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Regard médias

Il y en a des choses à dire sur les médias en Belgique…

21 octobre 2023

Un manuel plein de secrets


Mesdames messieurs, bonsoir. Parmi les infos du jour, on apprend de source sûre qu'un document de première importance a été trouvé dans une poubelle lors de la fouille des affaires de A. L., au lendemain de son acte terroriste. Intitulé Manuel du parfait terroriste bruxellois, il regorge de recommandations, n'est-ce pas Louis Margel?
 
— Effectivement Jean-Michel. Un vent favorable nous en a fait parvenir quelques pages que nous avons traduites et qui ne manqueront pas, je pense, d'éclairer les enquêteurs. En voici quelques extraits :
 
Le bon terroriste doit être discret, afin de ne pas se faire repérer. Dans cette optique :
- il ne porte pas des vêtements de couleurs vives, et s'il agit de nuit, de veste fluo (un gilet jaune, ou orange) ;
- il ne se déplace pas à l'aide d'un moyen de transport peu commun, par exemple une mobylette ou, à défaut, un scooter ;
- S'il utilise un de ces moyens de transport, il porte un casque qui ne peut être de couleur blanche ;
 - il porte sur lui une arme la plus légère possible, afin de pouvoir la manier aisément. Il ne porte pas d'arme lourde comme une Kalashnikov ;
- s'il opère de  nuit, il veille à intervenir dans un lieu peu éclairé et sans présence de témoins ;
- s'il en a l'occasion, il vérifie bien qu'aucun passant ne filme son intervention sur son smartphone ;
- une fois son intervention terminée, il quitte les lieux sans son moyen de locomotion, et ne rentre surtout pas à son domicile ;
- s'il s'y rend tout de même sur son moyen de transport, il veille à bien garer son moyen de transport das un lieu le plus discret possible, c'est-à-dire pas devant la porte son domicile ni en  dessous d'un réverbère ;
- de manière générale, il ne rentre pas chez lui comme si de rien n'était ;
- s'il cherche un endroit où s'installer après son intervention, il évite de choisir un espace public proche de chez lui, ainsi que de porter des vêtements aisément reconnaissables ;
- un lieu où il lui est déconseillé de se rendre est le café le plus proche (surtout si c'est un café où il a l'habitude de se rendre) ;
- s'il s'y rend tout de même, il peut y commander un thé, et le …

La suite du document, déchirée, n'est pas lisible.
Mais nous sommes persuadés que, grâce aux extraits de ce manuel, les enquêteurs progresseront rapidement dans leurs recherches.
Fin de ce flash info. Bonne soirée.


NB:
Le lecteur aura saisi que la scénette évoquée ci-dessus a tous les airs d'une fiction. Toute comparaison avec des faits récents ne serait évidemment que fortuite.

17 octobre 2023

Attentat terroriste : du breaking news à la radio filmée



La Une, RTL TVi, LN24… Dans les télés, tout le monde était sur la brèche lundi soir, juste après l'attentat terroriste de Bruxelles. Mais lendemain matin…

Mardi matin. 8h. On apprend que le suspect de l'attentat a été repéré par les forces de l'ordre, puis "arrêté". Mais qu'en voit-on sur les chaînes télé ? Rien. Alors que la veille les télés étaient au taquet sur l'événement, rivalisant de directs et ayant des envoyés spéciaux tant sur les lieux de l'attentat que là où se réunissaient les autorités et tenaient l'antenne en breaking news, le lendemain matin, quand se déroule l'événement essentiel clôturant la séquence, c'est-à-dire la mise en état de nuire du terroriste dans (ou tout près) d'un café schaerbeekois, on ne voit sur les chaînes… que des images de studio.

Que ce soit la RTBF, RTL TVi ou LN24, ce mardi matin, les chaînes se contentaient de proposer leurs matinales traditionnelles, c'est-à-dire… les matinales de leurs radios. Et pas un produit purement conçu pour la télévision. Un fameux paradoxe ! Mais une super économie de moyens pour les télés par rapport à l' "artillerie audiovisuelle" qu'elles avaient déployée la nuit précédente !

VIVA SCHAERBEEK ?

De 6 à 8h du matin, La Une propose cet étrange OVNI télévisuel qu'est Le 6-8, conçu comme de la radio filmée améliorée mais… qui ne passe sur aucune radio. Si l'on y excepte les flashs d'information qui rappellent les événements de la veille, l'essentiel de ce programme de divertissement matinal ne changera pas son fusil d'épaule par rapport à son format habituel, se fixant comme but de déstresser l'atmosphère, quoi qu'il arrive…

À 8h, La Une et VivaCité diffusent un long Jp (ou un simili-Jt?) récapitulatif des événements qui comprend  aussi une interview en direct d'un responsable politique. Le seul in situ présent dans ce Jt est celui d'une journaliste devant une école Notre-Dame-de-Grâce, à propos de la question essentielle de l'ouverture (ou pas) des écoles francophones de Bruxelles (le sujet qui semble passionner toutes les rédactions mardi matin). Mais sur ce qui se passe alors à Schaerbeek, zéro image, zéro journaliste in situ. Rien du tout.

UN BILLET EN VOIX OFF

Cela changera-t-il ensuite avec une édition spéciale du Jt  sur La Une ? Que nenni.  À partir de 8h24, sur VivaCité et La Une, la chaîne "bouscule ses programmes" pour proposer une édition spéciale de… C'est vous qui le dites, certes consacrée à l'attentat, mais où le but est de donner la parole à des auditeurs, dont un bon nombre se prononce de manière catégorique sur les événements en cours sans disposer des infos permettant un discernement pertinent, tandis que d'autres livrent leur angoisse à l'antenne. En studio, on essaiera  de modérer ou de nuancer les affirmations. À côté de l'animateur de l'émission, il y aura pour cela deux débatteurs, souvent invités dans le programme, qui arriveront à 8h31 (alors que les appels d'auditeurs auront commencé à 8h24) : un journaliste de la RTBF et le "référent infos jeunesse RTBF". Un choix fait parce qu'on est sur VivaCité ? Ou parce qu'on est sur La Une ?

C'est ce dernier référent Jeunesse qui, intervenant dans le flux des conversations avec les auditeurs, annoncera un peu avant 9h la confirmation de la "neutralisation" du terroriste. Fournissant une image à certaines interventions téléphoniques d'auditeurs, l'écran sera parfois occupé par des images prises le lundi soir lors de l'attentat et de ses suites. Il faudra attendre le journal de 9h pour entendre un billet en voix off dit par un journaliste dont la présentatrice du Jt précisera qu'il est à Schaerbeek (ce qui ne s'entend pas dans le billet). Ce billet sera lu sur des images prises à l'endroit où a sans doute eu la "neutralisation" du terroriste, mais rien ne l'atteste. Ces mêmes images seront à nouveau réutilisées à 9h37, sans aucun moyen d'identification, pendant qu'une auditrice intervenait à l'antenne. Dans le journal de 10h, on aura droit, une nouvelle fois, à un billet en voix off (dont on ne dit plus que l'auteur est à Schaerbeek), où le journaliste racontera les conditions de l'arrestation du terroriste, alors que défileront sur l'écran des images du lieu supposé de la capture (images dont certaines sont clairement porteuses d'info, comme celles fixant les fenêtres d'une ambulance dans laquelle du personnel médical pratique visiblement des massages cardiaques. Mais cela n'est pas exploité dans le billet).

On ne peut en tout cas pas dire que La Une déploie ce mardi matin les mêmes effectifs et les mêmes moyens que la veille au soir, et ce alors que le terroriste est sur le point d'être "neutralisé", puis l'est réellement.

DANS UN COCON 

Pour en savoir plus, paradoxalement, il faut se rendre sur… La Trois. La chaîne culturelle de la RTBF aurait-elle tout à coup hérité du studio Info de La Une ? Ah non, pas tout à fait, mais cette chaîne diffuse le matin la matinale… radio de La Première.

À partir de 6h du matin, on peut donc voir en télévision un produit radio, 100% info, et ce mardi matin presque 100% consacré à l'événement de la nuit et à son possible dénouement. Qu'on se rassure, si besoin en est : il s'agit bien d'un produit radio. À de rares exceptions près, les journalistes n'ont cure de la présence des caméras. Ils assurent une émission radio, et tant mieux (ou tant pis) si on peut la voir à la télé. La matinale comprend plusieurs invités présents en studio, dont des responsables politiques. L'annonce de la "neutralisation" de la personne suspectée intervient un peu avant 8h, l'info étant communiquée au journaliste présentateur via son oreillette. Au cours de l'émission, les interventions sonores provenant de l'extérieur parleront de l'impact de l'événement sur les moyens de transport, de l'état d'esprit des voyageurs dans les transports en commun et de la question de l'ouverture des écoles. Le programme comprend aussi des interventions d'acteurs ou de spécialistes, par téléphone ou internet. Mais, sur le terrain même où se déroule l'affaire, à ce qu'on peut relever à l'écoute, il n'y a semble-t-il rien de précis.

COMME A LA RADIO

La concurrence est dans la même configuration. Lundi soir, l'édition spéciale du RTL Info avait débuté un peu plus tard que celle de La Une, mais ensuite les moyens déployés par la chaîne appartenant à Rossel et DPG étaient à peu près comparables à ceux de la RTBF. 

Le mardi matin, la chaîne allait-elle faire rebelote ou déléguer des envoyés spéciaux et des moyens de faire des directs aux quatre coins de la capitale ? Pas du tout. Tous les matins, RTL TVi diffuse… la matinale (radio) de Bel RTL. Donc pourquoi ne pas le faire un mardi de crise ? Même si le spectateur assiste alors à une émission de radio dans laquelle il ne fait l'objet de strictement aucune attention. Où il ne se sent même pas invité.  L'étriqué studio de Bel RTL étant, qui plus est, partout rempli d'énormes écrans d'ordinateurs, rien n'est fait dans pareil décor pour captiver le téléspectateur ou s'adresser à lui. Que du contraire : l'image que l'on perçoit a tout d'un repoussoir. L'essentiel de ce qui passe à l'antenne se déroule entre les interlocuteurs présents en studio, y compris les séquences humoristiques. Mais il faut noter que Bel RTL dispose, elle, d'une envoyée spéciale radio qui se trouve devant le domicile du suspect. Elle interviendra en tout cas (sans être à l'image et sans in situ) au début du journal de 8h00, décrivant assez clairement ce qui se déroule autour d'elle, mais sans livrer d'information sur ce qui se passe avec le suspect. Deux autres envoyés spéciaux de la radio sur le terrain seront sollicités dans l'émission : l'un dans une école et l'autre dans les rues de Schaerbeek, avec des interviews à chaque fois liées à la question de l'ouverture (ou pas) des établissements scolaires et des commerces. À noter que, à 7h50, lors de l'interview politique, l'interviewer affirmera que le terroriste n'est toujours pas arrêté. Cet élément sera répété en début du journal de 8h00. L'annonce de l'arrestation ne sera faite, prudemment, que à 08h03. 

La diffusion télé ne semble pas être une grande préoccupation des responsables de la matinale de Bel RTL. Pour preuve supplémentaire, le contenu du bandeau d'infos qui défile au bas de l'image. Tout au long de l'émission, on pourra notamment y lire : "Le Premier ministre donnera une conférence de presse à 5h"… Alors qu'on est deux ou trois heures plus tard. "Les tribunes 1, 3, 4 du stade roi Baudouin peuvent être évacuées." ou : "La situation au stade roi Baudouin reste calme." Alors que tout cela est du passé depuis belle lurette et remonte à la veille au soir…

RADIO KILLS THE VIDEO STARS ?

LN24 diffuse elle aussi une matinale, qu'elle ne produit pas, puisqu'elle est celle… de LNRadio. Cette situation peut paraître paradoxale puisque cette émission matinale est un programme d'infos fort, qui correspond au projet de LN24 mais pas à celui de LN Radio, dont le format est du "music and news". Le profil de LNRadio ne correspond pas à celui de la présence d'une émission longue à contenu informatif élevé. Mais voilà, la formule permet de produire une matinale tv au coût d'une émission de radio…

 

Dans ce cadre, on rencontre le même cas de figure que pour les acteurs précédents : le lundi soir, LN24 était sur la balle, avec des contenus studio, des images en direct et des envoyés spéciaux à l'extérieur. Le mardi matin, en se retrouvant dans le format de LNRadio, les choses changent largement de perspective. Nous n'avons pas pu mener une observation longue de cette matinale, le contenu n'étant pas disponible intégralement en ligne. Mais, en regardant des extraits du programme en direct, le contenu diffusé semblait se réduire fortement aux échanges entre protagonistes présents dans le studio de la chaîne. Sur son site, LN24 montre que la chaîne avait un envoyé sur place (un reporter a notamment réalisé des interviews de personnes musulmanes habitant le quartier). Mais, en ce qui concerne l'in situ d'un de ses journalistes, il est daté de 10h35. Il semble donc qu'il n'a pas été inclus dans la matinale, mais dans les programmes d'info qui ont occupé l'antenne tv lorsque LN24 et LNRadio se sont découplés. Et que l'éventuelle audience a décrû…

MAIS POURQUOI ?

 On sait que le prime time de la radio est traditionnellement le matin. Mais faut-il pour autant en offrir alors les programmes aux consommateurs de télévision ? Ceux-ci n'attendent-ils pas un programme correspondant aux conventions auxquelles ils sont habitués en cas d'actualité urgente, surtout lorsque celle-ci se déroule à proximité d'eux ?
 
La réponse est évidemment, au moins en partie, économique. Il est plus facile de recourir au format de programme existant que de créer, en matinée, et sur le pouce, un "nouveau" programme de télévision. Mais cela n'infère-t-il pas sur la manière de couvrir l'actualité ?
 
Les modèles "breaking news tv" et  celui de "édition spéciale radio" se distinguent, en tout cas dans de cas-ci, par le présence ou la (quasi)absence de directs depuis les lieux où se produit l'actualité, ainsi que celle des billets journalistiques et des interviews in situ, que la télévision cultive à l'excès dans ses Jt. 
 
Ceux-ci ne sont-ils pas devenus des exigences canoniques dans le cadre de la couverture de ce type d'actualité en télévision ? 
 
Dans un cas comme celui de l'événement évoqué ici, ce "repli" sur une radiovision plutôt que le choix d'une production spécifique pour la télévision déforce l'image de l'opérateur et sa capacité à rebondir sur une actualité qu'il ne peut rater. Et que ses chaînes n'avaient pas raté la veille, utilisant alors tous les moyens à leur disposition pour offrir de "vraies" émissions de breaking news à leurs audiences.

À moins que toutes les télés n'aient "obéi" à une demande des forces de l'ordre de ne pas couvrir en direct l'intervention dans le café schaerbeekois ? Mais alors, peut-être auraient-elles dû le dire. Ou, à la place, diffuser des vidéos de chats…

Frédéric ANTOINE.

 

19 septembre 2023

70 ans de télé : un anniv qui sent le sapin



D'accord, les anniversaires 'ronds', on aime fêter cela avec un peu plus de lustre. M'enfin, ça ne vaut pas ceux où on a un siècle, un demi-siècle, ou un quart de siècle. Regardez la Belgique : on se prépare à un anniversaire grandiose pour son bicentenaire en 2030 (enfin, si elle tient toujours jusque là). 
Alors, pourquoi en faire des caisses pour les 70 ans de l'arrivée en Belgique ?

Parce que, finalement, c'est pas tellement top, d'avoir 70 ans. Aline Victor, conseillère en stratégie nutritionnelle, note ainsi sur le site réputé du Journal des femmes qu' à 70 ans, arrive la perte des sens. On  a « le goût qui s'émousse, une perte d'odorat qui s'accentue, une baisse visuelle de plus en plus importante…, autant de facteurs qui vont mettre à mal le plaisir de manger ». Pas de quoi faire la fête. Surtout que à 70 ans, on tombe aussi en plein dans  les pathologies liées au vieillissement : « l'arthrose (usure du cartilage), la sarcopénie (baisse de la masse et de la force musculaire) et l'ostéoporose (diminution de la densité osseuse). Ces 3 pathologies sont souvent responsables de la perte d'autonomie. La personne perd sa mobilité. Elle a peur de la chute et ne sent pas à l'aise pour marcher seul.  « Le risque principal est l'isolement et donc la dépression », conclut la spécialiste.

Ouhlala! Avec tout ça, l'envie est-elle vraiment à faire la fête ? Pourtant, à la RTBF, cett année on y croit. Et on a choisi de ne pas seulement célébrer les 70 ans de la tv à Bruxelles, seul lieu du pays où cela fait vraiment 70 ans qu'on peut regarder la télévision belge (de ses 100 mètres de haut (1), l'émetteur du Palais de Justice portait au mieux jusqu'à… Waterloo), mais dans toute la Wallonie où, il y a 70 ans, tout le monde se foutait royalement que l'INR commence à proposer des émissions avec des images. D'autant que les plus fortunés (ou les plus fous) des Wallons, qui avaient déjà leur téléviseur, l'utilisaient depuis belle lurette pour regarder la télé française sur l'émetteur de Lille (inauguré en… 1950), ou d'autres stations étrangères comme la BBC (2).

PLUTÔT SUR L'ÉCRAN QUE DANS LA VRAIE VIE

 Étrange, cette volonté soudaine de célébrer en grande pompe ces 70 ans d'existence alors que, par le passé, les célébrations de la naissance de la tv ont été souvent moins invasives et  extraverties. Certes on occupait alors l'antenne par des rediffusions commémoratives (2013), qui prenaient tant de place dans les grilles qu'elles pouvaient aller jusqu'à « l'overdose », selon certains commentateurs télé (2003). Tout aussi économiques en moyens, des jeux étaient aussi conçus pour célébrer la glorieuse histoire de notre petite télévision nationale (1993), à un moment où, par ailleurs, on parlait  « de diminution de temps d'antenne, de réduction de dotation, de personnel et de production, ou encore de la suppression pure et simple de Télé 21 » (3).

En définitive, tout cela se produisait "ad intra", dans les grilles de programmes proposées, espérant que le téléspectateur allait naturellement venir gaiment fêter l'anniversaire de la télé publique en se branchant sur La Une ou sur le deuxième canal, au nom changeant avec le temps (et les divers projets destinés à y drainer de l'audience).

Dans mes souvenirs, il faut remonter aux 25 ans de la télé pour qu'une exposition, organisée par la RTBF, célèbre les premières années de ce média chez nous par une belle expo au Passage 44 à Bruxelles et la publication d'un livre-catalogue (4), qui restera longtemps le seul document écrit de référence sur les débuts de la télé RTB.

Il y eut aussi une remarque exception, mais qui ne doit rien à la RTBF : l'exposition organisée à l'instigation de Muriel Hanot et du conservateur du musée de Mariemont, quasiment contre le gré du service public, qui évoquait le sujet sous forme de "cabinets se curiosité" très originaux, exposition accompagnée d'un impressionnant livre-catalogue (auquel j'ai eu l'honneur de contribuer) (5). Pour être complet, il faut aussi reconnaître que d'autres acteurs du paysage médiatique ont parfois organisé des expo sur l'histoire de la télé, mais ces initiatives ne sont jamais venues de l'opérateur public (6).

mercredi 30 octobre 2013 JEAN-FRANÇOIS LAUWENS Journal Le Soair  

ANNIV HORS LES MURS
 
En bref,ce la fait 45 ans grosso modo que la RTBF ne sort pas de ses murs pour fêter son anniversaire pour aller à la rencontre de son public et espère qu'il va volontairement venir à lui, tout feu tout flamme et tout heureux de replonger dans la nostalgie.

Alors, pourquoi, pour les 70 ans, la RTBF change-t-elle de stratégie et, pour une fois, décide-t-elle d'aller elle-même à la rencontre du public, en organisant des opérations de décentralisation aux quatre coins de la Wallonie et de Bruxelles, en y proposant elle-même une expo interactive dans un "village expériences", puis des rencontres avec des animateurs, des séances de selfies et même des débats locaux, réservés aux premiers heureux qui auront pu s'y inscrire.

Il y a là un fameux retournement de stratégie dans l'usage d'un anniversaire comme prétexte à une communication événementielle. Sauf que, au contraire de tout ce qui a été organisé précédemment lors de pareils événements, il semble que ceux-ci ne sont pas tournés vers le passé, l'évocation des jours heureux et des vieilles gloires. 

Le programme comprend bien à Bruxelles une soirée 70 ans d’archives bruxelloises en 70 minutes, projection inédite de la SONUMA, mais c'est le seul du genre.Tout le reste des animations est placé sous le signe de "De la télévision au digital" et est clairement orienté vers le futur. La RTBF utilise son passé pour accélérer l'entrée de son public vers ce que l'opérateur public entend être demain, ainsi que pour faire du catch-all vis-à-vis de nouveaux publics. Le titre des "focus groups" que la RTBF organise dans toutes les régions va bien dans ce sens : " Quelles relations la RTBF doit-elle entretenir avec les réseaux sociaux et peut-on imaginer ensemble un autre espace digital pour échanger nos avis ? " 

 LE LINÉAIRE AU BORD DE LA TOMBE ?

Utiliser son passé pour faire basculer l'audience vers le futur peut être une bonne stratégie. Mais celle-ci ne dit pas ses intentions cachées : à terme, faire disparaître le média Tv linéraire au profit d'un maximum de consommation en ligne, à la carte, et ce via l'usage des plateformes. Personne n'en parle officiellement, mais il semble que l'obsolescence programmée de la télévision linéaire figure aujourd'hui dans beaucoup d'agendas. Les bruits de future suppression des émetteurs TNT de la RTBF en seraient un premier pas. Le fait que certains programmes jadis diffusés en linéaire sont maintenant renvoyés sur les plateformes, comme le passage de Ouftivi à "Auvio Kids" en est un autre indice, tout comme la transformation de certains programmes en format "web" même s'ils sont encore diffusés sur l'antenne en linéaire. Et cela peut aller jusqu'à les filmer à la verticale, comme on le ferait avec son téléphone. Enfin, les diffusions en avant-première, et en accès intégral gratuit, de certaines fictions proposées en épisodes sur un canal linéaire le démontre lui aussi.

Les 70 ans de la Tv sont-ils l'occasion de lui mettre le premier pied dans la tombe ? De lui faire avaler la première goute de la cigüe dont la consommation, au fil des prochaines années, finira par la rendre exsangue. Bon anniversaire la RTBF Télé ! En cadeau, on t'offre les premiers clous de ton cercueil.

Au même moment, une étude qui vient de sortir sur le public belge francophone démontre que, certes, les sources de la consommation audiovisuelle se diversifient, mais que la télé (et la télé "live") y occupe toujours une fameuse place.

Et que, à l'heure du prime-time, la télé linéaire mène toujours le bal…

Dans pareil contexte, est-ce vraiment le rôle des médias publics de pousser à la fin des médias linéaires? Les débats proposés pour les 70 ans de la télé publique ne paraissent pas tourner autour de ce type de questions. C'est peut-être dommage de la part d'une entreprise-média qui doit être au service de tous les publics. Avant de se demander si on fêtera un jour ses 80 printemps…

Frédéric ANTOINE

(1) https://www.media-radio.info/radiodiffusion/index.php?radiodiffusion=Belgique&id=39&cat_id=13

(2) Petit souvenir personnel: au début des années 50, mon propre père et une bande de copains avaient, à l'aide de magazines techniques américains, entièrement bricolé un immense poste de télévision avec lequel, depuis Bruxelles, ils regardaient sans problème la BBC, depuis l'émetteur historique de Cristal Palace ou ses répétiteurs de Douvres et Folkestone.
(3) Le Soir, mardi 1 juin 1993.
(4) LHOEST, H. (ed.), TV 25 ans, Crédit communal de Belgique, Bruxelles, 1978.
(5) RTBF 50 ans, l'extraordinaire jardin de la mémoire, Musée royal de Mariemont ed(s), Mariemont, 2003.
(6)Je songe notamment à l'expo organisée par Télépro lors de son déménagement dans de nouveaux locaux à Dison en 2014.

 

 

17 septembre 2023

Sites d'info : la collecte des perles de l'été dépasse toutes les espérances (Chapitre 2+3)

Chapitres 2 et 3 de ma petite revue d'été de presse (bien sûr non exhaustive, et dépendant de mes lectures) des dérapages que l'on pourrait, bien souvent, éviter. Mais dans ce chapitre, par sûr que toujours, « l'erreur est humaine ».

(pour rappel, pour rire le chapitre 1:  https://millemediasdemillesabords.blogspot.com/2023/09/sites-dinfo-la-collecte-des-perles-de.html)

 

CHAPITRE 2 : DES PERLES UN PEU PLUS GROSSES

I. Quand on sort des clichés

 

 






I. Quand on mélange tout
 
 
 
 
 
 

 
 
 
  
 




III. Quand ce qui cloche n'est pas dû au hasard







 
 
CHAPITRE 3 : COMMENT RTL INFO CHOISIT SON ACTU

Sauf erreur, RTL Info est bien un service qui dépend de RTL Belgique, et qui a comme but de recueillir le plus de clics possible sur ses infos. Il semble donc que le service devrait privilégier les nouvelles de Belgique. Mais voilà que quelques regards sporadiques sur l'appli RTL Info font penser qu'elle s'adresse plutôt à un autre public qu'à celui de la Fédération BW. On pourait aussi dire que, qu'importe le pays, pas mal des infos de RTL Info cet été étaient clairement destinées à des CSP+, tant on sait que c 'est cette tranche de la population qui est friande des flashs infos de RTL…
On peut juste se dire que c'est étrange, et se demander à quoi sert cette stratégie. 
Multiples exemples ci-dessous.






Sites d'info : la collecte des perles de l'été dépasse toutes les espérances (Chapitre 1)

Comme le disait récemment Salah Abelslam, « l'erreur est humaine ». Surtout sur les sites de presse et de médias. Mais il y en a tout de même, des erreurs. Des drôles et des plus interpellantes, voire certaines vraiment tragiques. 

En trois chapitres, petite revue d'été de presse (bien sûr non exhaustive, et dépendant de mes lectures) des dérapages que l'on pourrait, bien souvent, éviter. Si les journalistes avaient le temps. S'ils étaient plus nombreux. S'ils ne couraient pas entre le web et l'édition. Si on relisait mieux les copies. Ou si l'on ne cherchait pas d'abord à faire du clic, et non à informer…

Le chapitre 1 est ici. Les chapitres 2 et 3 seront dans les articles suivants.

CHAPITRE 1 : PETITES FAUTES, GRANDS EFFETS 

  I. DES TROUS À COMBLER

 

 

 
II. SI L'ON CONNAISSAIT MIEUX L'ORTHOGRAPHE ET LA GRAMMAIRE… 
 

 
 

 
 
 

III. DÉRAPAGES DE CLAVIER

 



 




 
 
 
 
 

 
 
IV. ON POURRAIT MIEUX DIRE…
 


Ce que vous avez le plus lu