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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…
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20 décembre 2021

Les films de Noël : trop magiques pour être honnêtes


Les (télé)films de Noël étalent leur neige, leurs larmes et leurs bons sentiments à longueur d'après-midi sur les chaînes de télé. Pourquoi en est-on si accro ? Et ceux qui souffrent de cette affection sont-ils si nombreux que cela?

 
« Le scénario de base du film romantique américain ? Frank Capra l'a donnée en 1934, au moment où il réalisait New York-Miami (1). Cela se résume en cinq mots : Boy meets girl. Point final. » En des temps que les moins d'au moins cinquante ans ne peuvent pas connaître, le professeur Victor Bachy enseignait cette vérité aux étudiants qui suivaient son  cours d'Histoire du cinéma. Capra avait vachement raison. Tellement même que cette recette miracle est toujours celle qui se trouve au cœur de bon nombre de scénarios de films, téléfilms et séries "romantiques" made in USA. Si on les passe à l'essoreuse, c'est cela qui ressort : « A boy meets a girl. ». Les films de Noël qui dégoulinent sur les écrans, en sont le plus parfait exemple. Tous, ils répondent à la définition donnée avec brio par Capra il y aura bientôt 90 ans, alors que, malin, il s'était simplement basé pour son film sur une nouvelle de Samuel Adams.

LES MIRACLES DE NOËL
 
Alors, bien sûr, les films de Noël enrubannent l'histoire, la pimentent du côté "miracle de Noël" qui consiste à faire se rencontrer des personnes que, dans la plupart des cas, rien ne prédisposait à pareil tête-à-tête. Le miraculeux de Noël supprime les infranchissables obstacles sociaux de différences de classes, de milieux, de professions, de genre, de couleur de peau, de culture, etc. Ce qui, en définitive, ceci aussi n'est non plus nouveau : dans New York-Miami déjà, une riche héritière désœuvrée prenait un bus pour échapper au mariage que son père voulait lui imposer et tombait sur un journaliste populo, au chômage et sans le sou, avec lequel, bien sûr, des liens se tisseront. 
Finalement, il aurait dû faire des films de Noël, Capra…
 
Au-delà de leurs scénarios, les films de Noël constituent en eux-mêmes un miracle : celui de ne ce cesser d'attirer un public, alors qu'en définitive ils racontent tous la même chose. On répondra sans doute que ce doux paradoxe n'est pas l'apanage des films de Noël : le fonds de commerce de tous les médias repose sur quelques thèmes éternels qu'ils ne cessent de ressasser. En grattant un peu, on pourrait en dire autant de bien des créations artistiques, littéraires ou cinématographiques, par exemple. Disons donc que, du côté des films de Noël, c'est particulièrement patent…
 
L'ÉTERNALITÉ DU MÊME
 
Cet éternel recommencement n'est sans doute pas étranger au succès de ces programmes.  À l'instar de la littérature feel good, qui raconte à peu près toujours la même histoire. La répétition d'une même structure narrative est la clé de voûte de l'univers des films de Noël. 
Chacun d'entre eux est différent, et pourtant pareil au même dans ses fondements et dans ce qui permet de l'identifier comme étant bien un film de Noël. Le réconfort qu'apporte le programme tient à son contenu, qui fournit le rassurant message selon lequel, finalement, à Noël, « rien n'est impossible » et la vie peut devenir belle. Happy ending obligatoire. 
Mais ce qui pousse à consommer ces films en binge drinking (et donc de les diffuser en linéaire de manière rapprochée) c'est que chacun apporte au spectateur et à la spectatrice sa dose de drogue quotidienne de bonheur de Noël. Le produit que l'on s'injecte ne change pas de jour en jour, voire de film en film le même jour. La mixture qu'on s'inocule est identique. On n'a pas de risque de s'y perdre. On sait (et on n'attend que cela) que l'on sera ému, qu'on versera une petite larme, voire plusieurs, mais qu'en finale, on ressentira comme une boule de chaleur gonfler au fond de sa cage thoracique lors des dernières scènes.
 
La simplicité du schéma canonique du film de Noël est véritable sa force. Il répond au profond besoin de ritualité qui rôde au fond de chaque téléspectateur. Par son fond et par le rythme de sa diffusion, il crée un rite associé à Noël devenu aussi indispensable à certaines personnes que décorer un sapin, boire un vin chaud au marché de Noël, dévorer des cougnous et des petits Jésus en sucre ou, parfois, assister à une messe de minuit.

UNE NICHE DE FIDÈLES

TF1 a intégré tout cela en noyant ses après-midi de téléfilms de Noël depuis le 31 octobre, à raison de deux doses par jour en moyenne, TMC étant chargé d'entretenir le dépendance par des rediffusions en matinée et sur le temps de midi (2). RTL-TVI, de son côté, se contente d'une injection quotidienne, en début d'après-midi.
 
Les audiences de ces programmes de daytime ne son pas extraordinaires. Mais elles se distinguent par la fidélité du public. Tout le monde n'aime pas les films de Noël, mais ceux qui les aiment les aiment. 
Le graphique ci-dessus réunit tous les films de Noël diffusés en daytime par RTL-TVI et TF1 et ayant été rendus publics par le CIM, càd faisant partie des 20 meilleures audiences de la journée. Raison pour laquelle la totalité des films diffusés n'y figure pas. On peut y voir que la plupart des audiences réalisées se situent autour de 100.000 téléspectateurs (ou téléspectatrices). Les films de Noël bénéficient d'une assise d'audience restreinte, mais solide.
Sur TF1, l'audience varie quelque peu selon les slots de diffusion:  il y a en général davantage de spectat·eurs·trices à la séance de 16h00 qu'à celle de 14h00. C'est aussi à l'injection de sérum de Noël de 16h00 que sont réalisées les meilleures audiences.
Pour RTL-TVI, on dispose de moins de données publiques. Bon nombre des films diffusés ne figurent pas dans le Top 20 journalier et donc n'ont pu être pris en compte ici. Ils auraient clairement fait chuter l'allure de la courbe, qui ne reprend donc que quelques audiences maximales. Parmi ces données disponibles, il n'y a qu'un téléfilm de Noël diffusé sur les deux stations (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y en pas d'autres). Noël avec le témoin amoureux a été proposé sur RTL-TVI le 7 décembre et sur TF1 le 8. Dans les deux cas, le film figure dans les 20 meilleures audiences du jour, mais en fin de classement. Sur RTL, il a fait 104.000 spectatrices et spectateurs. Et sur TF1 près de 90.000.
 
UNE MISSION DE SERVICE PUBLIC?
 
Et la RTBF ? Si La Une n'est pas en reste, ce n'est que les après-midi de week-ends. Une bonne idée à la base, puisque ces jours-là les concurrents ne sont pas très Noël dans leur programmation. Hélas, il faut croire que le téléspectateur ne l'a pas compris. Ou que, plus vraisemblablement, le service public a mal communiqué là-dessus, comme souvent. Car il n'y a pas eu là de miracle de Noël. Seul un des téléfilms, diffusé le 11/12, figure dans un Top 20, avec 104.000 téléspectateurs. On sait que le public ne se comporte pas le week-end comme en semaine, mais ne pas réussir à attirer un volume d'audience à peu près similaire à ceux des concurrents en semaine pose une vraie question. Les accros de films de Noël ne peuvent sans doute pas imaginer que, sur sa chaîne premium, le service public estime utile d'en diffuser. Or, continuer à fournir aux drogués de films de Noël leur dose quotidienne, n'est-ce pas une mission de service public?

Côté primetime et grosses audiences, le film de Noël a moins la cote que lorsqu'il s'agit de remplir les grilles de l'après-midi. Un seul soir, un film de Noël a eu droit au primetime. Sur la RTBF, et sur TF1, qui en était le premier producteur. Un téléfilm bien français, tourné à Paris, et pas une production à la chaîne made in USA. Diffusé à 20h36 le 2 décembre sur La Une, ses deux épisodes ont réuni… 150.000 amateurs de mystères de Noël. Soit à peine plus qu'un bon téléfilm de Noël proposé en semaine à 16h00 sur TF1 (qui a diffusé le téléfilm en soirée le 13/12, avec moins de 97.000 téléspectat·rices·eurs belges au rendez-vous [3]). En vertu des données accessibles, nous ne savons pas ce que cette belle œuvre de Gilles Paquet-Brenner, rassemblant des stars comme Marie-Anne Chazel Max Boublil, Caroline Anglade ou Jarry, a fait comme audience en J+7.

Les films de Noël ne font donc pas l'unanimité. Mais, pour une partie du public, ils sont désormais devenus incontournables. Même si ceux de demain, ou d'après-demain, seront les mêmes que ceux d'hier ou d'avant-hier. Tout en étant un tout petit peu différents. Un peu comme les cases d'un calendrier de l'Avent.

Frédéric ANTOINE

(1) It happened one night (titre original) a recueilli les cinq principaux Oscars attribués à Hollywood en 1935.
(2) Paradoxalement, TF1 a coupé le robinet cette semaine, juste avant Noël, comme si le film de Noël devait précéder Noël mais jamais l'accompagner (plus stratégiquement, la chaîne diffuse désormais de films grand public l'après-midi, ce qui permet de ratisser plus large côté audience).
[3] Mais, en France, ce téléfilm a fait 3,59 millions de téléspectateurs, et a fait 26% de PDM sur les femmes de moins de 50 ans.

17 décembre 2021

Les Traîtres (RTL-TVI): un programme un peu… traître?


Originalité de la rentrée d'automne sur RTL-TVI, Les traîtres est un jeu couleurs belges, diffusé en prime-time le mercredi. Mais Dieu qu'il est compliqué ! L'audience semble l'avoir compris : elle baisse chaque semaine.

Mettre des personnalités belges issues d'émissions de télé-réalité ensemble dans un château bien wallon, désigner secrètement parmi elles des "mauvais" (appelés "traîtres") et pousser les "bons" (appelés "fidèles") à les identifier, alors que les "mauvais" éliminent chaque soir un des "bons" : c'est, en fort résumé, le pitch de ce programme qui recourt à de nombreux ressors du genre télé-réalité. A commencer par être un "jeu" où on élimine un candidat à chaque épisode, où les participants sont amenés à accomplir des épreuves et où ils vivent tous ensemble dans un lieu à peu près clos.

À l'heure où aucune chaîne ne met plus de jeu de connaissance à l'antenne en prime-time, c'est le genre de programme que l'on voit bien occuper les écrans en soirée lors de la grande audience, un peu à l'image de Koh-Lanta ou, dans un autre genre, du Meilleur Pâtissier. Le format a été conçu pour RTL4 aux Pays-Bas, puis a été vendu à l'international, et notamment déjà adapté en Flandre par VTM, la désormais télévision-sœur de RTL Belgique depuis son rachat par Rossel-DPG.

NOIR-JAUNE-ROUGE

La boîte qui truste la production de quasi tous les programmes de RTL-TVI, Never Ending Story (1), a mis beaucoup d'œufs dans ce panier-là, et pas mal de moyens. Sur le plan de la réalisation, le résultat est assez bluffant, même si on ne peut s'empêcher de faire des comparaisons avec d'autres émissions du genre. L'animateur de l'émission, Frédéric Etherlinck (2), semble ainsi être un fils caché de Patrice Laffont errant dans les couloirs de Fort Boyard…

RTL-TVI fait un gros pari en choisissant de produire pareil programme, qui fait partie de l'arsenal de réponses que la télévision privée peut brandir quand on lui dit qu'elle ne diffuse pas assez de primetime belges. Ici, tout est noir-jaune-rouge, des compétiteurs aux différents lieux mis en valeur par l'émission, qui prend parfois des airs de feu Télétourisme. Fort bien, donc. Mais le pari rencontre-t-il son audience? Est-on là devant un des blockbusters de la station en ce qui concerne l'audience?

PAS CONVAINCANT

La réponse doit être nuancée. De manière globale, non, Les traîtres n'est pas une vache à lait d'audience pour RTL-TVI. Le public ne se rue pas le mercredi sur le programme, et il le déserte même un peu de semaine en semaine.

 Il faut dire que le premier épisode, diffusé le 1er décembre, était si touffu et peu compréhensible qu'il a dû faire fuir quelques dizaines de milliers de téléspectateurs. En trois semaines, en vision, J+1, le programme a perdu près de 70.000 "fidèles". Le crash s'est surtout produit entre les épisodes 1 et 2. La chute s'est poursuivie sur le 3, mais moins fortement. 

Tout de même, une audience qui fond de 25%, ce n'est pas vraiment un succès. La complexité des mécanismes et la diversité des personnages, que l'on suppose connus et que l'émission ne prend donc pas le temps de faire connaître, n'y sont sûrement pas étrangères. Suivre des agriculteurs qui rencontrent des âmes sœurs, ou trois-quatre couples qui se marient au premier regard, c'est vachement plus simple à comprendre. Pas besoin de trop convoquer ses neurones. Ici, on est plutôt comme dans Koh-Lanta, mais en plus compliqué et du moins bien installé. Tout est stratégie, suspicions, coups fourrés. Le téléspectateur doit être attentif à chaque instant s'il ne veut pas se laisser larguer. Beaux esprits et QI au-dessus de la normale, rendez-vous sur vos téléviseurs (même si la télé-réalité et se héros n'est pas votre tasse de thé).

 UN PETIT ÉCHEC

 À ce stade, Les traîtres est-il donc un échec? Oui et non. La grosse audience n'est pas au rendez-vous, mais… elle l'est de moins en moins sur RTL-TVI. Depuis la rentrée, la chaîne ne compte plus d'audiences au-dessus de 400.000 téléspectateurs que… le dimanche. Et 300 les lundis. Pas mal d'autres jours, on tourne plutôt autour des 200.000. Comme le montre le graphique ci-dessus, cette audience baisse de jour en jour au cours de la semaine. Le mercredi est donc un jour moyen. Sur le graphique, la colonne en bleu est celle de la semaine précédant le premier épisode des Traîtres. On voit clairement que cette nouvelle émission a attiré davantage de spectateurs que la semaine précédente, et que par la suite l'audience retrouve son niveau "normal".

 En moyenne, sur une semaine, le prime-time de RTL attire environ 270.000 téléspectateurs (3). Les scores des Traitres sont donc inférieurs à ce chiffre moyen. Mais il est meilleur que tous les résultats obtenus le mercredi soir par la chaîne depuis la rentrée, en tout cas pour ses deux premiers épisodes. 

À l'heure actuelle, le bilan est donc mitigé. D'autant que ces données ne concernent que l'audience J+1.Le CIM ne donne actuellement accès qu'aux résultats J+7, et sur tous types d'écrans, que pour le premier épisode. Cette semaine-là, Les traîtres ont gagné 54.000 spectateurs en audience différée, soit + 16%. À l'instar d'autres programmes comme Koh-Lanta, ce type d'émission attire un public en dehors de la diffusion en linéaire. Un nouveau mode de consommation où l'on peut zapper les pubs et faire "pause" ou  "rewind" quand on n'a pas compris. Pour Les traitres, c'est sûrement un atout!

Frédéric ANTOINE.

(1) 71, Mariés au premier regard, Images à l'appui, Enquêtes, Expédition Pairi Daiza, Vu à la télé, etc etc (www.nesprod.com/productions)

(2) Qui représenta la Belgique à l'Eurovision en 1995… 

(3) La semaine avant Les traîtres: 247.000. Celle du 1er épisode: 288.000. Celle du 2e: 265.000.

12 avril 2021

LES JT NE TUTOIENT PLUS LE CIEL. L'AUDIENCE DE MARS 2021 N'EST PLUS CELLE DE L'AN DERNIER!

Il y a un an, au début du confinement, les audiences des JT de La Une et de RTL TVI atteignaient des scores jamais historiques. La pandémie n'étant pas finie, les belles années des JT se sont-elles poursuivies en 2021? Que nenni. Les records historiques sont loin. On en est presque retombé aux chiffres d'avant la crise.
Rappelez-vous mars 2020. A partir de l'annonce du confinement, les audiences des JT avaient fait des bonds incroyables. Elles atteignaient parfois plus d'un million de personnes en Live+7, RTL TVI dépassant souvent les 900.000 de spectateurs, et La Une les 800.000. Un an plus tard, on en est loin! On compte sur les doigts de la main les jours où plus de 700.000 personnes sont au rendez-vous d'un des deux JT des chaînes généralistes de Belgique francophone. Et leurs audiences tournent plutôt autour des 600.000. L'an dernier, RTL TVI avait fréquemment pris un clair leadership sur La Une. Cette fois, même si RTL est toujours en tête, ce n'est que très légèrement. Les audiences des deux chaînes sont désormais fort proches l'une de l'autre. 
Sur l'ensemble du mois, ce n'est qu'au cours des premiers jours de mars que les journaux télévisés des deux chaînes ont réalisé en 20201 de meilleurs chiffres qu'en 2020. C'est-à-dire lorsque le premier confinement n'avait pas encore été décidé. A partir de l'annonce qui avait sidéré tout le monde, la mécanique s'est inversée. 2021 est à la traîne.
 
Soufflé retombé
 
Fini le temps de la sidération et de la soif d'info. Le soufflé est retombé avec la lancinance de la crise. En 20201, les infos de la télé semblent avoir tout dit, et n'apprennent plus rien, ou pas ce sur quoi l'on aimerait être informé.s Et-ce à dire que le soufflé est totalement retombé et que les spectateurs surnuméraires qui avaient rejoint l'audience classique des JT s'en sont allés? Oui et non. Un petit regard chaîne par chaîne éclaire cette réponse chèvrechoutiste. 
Pour RTL, le dégonflement du soufflé est manifeste. En mars 2021, l'audience du JT de 19h est à son niveau d'étiage de… 2019. La quantité de téléspectateurs est globalement inchangée. Adieu les rutilants gains d'audience de 2020. Alors que la crise n'a pas cessé, l'auditoire est revenu à sa taille normale. Tout ce qui avait été gagné l'an dernier a disparu. Mais ce n'est pas le cas pour tout le monde.
Du côté de la RTBF, l'indéboulonnable François de Brigode et ses collègues ne côtoient bien sûr plus les sommets de l'an dernier. Mais, en ce mois de mars, l'audience de leur 19h30 est clairement supérieure à celle de 2019. Une partie de ceux qui avaient rallié le JT de la chaîne en 2020 y est sans doute restée fidèle en 2021. Toutefois, le JT de La Une, même s'il a gagné de l'audience par rapport à une année "normale", reste à la traîne par rapport à celui de la chaîne privée. Et cette prééminence de l'opérateur privé subsiste dans le temps.
Depuis septembre dernier, rares ont été les soirs où le journal de La Une a attiré davantage de monde que celui de la station (encore pour l'instant) luxembourgeoise. Toutefois, cette domination n'a pas la même ampleur tout au long de la période. Souvent, cela se joue aussi à quelques dizaines de milliers de téléspectateurs, et donc fréquemment à l'intérieur de la marge d'erreur des résultats liés à la taille de l'échantillon du sondage. En "réalité", on ne peut donc pas toujours vraiment se prononcer. Mais, RTL TVI compte souvent au-delà de 100.000 spectateurs de plus que sa concurrente, et ce surcroît d'audience peut même dépasser les 200.000. A ces moments, on a envie de dire: mais que fait la RTBF?

De marbre

Il ne faut toutefois pas jeter toutes les audiences de JT avec l'eau des confinements successifs. Certes, les audiences de cette année sont en baisse, et n'atteignent plus les scores de 2020. Mais elles restent malgré tout d'un bon niveau. En tenant compte de l'audience mensuelle moyenne des deux JT belges francophones, les derniers chiffres s'avèrent ainsi plus élevés que ceux de septembre 2020. Et ils sont équivalents aux données d'audience moyenne relevées depuis décembre dernier. Par contre, ils sont inférieurs aux audiences moyennes d'octobre et de novembre 2020, où le deuxième confinement avait ramené le public devant l'info tv. Alors que le troisième confinement l'a un peu laissé de marbre.

Ce qui confirme l'impression de disparition des gains d'audience, évoquée ci-dessus pour le seul mois de mars. Un peu comme si, covid ou pas, on en était désormais à "business as usual". Alors que l'on continue chaque jour à voir des gens mourir de la maladie, et que les hôpitaux sont au bord de l'overdose. Cela, les JT le disent dans chacune de leurs éditions. Mais cela ne rameute pas l'audience devant les écrans.  Faudra-t-il attendre "la libération", style septembre 1944, pour que le public se rue à nouveau sur son téléviseur à l'heure des infos?

Frédéric ANTOINE.

16 février 2021

INDISPENSABLE, LE DAB+ ? L'AUDIENCE NE SEMBLE PAS VRAIMENT LE PENSER

Le 13 février, à l'occasion de la journée mondiale de la radio, on s'est félicité des progrès du DAB+ en Belgique francophones. Mais ceux-ci sont-ils vraiment si prometteurs? Pas sûr, pas sûr… Alors, fallait-il passer au DAB+?

 

14% des Belges francophones écoutent aujourd'hui la radio en DAB+. C'est ce qu'affirme un sondage IPSOS rendu public par maradio.be (1) aux alentours de de la journée mondiale de la radio et du Digital Radio Day. Et le groupe de pression destiné à promouvoir le DAB+ de plastronner, en titrant la présentation de ces résultats "Le DAB+ cartonne". Si le carton est désormais atteint avec 14% de parts d'audience, qu'en sera-t-il du superlatif utilisé si, un jour, le DAB+ est utilisé par 50% des auditeurs?…

D'accord, en 2018, le DAB+ ne représentait selon la même source que 2% du "marché de la radio" et 6% en 2019. Il a donc progressé. Mais, malgré tout, la plupart des auditeurs n'ont pas encore en masse switché vers la RNT. Et ce malgré la pression publicitaire pesant sur eux. Rappelons-nous, par exemple, cette pub radio plutôt trompeuse qui affirmait « Les radios de la RTBF passent au DAB+ », laissant croire que, du au lendemain, le seul moyen d'encore entendre Arnaud Ruyssen ou C'est vous qui le dites serait de disposer d'un récepteur DAB+… Une affirmation tellement forte que de nombreuses personnes, et pas rien que des octogénaires, s'étaient alors réellement demandé si elles devaient en urgence aller acheter un nouveau "poste". Bien joué, mais un peu raté. Il n'y a pas eu de razzia dans les magasins et les ventes de récepteurs DAB+ n'ont pas explosé. 

La Quatrième oreille

Soyons de bon compte et regardons les chiffres les yeux dans les yeux : selon ce sondage, en 2020, 86% des Belges francophones n'écoutaient PAS la radio en DAB+. Quel carton pour les autres modes de réception!

Alors, bien sûr, on peut enrober les chiffres et leur faire dire un peu ce que l'on veut. Ainsi, l'interprétation de cette enquête IPSOS par maradio.be en arrive rapidement à dire que, ce qui est remarquable, est qu'aujourd'hui 34% de l'écoute radio se fait en numérique. Voilà en effet une donnée intéressante: désormais, 1/3 de la consommation radiophonique est digitale. Mais de ce tiers, le DAB+ ne représente que la moitié. 7% de l'écoute numérique se fait via la télévision et, surtout, 13% "via internet", c'est-à-dire en radio IP (rien ne disant qu'en plus, une partie de l'audience tv n'est pas, elle aussi, relative à l'écoute de radios IP).

(source: maradio.be)

Restons donc modestes. Et rendons hommage, notamment, à ces matamores de la production radio qui ont demandé et obtenu du CSA de lancer des stations ne diffusant que en DAB+. Quels courageux! Au mieux du mieux, ils ne s'adressent qu'à un septième de l'auditoire, tout en devant produire pour la RNT des programmes originaux… qui ne sont donc écoutés par quasi personne. Belle preuve de total désintéressement!

Un peu exagéré ?

 La radio analogique a encore de beaux jours devant elle. Sauf si on ne la laisse pas mourir de sa belle mort, mais qu'on lui prescrit une disparition médicalement assistée, comme l'a décidé la Flandre où, en 2023, tous les postes FM devront être équipés d'un récepteur numérique (2). On imagine déjà les inspecteurs du ministre CD&V Benjamin Dalle s'immiscer dans tous les foyers flamands, de la chambre à la cuisine, pour vérifier si les postes de radio sont bien adaptés pour le DAB+… C'est exagéré? Sûrement. Par contre, on attend vraiment de voir ce qui se passera pour nos amis flamands qui achèteraient un récepteur analogique à Bruxelles ou en terre wallonne. Sera-t-il interdit d'entrée sur le Heilige Vlaamse Grond ?

Tous unis comme un seul homme dans maradio.be, les grands opérateurs radiophoniques n'épargnent pas leurs efforts pour convaincre la population que le DAB+, il n'y a rien de meilleur. Peut-être. Mais, si la solution, en fait, n'était pas ailleurs ? Bien sûr, les PDM du DAB+ ont bondi de 2 à 14% en deux ans. Mais, pendant la même période, la radio IP, qui était déjà à 9% de parts de marché, est passée à 13%. Avec le gros avantage que l'écoute de la radio IP ne demande aucune acquisition de matériel nouveau. Et qu'elle est directement accessible sur les enceintes connectées, qui finiront bien aussi par se développer en Belgique. Se féliciter de la bonne part d'audience "numérique" de la radio n'est donc pas très honnête. Car cela laisse croire que les immenses investissements faits dans la diffusion, ainsi que les achats qui sont imposés à l'auditeur, ont déjà eu un grand écho dans les usages de la population. Or, ce qui n'est pas le cas.

Stop ou encore ?

Alors, stop au DAB+, technologie déjà dépassée? Et passons tous à l'IP, en conservant la FM classique afin que subsiste un mode de transmission hertzienne ? Certains en rêvent, d'autant que rien ne prouve le réel besoin de tous les services complémentaires à la diffusion sonore que propose le DAB+. Arrêter le matraquage pour la RNT, cela permettrait aussi de rapatrier au sein du Fonds d'aide à la création radiophonique (FACR) de la Fédération Wallonie-Bruxelles le tiers de ses ressources, qui lui est aujourd'hui retiré pour alimenter maradio.be. Mais est-ce réellement possible? Toute l'Europe s'est jetée dans la marmite de la RNT comme elle le fit dans celle de la TNT, en croyant que le switch opéré en télé serait tout aussi aisé en radio. On voit bien que ce n'est pas le cas. Et le récent choix britannique de renvoyer le big radio switch off en 2032 plutôt qu'en 2022 confirme cette difficulté, même dans un marché bien préparé où… 60% de l'audience radio se fait déjà en digital (3). Alors qu'on en est loin…

Qu'une partie de la transmission radiophonique reste hertzienne paraît indispensable. Au nom de la l'accessibilité universelle, de l'indépendance et de l'impériosité de disposer d'un mode de transmission médiatique qui ne soit pas cadenassé par les grandes sociétés des opérateurs mondiaux. Les ondes, c'est la liberté. Ce fut le cas en 1939-1944. C'est toujours le cas. Dans dix ou vingt ans, à l'aide de forceps et de contraintes d'utilisation imposées aux auditeurs, le DAB+ sera le seul modèle de radio hertzienne. Mais qui écoutera encore la radio via cette technologie? Cette question-là est ouverte. Et on peut être persuadé que les tous les grands chefs des radios RNT se la posent, ne serait-ce qu'inconsciemment.

Parce que le paquebot France a fini dans un arrière-port de Saint-Nazaire et que le Concorde a disparu. Alors qu'ils avaient coûté des sommes folles. Et qu'on croyait qu'ils étaient le top de leur secteur. Sans parler du minitel…

Frédéric ANTOINE.

(1) https://presse.maradio.be/etude-ipsos--le-dab-cartonne#
(2) https://www.mediaspecs.be/fr/les-recepteurs-numeriques-pour-le-dab-obligatoires-pour-les-radios-des-2023-en-flandre-le-ministre-dalle-envisage-des-licences-temporaires-de-diffusion-numerique-pour-les-radios-locales/
(3) https://www.dailymail.co.uk/news/article-8485629/Radio-fans-listen-FM-decade-digital-switchover-off.html

08 février 2021

THE VOICE BELGIQUE N'A PAS PROFITÉ DE COUVRE-FEU. ET SON PUBLIC VIEILLIT…

Même avec un jury aimé par le public et, paraît-il, des candidats hors pair, les blinds n'ont pas fait décoller The Voice Belgique. La comparaison avec les années précédentes parle d'elle-même. Tout comme elle confirme que le programme attire toujours davantage des spectateurs ayant deux à trois fois l'âge des jeunes qui animent la compétition.

 

 

Autour des 404.000 téléspectateurs (mesure audience J+1) : telle est l'audience moyenne des blinds de The Voice Belgique 202. Un score assez stable depuis le début du programme, à la fin de l'année passée. Avec le couvre-feu, et donc l'obligation d'être chez soi pour 22h, on aurait pu croire que le public aurait eu tendance à se retrouver en plus grand nombre devant les prime times de la télé. Pour The Voice, en tout cas, cela ne s'est pas vraiment passé.

En les comparant à ceux des trois années précédentes, les blinds de The Voice 2021 font les moins bons scores. Mettons de côté l'édition 2020, The Voice Kids n'ayant pas autant de blinds que l'original, et les dernières semaines y représentant donc déjà les étapes suivantes du télé-crochet. Mais, pour 2019 et 2018, années "normales", les différences sont patentes. En 2019, les résultats hebdomadaires étaient un peu en dents de scie, mais en général supérieurs à ceux de 2021. En 2018, alors qu'au début l'audience ressemblait un peu à celle de cette année, à partir de la troisième semaine, elle s'était envolée, puis stabilisée.
En audience moyenne par émission, on est passé de 449.000 spectateurs en 2018 à 404.000 cette année. Un trend descendant d'année en année, mais on aurait pu s'attendre à une remontée en 2021. D'abord parce que la prod a mis le paquet sur la proximité et la notoriété des jurés (que serait The Voice B. sans B.J Scott?), ainsi que sur la manière particulièrement empathique dont le jury doit se comporter vis-à-vis des candidats. Mais aussi en fonction des circonstances particulières que nous vivons, et des contraintes de la crise sanitaire. 
De 2018 à 2021, la perte est significative, et commence à pouvoir être réellement appréciée, même en tenant compte d'un intervalle de confiance (marge d'erreur liée à la méthode de mesure). L'érosion parait donc inéluctable alors que les blinds sont normalement un des moments les plus forts du programme, puisqu'ils constituent les occasions d'accrocher le spectateur, de l'ancrer dans le programme et de l'y faire participer, comme s'il était membre du jury même si, pour l'audience, la mécanique du blind n'est pas de mise.
 
Pour quatre des cibles pour lesquelles la RMB livre quelques informations, la constance est ce qui marque le mieux les audiences 2021. Mis à part les PRP (principaux responsables d'achats), plus nombreux en semaines 3 et 4 puis 6 6, l'audience des autres groupes (les 12-34 ans les PRP avec leurs enfants, les femmes de 18 à 54 ans) ne subit que de très faibles variations. On entre dans The Voice et on une fois qu'on y est, la plupart regardent le programme toutes les semaines, en tout cas lors des blinds.
Par contre, ce tableau révèle aussi que, parmi les quatre groupes pour lesquels on dispose de résultats, les spectateurs les plus nombreux sont les PRP et les femmes "actives" '(ce qui est, en grande partie, un groupe identique…). Les jeunes (18-34 ans) sont particulièrement peu présents, ce qui peut paraître étrange pour une émission supposée plutôt destinée à les attirer devant le petit écran. 
 
D'autres données accessibles via la RMB confirment que les "jeunes" sont peu nombreux devant The Voice. Mais elles montrent aussi que, par contre, les "vieux" constituent une part importante de l'audience.
Sur la moyenne d'audience des six blinds, les enfants représentaient 3%, les jeunes adultes 15%, les adultes 30% et les plus de 55 ans 55%. 
Toujours sur la moyenne des six blinds, si l'on compare ces résultats avec ceux de 2018, on obtient d'autres indications concordantes.

Par rapport à il y a quatre ans, la proportion de spectateurs parmi la classe d'âge "enfants" est à peu près sable (-1%), et celle des jeunes adultes est en baisse (-3%). Les adultes 35-54 ans sont stables. Ce qui augmente, c'est seulement la part d'audience des plus de 55 ans (+ 6%). Non seulement l'audience de The Voice est structurellement plus âgée sur la RTBF, car l'audience de cette chaîne est toujours plus âgée, mais la part de ce public âgé croît avec le temps. Au risque d'un jour ne plus rassembler que des séniors…

Les données comparatives indiquent aussi que, en quatre ans, la proportion d'audience féminine a augmenté, ce qui devrait plaire aux publicitaires. De même que la proportion de membres de l'auditoire appartenant plutôt aux catégories sociales supérieures (celles que l'on place de 1 à 4 sur une échelle de 8), qui a crû de près de 10%, et explique pourquoi, déjà cette année, un des deux placements de produits déclarés  dans The Voice est… BMW. 

Sur la RTBF, The Voice est donc ces derniers temps encore moins regardé par les jeunes, les hommes et les membres des classes sociales les moins privilégiées de la société. Son public, c'est d'abord un public âgé, féminin et aisé. Tous les jeunes espoirs qui y participent s'imaginent-ils vraiment d'abord s'adresser à leurs grands-parents, et ensuite à leurs parents? Et se rendent-ils compte que, si les fan-clubs n'étaient pas mobilisés aux moments où le public vote, la meilleure voix serait choisie par des gens deux à trois fois plus âgés qu'eux. Mais, à voir le profil de nombreux candidats des blinds, pas nécessairement (beaucoup) plus friqués qu'eux…

Frédéric ANTOINE.

06 février 2021

TFI : COMMENT, SOUS UN PRÉTEXTE MENSONGER, METTRE DES « STARS À NU »


Des "stars" qui se montrent nues afin d\"inciter les téléspectateurs… à accepter d\"en faire autant chez le médecin lors d\"un dépistage du cancer de côlon: tel est le louable pitch de Stars à nu, diffusé ce vendredi 5/2 sur TF. Mais quel motif hypocrite pour diffuser en primetime un programme un peu voyeur! En effet, pour dépister le cancer du colon, on ne se dénude pas devant un médecin. En tout cas, pas à l\"état conscient.

Il n\"y a qu\"un moment où, dans Stars à nu, on dit la vérité: quand un médecin vient y expliquer aux "stars" participant au programme ce qu\"est le cancer du côlon et comment on le débusque. Il précise ainsi la première étape: un test à mener chez soi sur un échantillon de selles afin d\"y repérer l\"éventuelle présence de sang. Un test immunologique proposé à tous les Français de plus de 50 ans (en Belgique, ce test n\"est pas généralisé). Et il ajoute bien que, Si ce test s\"avère positif, le médecin traitant invitera son patient à faire une endoscopie. 

Soyons clair. L\"endoscopie se pratique en hôpital de jour. Préalablement a lieu un premier rendez-vous avec un gastro-entérologue, où on ne se déshabille pas du tout, mais où le médecin définit l\"utilité de l\"examen et ses modalités pratiques. Il y a ensuite un contact avec un anesthésiste, comme cela se passe avant toute intervention hospitalière. Là non plus, on n\"enlève pas le moindre vêtement. Enfin, le jour J, on est admis en hôpital de jour, on a accès à une chambre où une infirmière donne au patient une chasuble qu\"il portera pendant l\"examen, et l\"invite à la revêtir un fois qu\"il se sera déshabillé, bien sûr en son absence. Ensuite, l\"anesthésie commence, le patient s\"endort… et quand il se réveille, il est de nouveau dans sa chambre, l\"endoscopie est terminée. Il a devant lui une petite collation pour le remettre d\"aplomb (car avant l\"endoscopie, il a dû prendre pendant plusieurs jours d\"horribles boissons pour se vider les intestins, et n\"a rien pu manger depuis la vielle). Il se rhabille, seul. L\"infirmière vient voir si tout va bien, le chirurgien passe donner des nouvelles. Et le patient s\"en va avec la personne chargée de le ramener chez lui.

Nu? Jamais devant le médecin

Voilà, c\"est tout. Quand est-ce que, pour prévenir du cancer du côlon, on doit se mettre nu devant un médecin? Ja-mais. Jamais ! Le seul moment où l\"on se déshabille, c\"est, comme pour toute intervention en hôpital avec anesthésie générale, avant de "passer sur billard", si l\"on peut dire. A aucun moment, on ne doit retirer ses vêtements devant un médecin. La justification de ce show du vendredi soir est donc un prétexte, qui plus est fallacieux, pour faire croire que quelques "stars" ont des complexes à se montrer nues devant des caméras. Ah, la pudeur, que ne ferait-on pas en son nom!

A la fin de l\"émission, dans un cabaret parisien non cité, et devant un public dont on se demande bien comment il a été invité à cela, les "stars" prestent enfin leur petit numéro de danse puis enlèvent le haut, puis le bas. Au public, ils osent enfin montrer "tout" montrer, y compris leur virilité. Hélas, les téléspectateurs et les téléspectatrices n\"auront droit qu\"à leurs fesse s: la caméra ne montrera  les héros que de dos. L\"honneur est donc sauf, et chacune des stars se félicitera d\"avoir ainsi convaincu le public de désormais accomplir un petit striptease chez le médecin quand il viendra y pratiquer un test contre le cancer du côlon. Tous ces super-héros du nu, ainsi que la présentatrice dévouée de l\"émission, le diront en substance à l\"antenne: "Cela a été dur! Mais si ce que je fait ne peut sauver qu\"une vie, je suis content!" Sauf que, si les Français se montrent ainsi nus à leur médecin, ce n\"est jamais de la sorte qu\"on pourra savoir s\"ils ont ce cancer. Seul le chirurgien du côlon, souvent affairé derrière ses écrans, aura peut-être l\"occasion d\"apercevoir un peu des fesses du patient, cachées sous la toile du champ opératoire…

Des fesses de stars pour tout le monde

Mais ça aura fait une bonne soirée de télé, un peu trash rien que par le titre, mais devenue un service public indispensable grâce à son faux motif. En prétendant motiver les troupes se tous ces mâles qui n\"osent jamais se mettre à nu (comment font-ils dans les douches, après un match ou un entraînement sportif?). Et, surtout, en apportant un peu d\"image de virilité(s) au public féminin pour qui, in fine et sans le dire, est bien sûr prioritairement destiné ce show, comme tous les primetime de TF1.

Soyons de bon compte: l\"an dernier, le même programme évoquait la nudité et le dépistage du cancer de la prostate. Là, effectivement, cela peut jouer un rôle. Mais faut-il convoquer tous les cancers sous prétexte de pouvoir montrer des "stars" à poils à la télé? Ah, justement, la semaine prochaine c\"est au tour des dames de passer dans le programme. Des "star(e)s" vont aussi se mettre à nu, cette fois pour convaincre les femmes de se dénuder chez leur médecin pour se prévenir du cancer du col de l\"utérus. Car, bien sûr, aucune femme ne se dénude, même partiellement, actuellement chez son gynécologue. Celui-ci ne fait que les auscultes à distance. C\"est bien, connu. Merci donc à l\"émission, qui convaincra enfin les femmes de montrer leur sexe à leur médecin, au terme d\"un striptease suggestif!

Allez, TF1, ne cache pas tes programmes pseudo-lestes par de beaux motifs. Les appeler par leur nom serait plus simple, et plus honnête. Ce qui sauverait des vies face au cancer du côlon, c\"est de convaincre les gens de faire, chez eux, un test de selles. Là se trouvent les vraies réticences du plus grand nombre. Mais ça, évidemment, c\"est beaucoup moins sexy…

Frédéric ANTOINE

05 janvier 2021

Bilan TV 2020: l'audience différée profite à TF1 et aux télé-réalités. Mais aussi à Questions en Prime

En tenant compte de l'audience jusqu'à sept jours après après la diffusion linéaire, le Top 2020 (1) des audiences télé ne change pas fondamentalement: ce sont toujours les Jt qui ont eu la cote l'année passée. De même que Questions et Prime. Mais, hormis l'info quotidienne, ce sont Les enfoirés, L'amour est dans le pré, Mariés au premier regard ou Top Chef, qui ont été pas mal regardés après leur jour de diffusion.

Les Jt, même spéciaux, ça ne se regarde pas beaucoup après leur jour de diffusion. Normal : l'info se périme vite, donc la date de validité de chaque Jt est fort proche du moment de sa production. Comme les Jt avaient cartonné en audience J+1, ils font évidemment la même chose en J+7. On retrouve dès lors dans ce Top annuel un classement identique à celui des audiences (presque) en temps réel, avec la domination des Jt et des éditions spéciales, et une présence de Questions en prime.

Conséquence logique de ce qui précède, les différences entre les scores d'audience J+1 et  J+7 sont presque nuls (2), et en tout cas sans réelle signification.

Si l'on enlève le Jt mais que l'on conserve Questions en prime (et en tenant compte de la remarque méthodologique faite à la note 2), on retrouve de nouveau une situation à peu près comparable en J+7 et J+1: la plupart des mêmes émissions ont dans les deux cas réalisés des scores fort proches. (3)
 
Enfoirés et télé-réalités 
 
 Si l'on retire Questions en prime, la situation change quelque peu.
On voit en effet entrer dans le classement des meilleures audiences un programme de TF1 (Les enfoirés), et des émission de RTL-TVI (L'amour est dans le pré et Mariés au premier regard) qui ne figuraient pas dans le Top 20 que nous avions réalisé sur les audiences J+1, ou comme Top Chef, qui n'était présent qu'à une occasion dans le classement J+1, et qui occupe ici de nombreuses places. 
Le film Ni juge ni soumise, diffusé par la RTBF, n'aurait pas tout à fait dû figurer dans ce graphique, car il occupe la 21e place de ce classement, mais nous l'y avons intégré pour son caractère très significatif pour une analyse des usages d'audience entre J+1 et J+7. Comme Les enfoirés ou les télé-réalités de prime time de RTL-TVI, ce film n'a pas réalisé des audiences remarquables au moment de sa diffusion tv ou des heures qui ont suivi. C'est sur la distance que son auditoire a crû. Les enfoirés ou Ni juge ni soumise sont de vrais programmes de stock : on pourra encore les regarder plusieurs semaines, voire plusieurs mois après leur diffusion, ils n'auront pas pris une ride. Ce n'est pas tout à fait la même chose des télé-réalités et ses variantes de type 'compétition' de RTL-TVI et M6 dans la mesure où il ne s'agit pas là d'œuvres uniques, mais bien de prototypes reproduits au cours de de plusieurs épisodes. Leur échéance de validité de vision se situe donc bien quelque part : à la fin de leur semaine de diffusion, avant l'arrivée de l'épisode suivant.
Le programme qui bénéficie le plus de ce gain d'audience différée est sans conteste le grand show annuel de divertissement de TF1 au profit des Restos su Cœur, qui récolte au-delà de 200.000 spectateurs de plus en différé par rapport à sa diffusion linéaire. Résultat d'autant plus marquant que ce programme a été émis avant le confinement. Idem pour le portrait de la juge bruxelloise Anne Gruwez par Jean Libon et Yves Hinant, qui gagne près de 150.000 personnes au cours de la semaine qui suit sa diffusion. L'amour est dans le pré (2 épisodes à + 100.000 spectateurs), par contre, a été diffusé lors de la fin du second confinement, et en période de post-confinement. Marié au premier regard et Top Chef sont, eux, des programmes du premier confinement. Tout comme le show de François Pirette, dont nous avions relevé la relativement moyenne performance lors de sa diffusion linéaire, et qui remonte ici dans le classement. Les magazines d'info de RTL-TVI ne comptabilisent qu'une audience supplémentaire assez limitée, de même que la série docu-fiction Appel d'urgence. Quant aux matchs de foot, on les regarde très peu après coup. C'est bien sur le vif que l'émotion de l'exploit captive le spectateur.
 
Frédéric ANTOINE.

 

(1) Pour le J+7, l'analyse n'a comptablisé les résultats que jusqu'au 22/12. Pour rappel, il en est à peu près de même pour les J+1

(2) L'étude ayant été menée à partir des résultats publics du CIM, elle repose pour le J+7 sur le classement des meilleurs résultats hebdomadaires, dans lesquels ne sont retenus pour les émission quotidiennes que leur meilleur score sur la semaine. Pour les Jt, ce défaut méthodologique est compensé en partie par le fait que les éditions spéciales sont comptabilisées séparément. Toutefois, comme le démontre le graphique, il y a des jours pour lesquels la comparaison est impossible, et qui ne figurent donc pas dans le premier graphique présenté dans ce texte.

(3) Pour les commentaires, cf. un article précédent analysant ce type d'audience.

02 janvier 2021

Bilan Tv 2020 : hors info, RTL TVI truste les premières places

 L'info a dominé les audiences 2020, nous l'avons déjà écrit (1). Mais si l'on retire les Jt, quelles ont été les meilleures audiences de l'année? Outre l'émission Questions en prime, qui est sa doute "la" révélation de ces derniers mois, le foot et les magazines de RTL ont attiré le plus de public. Sans Questions en prime, les audiences se diversifient. Et la chaîne privée emporte la mise.

C'est un peu l'OVNI télévisuel de 2020, cette émission Questions en prime, programme entre le talk-show et l'émission-service, à durée variable d'édition en édition et à la programmation elle aussi instable selon les jours de la semaine et les périodes. Mais toujours avec le même journaliste-présentateur immuable, tellement bien installé dans le programme qu'il a ensuite aussi présenté le JT, sur le même ton que celui de 'son' émission spécial Covid. Déjà, dans notre Top 20 des audiences de tous les programmes de l'année (2), Questions en prime figurait sur la liste. Si l'on retire de ce relevé les JT, qui trustaient ce classement exhaustif, le succès du programme se confirme. Preuve d'une attente constante du public pour de l'info pratique et concrète à propos de la pandémie.

Questions en prime occupe 8 places parmi les 20 émissions hors JT les plus regardées en 2020 (3), c'est-à-dire ayant comptabilisé plus de 650.000 téléspectateurs. La plupart de ces bons scores sont réalisés pendant le premier confinement, mais on relève aussi parmi ce Top 20 deux émissions de fin octobre.  Il faut par ailleurs pointer les deux éditions de Jeudi en Prime, programme qui lui aussi suit la diffusion du Jt du soir, et dont les éditions du 22/10 et du 5/11 ont, elles aussi, réalisé de fort bons scores (interviews de la ministre Caroline Désir et du président de l'Absym Philippe Devos). Ces programmes quasiment imbriqués dans le Jt de La Une mis à part, la RTBF ne réalise qu'un seul autre score de Top 20 : pour la diffusion d'un match de foot de l'équipe nationale. Au total, la chaîne publique occupe 11 des 20 meilleures audiences…

RTL-TVI (en rouge sur le tableau) a l'habitude de faire suivre son Jt de 19h30 de magazines d'info diversifiés. Dans ce classement, Face au juge confirme ses succès antérieurs, en plaçant 3 éditions dans le Top 20, lors des trois semaines de mars marquant le début du confinement. Un numéro de Enquêtes, daté de fin mars, figure aussi dans ce hit-parade des audiences, de même que l'originale émission Belges à domicile, que la chaîne avait initié en début de premier confinement etQuestions en prime et où se jouait de belle manière la complicité entre le public à domicile et les animateurs de la station, eux aussi confinés (4). Deux matchs de foot des Diables complètent le tableau.
 
RTL-TVI presque partout

Si on retire de ce classement le "cas" que constituent Questions en prime et Jeudi en Prime, la configuration du jeu se modifie fortement : la RTBF (en bleu) disparaît quasiment de ce nouveau Top 20, dont presque toutes les places sont trustées par la chaîne privée (en rouge).
Dix-huit places sont 20 reviennent alors à RTL-TVI, à la fois pour ses magazines post-Jt (Face au juge [4] et Enquêtes [5]), mais aussi pour des programmes de prime time de type rélé-réalité (Top Chef [2] et la sérié docu-réalité Appel d'urgence), pour un divertissement : le show de Pirette. La première audience de ce classement est occupée par un match de foot, et la chaîne réussit à placer cinq émissions du même type dans ce Top 20.

Un peu mieux qu'en 2019, covid oblige
 
Ces résultats sont-ils exceptionnels? Impossible bien sûr de faire une comparaison pour Questions en prime et Jeudi en Prime. En 2019, Face au juge figurait aussi dans les meilleures audiences de l'année (en 5e place), avec 747.800 spectateurs (J+7). Cette année, même en mesure J+1, son meilleur score est plus élevé : 776.876 personnes. Il y a un an, la meilleure édition d'Enquêtes avait attiré 598.000 personnes (J+7). Cette fois, le score le plus haut du magazine en J+1 est déjà de 704.797, soit plus de 100.000 spectateurs de plus (et ce, donc, sans compter les visions différées). L'épisode le plus regardé d'Appel d'urgence (J+7) s'élevait à 638.300 spectateurs.  Cette année, en J+1, le résultat est un peu plus faible: 604.950. Si l'on regarde les chiffres J+7, cette audience monte en 2020 à 617.637 personnes. Soit toujours moins que l'année précédente. François Pirette, qui ne figurait pas en 2019 dans le Top 20 du CIM, avait alors accueilli 564.700 spectateurs (J+7) à son meilleur show. Cette fois, en plein confinement et en mesure J+1, il a fait un tout petit peu mieux en rassemblant 585.286 amateurs et amatrices de son humour. Mais son spectacle s'est fortement rattrapé en audience différée : en J+7 son show 2020 compte au total 639.879 spectateurs, au-delà 50.000 de plus par rapport à l'année précédente.
 
Ces bons scores 2020 ont évidemment été boostés par la covid. Les émissions dont l'audience 2020 est plus faible que par le passé peuvent donc être considérées comme de véritables échecs.
 
Frédéric ANTOINE


(1) Voir texte du 31/12/2020.

(2) Idem.

(3) Mesure audience J+1, avec arrêt du comptage au 29/12.

(4) Pour rappel, ce programme court a peut-être réalisé d'autres très bonnes audiences mais sa durée étant variable, le CIM n'a pas pris en compte les programmes courts.

(5) En 5e place selon le classement CIM qui n'applique pas la même méthodologie.

31 décembre 2020

L'info en tête de toutes les audiences en 2020. Petit classement par chaîne

 C'est l'info qui a réalisé les meilleurs scores d'audience tv toutes catégories cette année en Belgique francophone, crise de la covid oblige. Plus d'un million de personnes ont suivi l'émission ayant eu la plus forte audience. Avec La Première-RTBF sur la première marche du podium. Cela faisait longtemps qu'un Jt n'avait pas rassemblé le plus grand nombre de téléspectateurs. Petit regard général, et chaîne par chaîne.

En 2020, les vingt meilleures audiences de la télévision en Belgique francophone (1) concernent toutes des journaux télévisés du soir de La Une et de RTL-TVI. Le Jt de La Une du 17 mars, moment du premier Conseil National de Sécurité (CNS) annonçant l'entrée en vigueur du premier confinement, bat tout les records, avec près 1.063.000 spectateurs (live+J+1), et près de 1.067.000 si l'on tient compte de l'audience différée J+7. Les autres audiences les plus importantes des Jt dépassent les 900.000 spectateurs. Dans ce Top 20, si les infos de la RTBF occupent les deux premières places, elles ne représentent au total que 7 meilleurs scores (en bleu sur le graphique) sur 20, alors que RTL-TVI en compte 13 (en rouge sur le graphique).

Les deux Jt les plus suivis (sur la RTBF) sont ceux des deux jours-clés de l'année. L'audience la plus élevée est celle du soir du premier CNS. Le deuxième score est celui du 30 octobre, soit lors de la conférence de presse du Comité de concertation qui annonce la mise en œuvre du deuxième confinement. Mais, ce 30 octobre mis à part, toutes les audiences les plus élevées de l'année se situent lors du premier confinement. Dans ce Top 20, on ne retrouve qu'un seul autre Jt lié au deuxième confinement : en 17e position, celui de RTL-TVI, le 4 novembre.

Une bonne première audience, mais…
 
Depuis les décennies, les Jt réalisent toujours de très bonnes audiences en Belgique francophone, et se placent le plus souvent en tête des audiences journalières. D'ordinaire, ils ne sont parfois détrônés que par l'un ou l'autre blockbuster, le spectacle d'un humoriste
 local ou un événement sportif à portée nationale. Dans les cases de tête 2020, ce n'est pas le cas (2). Afin de réaliser une comparaison équitable, nous avons situé l'audience J+7 de l'émission la plus regardée en 2020 par rapport aux meilleures audiences relevées par le CIM dans ses classements annuels antérieurs.

Même si le Jt du jour d'entrée en confinement a cette année rassemblé un nombre impressionnant de spectateurs, il ne constitue pas la meilleure audience de la décennie. Entre 2010 et 2020, ce sont les retransmissions de compétitions footballistiques qui ont, le plus souvent, réuni le plus grand nombre de spectateurs. Outre plusieurs matchs de foot, même la première diffusion du film Bienvenue chez les Chtis sur RTL-TVI a fait mieux que le Jt du 17/03/2020. Ce n'est qu'à trois reprises que l'info a occupé la première place des audiences de l'année selon le CIM : en début de décennie, en 2011 et 2012 (avec des Jt de RTL-TVI) et cette année.  

Par ailleurs, même si le Jt de La Une du 17/03 est en tête du classement en nombre de spectateurs, il n'avait réalisé 'que' 48% de parts de marché, alors que les années où le Jt de RTL-TVI était en tête des audiences, il comptabilisait 50% de PDM, soit moins que les films de Dany Boon (entre 55 et 60% de PDM) et, bien sûr que la plupart des matchs de l'équipe nationale. Mais davantage aussi que Guihome, dont le show n'avait réussi à attirer 'que' 40% de l'auditoire présent (ce qui n'était toutefois pas mal pour quelqu'un d'encore inconnu quelques dizaines de mois plus tôt).

Chaîne par chaîne…

Sur La Une, 9 des 10 meilleures audiences 2020 (J+1) sont réalisées par des Jt et des éditions spéciales du Jt, la dixième place ayant été obtenue par l'édition du magazine covid Questions en Prime du 24 avril.

Hormis l'édition spéciale du Jt du 30/10, tous ces autres résultats ont été obtenus lors du premier confinement.

Sur RTL-TVI, même topo que sur La Une. Là aussi, les meilleures audiences  (J+1) sont celles du Jt de 19h, une seule édition spéciale de ce Jt figurant dans le Top 10, celle de la veille de l'annonce du confinement lors du CNS du 17 mars.
8 des 10 meilleures audiences sont liées au premier confinement. En 8e et 10e place du classement, on compte deux Jt d'automne: ceux des 28/10 et 4/11. 
 
Cet intérêt pour l'info est bien sûr l'apanage des deux chaînes premium du paysage audiovisuel belge francophone. Mais pas que: sur TF1, les Wallons et les Bruxellois ont pas non plus boudé l'info. Toutefois, ce n'est pas dans ce domaine que la version locale de la chaîne française a attiré le plus de Belges.
L'audience (J+1) 2020 la plus élevée de TF1 en Belgique est en effet, comme souvent, celle des… Enfoirés, dont il faut souligner que la diffusion a eu lieu avant le début du premier confinement. On n'ose imaginer quelle quantité de fans le programme aurait comptabilisée si l'émission avait été proposée après le 17 mars. Derrière ce show devenu culte même auprès des jeunes adultes, le Top 10 des audiences de TF1 se concentre uniquement autour des deux séries de Koh-Lanta proposées cette année. C'est la série diffusée lors du premier confinement (L'île des héros) qui occupe le plus de places dans ce Top 10 : 6 contre 3 pour les 4 Terres, programmé pendant le deuxième confinement. Les audiences des 4 Terres sont aussi en règle générale moins élevées que celle des Héros, qui remettait en selle certains 'aventuriers' célèbres.

2020 a été marquée par un changement de dénomination de La Deux, supposé correspondre à une redéfinition du contenu de la chaîne.
Si l'on associe dans un continuum La Deux puis Tipik, les meilleures audiences des deux dénominations sont plutôt… du côté de La Deux (7/10). La plupart des résultats de ce Top 10 sont liés à l'émission Le grand cactus, que celle-ci soit diffusée sur La Deux (4) ou sur Tipik (3). Si la deuxième meilleure audience de l'année pour la chaîne est celle du Grand cactus spécial confinement, la première place revient à l'émission proposée après le deuxième confinement (17/12). Les autres places du Top 10 sont occupées par des films 'culte', The Bodyguard était proposé avant le premier confinement, Dirty dancing pendant le premier confinement et Jurassic World après le deuxième.

Un petit regard sur La Trois, juste pour l'anecdote. En raison des faibles audiences réalisées, nous ne retiendrons que cinq programmes. Deux classiques du cinéma y réalisent les deux audiences de plus de 100.000 spectateurs.
 
Sur Club RTL, tous les bons résultats d'audience sont le fait de diffusions de matchs de foot. Seule exception : la dixième place du classement.

 
Sur Plug, toutes les audiences les plus hautes sont liées à des diffusions de films. En bas de classement figurent deux émissions de télé-réalité de M6.
 

Enfin, sur AB3, les résultats sont éclectiques : des films côtoient des émissions sur des faits divers, ou des magazines de société, souvent empruntés à TF1.
Sur cette chaîne, les dix meilleures audiences de l'année dépassent largement les 120.000 spectateurs, ce qui n'est le cas ni de Plug, ni de La Trois.
 
Tout ceci posé, un regard sur l'évolution de l'audience de certaines émissions au cours de l'année pourra ne pas manquer d'intérêt, surtout en comparaison avec 2019. Nous nous y attèlerons prochainement…

Bonne année.

Frédéric ANTOINE.

 

(1) Chiffres arrêtés au 29/12/2020

(2) La comparaison avec les classements réalisés par le CIM n'est pas aisée, car cet organisme ne retient dans ses classements annuels qu'un seul Jt par chaîne, celui qui a réussi le meilleur score, alors que notre choix a été de comptabiliser tous les Jt.


22 décembre 2020

Bonne fin d'année, en tout cas pour les JT

 Actu oblige, les Jt du soir de La une et de RTL-TVI continuent à avoir le vent en poupe, et réalisent des audiences bien meilleures qu'il y a un an. Depuis les pics de novembre, les chiffres étaient plutôt en baisse, mais ils repartent à la hausse. Et la chaîne privée dame définitivement le pion à l'opérateur public.

C'était plutôt serré, côté course à l'audience, lors de la rentrée de septembre dernier. La traditionnelle domination du Jt de 19h00 sur son challenger de 19h30 avait du plomb dans l'aile, et la course à la première place semblait ouverte. Las, déjà en octobre, les résultats de La Une marquaient le coup. Depuis novembre, la messe semble être dite, et l'ordre normal des choses est revenu sur la planète Audience. RTL-TVI a retrouvé un leadership incontestable. A de très rares exceptions près, la chaîne privée rassemble toujours le plus grand nombre de spectateurs, et l'écart avec l'opérateur public redevient appréciable. Il faut que survienne un Comité de concertation Covid, dont la conférence de presse se déroule toujours à l'heure des Jt des chaînes flamandes, pour que l'audience croisse fortement, et qu'elle se retrouve souvent en plus grand nombre sur la RTBF que sur RTL. Alors que, au cours de cette fameuse conférence de presse, l'une et l'autre ne font pourtant que retransmettre les mêmes images officielles, fournies par le gouvernement…

 C'est en novembre que les audiences des deux Jt ont été les plus élevées. Sur la moyenne du mois, elles dépasssent alors les 660.000 spectateurs/jour sur La Une et les 750.000 sur la chaîne privée. L'installation d'un deuxième confinement n'est évidemment pas étranger à ces résultats, qui étaient déjà élevés en octobre sur les deux chaînes. Mais, en novembre, le Jt de la chaîne privée devient clairement beaucoup plus regardé que celui de sa concurrente. En décembre, les chiffres baissent sensiblement, tout en restant cependant toujours élevés.

Comme évoqué plus haut, la différence d'audience entre les Jt des deux chaînes est inexistante pendant une bonne partie du mois de septembre, mais un différentiel commence à se marquer avec l'arrivée de l'automne. Il ne cessera de croître au cours du mois d'octobre, et sera particulièrement élevé début novembre. A partir de la mi-novembre, l'écart entre le Jt des deux stations se stabilise.
Les occasions où le Jt de la RTBF est plus regardé que celui de RTL-TVI sont rares. En règle générale, hormis début septembre, c'est toujours le journal de la chaîne publique qui rassemble le moins de personnes. A certaines occasions, de début novembre aux environs du 20 du mois, ce déficit dépasse fréquemment les 100.000 spectateurs, voire les 150.000. En septembre, le différentiel moyen/jour de la RTBF était de moins de 20.000 personnes. Lorsqu'il atteint les près de 41.000, en octobre, la situation est toujours assez positive, car il s'agit d'un petit écart, à peine plus large que la marge d'erreur des résultats de pareil type d'enquête. Par contre, en novembre, les infos de chaîne privée accueillent en moyenne chaque jour 85.000 téléspectateurs de plus que ceux de La Une. Il n'y a plus là de discussion possible, pas plus qu'en décembre où, jusqu'au 21/12, le déficit/jour moyen est de 55.000 personnes, et il se creuse clairement en fin de période.

Une année extraordinaire

2020 restera, en terme d'audience, une année extraordinaire, notamment pour les journaux télévisés. Sur la période étudiée ici (septembre-décembre), le constat est clair : dès qu'une nouvelle info survient dans la crise sanitaire, les audiences s'envolent par rapport à la "normalité" d'une année comme 2019.

Les courbes en pointillés, qui représentent 2019, sont toujours inférieures à celles de 2020, sauf lorsqu'il ne se "passe rien", ou presque, c'est-à-dire en septembre et début octobre. Dès que la crise sanitaire redémarre, les audiences 2020 croissent, alors qu'en 2019, celles-ci étaient assez stables tout au long de la période. Même au cours de la deuxième partie de décembre, les courbes 2019 resteront plus basses, alors qu'en nombre absolu, la quantité de spectateurs est classiquement plus élevée en fin d'année qu'en début d'automne. A titre de comparaison, en 2019, l'audience moyenne/jour des Jt de la RTBF était de 415.000 en septembre, 471.000 en octobre et 507.000 en novembre. Soit près de 80.000 spectateurs de moins que cette année en septembre, 165.000 en octobre et 158.000 en novembre.

Pour les deux chaînes, le décollage par rapport à 2019 est lié à la croissance de la crise sanitaire en octobre et novembre. En décembre, le Jt RTBF conserve cette année une audience supérieure à celle de 2019. Sur RTL-TVI, la configuration est moins claire, sauf en fin de période analysée, où les chiffres 2020 repartent à la hausse.
 
Tous gagnants

Cette variation d'audience entre les deux stations est-elle de nature différente? Au premier regard, il semble que les gains sont constants : il n'y a pas de jour pour la RTBF où l'audience 2020 soit plus faible que celle de 2019, et les cas où RTL-TVI se trouve dans cette situation correspondent essentiellement à ses faiblesses de septembre. A certains moments, ces gains sont même importants (plus de 250 à 300.000 personnes). Mais il semble que, de manière générale, ils ne sont pas d'importance égale, ni situés aux mêmes moments.
Toutefois, si l'on étudie le volume d'audience gagné par les deux opérateurs, tout change. Et c'est sans doute-là une des révélations les plus intéressantes de l'analyse. En fait, les gains d'audience des Jt des deux chaînes entre 2019 et 2020 sont quasiment similaires. Le graphique ci-dessous a été réalisé à une échelle plus précise que les précédents, pour bien souligner les différences. Il démontre que non seulement les tendances de gains d'audience affichent des courbes à tendance tout à fait identique, mais que la quantité de spectateurs acquise par les deux chaînes est à peu près équivalente depuis mi-octobre. Auparavant, les gains de la RTBF était clairement supérieurs à ceux de RTL-TVI. Quand l'émission d'info de la chaîne privée dépasse en audience celle de la station publique, les deux courbes s'inversent mais restent très proches. Et ce même aux moments où, en chiffres absolus, l'audience du RTL 19h était beaucoup plus haute que celle du 19h30.
Ainsi, tout le monde est donc un peu gagnant. Un beau cadeau pour la Noël…

Frédéric ANTOINE

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