanta (voir un post antérieur), mais pas que. RTL-TVI décline depuis quelques années deux programmes du genre qui s'inscrivent souvent dans le peloton de tête des audiences de chaque semaine. La crise du coronavirus leur a-t-elle profité? Petit coup d'oeil sur Top Chef (lundi soir) et Marié au premier regard (mardi soir).

Top Chef est une production implantée depuis 2010 sur RTL-TVI, même si c'est en fait un programme conçu et réalisé depuis la même année pour la chaîne française M6 et que, depuis que celle-ci a choisi de le proposer en première diffusion, sa petite sœur belge ne peut l'offrir qu'avec retard à ses spectateurs (1). Afin de le rendre proche de l'audience belge, le programme intègre chaque année des candidats venant de Belgique et, la plupart du temps, on veille à en conserver au moins un jusqu'aux dernières étapes de cette télé-réalité.

Marié au premier regard, qui est comme l'autre émission une adaptation d'un format international, a entamé sa carrière sur M6 à l'automne 2016. Se basant sur la manière dont la chaîne avait formulé l'émission pour le public français, RTL-TVI a ensuite produit une première version belge francophone, diffusée à l'automne 2017. Suite aux remous suscités dans cette partie du territoire par le concept (déjà existant en Flandre), mais aussi en raison du succès d'audience de cette première édition, une deuxième série de cette télé-réalité a été proposée en 2019 et la troisième à partir de fin février 2020.

Avant et pendant la crise

L'intérêt de ces deux programmes vis-à-vis de la crise covid-19 est d'avoir entamé leur diffusion avant le confinement officiel (le mercredi 18 mars), et d'avoir occupé le prime-time de la chaîne privée chaque semaine depuis lors (ou jusqu'à la fin du 'feuilleton 2020' pour Marié au premier regard, dont l'épisode final a été proposé le mardi 21 avril).


L'audience, incontestablement, a été au rendez-vous pour les deux programmes.

De manière générale, les deux émissions rassemblent en période de crise covid entre 500.000 et 600.000 téléspectateurs, et ils dépassent clairement les 600.000 si l'on prend en compte ceux qui ont non seulement suivi ces télé-réalités au moment de leur diffusion linéaire (et J+1), mais aussi au cours des six jours qui ont suivi.

Partant du fait que ces télé-réalités sont diffusées les lundi et mardi soir et que le confinement a débuté un mercredi, il faut considérer que l'impact de l'enferment sur l'audience a été effectif à partir de la semaine suivante, soit celle  commençant le 23/3. Mais il est évident que des restrictions d'accès et de circulation étaient déjà de mise au début de la semaine précédente, et ont inféré sur l'usage de la télévision par son public.

Après avoir connu plusieurs semaines de baisse, l'audience Live+vosdal de Top chef remonte dès ce premier moment au niveau de son émission de lancement, soit près de 500.000 spectateurs. Elle diminuera un peu lors de la 'vraie' première semaine de confinement, mais recommence ensuite à croître pour se stabiliser au-dessus de 500.000 spectateurs par semaine. La course de l'audience Live+7 présente une configuration identique.

Pour Marié au premier regard, la croissance de l'audience Live+vosdal se manifeste à partir de la semaine du 23/3. Auparavant, le programme avait débuté sur un mode mineur, aux alentours de 350.000 spectateurs. Il frise les 500.000 à partir du 24 mars, et dépassera les 550.000 pour ses ante-pénultième et avant-dernière diffusions. Etonnamment, l'audience de l'épisode final où réside la 'résolution' du programme ("vont-ils ou non rester mariés") attire un peu moins de spectateurs. Sans doute parce que les principaux rebondissements du scénario (et notamment le refus de se marier exprimé devant le bourgmestre par un des candidats lors de la cérémonie elle-même) avaient déjà donné le ton lors des épisodes antérieurs.
Ce même léger effritement se retrouve aussi dans l'audience Live+7.





 Divergences dans l'apport de spectateurs

L'impact du confinement est-elle déterminante sur le volume d'audience de ces moments de divertissement?
Sur l'ensemble des émissions diffusées de son lancement au début mai, la moyenne d'audience Live+vosdal de Top Chef est de près de 500.000 téléspectateurs. Si l'on ne prend en compte que la période de confinement, l'audience gagne 65.000 personnes par rapport au temps d'avant, soit une peu plus de 10%. Pour Marié au premier regard, la hausse est plus marquée: + 115.000 spectateurs environ, ce qui représente une peu plus de 20%. Mais il faut nuancer ces données par le fait qu'elles s'étalent sur moins de semaines, et que la période hors confinement y est plus brève.


En ce qui concerne l'apport de l'audience différée, celle-ci ne varie pas en pourcentage de manière significative. Top Chef compte une audience importante, et fidèle. Environ 15% de ses spectateurs  regardent toujours l'émission plus de 24h après sa diffusion. Ne pas être présent au moment de la transmission linéaire ne paraît pas empêcher une part de l'audience de suivre le programme. Il n'y a que deux semaines, autour du début du confinement, où le public augmente d'une vingtaine de pourcent quand on tient compte de l'audience différée. Le contenu permanent de l'émission (l'élaboration des productions culinaires) peut y être considéré comme plus déterminant que les rebondissements de sa composante compétitive.

Le comportement du public de Marié au premier regard est plus erratique. L'émission est moins regardée en différé, et la part d'audience à plus de J+1 varie selon les semaines. L'audience semble réagir au fur et à mesure de l'évolution de l'histoire. Les rebondissements de la narration y jouent un rôle essentiel, et le fait de suivre ceux-ci au moment de la diffusion linéaire paraît important.

Grâce à l'enfermement?

L'audience 2020 est-elle exceptionnelle? En comparant par n° d'épisode l'audience des deux programmes cette année et celle de 2019, les résultats obtenus en fin de période, c'est-à-dire sous confinement, s'avèrent plus élevés que ceux recueillis en 2019.  



Cette année-là, après une période de relative stabilité, l'audience de Top Chef avait décru, sans doute par usure et suite à la disparition de compétiteurs belges. Mais elle n'a quasiment jamais cessé de dépasser les 500.000 spectateurs. Au cours de cette année-ci, la morphologie de la courbe des première semaines est assez similaire à celle de 2019. Ensuite, l'inversion des tendances entre les deux années correspond à l'étalement de la période de confinement.

La comparaison est moins aisée pour Marié au premier regard car la télé-réalité comptait moins d'épisodes l'an dernier. Dans les deux cas, la tendance générale de la courbe est cependant identique: l'audience croît d'émission en émission, au fil de la construction du récit global et de l'entremêlement de plus en plus complexe entre les récits liés aux histoires propres aux différents couples. Une sorte de 'bouche à oreille' semble contribuer à construire la réputation du programme et à en gonfler l'audience. L'an dernier, celle-ci avait augmenté quasiment chaque semaine. En 2020, les 600.000 spectateurs atteints, ce résultat paraît constituer le plafond que l'émission ne peut dépasser.

Ces données figurent évidemment en chiffres absolus. La part de l'audience attirée par ces programmes a-t-elle suivi la même audience?



La comparaison par semaine des PDM (Live+7) de Top Chef révèle que celles-ci ne sont, la plupart du temps, pas supérieures à celles de 2019, sauf en début de confinement. L'an dernier, la moyenne de PDM était de 32%. Elle est au même niveau cette année, légèrement supérieure avant le confinement et légèrement inférieure pour la période du confinement.. La légère hausse du nombre de spectateurs n'infère que de manière infime sur la part d'audience du programme. L'intérêt pour cette production reste proportionnellement identique.
Pour Marié au premier regard, les parts d'audience 2020 avant covid sont inférieures à celles de l'an dernier. Par la suite, elles sont à peu près équivalentes. La moyenne de PDM de la télé-réalité a été de 28% cette année, soit à peine 1% de PDM de plus que l'an dernier. Mais la proportion du public de téléspectateurs ayant suivi le programme avant le confinement ne représentait que 25% de PDM, alors qu'après le début de la crise, la part de marché atteint 30%. L'intérêt pour cette émission a proportionnellement augmenté.

Si les chiffres absolus liés à la crise covid fournissent en 2020 de bons résultats à ces programmes, cet élément est, dans un des cas, à nuancer en se référant à la part de marché du programme. Mais c'est d'abord leur ADN télévisuel et narratif qui permet d'expliquer le comportement global de l'audience au cours de la diffusion de ces télé-réalités.
Hors crise covid, il n'est pas certains que les résultats d'audience 2020 auraient été aussi élevés que ceux de 2019.

Frédéric ANTOINE.





(1) sur M6, Top Chef est diffusé le mercredi à partir de 21h05, et le même épisode est proposé sur RTL-TVI le lundi suivant en début de prime-time (soit avant 21h05). Cette pré-diffusion française, inaccessible à tous les Belges qui ne peuvent pas capter M6 par TNT et sont donc 'prisonniers' d'une transmission par câble de RTL-TVI, n'empêche pas le programme de réaliser de beaux résultats d'audience. En 2010 déjà, l'émission se plaçait en 51e place dans le Top 100 des meilleures audiences belges francophones du CIM.

07 mai 2020

Afflux d'aventuriers confinés sur Koh-Lanta




Qui n'a recherché de s'aérer par un peu de divertissement dans ce monde en confinement ? Face à un écran de télévision qui décline au fil de ses programmes les progrès de la pandémie et une impression d'enfermement généralisé, comment s'évader? Notamment, en regardant Koh-Lanta

Incontestablement, l'effet coronavirus a joué sur l'audience du programme, qui caracolait aux alentours des 300.000 spectateurs (Live+vosdal) lors de ses premières semaines, en février, et qui en a gagné plus de 100.000 dès le début du confinement, pour grimper jusqu'à mi-avril aux alentours des 450.000 personnes… jusqu'à la 'catastrophe industrielle' du vendredi 24 avril. Ce soir-là, l'audience du programme perd 160.000 téléspectateurs d'un coup. La faute à l'attente pendant une bonne partie de la soirée de la conférence de presse du CNS devant révéler les modalités de l'entrée en déconfinement (1). L'attente de la communication des autorités, qui occupera la première partie du prime-time,  et la conférence de presse qui arrive en fin de prime-time (voire en late-fringe) prive la télé-réalité d'aventure d'une partie de ses amateurs. Pour de bon? Ceux-ci ne seront en effet pas tous au rendez-vous la semaine suivante, puisque l'émission ne rassemblera qu'un peu plus de 400.000 personnes le 1er mai. Pourtant, ce soir-là, l'élimination des deux porteurs de colliers d'immunité avait de quoi relancer le suspens. Mais elle n'est évidemment intervenue qu'en fin de récit…


 Pour les 24/04 et 01/05, il sera intéressant de disposer des données Live+7, que le CIM n'a pas encore mises en ligne. Pour les semaines précédentes, celles-ci confirment que Koh-Lanta n'est pas seulement un programme que l'on suit en direct (ou en quasi-direct), mais qu'une partie des spectateurs le regarde lors d'un moment de disponibilité de son choix. L'apport de cette audience différée (en orange sur le graphique) permet à l'auditoire de Koh-Lanta de compter au total plus d'un demi-million de spectateurs lors de l'ouverture de la saison 2020, et plus de 450.000 les semaines qui suivent. A partir de l'arrivée du confinement, les deux types d'audience totalisent en moyenne 530.000 personnes, la barre des 550.000 étant dépassée à partir du début avril.



Le non-linéaire ne représente toutefois pas le même volume d'audience au cours de toute la période de diffusion de la télé-réalité. Les spectateurs regardant l'émission plus de 24h après sa diffusion étaient plus de 170.000 pour la première de l'émission. Ce nombre va ensuite décroître semaine après semaine. La diminution est constante et particulièrement sensible après le début du confinement (sauf à Pâques).
En début de saison, la part d'audience non-linéaire représente environ un tiers de l'audience totale. Cette proportion descend aux alentours de 20% lors de la crise du covid-19. Une partie de l'auditoire qui suivait d'ordinaire l'émission en catch-up tv semble alors avoir eu l'occasion de basculer sur le (quasi) direct.




 Sur l'ensemble des émissions diffusées du 21/02 au 01/05, le programme réunit en moyenne un peu moins de 380.000 spectateurs (Live+vosdal). Pendant le confinement, la moyenne de l'audience croît légèrement, mais cette mesure est perturbée par le 'cas' que représente la soirée du 24 avril. En ne tenant pas compte de ce moment d'anormalité, la moyenne de l'audience covid se situe à environ 420.000 spectateurs. 


La moyenne de l'audience belge (Live+vosdal) de Koh-Lanta était d'un peu plus de 280.000 personnes en 2019. Les résultats 2020 sont donc largement supérieurs, mais cette hausse est aussi sensible hors de période de confinement. Le graphique ci-dessus compare les audiences des semaines 1 à 7 de la télé-réalité au cours des deux années. On y relève dans les deux cas un comportement identique de l'audience en début de période (un attrait de l'émission de lancement, suivie d'une baisse d'intérêt et d'une remontée de l'audience). En 2019, le nombre de spectateurs baisse à nouveau par la suite, ce qui n'est pas le cas cette année.

Le succès de Koh-Lanta sur les petits écrans belges n'est pas neuf. En 2007, par exemple, la finale du programme, qui avait eu lieu à la mi-septembre, avait rassemblé 384.000 téléspectateurs. Fin octobre 2012, on lui comptabilisait une audience de plus de 468.000 personnes. L'attrait pour les aventuriers de la tribu perdue avait ensuite plutôt baissé. Cette année semble permettre à l'émission de renouer avec les audiences de ses bonnes années.

(1) Cf. sur ce même blog les articles sur l'audience des JT et de Questions en prime ce même vendredi 24/04.

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